“Les
figuiers de barbarie qui bordent l'entrée des villages ont toujours
été les gardiens des signes. Quand nous étions enfants, il y a
quelques minutes, les figuiers nous indiquaient le chemin. C'est pour
cela que nous restions dehors fort tard, en compagnie des chacals et
des étoiles. C'est pour cela que nous cachions les broutilles que
nous volions – une datte, une figue sèche, un cahier – dans
leurs lits d'épines. Quand nous grandîmes, sans savoir ni comment
ni quand, leurs fleurs jaunes nous incitaient à aborder les filles
qui allaient à la fontaine, souriantes, et nous nous vantions des
épines qui s'enfonçaient dans nos mains. Quand la fleur se fana et
surgit le fruit, les figuiers se montrèrent incapables de repousser
les armes de l'armée assassine. Mais ils poursuivirent le rôle de
gardiens des signes: là-bas, derrière les figuiers, il y a des
maisons enterrées vivantes, et des royaumes, des royaumes de
souvenirs, et une vie qui attend un poète qui ne se délecte pas
dans les ruines, à moins que le poème ne l'exige.”
(trad: Colo)
Il fleurit en ce moment ici / Florece en este momento aquí ....foto Colo |
“Las
chumberas que flanquean la entrada de los pueblos han sido siempre
las guardianas de los signos. Cuando éramos niños, hace unos
minutos, las chumberas nos indicaban el camino. Por eso nos
quedábamos hasta tarde fuera, en compañía de los chacales y de las
estrellas. Por eso escondíamos las pequeñeces que sisábamos —un
dátil, un higo seco, un cuaderno— en sus alcobas de espinas.
Cuando crecimos, sin saber cómo ni cuándo, sus flores amarillas nos
incitaron a abordar a las chicas que iban a la fuente risueña, y nos
jactábamos de las espinas que se nos clavaban en las manos. Cuando
la flor se ajó y el fruto brotó, las chumberas se mostraron
incapaces de repeler las armas del ejército asesino. Pero siguieron
siendo las guardianas de los signos: allí, detrás de las chumberas,
hay casas enterradas vivas, y reinos, reinos de recuerdos, y una vida
que aguarda a un poeta que no se recree en las ruinas, a menos que el
poema lo exija.”
Traducción de Luz Gómez García