30 mai 2023

Nommer /Nombrar

Ce dimanche chez Aifelle, il y avait cette belle vidéo et une chanson dont elle ne comprend pas les paroles…voici ce que j’ai pu faire.(quelques mots sont inaudibles)

Silvia Pérez Cruz, une chanteuse originale, naturelle, talentueuse, qui aborde volontiers des genres musicaux. très différents

L’introduction de cette chanson, sous forme de poème, est due au dramaturge Pablo Messiez.

J’ai voulu faire une chanson qui parle des avantages et des limites des mots” dit-elle.

Une belle composition, embellie par la participation de musiciens cubains, ses amis, de flûte et chœurs, et d’une joyeuse vidéo tournée à La Havane. 

 


 NOMMER EST IMPOSSIBLE

Nommer est impossible.

Et il peut être beau

de tenter l’impossible.

Mais chaque fois que nous parlons

quelque chose reste en dehors des noms.

Chaque mot omet

l’unique partie unique

de ce qu’il veut dire.

Nommer est oublier.

Et aujourd’hui je veux me rappeler.

Je veux me rappeler

Qu’il n’y a ni bien ni mal

Qu’il n’y a ni blanc ni noir

Ni haut ni bas

Ni côtés ni flancs

Ni vide ni profond

Ni limites ni centre

Ni genre possible

Qui touche un peu du monde.


Pas besoin de la parole pour te dire “non”

Mais bien pour te mentir

Je veux le mot pour mettre mes idées en place, pour m’accrocher,

pour partager, pour soigner, pour ne pas m’oublier.


Je voudrais chanter pour me retrouver.

Je voudrais chanter pour me guérir.

Je voudrais chanter pour nous sentir vivants

et ainsi, après, on meurt.

Lalalalala…

 

N’use pas le mot pour m’enfoncer, pour me gronder,

mais bien pour aider, pour dénoncer, pour pardonner, pour me définir.

Je veux revendiquer une si belle imperfection

la fin de l’illusion qui définissent mon évolution

Pas lent laisse des traces, poétique révolution

me crie mon intuition.


Lalala, ça fait mal, tellement mal. Comme des mots, ça fait mal...(??) un jour ça fait mal.

 

Je recherche l’équilibre entre humilité et dignité,

je balance ma personne, ma chanson, ma volonté.

Ça n’arrête pas.


Elle respire et se palpe tout le visage

elle se trouve et s’inspire.


Je voudrais chanter pour ….?(inaudible)

Je voudrais chanter comme tu sais le faire

Je voudrais chanter pour nous sentir vivants

et ainsi, après, on meurt.



Nommer est impossible

Et il peut être beau

de tenter l’impossible.

Mais chaque fois que nous parlons

quelque chose reste en dehors des noms.

Chaque mot omet

l’unique partie unique

de ce qu’il veut dire.


Nommer est oublier.

Et aujourd’hui je veux me rappeler

me rappeler

que nommer est impossible,


Nommer est impossible.


Nombrar es imposible (algunas partes son difíciles de oír, hice lo mejor que pude)

Y puede ser bello

intentar lo imposible.

Pero cada vez que hablamos

Algo queda fuera de los nombres.

Cada palabra omite

la única parte única

de aquello que quiere decir.

Nombrar es olvidar.

Y hoy quiero recordar.

Quiero recordar

Que no hay ni bien ni mal

Ni blanco ni negro

Ni arriba ni abajo

Ni lados ni costados

Ni hueco ni profundo

Ni límites ni centro

Ni género posible

Que toque algo del mundo.


No se necesita la palabra para decirte “no”

Se necesita la palabra para mentirte

Yo quiero la palabra pa’ ordenarme, pa’ agarrarme,

Pa’ compartir, para sanar, para no olvidarme.


Yo quisiera cantar para reencontrarme.

Yo quisiera cantar para curarme.

Yo quisiera cantar para sentirnos vivos

y así luego nos morimos.


Lalalala…

 

No uses la palabra para hundirme, pa’reñirme,

sí para ayudar, pa’ denunciar, pa perdonar, pa definirme.

Quiero revindicar tal imperfección tan bella

definen mi evolución

Paso lento deja huella, poética revolución

está gritando mi intuición


Lalala, duele, tanto duele. Como palabras, duele… (…??) un día duele.

 

Buscando el equilibrio entre humildad y seguridad

columpio mi persona, mi canción, mi voluntad.

Y no se para.

Respira y se palpa toda la cara,

se ubica y se inspira.

Yo quisiera cantar pa’ mi ….(inaudible)

Yo quisiera cantar así como tú sabes

Yo quisiera cantar pa’ sentirnos vivos

y así luego nos morimos-


Lalala ….

Nombrar es imposible

y puede ser bello intentar lo imposible

pero cada vez que hablamos

algo queda fuera de los nombres

cada palabra omite

la única parte única única

de aquello que quiere decir


Nombrar es olvidar….

Y hoy quiero recordar,

quiero recordar

que nombrar es imposible.


Nombrar es imposible.





 



22 mai 2023

Tout pousse / Todo crece

 

Il me faudrait un drone pour vous montrer l’étendue du potager, enfin complètement planté, 2000m2 !

Pour l’instant tout va bien, on sourit en observant les plantes grandir; vous savez que parfois il y a des désastres, des découragements aussi...l’agriculture est ainsi, et sans aucun pesticide ni produits assimilés, encore plus.


Partout nous plantons, semons des fleurs pour attirer le plus d’insectes possible. Ils ne s’y trompent pas, abeilles, bourdons butinent et pollinisent, se précipitent.


Alors voici, comme vous l’aviez demandé, quelques photos.(clic pour agrandir)

 

 Sur la terrasse du haut, oignons, ail et tomates cette année, la rotation est indispensable.

Lua la chienne, infatigable, attend au milieu des plantes de tomates qu'on lui jette la balle...

Le néflier est généreux cette année



Celui-ci est mon coin préféré: au fond, au dessus du muret, les pois chiches, et devant les haricots....et des fleurs
 

Les pois chiche, capucines





Des oignons en pleine forme et les pommes de terre que nous sortirons de terre fin juin....tout sera prêt pour les tortillas de patatas cet été.





Voici la première terrasse, là vous ne voyez pas grand chose encore, du maïs, des concombres etc...ça va pousser, tout comme les courgettes qui ne tarderont pas.



Il y a encore pas mal d'autres légumes, mais je ne veux pas vous submerger.

Pour terminer, connaissez-vous cette variété de sauge, salvia microphylla? Les

 bourdons, vous en voyez deux ou trois, les adorent

15 mai 2023

Séparés / Separados


 Souffrir, accepter, se consoler puis reprendre sa route, seul(e). 

Ce second poème de Luis García Montero, qui a donné le nom à son recueil (1994)

où il ne parle pas ici du décès de sa chère compagne, Almudena Grandes, 

mais d'une séparation amoureuse. Qui n'en a pas vécu ?



CHAMBRES SÉPARÉES

Luis García Montero

 

Il est seul. Pour suivre sa route

il se montre détaché des choses.

Il va sans provisions.


Quand les jour passent

et le soir, il pense à ce qui s’est produit,

seule l’émeut

cette réussite imprévue

d’avoir pu vivre sa propre vie

suivant le sûr hasard de sa conscience,

ainsi, naturellement, sans dettes ni drapeaux.


Un jour il a dit amour

Ses lèvres se peuplèrent de cendre.

Il a dit aussi demain

les yeux aveugles au présent

et il n’eut que des ombres à serrer dans la main,

seulement des fantômes

un chemin de nuages. 

 

Solitude, liberté,

deux mots qui, souvent, pèsent

sur les épaules blessées du voyageur.

De tout il se charge, de rien il ne se convainc.

Ses traces ont aujourd’hui la brûlure

des rêves vides.

 

Il ne veut pas renoncer. Pour suivre son chemin

il accepte que la vie se réfugie

dans une chambre qui n’est pas la sienne.

La lumière reste toujours derrière une fenêtre.

De l’autre côté de la porte

il écoute souvent les pas de la nuit.

Il sait qu’il lui faut

apprendre à vivre un autre âge,

un autre amour,

un autre temps. 

 

Temps de chambres séparées.


(Trad: Colo)


 

Habitaciones separadas    L. García Montero


Está solo. Para seguir camino

se muestra despegado de las cosas.

No lleva provisiones.

 

Cuando pasan los días

y al final de la tarde piensa en lo sucedido,

tan sólo le conmueve

ese acierto imprevisto

del que pudo vivir la propia vida

en el seguro azar de su conciencia,

así, naturalmente, sin deudas ni banderas.

 

Una vez dijo amor.

Se poblaron sus labios de ceniza.

Dijo también mañana

con los ojos negados al presente

y sólo tuvo sombras que apretar en la mano,

fantasmas como saldo,

un camino de nubes.

 

Soledad, libertad,

dos palabras que suelen apoyarse

en los hombros heridos del viajero.

De todo se hace cargo, de nada se convence.

Sus huellas tienen hoy la quemadura

de los sueños vacíos.

 

No quiere renunciar. Para seguir camino

acepta que la vida se refugie

en una habitación que no es la suya.

La luz se queda siempre detrás de una ventana.

Al otro lado de la puerta

suele escuchar los pasos de la noche.

Sabe que le resulta necesario

aprender a vivir en otra edad,

en otro amor,

en otro tiempo.

 

Tiempo de habitaciones separadas

 

De "Habitaciones separadas " Colección Visor de poesía, p11.12






 

 

8 mai 2023

Escale / Escala

La poésie des année `80 dont Luis García Montero fait partie, est appelée “poésie de l’expérience”. On pourrait l’appeler poésie de la vie, poésie qui explore la réalité quotidienne avec sa partie merveilleuse, et l’autre qui l’est moins.

Je vais vous traduire quelques poèmes, en plusieurs billets, de ce recueil "Chambres séparées"; poèmes faciles à comprendre, pas évidents à traduire:-))


Escale à Barajas*   Luis García Montero (Granada 1958)

Personnages étranges,

des vieux avec une valise et beaucoup de dignité,

des jeunes qui ont appris

l’impertinence de la séduction

dans des pays et modes différents,

des cadres provinciaux,

une faune nu-pieds et sans pudeur,

qui dort sur les fauteuils

de l’aéroport.

 

Près des fenêtres

les nuages et la piste d’atterrissage versent

sur la modernité un poison romantique

et chacun attend son départ.

Joies, nostalgies, inquiétudes,

une fatigue du monde.

 

Que je lui prête de l’argent pour un taxi

me demande un homme démuni

qui a perdu son bagage ce matin

au retour de Paris.


C’est ce qu’il me dit. 

 

Moi je le vois partir,

traverser la foule des passagers.

Sur les écrans électroniques

se brassent les destinations,

s’agitent les noms de villes étranges. 

 

Il regarde les nuages et s’éloigne enfin

à la recherche de son île

où la chimie et la mort semblent naturelles

et les hauts palmiers sont en plastique.

(Trad: Colo) 

* Barajas est le nom de l'aéroport de Madrid



 
 

Escala en barajas     Luis García Montero (Granada 1958)


Escala en Barajas
Personajes extraños,
ancianos con maletas y mucha dignidad,
jóvenes que aprendieron
la impertinencia de la seducción
en modas y países diferentes,
ejecutivos de provincias,
fauna descalza y sin pudor,
que duerme en los sillones
del aeropuerto.

Junto a los ventanales
las nubes y la pista de aterrizaje vierten
un veneno romántico en la modernidad
y cada cual espera su salida.
Alegrías, nostalgias, inquietudes,
un cansancio de mundo.

Eso me cuenta

Yo lo veo marcharse,
Cruzar entre viajeros.
En las pantallas electrónicas
se baraja el destino,
aletean los nombres de ciudades extrañas.

Mira las nubes y por fin se aleja
en busca de su isla
donde química y muerte resultan naturales
y las altas palmeras son de plástico.

Habitaciones separadas, 1994 Colección Visor de poesía, p29-30.




1 mai 2023

Près d'Anvers, des sculptures

 

Parmi les innombrables souvenirs de jeunesse, il y a le parc du Middelheim. Situé tout près d’où vivaient mes parents, nous y allions très régulièrement, en balade ou jouer.


Je ne vais pas vous faire tout l’historique de cet endroit, il est ici mais depuis 1950 ce parc est parsemé de sculptures. L’entrée est gratuite, les étendues boisées ou vertes et les allées sont propres, pas léchés,  et la nature y est préservée. On peut marcher sur l’herbe, des fleurs sauvages poussent sous les arbres, de nombreux oiseaux, canards s’y baladent en paix.

Un rêve, surtout le matin où nous étions presque seuls.

De grands noms, comme Rodin ou Henri Moore. Tiens, commençons par ces deux-ci.

 

A. Rodin. Balzac





 

 

Henry Moore, King and Queen



Au milieu d'une grande étendue verte, trônent ces femmes enceintes, superbes. 

Charles Leplae, 1953-54

 

Le long d'une allée intérieure, nous découvrons cette sculpture avec une inscription intéressante: " Les murs ont des oreilles que la raison ne connaît pas."

 

Reinhoud

 


J'ai beaucoup aimé aussi les deux pièces suivantes:

 

Luciano Minguzzi, les 6 danseurs



















Georg Kolbe 





Voilà, il y a près de 400 sculptures, pas toujours les mêmes, et une biennale ...tous

 les deux ans, of course.

 

Passez une bonne semaine.