20 févr. 2019

Impossible de les oublier / Imposible olvidarlos



Je suis un poète (j’ai eu beaucoup de mal à l’admettre) né et élevé dans le Tiers et le Quart Monde, ce qui m’impose le devoir incontournable de prendre conscience de cette circonstance sociale et humaine et de la considérer comme le point d’aller-retour en termes d’un art engagé, d’une qualité esthétique absolument liée aux secrets les plus secrets du peuple de ma patrie, Honduras.”

Né en 1930 au Honduras, Roberto Sosa est considéré un des plus grands poètes d’Amérique Centrale. En 1990 la France lui a décerné le titre de “Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres”.

Soy un poeta (trabajo me ha costado admitirlo) nacido y criado en el Tercer y Cuarto Mundo, lo que impone el deber ineludible de tomar consciencia de esa circunstancia social y humana y considerarla punto de ida y vuelta en términos de un arte comprometido con la calidad estética y atada indisolublemente a los secretos más secretos del pueblo de mi patria, Honduras”.

Nacido en 1930 en Honduras, Roberto Sosa es considerado como uno de los mayores poetas de Centro América. En 1990 Francia le otorgó el título de "Caballero de las Artes y de las Letras”.

Voici un de ses poèmes les plus connus:

Roberto Sosa – Les pauvres (1969)

Les pauvres sont nombreux
et c’est pourquoi
il est impossible de les oublier.


Ils voient
certainement
à l'aube
de multiples édifices
dans lesquels
ils aimeraient vivre avec leurs enfants.


Ils peuvent
porter sur leurs épaules
le cercueil d’une étoile.
Ils peuvent
détruire l’air tels des oiseaux furieux,
voiler le soleil.


Mais ignorant leurs trésors
ils entrent et sortent par des miroirs de sang ;
ils marchent et meurent lentement.


Voilà pourquoi
il est impossible de les oublier.

 PS: Sur l'excellent site Esprits Nomades, vous trouverez " La dignité des hommes et les larmes des choses" une longue biographie et plusieurs poèmes de Roberto Sosa.

Kwarkito publie régulièrement sur son blog photos et textes sur le thème "Dormir pour oublier" . Paris des sans-abri; voici le lien de son dernier billet sur ce thème si préoccupant, dérangeant, choquant écrit-il.



La catedral de los pobres, 1898

La cathédrale des pauvres, 1898
Joaquim Mir i Trinxet

Los pobres
Los pobres son muchos
y por eso
es imposible olvidarlos.


Seguramente
ven
en los amaneceres
múltiples edificios
donde ellos
quisieran habitar con sus hijos.


Pueden
llevar en hombros
el féretro de una estrella.
Pueden
destruir el aire como aves furiosas,
nublar el sol.


Pero desconociendo sus tesoros
entran y salen por espejos de sangre;
caminan y mueren despacio.


Por eso
es imposible olvidarlos.



36 commentaires:

  1. merci mille fois de nous transporter ailleurs en un pays où les mots deviennent alarme ou consolation

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    1. Pendant des années je me suis penchée sur la poésie sud-américaine, c'est le tour du centre où il a tant à découvrir, à souffrir aussi.

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  2. Coucou. Je ne connaissais pas cet auteur. Son poème sur les pauvres est poignant. Malheureusement, dans notre monde actuel, on a trop souvent tendance à les oublier. Bises alpines et belle journée.

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    1. Bonjour Dédé, c'est vrai et pourtant on les voit, spécialement dans les villes en Europe.
      Bonne journée, un beso

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  3. Merci de nous faire connaître ce poète, Colo. Je suis allée lire la présentation sur Esprits Nomades, j'y retournerai pour les textes, après avoir visité le blog de Kwarkito.

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  4. Merci Colo et Kwarkito pour cette vigilance si précieuse.

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    1. Indispensable, en effet K.
      J'espère que Kwarkito passera par ici et te lira.

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  5. Un poème tellement émouvant, comme sorti des entrailles de ce poète: Roberto Sosa. Magnifique !
    Belle fin d'après-midi, Colo et merci

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  6. En lisant la biographie de l'auteur, je comprends le regard qu'il porte sur les pauvres. Je lis aussi les rêves impossibles des pauvres. La longue marche qui conduit leur triste destinée. J'aime la sobriété du texte qui éclaire l'esprit.

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    1. Il dit fort bien en effet ce qu'il a vécu et voit, merci Sergio.

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  7. Je crois que dans notre civilisation, il y a au moins deux choses que nous ne voulons pas voir : la mort et la pauvreté. Difficile d'avoir le bon regard qui respecte l'humanité de ces personnes malmenées par la vie.
    Je ne connaissais pas ce poète. Ses mots sont à la fois poignants et porteurs de belles images très parlantes comme celle consistant à porter sur leurs épaules le cercueil d'une étoile.
    Je suis aussi allée voir chez Kwarkito : combien il a raison comme d'autres dans leurs commentaires de son billet.
    Merci pour ces messages forts.

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    1. Tu as raison, on essaye, sans succès parce qu'il y en a tant, de cacher les pauvres, les handicapés...de taire la mort, tout ce qui dérange.
      Bonne journée Maïté.

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  8. Un très beau poème et tellement d'actualité toujours .. merci pour les liens que je vais suivre. Je suis allée à Paris la semaine dernière et l'accentuation de la pauvreté saute aux yeux. Aifelle.

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    1. Vivre dans la rue, démuni et sans toit, est tellement aux antipodes de la société de soit disant bien être, qu'on se demande par où commencer pour arriver à une certaine égalité. Qui va imposer une juste répartition des richesses?

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  9. Voici encore une découverte à faire. Merci.

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  10. C'est un poème bouleversant, on réalise que vraiment il les a vus, ressentis, et ne peut les oublier. Le tableau en illustration est très beau, plus paisible aussi...

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    1. Une pauvreté que la capitalisme accentue de jours en jours, les mots du vécu, souffert.
      Bon week-end Edmée.

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  11. Merci pour ce beau texte, Colo et également pour m'avoir fait découvrir le blog de Kwartito et sa terrible photo. Je me suis souvenue, qu'il y a très longtemps sur un marché de Bombay, j'avais vu la foule enjamber sans se troubler un tout petit bébé, en fort mauvais état, qui dormait à même le trottoir devant l'étalage de sa mère et d'avoir dû en faire autant. C'était terrible, c'était "normal".

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    1. Bonjour Annie, terrible souvenir...et nous faisons presque la même chose en passant devant et/ou à côté de misérables personnes qui vivent et dorment en rue...Je garde en mémoire le regard, reconnaissant je crois, d'un homme à Bilbao à qui j'avais simplement dit bonjour et donné 5€ pour aller prendre un petit déjeuner. Un regard inoubliable.
      Cette série de Kwarkito dénonce, montre une compassion immense aussi.
      Bon week-end Annie.

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  12. C'est un très beau texte, merci pour la découverte!

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  13. Merci Colo de m'avoir fait découvrir ce poète, ses mots sont très prenants.
    Douce soirée et mes bisous ♥

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    1. Bonjour Denise, des mots justes, du vécu Denise.
      Journée ensoleillée Denise, un beso

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  14. Une toile tout aussi émouvante que le texte que tu me fais découvrir. Il y a tant à dire, à écrire, à peindre pour ne pas laisser Los pobres souffrir de se sentir abandonnés

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  15. Poème et tableau émouvant
    "ils marchent et meurent lentement"

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    1. Ces pauvres qui nous entourent, il y en a de plus en plus...
      Merci d'être passée Marie.

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  16. Los probes, on a tendance à oublier que «l'on n'est pas les plus malheureux», comme disait Coluche.
    Merci pour ce billet généreux, et surtout le bon lien vers "Esprits nomades".

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    1. On aurait bien tendance en Europe à cacher nos pauvres, à les éloigner des centres, à les amasser loin des regards aussi...
      Nous ne sommes, et de très très loin, pas les plus mal lotis, en effet.
      Esprits nomades est un site magnifique où je me rends souvent, je suis contente que vous l'ayez apprécié.

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