“Les vrilles de la vigne” a été publié en 1908, sans doute est-ce son passage au music-hall qui a fait que Colette se penche ainsi sur le visage des femmes.
Ou alors il se peut que ce texte ait été ajouté dans une édition postérieure car j’ai lu qu'en 1932 elle avait ouvert (et vite refermé) un salon de beauté...
Étonnante cette nouvelle titrée “Maquillages” parmi tant d’autres si poétiques, donc je vous en livre un passage !
Colette à l’œuvre dans l’institut de beauté qu’elle créa rue de Miromesnil, à Paris. Photo DR
“Depuis que je soigne et maquille mes contemporaines, je n’ai pas encore rencontré une femme de cinquante ans qui fût découragée, ni une sexagénaire neurasthénique. C’est parmi ces championnes qu’il fait bon tenter -et réaliser- des miracles de maquillage. Où sont les rouges d’antan et leur âpreté de groseille, les blancs ingrats, les bleus-enfants-de-Marie ? Nous détenons des gammes à enivrer un peintre. L’art d’accommoder les visages, l’industrie qui fabrique les fards, remuent presque autant de millions que la cinématographie.
Plus l’époque est dure à la femme, plus la femme, fièrement, s’obstine à cacher qu’elle en pâtit. Des métiers écrasants arrachent à son bref repos, avant le jour, celle qu’on nommait “frêle créature”. Héroïquement dissimulée sous son fard mandarine, l’œil agrandi, une petite bouche rouge peinte sur sa bouche pâle, la femme récupère, grâce à son mensonge quotidien, une quotidienne dose d’endurance, et la fierté de n’avouer jamais…
Je n’ai jamais donné autant d’estime à la femme, autant d’admiration que depuis que je la vois de tout près, depuis que je tiens, renversé sous le rayon bleu métallique, son visage sans secret, riche d’expression, varié sous ses rides agiles, ou nouveau et rafraîchi d’avoir quitté un moment sa couleur étrangère. Ô lutteuses ! c’est de lutter que vous restez jeunes. Je fais de mon mieux, mais comme vous m’aidez !”
Extrait de Maquillages, Les Vrilles de la Vigne.
étonnant, en effet, même pour quelqu'un qui a pris le parti de ne jamais se farder ;-)
RépondreSupprimeret en même temps tellement actuel!
bravo, Colette :-)
Très actuel oui, la chirurgie esthétique en moins....!
SupprimerÀ la lire les femmes se mettaient des kilos de crèmes et de poudre sur la peau, plus des couleurs, et Colette fait rire en expliquant que le soir, en enlevant tout ça (plus les cheveux et les chichis bouclés! ) d'autres personnes apparaissaient...
"Ô lutteuses ! c’est de lutter que vous restez jeunes." Encourageant ;-).
RépondreSupprimerDe fait, de fait. Tu crois que lutter contre la chaleur compte aussi ? :-))
SupprimerJ'adore :-)
SupprimerCela m'évoque ces vers de Racine ( Athalie, le songe) qui me sont souvent revenus à l'esprit quand j'usais même modestement de maquillage
RépondreSupprimer"Ma mère Jézabel devant moi s'est montrée,
Comme au jour de sa mort pompeusement parée.
Ses malheurs n'avaient point abattu sa fierté;
Même elle avait encor cet éclat emprunté
Dont elle eut soin de peindre et d'orner son visage,
Pour réparer des ans l'irréparable outrage.
Merci Zoë ! Parfait Racine.
SupprimerÀ lire Colette on se maquille moins maintenant il me semble mais...on se fait étirer, gommer, je ne sais pas quoi encore...
Un texte qui pourrait être écrit encore aujourd'hui, sauf que maintenant les femmes revendiquent aussi haut et fort et ne se contentent plus de masquer ;-) La nouvelle doit être intéressante. Bonne journée Colo, bises.
RépondreSupprimerBonjour Aifelle, elle est courte mais je ne l'ai pas trouvée sur la Toile pour que tu puisses la lire, hélas.
SupprimerJ'espère que tes vacances se sont super bien passées!
Un beso de bonne journée.
Coup de coeur aussi pour la photo.
RépondreSupprimerQuand les femmes se retrouvent pour "lutter" ensemble et de si jolie façon !!
Ensemble on peut réaliser tant de projets, créer, défendre tant aussi !
SupprimerBel été, Colo !!
RépondreSupprimerBises
Merci, de même pour toi Fifi !
SupprimerEh bien, je ne savais pas que Colette avait ouvert un salon de beauté ! merci pour cet extrait. Bonne fin de week end et bises !
RépondreSupprimerC'est sans doute anecdotique, mais fait partie de sa vie !
SupprimerLes semaines passent, nous voilà déjà mi-juillet, un beso
C'est incroyable, la vie et ses drôles de mystères, je n'aurais jamais imaginé Colette dans ce rôle, elle a su ajouter la couleur à sa palette de talents. Bises et doux après midi Colo, à bientôt. brigitte
RépondreSupprimerBonne semaine Brigitte, en bleu et jaune ici, un beso
SupprimerColette est d'actualité toujours, c'est un bonheur de la lire et de la relire, ce texte ne m'était pas resté en mémoire alors merci à toi
RépondreSupprimerTu l'as compris, j'essaye de trouver des choses originales d'elle, loin des Claudines..
SupprimerJe découvre cette facette de Colette : merci pour la découverte.
RépondreSupprimerEt bonne journée !
Avec plaisir Nikole !
SupprimerBonne journée à toi aussi, fraîche ici, ouf.
Je raffole de ce livre et bien évidemment de Colette. Dans le reportage diffusé sur Arte, on la voit dans son salon de maquillage. Je n'avais jamais vu ces images et j'ai trouvé cela très touchant.
RépondreSupprimerCe reportage est vraiment bien fait ai-je trouvé.
SupprimerEncore un billet sur Colette je crois, puis nous retournerons à la poésie, peut-être;-))
" Ô lutteuses ! c’est de lutter que vous restez jeunes." ......Dans le domaine des rides, j'imagine la stupéfaction de Colette face au botox et autres injections pour palier le vieillissement !
RépondreSupprimerBonne journée.