27 janv. 2011

Jeux poétiques algériens /juegos poéticos argelinos



Les amandiers fleurissent en ce moment en Méditerranée et chaque pays a ses recettes de gâteaux, d’huiles douces, de lait d’amande...Voilà, mon billet était presque terminé quand, en cherchant un poème sur les amandiers, des jeux poétiques algériens m’ont incitée à prolonger l’escale.

Los almendros florecen en este momento en el Mediterráneo y cada país tiene sus recetas de pasteles, aceites, leche de almendra….He aquí que mi post estaba casi terminado cuando, al buscar un poema sobre los almendros, unos juegos poéticos argelinos me han incitado a prorrogar la escala.

C’est donc un article daté du 31-08-2009 du journal Magharebia intitulé Les algériennes préfèrent la poésie aux sitcoms dans les traditions du Ramadan qui m’a fait découvrir un rituel passionnant, un jeu poétique où les femmes tentent de prédire l’avenir : la Bouqala (l’histoire de son origine ici)

Es un artículo que data del 31.08.2009 en el diario Magharebia titulado Las argelinas prefieren la poesía a las comedias de situación en las tradiciones del Ramadán, que me hace descubrir un ritual apasionante, un juego poético donde las mujeres intentan predecir el futuro; los bouqala.

Au cours du Ramadan -mais aussi durant l’année ai-je lu- des femmes de tous âges se réunissent chez l’une d’elles, de préférence sur les terrasses des maisons, pour faire la bouqala.

« Le jeu consiste à se réunir autour d’un bocal (d’où le nom Bouqala) rempli de l’eau de sept sources ou de sept robinets : toutes les femmes y mettent un bijou, bague, boucle d’oreille ou une broche.

La plus âgée des femmes (…) récite une bouqala, des poèmes tirés de la tradition orale qui parlent d’amour, de chagrin, de mariage et de longs voyages. A tour de rôle, les femmes pensent à une personne en particulier et lui dédient la bouqala.

En fonction du poème, les femmes tentent d’expliquer ce que prévoit l’avenir : une rencontre, une séparation, un long voyage »

Durante el Ramadán – pero leí que también en el curso del año-, mujeres de todas las edades se reúnen en casa de una de ellas, preferentemente en las terrazas de las casas, para hacer la Bouqala.

“El juego consiste en reunirse alrededor de un bocal (de allí el nombre Bouqala) lleno de agua de siete fuentes o de siete grifos: todas las mujeres ponen dentro una joya, un anillo, un pendiente o un broche.

La mujer de más edad (…) recita una bouqala, poemas sacados de la tradición oral y que hablan de amor, de penas, de matrimonios y de largos viajes. Por turnos las mujeres piensan en una persona en particular y le dedican la bouqala.

En función del poema las mujeres intentan explicar lo que prevé le futuro: un encuentro, una separación, un largo viaje.”

Ce qui m’a séduite c’est que ce jeu apporte des moments de rire, poésie et rêve dans la vie des femmes. Plutôt que de regarder la télévision, elles maintiennent les traditions en s’amusant. L’une d’elle, El Hadja Fatma dit : « Même si on savait qu’elle n’avait aucun pouvoir de prédiction, on croyait aux messages que la bouqala délivrait (…) et lorsqu’elle nous parlait d’une rencontre avec un beau jeune homme, on voulait y croire »

Lo que me sedujo es que este juego aporta momentos de risa, de poesía y de sueños en la vida de las mujeres. En vez de mirar la televisión, mantienen las tradiciones divirtiéndose. Una de ellas, El Hadja Fatma dice:”Incluso sabiendo que no tenían ningún poder de predicción, creíamos en los mensajes que sugería (…) y cuando nos hablaba de un encuentro con un chico, joven y guapo, queríamos creerlo.”

Voici deux bouqala qui parlent d’amandes et la troisième du futur.

Aquí tienen dos bouqala que hablan de almendras y la tercera del futuro.

L’amandier fleurit au printemps

La lune découvre sa lumière,

Les joues rougissent de pudeur

Devant l’amant qui se trahit.

El almendro florece en primavera

La luna descubre su luz,

Las mejillas se sonrojan de pudor

Delante del amante que se traiciona


السفينة اللّي جات باش نكافيها
بللّوز والسكر نطعم غاشيها
وبالزبد والعطر نطلي صواريها
ونطلب ربي العزيز للحج يدّيها

Asfina li jaat bach nkafiha
Ballouz wa assokar nat3am ghachiha
Wa bel zebad wa la3tar nattli swariha
Wa natlab rabi la3ziz lel haj yadiha.

Le navire qui est arrivé, comment lui témoignerai-je ma gratitude?
D’amandes et de sucre je nourrirai ses gens.
De civette et d’essence parfumée j’oindrai ses mâts
Et je prierai Dieu Tout-puissant de le conduire au pélérinage de la Mekke

La nave que ha llegado, ¿cómo probarle mi gratitud?
De almendras y de azúcar alimentaré su gente.
De almizcle y de esencias perfumadas untaré sus mástiles
Y rezaré al Dios Todo Potente de llevarle al peregrinaje de la Meca.


Voisine! Ma voisine, mon coeur est pour toi et mes yeux ne voient que toi,
que ferai-je si ton père me refuse?

¡Vecina! Mi vecina, mi corazón es para ti y mis ojos no ven más que tú, ¿Qué haré si tu padre me rechaza?

20 janv. 2011

Cap sur Alger / Rumbo hacia Argel

Dicton algérien

Lahna yegleb laghna

La quiétude l'emporte sur la richesse

La quietud prevalece sobre la riqueza.


Ferhat Leila. Message de paix

Voisine de la Tunisie, l’Algérie ; le chemin est court mais grandes les différences. Je vous propose aujourd’hui de découvrir une femme de grand talent.

Vecina de Túnez, Argelia; el camino es corto pero grandes son las diferencias.Os propongo descubrir una mujer de gran talento.


Anna Greki (1931-1966) est une des premières poétesses algériennes. Connue pour son engagement politique elle parle souvent de son attachement à sa terre natale. Elle aimait dire : « Je suis vêtue de peau fraternelle ».

(Pour bien comprendre le poème que j’ai choisi vous devez savoir que El Djezaïr=Alger et voudrait dire les îles, îlots. Si l’étymologie du nom Alger vous intéresse, lisez ici.Quant au dernier vers, un peu surréaliste je trouve, il fait référence à la compagnie de transports maritimes).

Anna Greki (1931-1966) es una de las primeras poetisas argelinas. Conocida por su compromiso político habla a menudo de su amor por su tierra natal.Solía decir: « Voy vestida de piel fraternal ».

(Para entender el poema que elegí hay que saber que El Djezaïr = Argel y significaría islas o islotes.En cuanto al último verso, un poco surrealista, hace referencia a la compañía de trasportes marítimos).


Manâa


J'habite une ville si candide
Qu'on l'appelle Alger la Blanche
Ses maisons chaulées sont suspendues
En cascade en pain de sucre
En coquilles d'oeufs brisés
En lait de lumière solaire
En éblouissante lessive passée au bleu
En plein milieu
De tout le bleu
D'une pomme bleue
Je tourne sur moi-même
Et je bats ce sucre bleu du ciel
Et je bats cette neige bleue du ciel
Bâtie sur des îles battues qui furent mille
Ville audacieuse Ville démarrée
Ville au large rapide à l'aventure
On l'appelle El Djezaïr
Comme un navire
De la compagnie Charles le Borgne.

Areski Zerarti: Algérie


Manâa

Vivo en una ciudad tan cándida
Que la llaman Argel La Blanca

Sus casas encaladas están suspendidas

En cascadas de pan de azúcar

De cáscaras de huevos estrellados

De leche de luz solar

De deslumbrantes coladas pasadas por azul

En medio

De todo el azul

De una manzana azul

Giro sobre mi misma

Y bato este azúcar azul del cielo

Y bato esta nieve azul del cielo

Erigida en unas islas batidas que fueron mil

Ciudad atrevida Ciudad arrancada

Ciudad de alta mar abierta a la aventura

La llaman El Djezaïr

Como un barco

De la compañía Carlos el Tuerto. (Trad. Colo)

13 janv. 2011

En Méditerranée / En el Mediterraneo

Je vous propose, et ce pendant quelques semaines, de m’accompagner dans un projet que je nourris depuis longtemps : faire un tour poétique de par les îles et pays bordant la Méditerranée.

Tant de paysages, lumières, cultures nous unissent… Je vais donc sortir pendant un temps du cadre hispanique qui était le mien et nous naviguerons hors de mon archipel des Baléares.

Os propongo, y eso durante unas semanas, acompañarme en un proyecto que tengo desde hace tiempo: dar una vuelta poética por las islas y países lindando el Mediterráneo.

Tantos paisajes, luces, culturas nos unen….Saldré pues durante un tiempo del cuadro hispano que era el mío y navegaremos fuera de mi archipiélago Balear.

Un fort sentiment de solidarité et d’encouragement m’a fait choisir la Tunisie comme point de départ.

Un fuerte sentimiento de solidaridad y de ánimo me ha hecho elegir Túnez como punto de partida.


LE VENT SANS ABRI Tahar Bekri

Comme une rose sauvage
Brûlée par le soir
Perdant le sommeil
L'absence
Suspend les saisons à tes paupières
La chevauchée du rêve rebelle
Quittant la frémissante rosée

Par les matins
Où s'évade la lumière
Lumière après lumière
S'effritent les années
Aux confins des injustes frontières

Lueurs impénitentes
Alliées aux réminiscences des aurores.


Cette porte depuis longtemps
Ouverte à la mer
Pour accueillir le vent sans abri
Dans la course des heures
Dans la nuit inconsolable
Des vagues venaient
Reposer leur âme pourpre
Comme ton souvenir
Ou les feux de l'océan
L'écume laissée là
Sur le seuil
Fleur de sel
Dans les bras de l'éphémère. (Extrait)

EL VIENTO SIN REFUGIO Tahar Bekri

Como una rosa salvaje
Abrasada por el ocaso
Perdiendo el sueño
La ausencia
Suspende las estaciones en tus párpados
La cabalgada del sueño rebelde
Dejando atrás el trémulo rocío
En las mañanas
En las que escapa la luz
Luz tras luz
Se desmoronan los años
En los confines de las injustas fronteras
Destellos impenitentes
Aliados con las reminisciencias del alba

Desde hace tiempo esta puerta
Abierta al mar
Para acoger al viento sin refugio
En la carrera de las horas
En la noche incansable
Venían olas
A reposar su alma púrpura
Como tu recuerdo
O los fuegos del océano
La espuma allí dejada
En el umbral
Flor de sal
En los brazos del efímero (Extractos) Trad. Colo.

Illustrations. Artistes tunisiens: Lamine Sassi, Nejib Belkhodja & Nja Mahdaoui

6 janv. 2011

La voix de la fée /La voz del hada


Pour commencer l’année, deux courts poèmes de l’ Iranienne Forough Farrokhzad.
Para empezar el año, dos poemas cortos de la iraní Forough Farrokhzad.
Moi
Je connais une petite fée triste
Qui demeure dans un océan
Et joue son cœur dans un pipeau de bois
Doucement doucement
Une petite fée triste
Qui la nuit venue d'un baiser meurt
Et à l'aube d'un baiser renaît.
Yo
Conozco una pequeña hada triste
Que vive en un océano
Y toca su corazón en una flauta de madera
Suavemente suavemente
Una pequeña hada triste
Quien, venida la noche, de un beso muere
Y al alba de un beso resucita. (Trad. Colo)
Forough Farrokhzad (poète iranienne 1935-1967)
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Tanha sedast ke mimanad - Il n’y a que la voix qui reste - Sólo queda la voz
La voix, la voix, seulement la voix
La voix du désir de l’eau de couler
La voix de l’écoulement de la lumière sur la féminité de la terre
La voix de la formation d’un embryon de sens...

La voz, la voz, sólo la voz
La voz del deseo de correr del agua
La voz del discurso de la luz sobre la feminidad de la tierra
La voz de un embrión de sentido… (trad. Colo)

Foroukh Farrokhzâd
Poèmes trouvés sur : http://www.pierdelune.com/farrok3.htm
Illustration: Gauguin. Fatata te Miti