26 janv. 2021

Quand les âmes rêvent / Cuando sueñan las almas

 

Esquisse inachevée Delmira Agustini


Parfois, quand l'aimé et moi rêvons en silence,

-un silence aigu et profond comme le guet

d'un son insolite et mystérieux-

je sens comme si son âme et la mienne couraient au loin,

sur je ne sais quelles terres jamais vues,

dans un torrent puissant et fredonnant...

(Trad: Colo)

 

                                         Monet Torrent Creuse. (https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Monet_-_Torrent_creuse.jpg)

 

BOCETO INCONCLUSO

A veces, cuando el amado y yo soñamos en silencio,
-un silencio agudo y profundo como el acecho
de un sonido insólito y misterioso-
siento como si su alma y la mía corrieran lejanamente,
por yo no sé qué tierras nunca vistas,
en un raudal potente y rumoroso...

Delmira Agustini

 

Un autre billet /Otra entrada:https://espacesinstants.blogspot.com/2019/10/sensuelle-delmira-sensual-delmira.html

 

19 janv. 2021

Un coeur triste / Un corazón triste

Coeur dans la nuit

José Ángel Buesa (Cuba, 1910-1982)


Une fenêtre ouverte, La pluie. Et un lointain souvenir.

Une rue vide. Seulement une rue et le vent.

Cœur dans la nuit sans personne qui partage un rêve.

La pluie, un homme seul. Et la douleur des roses qui sont mortes.

La vie passe. C’est la vie, et non le temps qui passe.

C’est ainsi. Et c’est égal. Le reste est un long silence.

(Trad:Colo)

"Callejón después de la lluvia / Alley After Rain" © Gus (Fine Art)

 

 

Corazón en la noche

José Ángel Buesa (Cuba, 1910-1982)

Una ventana abierta. La lluvia. Y un lejano recuerdo.
Una calle vacía. Nada más que una calle y el viento.
Corazón en la noche sin que nadie comparta un sueño.
La lluvia, un hombre solo. Y el dolor de las rosas que han muerto.
La vida está pasando. La vida es lo que pasa no el tiempo.
Eso es así. Y no importa. Lo demás es un largo silencio.


Pas gai le poème de la semaine, les poètes ont des moments comme ça….

Triste el poema de esta semana, los poetas tienen momentos así…

 

                         
                           "Que llueva / Let it Rain" © Gus (Fine Art)


La pluie me fait penser aux photos de cet homme (qui signe Gus) que je vois souvent amener sa petite fille à la garderie, on se salue, toujours. J’ignorais jusqu’à présent qu’il était photographe, et renommé, pourtant dans notre petit village tout est censé se savoir, non?

La lluvia me hace pensar en las fotos de ese hombre (que firma Gus) que a menudo veo llevando a su hija a la guardería y nos saludamos, siempre. Hasta ahora ignoraba que era fotógrafo, de renombre, sin embargo en nuestro pequeño pueblo se supone que todo lo sabemos, ¿verdad?

 

                           "Oscuridad / Darkness" © Gus (Fine Art)

 

 

                          "El gran bosque / The Great Forest" © Gus (Fine Art)


Voilà quelques unes de ses photos, vous pouvez en admirer beaucoup plus ici:

Hé aquí unas fotos pero podéis ver muchas más aquí: 

https://elhurgador.blogspot.com/2020/01/gus-fotografia-fotomanipulacion.html

Et là /Y allí: https://carretedigital.com/gus-fine-art-el-fotografo-del-mes/



13 janv. 2021

Bateau / Barco

Lisière, un site dont nous avons déjà parlé ici. Vous vous en souvenez ? Des Kinépoèmes.


¿Os acordáis de los Kinépoèmes en Lisière ?

Esta vez, el autor del sitio web me pidió que grabará, susurrando, una frase de un

 poema de Alejandra Pizarnik. Parecía fácil...pero sude y me reí mucho.

Podéis encontrar todo aquí.


Cette fois l’auteur, Deylan Caylon, m’a demandé d’enregistrer une phrase - en 

espagnol - d’Alejandra Pizarnik, ceci en chuchotant. Il m’avait prévenue “ c’est plus

 compliqué qu’il n'y paraît“.

En effet, oh là, là, après moultes essais, pas mal de gouttes de sueur, de fous 

rires aussi...c’est fini.

 

                                    (c'est plus beau en écran complet - es más bonito en plena pantalla)


Vous trouverez l’ensemble sur son site, mais voilà ce qu’il écrit au-dessous du montage:


Poème en mouvement réalisé par Deylan Caylon inspiré par un texte de Alejandra Pizarnik et une musique d’Arcangelo Corelli.

Alejandra Pizarnik a partagé sa courte vie entre l’Argentine et Paris où elle croisa notamment Octavio Paz et Julio Cortázar. Écrivain, journaliste, poétesse, les mots étaient pour elle comme l’air qu’elle respirait.

Deylan a choisi ce texte pour faire contrepoint (contre-pied ?) à celui d’Italo Calvino dans « Écume ». C’est pourquoi il a repris le troisième mouvement du Concerto Grosso op6 n°1 d’Arcangelo Corelli, mais dans une interprétation toute différente.

Les mots ont emprunté la voix de Brigitte Bardou (elle-même auteure de poèmes et de pièces de théâtre) et de Colo (passionnée de culture hispanique et latino-américaine).


9 janv. 2021

Peurs et courages / Miedos y valentías

   Courageux

GRACIA IGLESIAS LODARES (Madrid 1977)

 Il avait peur des pas
des portes entrouvertes
des rideaux
des pieds des sphinx
de la langue des chats

Il était effrayé par les rires des vieux
et par les photos d'enfants en cravate
par les ours en peluche
par les mouettes au cinéma
des années soixante

Il craignait surtout de
voir pleurer son père
de parcourir un couloir
de se couper avec du papier
et de mourir chaque nuit

Mais il était si courageux
qu'il regardait dans les yeux
et qu'il épanchait son âme
et disait je t'aime
et c'était vrai.

(Trad: Colo)


Valiente  
       

GRACIA IGLESIAS LODARES
(Madrid 1977)
 
Le daban miedo las pisadas
las puertas entreabiertas
las cortinas
los pies de las esfinges
la lengua de los gatos.

Le asustaban la risa de los viejos
y las fotos de niños con corbata
los osos de peluche
las gaviotas de cine
de los años sesenta.

Temía sobre todo
ver llorar a su padre
recorrer un pasillo
cortarse con papel
y morir cada noche.

Pero era tan valiente
que miraba a los ojos
y derramaba el alma
y decía te amo
y era cierto.

3 janv. 2021

À fleur de peau / A flor de piel

 

Gioconda Belli, une poétesse que nous avons déjà rencontrée plusieurs fois sur ce blog.

Si vos sens sont un peu engourdis par le froid, par l’apathie de ces derniers mois, je pense que ce poème vous réveillera ...


Ya hemos encontrado esta poetisa varias veces en este blog.

Si tenéis los sentidos algo adormecidos por el frío o la apatía de esos últimos meses, creo que este poema os despertará...

 

 

                                      El visitante / Le visiteur  Fernando de Szyszlo (Perú)


Gioconda Belli


Je te vois comme un tremblement...

 

Je te vois comme un tremblement

dans l’eau.

Tu vas

tu viens,

et laisses des ronds dans mon imagination.



Quand je suis avec toi

j’aimerais avoir plusieurs moi,

envahir l’air que tu respires,

me transformer en un amour chaud

pour que tu me sues

et pouvoir entrer et sortir de toi.


Te caresser cérébralement

ou me glisser dans ton cœur et exploser

à chacun de tes battements.


Te semer, tel un grand arbre, dans mon corps

et soigner tes feuilles et ton tronc,

te donner mon sang de sève

et, pour toi, me convertir en terre.


Je sens un souffle chatouilleur

quand nous sommes ensemble,

je voudrais me transformer en rire,

pleine de plaisir,

batifoler sur plages de tendresse

récentes,

mais que j’ai toujours pressenties,

t’aimer, t’aimer

jusqu’à ce que nous oubliions tout

et ne sachions plus qui est qui.

(Trad: Colo)





Te veo como un temblor...

Te veo como un temblor
en el agua.
Te vas,
te venís,
y dejás anillos en mi imaginación.

Cuando estoy con vos
quisiera tener varios yo,
invadir el aire que respiras,
transformarme en un amor caliente
para que me sudes
y poder entrar y salir de vos.

Acariciarte cerebralmente
o meterme en tu corazón y explotar
con cada uno de tus latidos.

Sembrarte como un gran árbol en mi cuerpo
y cuidar de tus hojas y tu tronco,
darte mi sangre de savia
y convertirme en tierra para vos.

Siento un aliento cosquilloso
cuando estamos juntos,
quisiera convertirme en risa,
llena de gozo,
retozar en playas de ternuras
recién descubiertas,
pero que siempre presentí,
amarte, amarte
hasta que todo se nos olvide
y no sepamos quién es quién.