REMEDIOS VARO (Gerona, España 1908-1963 Mexico)
Pour une fois pas de poème, il se formera certainement dans vos têtes en
observant ce tableau surréaliste "en mouvement".
Un "à bientôt" souriant.
REMEDIOS VARO (Gerona, España 1908-1963 Mexico)
Pour une fois pas de poème, il se formera certainement dans vos têtes en
observant ce tableau surréaliste "en mouvement".
Un "à bientôt" souriant.
La
cuna (1969), de Carmen Laffón* (Le berceau)
Le berceau Juana de Ibarbourou 1892 - 1979, Uruguay
Si je savais de quelle forêt vint
L’arbre vigoureux qui donna le cèdre
Pour façonner le berceau de mon fils…
Je voudrais bénir son nom exotique.
Je voudrais deviner sous quel ciel,
Sous quelle brise il grandit lentement
L’arbre qui naquit avec pour destin
D’être
un lit si minuscule et pur.
(...)
Parfois pendant que dort le tout petit
Je me mets à forger de belles histoires:
Qui sait si sous sa cime cuivrée
Mère venait allaiter son enfant
Tous les soirs, à l’heure
Où ce cèdre, buffet de nids,
S’emplissait d’oiseaux ensommeillés,
De musique de gazouillements et de berceuses.
(...)
Arbre immense, tu t’es fait humble
Pour bercer un enfant entre tes planches.
Tu abriteras les enfants de mes enfants
Toute ma race dormira dans tes bras.
Trad: Colo
* Carmen Laffón, 1934 -, Espagne, Séville, peintre et sculptrice, elle a vécu de la vente de portraits mais peignait de superbes paysages, surtout dans le parc naturel de Doñana. Elle a, entre autres, peint une série de tableaux, Las Salinas...allez voir!
LA CUNA Juana de Ibarbourou 1892, 1979, Uruguay
Si yo
supiera de qué selva vino
El árbol vigoroso que dio el
cedro
Para tornear la cuna de mi hijo…
Quisiera bendecir
su nombre exótico.
Quisiera adivinar bajo qué cielo,
Bajo
qué brisa fue creciendo lento
El árbol que nació con el
destino
De ser tan puro y diminuto lecho.
(...)
A
veces mientras duerme el pequeñuelo
Yo me doy a forjar bellas
historias:
Tal vez bajo su copa cobriza
Madre venía a
amamantar su niño
Todas las tardecitas, a la hora
En que
este cedro aparador de nidos
Se llenaba de pájaros con
sueño,
De música de arrullos y de píos.
(...)
Árbol
inmenso, que te hiciste humilde
Para acunar a un niño entre tus
gajos:
¡Has de mecer los hijos de mis hijos!
¡Toda mi
raza dormirá en tus brazos.
Une exposition
à Madrid, au musée national Thyssen-Bornemisza propose un
"voyage de la fin du XVIe siècle aux premières décennies du XXe siècle, à
travers huit scènes importantes du parcours des femmes vers leur
émancipation".
Et je réfléchis, et me rends compte qu'à l'exception d'une ou deux, comme Maria Blanchard, je ne connais pas de peintres-femmes espagnoles.
Je vous propose pour ce mois, qui sait pour le suivant, de vous présenter quelques tableaux que j'aime particulièrement, suivis d'un poème.
«Idilio en La Caleta» (1914) de Flora López Castrillo ("Idylle dans La Caleta - la crique", sans doute à Tenerife)
Nuits...Josefina de la Torre*
Nuits sur la plage: rumeur de rive fraîche.
Blanc battement des rames que l’obscurité surprend.
Sur la grande barre les torches de pêche,
et un corps paresseux qui sur le sable s'allonge.
Sur le haut de l’Île le phare tourne et tourne.
Une dense odeur d’algues...Vénus, la Grande Ourse….
Résonne une guitare. Une femme soupire.
La brise apporte des arômes de chèvrefeuille en fleur.
(...) Trad: Colo
*Josefina de la Torre Millares, née le 25 septembre 1907 à Las Palmas de Grande Canarie et décédée à Madrid le 12 juillet 2002, est une poétesse, romancière, chanteuse lyrique et actrice espagnole.
Noches sobre la playa: rumor de orilla fresca.
Blanco batir de remos que la sombra sorprende.
Sobre la barra grande los hachones de pesca,
y un cuerpo perezoso que en la arena se tiende.
En lo alto de la Isleta el faro gira y gira.
Un denso olor a algas... Venus, la Osa Mayor...
Rasguea una guitarra. Una mujer suspira.
La brisa trae aromas de madreselva en flor.
(…)
Reprenons donc joyeusement les expressions du billet précédent, La brouette.
- La première, vous l’aviez trouvé, “l’heure collée au cul” c’est être à la bourre, expression qui semble être familière à Dédé:-))
- Le matasellos, ce vaillant “tue-timbre”, c’est ça, oui.
Ce cachet est belge paraît-il
- Cantar las cuarenta, chanter les quarante, c’est “sonner les cloches”comme tu dis Fifi, ou remonter les bretelles à quelqu’un oui Manou. Mais d’où vient cette expressions ?
Et bien d’un jeu de cartes, el tute, où, chaque fois qu’un joueur arrive à avoir le cavalier et le roi de la même série il obtient 40 et il dit “je vais annoncer 40” pour reprocher à un autre d’avoir mal joué.
- Mais venons-en à l’expression de ce cher saint qui est monté au ciel. L’origine de cette expression serait la suivante, c’est fort amusant.
Durant une messe, exactement durant un prêche, un curé faisait allusion à l’histoire d’un saint dont, juste à ce moment, il ne se souvenait pas du nom….aurait dit “ Le saint s’en est allé au ciel”.
Bon, bon, cela veut dire, vous l’avez sans doute compris, c’est ne pas se rappeler, sur le moment, de faire, de dire, le nom de….
- Tania tu demandais ce que la guenon faisait là, dans l’expression “dormir la guenon”.
Et bien elle a son origine dans une coutume du passé: pour connaître les effets de l’alcool on donnait du vin aux singes…qui s’endormaient, ivres.
Donc ça veut dire cuver son vin, après une bonne cuite.
- Demander des poires à l’orme, c’est, oui, demander l’impossible.
Passez un bon week-end !
Voici quelques expressions espagnoles que j'ai traduites littéralement,
voyons si vous arrivez à deviner leur sens...
Dans la campagne elle marchait ce matin–là, l'heure collée au cul ( andar con la hora pegada al culo). Il lui fallait passer par le bureau de poste, et une fois le tue–timbre ( matasellos) apposé, elle irait chanter les quarante ( cantar las cuarenta) à ce vieux ronchon de Julián qui serait sûrement encore en train de dormir la guenon* ( dormir la mona). Oh, parfois il était de bonne humeur mais si distrait!
Ma brouette est réparée, Julián?
Ah, ma bonne dame, j'ai eu une journée terrible hier et mon saint est monté au ciel ( se me ha ido el santo al cielo).
Mais Julián, vous m'aviez déjà dit cela la semaine dernière!
Quand j'ai trop à faire, j'ai trop à faire. Il ne faut pas demander des poires à l'orme ( pedir peras la olmo).
Elle n'insista pas et pensa que le four n'était pas prêt pour les petits pains ( el horno no está para bollos) et que la prochaine fois tout irait comme miel sur pâte feuilletée ( como miel sobre hojuelas).
Bon, je vous aide un peu:
* dormir la mona : cuver son vin.
Sans doute avons-nous tous un ou plusieurs de nos billets auxquels nous tenons
beaucoup, moi c’est celui-ci basé sur un article très original écrit par Susana Fortes
et intitulé « Les figures d’il y a 500 ans » (El País 25-05-2008).
Je l’ai déjà publié il y a 13 ans mais qu’importe...
Il débute ainsi : « Beaux, étranges, puissants. Les artistes de la Renaissance réussirent à capter l’âme dans un visage. (…) Derrière chaque visage il y a un secret, une histoire que nous ignorons et que nous avons un besoin urgent de connaître, quand nous le contemplons, seuls, dans un tableau. Il n’est pas aisé d’expliquer cette pulsion qui bat dans certains portraits, mais il existe également dans la vie des figures qui ont sur nous un puissant ascendant. (…) Ceci n’a rien à voir avec la beauté, mais avec le mystère. Parfois ce qui attire notre attention dans un visage c’est un détail aussi insignifiant que le lobe d’une oreille, ou un point blanc, minuscule et brillant dans les pupille ». C’est ainsi, explique-t-elle, que la première fois qu’elle a vu La Joconde, elle n’a pensé ni à son sourire ni à son regard, mais au son de sa voix .
Elle s’est imaginé une voix grave, un peu rauque, semblable à celle de Jeanne Moreau.
Peindre la voix. « Il suffit parfois d’un coup de pinceau estompé juste sur le bord supérieur de la lèvre, comme un souffle, pour que le tableau parle. La vie n’est qu’un souffle d’air, mais à travers lui émergent peu à peu le désir, la douleur, l’incertitude, le mépris, l’expérience…Tous les masques de l’âme ».
Ici elle nous raconte l’histoire d’une autre femme, Ginevra de Benci, à travers le mystérieux portrait réalisé par Leonardo. « Il y a quelque chose dans son visage qui inquiète. Peut-être son intrépidité statique, la sévérité de son expression, l’air fantomatique. » Cette jeune fille, intelligente, cultivée et riche venait d’une excellente famille florentine qui fréquentait le palais des Médicis. Pourtant ce n’est pas avec un poète, mais avec un marchand de chiffons, que ses parents la marièrent peu avant ses seize ans.
On a cru très longtemps que c’était un portrait de mariage commandé par son mari.
Mais l’histoire est plus croustillante...plus banale aussi. Une vraie histoire d’amour et d’infidélité.
Il y a peu on a découvert que ledit portrait avait été commandité par un diplomate vénitien de 40 ans qui, arrivé à Florence en 1475 avec femme et enfants, était tombé follement amoureux de la jeune fille. Leur idylle passionnée durera cinq ans, moment où il fut envoyé ailleurs. Éplorée Ginevra se retira du monde et vécut à la campagne.
Les seules choses qui sont restées d’elle sont le tableau de Leonardo da Vinci et un unique vers, écrit de sa main :
J’implore la clémence ; je suis un tigre sauvage.
«
Il faut contempler son portrait en tenant compte de ces mots,
prononcés sans doute avec un timbre de voix plus sombre que
mélancolique. La voix du tableau.» (Traductions, Colo)
Para agradar a MA, vuelvo a publicar ese texto basado en un artículo muy original escrito por Susana Fortes y titulado « Las caras de hace 500 años » (El País 25-05-2008).
Empieza así:” Bellos, extraños, poderosos. Los artistas del Renacimiento lograron captar el alma en un rostro (…). Detrás de cada cara hay un secreto, una historia que desconocemos y que necesitamos urgentemente conocer, cuando la contemplamos a solas en un cuadro. No es fácil explicar esa pulsión que late en algunos retratos, pero en la vida también hay rostros que ejercen sobre nosotros un poderoso influjo (…). No es algo que tenga que ver con la belleza, sino con el misterio. A veces lo que nos llama la atención de un rostro es un detalle tan insignificante como el lóbulo de una oreja, o un punto blanco diminuto y brillante en las pupilas”. Es así. Explica, que la primera vez que vio la Gioconda, no pensó ni en su sonrisa ni en su mirada, sino en el sonido de su voz. Se imaginó un tono grave, un poco ronco, parecido al de Jeanne Moreau.
Pintar la voz. “A veces basta una pincelada difuminada justo al borde superior del labio como un soplo para que el retrato hable. La vida no es más que un soplo de aire, pero a través de él empieza a asomarse el deseo, el dolor, la incertidumbre, el desprecio, la experiencia…Todas las máscaras del alma”.
Aquí nos cuenta la historia de otra mujer, Ginebra de Benci, a través del misterioso retrato realizado por Leonardo. “Hay algo en su rostro que inquieta. Tal vez su impavidez estática, la severidad de la expresión, el aire fantasmal”. Esa chica joven, bella, culta y rica pertenecía a una excelente familia florentina que frecuentaba el palacio de los Médicis. Sin embargo no fue con un poeta sino con un comerciante de paños que sus padres la casaron, poco antes de cumplir los 16 años.
Durante mucho tiempo se creyó que el retrato era un encargo de su marido.
Pero la historia es más crujiente…banal también. Una verdadera historia de amor e infidelidad.
Se descubrió, hace poco, que dicho retrato había sido encargado por un diplomático veneciano de 40 años quien, llegado a Florencia en 1475 con mujer e hijos, se había enamorado locamente de la joven. Su idilio duró cinco años y terminó cuando le mandaron lejos de Florencia. Desconsolada, Ginebra se retiró del mundo y vivió en el campo.
Las únicas cosas que quedaron de ella fueron el cuadro de Leonardo da Vinci y ese único verso, escrito de su mano:
Pido clemencia; soy un tigre salvaje.
“Hay que contemplar su retrato al amparo de estas palabras, pronunciadas tal vez con un timbre más oscuro que melancólico. La voz del retrato”.
Juste respirer l'aube.
Il fait froid; 5º dans ma campagne.
La vue se
brouille, les verres s'embuent.
Solo
respirar el alba.
Hace frio; 5º en mi campo.
La vista se nubla, los cristales se empañan.
Fotos Colo Puigpunyent.
Lumière, ombres veloutées, terre rouge, le vêtement d'automne.
Luz...
Cuando
mis lágrimas te alcancen
la función de mis ojos
ya no
será llorar,
sino ver.
Lumière…
Quand mes larmes t’atteindront
la fonction de mes yeux
ne sera plus de pleurer
mais de voir.
León Felipe (Trad: Colo)
Ida Vitale, vous vous rappelez d’elle ? Nous avions parlé de cette poétesse Uruguayenne, à l’occasion du prix Cervantès qu’elle avait reçu à 95 ans en 2018. C’est ICI, nous avions tous beaucoup aimé le poème du billet.
El Pais, Foto: Sofia Torres/AFP |
Le temps passe, et son pays vient de lui organiser une fête pour ses 100 ans.
Toujours aussi gaie et ironique, elle a dit en arrivant: “Merci aux fous qui ont organisé cela et aux fous qui sont venus. Je ne le mérite pas. Et en plus il pleut.”
Alors, pour fêter avec elle, voici un autre de ses poèmes.
Il
était une forêt de mots
une pluie d'embuscade de mots,
une
voix bruyante ou tacite
convention de mot,
une mousse
délicieuse qui murmure,
un léger grondement, un arc-en-ciel
oral
de possibles oh légères légères légères
dissidences,
il y avait le pour et le contre,
le oui et le
non,
arbres multipliés
avec une voix dans chacune de ses
feuilles.
Plus
jamais, dirait-on,
Le silence.
Érase un bosque de palabras,
una emboscada lluvia de palabras,
una vociferante o tácita
convención de palabras,
un musgo delicioso susurrante,
un estrépito tenue, un oral arcoíris
de posibles oh leves leves disidencias leves,
érase el pro y el contra,
el sí y el no,
multiplicados árboles
con voz en cada una de sus hojas.
Ya nunca más, diríase,
el silencio.
Une Chronique publiée dans El Pais en 2012 de Manuel Vicent . Elle ne peut pas nous faire de mal !
Una crónica de Manuel Vicent que nos puede venir bien.
"Un jour dans le bar Gijón j'ai surpris un poète maudit, plongé dans ses pensées. Je lui ai demandé si la gravité de son visage se devait à l'élaboration d'un vers brillant. “C'est ça”, m'a-t-il répondu. “En ce moment je me débats dans un doute: me tirer un coup de revolver dans la bouche ou manger une glace à la fraise”.
Au monastère de Kopan, dans la vallée de Katmandou, un Maître Vénérable m'a dit: si tu veux savoir jusqu'à quel point tu es heureux et tu ne le sais pas, achète-toi un carnet et écris chaque nuit cinq petits faits agréables qui te sont arrivés pendant la journée. Ne note que les sensations plaisantes et insignifiantes, les joies infimes, pas les rêves démesurés.
Ce matin le soleil à la fenêtre m'a éveillé et j'ai remarqué que cette fois je n'avais pas mal au dos. Le chien m'a salué de la queue. Le patron du bar, où j'ai l'habitude de petit déjeuner en lisant le journal, a refusé de me faire payer la ration de churros. J'ai lu la chronique sportive: hier mon équipe a gagné. L'autobus est arrivé à l'heure et à l'arrêt les mots d'amour d'une mère à sa petite fille qui partait à l'école m'ont ému. (…)
Le Vénérable Maître assura qu'après un temps se formerait dans ce carnet un tissu basique d'actes heureux, de subtils plaisirs éphémères, très consistant, qui, sans que nous nous en rendions compte, soutient fermement toute notre vie et résout au passage le doute du poète.
Pour le moment il suffira pour éviter qu'il ne se suicide.
Il se peut que ce ne soit que cette charlatanerie qui se répand tandis que brûlent les traditionnels bâtons de musc et encens et que cela ne serve qu'à oublier la terrible et injuste cruauté qui nous entoure.
Mais le Vénérable Maître, au milieu de cet air transparent qui descendait de l'Himalaya, dit que de toutes les flèches funestes que la vie nous lance quasi aucune n'atteint son but. Elles tombent autour de nous et c'est nous qui les arrachons du sol et nous les clouons dans le cœur, l' esprit, ou dans le sexe. Peut-être cet enseignement pourrait-il servir au poète pour enfiler un de ses vers les plus éminents: paraît le soleil, je suis vivant."
(Trad:Colo)
{Écrivain prolixe, très peu de ses romans sont traduits en français, mais parmi eux La Balade de Caïn: basé sur le vieux thème du fratricide qui imprègne la culture judéo-chrétienne, et depuis la Genèse jusqu'à New York, c'est un roman sensuel, lyrique et sensible. La recherche des mots et du style, si neuf, – on a parlé de “poète de la prose” - rendent sa lecture délicieuse. }
Fundación Miró, Mallorca, foto Colo |
Foto Colo |
"Un día en
el café Gijón sorprendí a un poeta maldito, absorto en sus
pensamientos. Le pregunté si la gravedad de su rostro obedecía a
que estaba elaborando algún verso insigne. “Así es”, me
contestó. “En este momento me debato en la duda de pegarme un tiro
en la boca o tomarme un helado de fresa”.
En
el monasterio de Kopan, en el valle de Katmandú, me dijo un Maestro
Venerable: si quieres saber hasta qué punto eres feliz y no lo
sabes, cómprate una libreta y apunta en ella cada noche cinco
pequeños hechos agradables que te hayan sucedido durante el día.
Anota solo las sensaciones placenteras insignificantes, las alegrías
ínfimas, no los sueños desmesurados.
Esta
mañana me ha despertado el sol en la ventana y he comprobado que
esta vez no me dolía la espalda. El perro me ha saludado con el
rabo. El dueño del bar, donde suelo desayunar hojeando el periódico,
hoy se ha negado a cobrarme la ración de churros. He leído la
crónica deportiva: ayer ganó mi equipo. El autobús ha llegado
puntual y en la parada me han conmovido las palabras de amor que una
madre le dirigía a su niña que se iba al colegio. (...)
El Maestro Venerable aseguró que después de un tiempo en esa libreta se habrá formado un tejido básico de actos felices, de sutiles placeres efímeros, muy consistente, que sin darnos cuenta sustenta firmemente toda nuestra vida y de paso resuelve la duda del poeta.
De momento bastará con un helado para evitar que se pegue un tiro.
Puede que esto no sea más que esa charlatanería que se expande mientras arden las consabidas barritas de almizcle e incienso y que solo sirve para olvidar la terrible crueldad e injusticia que nos rodea.
Pero el Maestro Venerable, en medio de aquel aire transparente que bajaba del Himalaya, dijo que todas las flechas aciagas que la vida nos lanza casi ninguna da en el blanco. Caen a nuestro alrededor y somos nosotros los que las arrancamos del suelo y nos las clavamos en el corazón, en la mente o en el sexo. Tal vez esta enseñanza podría servir al poeta para enhebrar uno de sus versos más excelsos: sale el sol, estoy vivo."
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{Escritor muy prolijo, me encantó la novela La Balada de Caín; basada en el viejo tema del fratricidio que impregna la cultura judeocristiana, y eso desde la Génesis hasta Nueva York, es una novela sensual, lírica y sensible. La búsqueda de palabras y de un estilo tan nuevo – se habló de un “poeta de la prosa” - hacen su lectura deliciosa.}
Un mot, un geste, un regard vous fait soupçonner que quelque chose ne tourne pas
rond, vous avez la puce à l’oreille.
Sur, dans, derrière l’oreille ? Rien ne l’indique.
Dans la même situation l’espagnol a “la mouche derrière l’oreille”, Tener la mosca
detrás de la oreja.
Là, c’est plus précis.
Pour poursuivre avec l’oreille, quand l’espagnol est crevé, qu’il va se coucher, il va
“repasser l’oreille”, Planchar la oreja.
T’as rien dans le coco. Pas de doute, le coco c’est la tête. Et bien “comerse el coco”, littéralement “se manger la tête” c’est se faire de la bile, se prendre la tête. Facile à retenir celle-ci !
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Et une dernière que j’aime bien aussi, mon fils me le dit plus que parfois, c’est “Estar como una regadera”, être comme un arrosoir. Là, c’est moins évident : ça veut dire être excentrique, étrange, fêlé...avoir des idées folles ou bizarres.
philosophie et religions de l'Inde, qui a plusieurs cordes à son arc.
Choisir de rester.
Trad: Colo (inspirée par celle de Pierre-Yves Soucy.)
El cansancio
Elegir quedar.
Chantal Maillard, de "Hilos".
|
Dessin de Lorca |
Inconnu
aux mille noms,
tellement
vivant,
le
vent.
Si
la poésie de Federico García Lorca est visuelle et nous emporte
toujours vers des images fortes, celle du vent me semble être la
plus frappante: le poète réussit à nous faire voir
l'invisible.
Voici
ma traduction de:
Trois histoires du vent
I
Le vent dévalait rouge
sur le coteau allumé
et il devint vert, vert
du côté de la rivière.
Après il virera au violet,
au jaune et...
Il sera sur les semailles
un arc-en-ciel tendu.
II
Vent dormant.
En haut le soleil.
En bas
les algues frémissantes
des peupliers.
Et mon cœur
tremblant.
Vent
dormant
à cinq heures du soir
Sans oiseaux.
La brise
est ondulée
comme les cheveux
de certaines filles.
Comme les veines
de vieilles planches.
La brise
jaillit comme l'eau
et se répand,
comme un baume blanc,
dans les vallons,
et s'évanouit
en cognant le dur
de la montagne.
(Trad: Colo)
|
Rodrigo R. Pimentel. Viento |
Desconocido
con mil nombres,
tan
vivo,
el
viento.
Si
la poesía de Lorca es visual y nos lleva siempre hacia imágenes
fuertes, la del viento me parece particularmente significativa: el
poeta consigue hacernos
ver lo invisible.
Tres historias de viento
I
El
viento venía rojo
por el collado encendido
y se ha
puesto verde, verde
por el río.
Luego se pondrá violeta,
amarillo y...
Será sobre los sembrados
un arco iris
tendido.
Viento
estancado.
Arriba el sol.
Abajo
las algas
temblorosas
de los álamos.
Y mi corazón
temblando.
Viento
estancado
a las cinco de la tarde.
Sin pájaros.
III
La
brisa
es ondulada
como los cabellos
de algunas
muchachas.
Como los marecitos
de algunas viejas tablas.
La
brisa
brota como el agua
y se derrama,
como un bálsamo
blanco,
por las cañadas,
y se desmaya
al chocar con
lo duro
de la montaña.
(reprise, modifiée, d'un billet ancien)
Ce sujet auquel j’avais peu réfléchi dans ma vie m’a fait lire textes et poèmes sur le sujet. Voici deux courts textes.
Extrait de l’interview du philosophe.
La lucidité rend-elle heureux? "je ne dirais pas que la lucidité rend forcément heureux, mais je dirais que l'illusion rend très souvent malheureux parce qu'elle ne tient pas la route. Finalement, à chaque fois qu'on se fait des illusions sur le réel, le réel nous rappelle à l'ordre, à chaque fois que l'on vit un espoir, l'on finit par être déçu." A. Comte-Sponville.
"Eclair de lucidité"
https://www.artmajeur.com/isabellemignot
«La lucidez es un don y es un castigo. Está todo en la palabra. Lúcido viene de Lucifer, el arcángel rebelde, el demonio. Pero también se llama Lucifer el lucero del alba, la primera estrella, la más brillante, la última en apagarse.
Lúcido viene de Lucifer y Lucifer viene de Luz y de Fergus, que quiere decir el que tiene luz, el que genera luz, el que trae la luz que permite la visión interior: el bien y el mal, todo junto, el placer y el dolor.
La lucidez es dolor y el único placer que uno puede conocer, lo único que se parecerá remotamente a la alegría será el placer de ser consciente de la propia lucidez.
El silencio de la comprensión, el silencio del mero estar. En esto se van los años. En esto se fue la bella alegría animal.»
De la lucidité- A Pizarnik
La lucidité est un don et une punition. Tout est dans le mot. Lucide vient de Lucifer, l’archange rebelle, le démon. Mais l’étoile du matin (Vénus) s’appelle aussi Lucifer*, la première étoile, la plus brillante, la dernière à s’éteindre.
Lucide vient de Lucifer et Lucifer vient de Lux/Lumière et de Fergus, qui veut dire celui qui a de la lumière, qui génère de la lumière, celui qui apporte la lumière qui permet la vision intérieure: le bien et le mal, le tout ensemble, le plaisir et la douleur.
La lucidité est douleur et l’unique plaisir qu’on peut connaître, l’unique qui ressemblera vaguement à la joie, sera le plaisir d’être conscient de sa propre lucidité.
Le silence de la compréhension, le silence du simple fait d’être.
Ainsi passent les années. Ainsi disparût la belle joie animale.
Trad: Colo
*Dans la mythologie romaine, l'étoile du matin est appelé Lucifer « Celui qui porte, qui amène, la lumière ». Lors de l'hellénisation de Rome, il sera assimilé à l'Éosphoros-Phosphoros grec. Lucifer est le frère de Vesper, l'étoile du soir.