Nous
poursuivons notre périple poétique au Honduras, cette fois avec une
poétesse, écrivaine et professeur (licence en littérature) née en
1962.
Seguimos
con nuestro viaje en Honduras, esta vez con una poetisa, escritora y
profesora nacida en 1962
Peut-être
ce poème fera-t-il surgir en vous quelques souvenirs...
Tal
vez este poema os recordará algún encuentro...
Soledad
Altamirano Murillo
Ton
arrivée
Tu
es arrivé
avec
toute la couleur
de
l’aube éveillée;
dos
au préjugé
et
seul avec moi
tu
as tissé mon corps de lumière,
tu
l’as peuplé de pollen
et
lui as donné une poignée
de
ta mer.
Tu
es arrivé dans ma vie
réduisant
les distances
un
jour d’avril.
Je
t’ai tout donné:
terre,
mer, océans,
courants
d’air
et
saisons .
(Trad:Colo)
Tu
llegada
Llegaste
con todo el color
de la aurora despierta;
de
espaldas al prejuicio
y a solas conmigo
tejiste mi cuerpo
de luz,
lo poblaste de polen
y le diste un puñado
de
tu mar.
Llegaste a mi vida
acortando distancias
un
día de abril.
Yo te otorgué todo:
tierra,
océanos,
corrientes de aire
y estaciones.
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“Je
suis un poète (j’ai eu beaucoup de mal à l’admettre) né et
élevé dans le Tiers et le Quart Monde, ce qui m’impose le devoir
incontournable de prendre conscience de cette circonstance sociale et
humaine et de la considérer comme le point d’aller-retour en
termes d’un art engagé, d’une qualité esthétique absolument
liée aux secrets les plus secrets du peuple de ma patrie, Honduras.”
Né
en 1930 au Honduras, Roberto Sosa est considéré un des plus grands
poètes d’Amérique Centrale. En 1990 la France lui a décerné le
titre de “Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres”.
“Soy
un poeta (trabajo me ha costado admitirlo) nacido y criado en el
Tercer y Cuarto Mundo, lo que impone el deber ineludible de tomar
consciencia de esa circunstancia social y humana y considerarla punto
de ida y vuelta en términos de un arte comprometido con la calidad
estética y atada indisolublemente a los secretos más secretos del
pueblo de mi patria, Honduras”.
Nacido
en 1930 en Honduras, Roberto Sosa es considerado como uno de los
mayores poetas de Centro América. En 1990 Francia le otorgó el
título de "Caballero de las Artes y de las Letras”.
Voici un de ses poèmes les plus connus:
Roberto
Sosa – Les pauvres (1969)
Les
pauvres sont nombreux
et c’est pourquoi
il est impossible
de les oublier.
Ils
voient
certainement à l'aube
de multiples
édifices
dans lesquels
ils aimeraient vivre avec leurs
enfants.
Ils
peuvent
porter sur leurs épaules
le cercueil d’une
étoile.
Ils
peuvent
détruire l’air tels des oiseaux furieux,
voiler
le soleil.
Mais
ignorant leurs trésors
ils entrent et sortent par des miroirs
de sang ;
ils marchent et meurent lentement.
Voilà
pourquoi
il est impossible de les oublier.
PS: Sur l'excellent site Esprits Nomades, vous trouverez " La dignité des hommes et les larmes des choses" une longue biographie et plusieurs poèmes de Roberto Sosa.
Kwarkito publie régulièrement sur son blog photos et textes sur le thème "Dormir pour oublier" . Paris des sans-abri; voici le lien de son dernier billet sur ce thème si préoccupant, dérangeant, choquant écrit-il.
D’Andreï
Makine je ne connaissais que sa belle figure, sa voix, son parler
lent au fort accent. Une amie m’a offert pour Noël deux romans de lui. Le premier
que j’ai lu est « L’Archipel d’une autre vie » où
la taïga, traitée comme un personnage dur, aride mais plein de
douceur parfois aussi m’a comme envoûtée.
Voici
ce qu’en dit le romancier et éditeur Bertrand Visage.
Je
vous en livre un extrait, situé vers la fin du livre, et qui ne
dévoile rien de l’intrigue.
“Dans ma jeunesse, je revenais
souvent, en pensée, vers les ermites de Chantars. À un moment, leur
exil m’a paru incompréhensible, effrayant même. Se couper de la
société, s’enfermer au milieu des glaces, sur un îlot entouré
d’un océan en furie! Refusant l’excitant spectacle de la vie,
son pathos, ses rivalités! J’avais, alors, l’âge où la
multiplicité éblouit et la variété des postures intoxique. Où
changer de rôle donne l’illusion de la liberté. Où dupliquer sa
personne en mille relations est perçu comme une richesse
d’existence.
J’avais l’impression de
vivre tout ce que Gartsev et Elkan ne connaîtraient jamais.
Et
puis, sans se soucier de mon amour-propre, l’équation s’est
retournée: chaque jour m’enlevait un peu plus la chance de vivre
et de comprendre ce qu’ils avaient vécu et compris.
Non,
il ne s’agissait pas du nombre d’ »expériences »,
valeur si prisée par la modernité. Ni d’une sagesse fumeuse,
fruit de l’une de ces expériences exotiques. Leur quotidien, rude
et simple, ne visait aucun but édifiant. (…)
Quand
les cartouches manquaient, ils chassaient à l’arc et Gartsev finit
par préférer ce tir insonore. À marée basse, les poissons piégés
au milieu des rochers étaient faciles à prendre et la forêt, à
l’automne, débordait de baies. Elkan préparait ce qui leur
servait de pain : pâtés composés de graminées, de
champignons séchés, de plantules de conifères…
Je
me souviens qu’en parlant de cette vie Gartsev me confia, avec un
étonnement souriant : »Je n’aurais jamais cru que
l’homme avait besoin de si peu » .
Vous
pouvez aussi lire le beau billet de Dominique, mais surtout lisez ce magnifique roman!
Une image de la taïga
Esta
novela de Andreï Makine no está traducida en español...aún. Pero
cuando salga, os la recomiendo. Aquí un largo parrafo :
“Durante
mi juventud pensaba, con frecuencia, en los ermitaños de Chantar. A
un momento dado, su exilio me pareció incomprensible, incluso
aterrador. Aislarse de la sociedad, encerrarse en medio de los hielos
en un islote rodeado de un océano furioso! Negarse el excitante
espectáculo de la vida, su pothos, sus rivalidades! Tenia, entonces,
la edad en la que la multiplicidad deslumbra y la variedad de
actitudes intoxica. Donde cambiar de papel da la ilusión de la
libertad. Donde duplicar su persona en mil relaciones se percibe como
una riqueza de existencia.
Tenia
la impresión de vivir todo aquello que Gartsev y Elkan no conocerían
nunca.
Y
después, sin preocuparse de mi amor propio, la ecuación se ha
jirado: cada día me quitaba, un poco más, la posibilidad de vivir y
comprender aquello que ellos habían vivido y comprendido.
No,
no se trataba del numero de “experiencias”, ese valor tan
apreciado por la modernidad. Ni de una sabiduría confusa, fruto de
una de esas experiencias exóticas. Su cotidiano, rudo y simple, no
pretendía ningún objetivo edificante. (…)
Cuando
faltaban cartuchos, cazaban con arco y Gartsev acabó por preferir
ese tiro insonoro. A la marea baja, los peces atrapados en medio de
las rocas eran fáciles de coger y el bosque, en otoño, desbordaba
de bayas. Elkan preparaba lo que les servía de pan: pasta compuesta
de gramíneas, de setas secas, de plántulas de coníferas…
Me
acuerdo que al hablar de esta vida Gartsev me confió, con un asombro
sonriente:”Nunca habría creído que el hombre necesitase tan
poco”: