27 mai 2020

Oublis et souvenirs / Olvidos y recuerdos


Oubli

CARMINA CASALA         ( España, 1949 )

Oubli


J’ai oublié ton nom,
je ne me souviens pas
si tu t’appelais lumière ou lierre,
mais que je sais que tu étais eau
car mes mains tremblent quand il pleut.


J’ai oublié ton visage et tes cils
et ta peau où glissait ma bouche
quand nous tombâmes sous les cyprès
vaincus par le vent,
mais je sais que tu étais lune
car quand la nuit approche
mes yeux se brisent
de tant désirer te voir par la fenêtre.


J’ai oublié ta voix, et tes mots,
mais je sais que tu es musique
car quand les heures se dissolvent
dans les sources du sang
mon cœur te chante.
(Trad:Colo)



CARMINA CASALA         ( España, 1949 )
Olvido


Se me olvidó tu nombre,
no recuerdo
si te llamabas luz o enredadera,
pero sé que eras agua
porque mis manos tiemblan cuando llueve.

Se me olvidó tu rostro y tu pestaña
y tu piel por mi boca transitada
cuando caímos bajo los cipreses
vencidos por el viento,
pero sé que eras luna
porque cuando la noche se aproxima
se me rompen los ojos
de tanto querer verte en la ventana.

Se me olvidó tu voz, y tu palabra,
pero sé que eres música
porque cuando las horas se disuelven
entre los manantiales de la sangre
mi corazón te canta.

20 mai 2020

Prendre l'air / Tomar el aire

Tomás Sanchez Transcendencia  http://www.tomassanchez.com/ 

Invitation à l’air
 
Rafael Alberti

Ombre Je t’invite, à l’air.
Ombre de vingt siècles,
à la vérité de l’air,
de l’air, air, air.

Ombre qui jamais ne sors
de ta grotte, et qui ne rendit pas
au monde le souffle qu’en naissant
te donna l’air
l’air, l’air, l’air.

Ombre sans lumière, minière
des profondeurs
de vingt tombes, vingt
siècles vides sans air,
de l’air, air, air.

Ombre, aux sommets! Ombre,
de la vérité de l’air,
de l’air, air, air.
(Trad: Colo)

INVITACIÓN AL AIRE

-- de Rafael Alberti --
Te invito, sombra, al aire.
Sombra de veinte siglos,
a la verdad del aire,
del aire, aire, aire.
Sombra que nunca sales
de tu cueva, y al mundo
no devolviste el silbo
que al nacer te dio el aire,
del aire, aire, aire.
Sombra sin luz, minera
por las profundidades
de veinte tumbas, veinte
siglos huecos sin aire,
del aire, aire, aire.
¡Sombra, a los picos, sombra,
de la verdad del aire,
del aire, aire, aire!
 
Tomás Sanchez
Though-Cloud, 2017

L’Air
Gabriela Mistral

Ce qui passe et qui reste,
c’est l’Air, c’est l’Air,
et, sans bouche visible,
il te prend et t’embrasse, père aimant.
Aïe, nous le brisons sans le casser;
blessé il vole sans se plaindre,
et il semble emporter tout le monde
et, bienveillant, à tous il pardonne, l’Air...
(Trad:Colo)
EL AIRE
Gabriela Mistral
Esto que pasa y que se queda,
esto es el Aire, esto es el Aire,
y sin boca que tú le veas
te toma y besa, padre amante.
¡Ay, le rompemos sin romperle;
herido vuela sin quejarse,
y parece que a todos lleva
y a todos deja, por bueno, el Aire...

14 mai 2020

Le merle chanteur.../ El mirlo cantador


En ce printemps 2020, volent, sautillent quantité de merles. Principalement pour attraper au vol ou au sol, les petites dattes des palmiers. Ceci est préférable à l’attaque en règle des cerises ou des fraises!
Il existe tant et tant de chansons, poèmes, récits... sur les merles.
Je vous en propose quelques uns et j’aimerais bien que vous apportiez , si vous en avez envie, des souvenirs ou n’importe quoi relatif aux merles (et que j’ajouterais au billet).
En esta primavera del 2020, vuelan, dan saltitos gran cantidad de mirlos. Principalmente para atrapar al vuelo o en el suelo pequeños dátiles de las palmeras. ¡Mejor esto que un ataque en toda regla a las fresas o a las cerezas!
Existen tantas canciones, poemas, escritos, relatos...sobre los mirlos.
Os propongo algunos y me gustaría, si lo deseáis, que traigáis aquí recuerdos, poemas, lo que queráis en relación con los mirlos. Añadiré todo a la entrada.

Photo prise à Bruxelles, avril/mai 2020


D’abord quelques une des “Treize manières de regarder un merle” de Wallace Stevens.
Primero algunas de las “Trece maneras de mirar un mirlo” de Wallace Stevens.
I
Among twenty snowy mountains,
The only moving thing
Was the eye of the blackbird.
Entre veinte montañas de nieve,
La única cosa que se movía
Era el ojo del mirlo.
Dans vingt montagnes enneigées,
Une seule chose était en mouvement :
L’œil du merle noir.
IV
A man and a woman
Are one.
A man and a woman and a blackbird
Are one.



Un hombre y una mujer
Son uno.
Un hombre y una mujer y un mirlo
Son uno.



Un homme et une femme
Sont un.
Un homme et une femme et un merle noir
Sont un.



V
I do not know which to prefer,
The beauty of inflections
Or the beauty of innuendoes,
The blackbird whistling
Or just after.


No sé qué preferir,
La belleza de los acentos
O la belleza de las insinuaciones,
El mirlo silbando
O el instante después.


Je ne sais que préférer,
La beauté des inflexions
Ou la beauté des insinuations,
Le merle noir qui siffle
Ou tout de suite après.
XII

The river is moving.
The blackbird must be flying.
El río se estremece.
El mirlo estará volando.
La rivière est en mouvement.
Le merle noir ne peut qu’être en vol.


NB. Vous pouvez lire les Treize manières de regarder un merle, en anglais et français ici:
Podeís leer las Trece maneras de mirar un mirlo aquí:
https://circulodepoesia.com/2014/04/trece-maneras-de-mirar-un-mirlo-poema-de-wallace-stevens/
Photo prise à Bruxelles, avril/mai 2020





Nous avons bien sûr la belle ’”Histoire d’un merle blanc “de A. de Musset que vous pouvez lire en entier ici: https://fr.wikisource.org/wiki/Nouvelles_et_Contes_(Musset)/Histoire_d%E2%80%99un_merle_blanc
Tenemos la bonita Historia de un mirlo blanco, de A de Musset, lo podéis leer entero aquí:


Je termine en musique, bien que le merle ait beaucoup d’autres histoires...
Termino, aquí lo tenemos en música, aunque el mirlo tiene muchas otras historias,


À VOUS, (merci beaucoup)

Adrienne. "j'en avais un qui venait toujours près de moi quand je travaillais au potager, il savait que ça signifiait nombre de vers de terre avec lesquels se régaler, et je l'avais appelé Alfred, en l'honneur d'Alfred Brendel, parce qu'il était aussi bon musicien ;-)"

 Fifi


 

Dédé : "Il y avait un jeune merle qui venait se poser sur le bord de la fenêtre chez mes parents. Il apprenait à chanter. Mon Papa l'avait appelé Jérémie. Quand le merle arrivait, mon papa se mettait à siffler à l'intérieur. Le merle écoutait et ensuite sifflait à son tour. Après quelques semaines, mon Papa a décrété qu'il lui avait appris à bien siffler. En effet, Jérémie était devenu un as du chant mélodieux. ;-)

Tania:  "L'expression "merle blanc" est une jolie variante pour "oiseau rare".
Je suis heureuse, depuis le début de ce mois de mai, d'entendre à nouveau chanter un merle dans l'îlot. A Bruxelles, il se raréfie, d'après les dernières observations de Natagora, "conséquence probable de l’épidémie du virus Usutu" qui frappe certains oiseaux depuis trois ans (désolée pour cette note "en demi-teinte").
https://www.natagora.be/news/les-oiseaux-de-nos-jardins-une-annee-en-demi-teinte"

Edmée: "Moi je me souviens d'un jour de Pâques, ma mère attendait avec impatience que ses petits-enfants se lèvent pour chercher les œufs que nous avions cachés dans le jardin, mais il s'agissait de la famille ronfleurs, et un merle a trouvé un bel œuf emballé dans du papier argenté, l'a retourné, retourné, et puis l'a pris et s'est envolé. Nous avons ri toute la journée en pensant aux plumes chocolatées par la suite si le merle a couvé la proie de son désir..."

Anne Le Maître:  Poème écrit par elle.

Vous pouvez disposer

Ivre d’amour
et de printemps
le merle en habit de notaire
par son chant
fait lever le soleil
repeint la ville en rose
m’extirpe du sommeil

donne avec élégance
coup de grâce
à l’hiver

et congédie la nuit
d’un battement de trilles.

Puis d’un air affairé
s’en va dans l’herbe brune
mâchonner quelques vers.

Christian Wery : "...je retrouve deux photos de merles noirs , il s'agit d'une madame, pas vocalement aussi forte que le mâle mais travailleuse comme vous voyez....

C'était en juin 2013 : la nidification des merles va de mars à août. 
Elles sont reprises sur mon site photo (rubrique "oiseaux des parcs et jardins")  qui s'est un peu diversifié depuis... 


Zoë Lucider: "Je pense à Uccellacci e uccellini, le film de Pasolini, dans lequel François d'Assise voulait évangéliser les oiseaux.Il s'agissait de faucons (les grands oiseaux et de passereaux, les petits. Il n'y avait pas de merles, mais il font partie de la confrérie qu'il s'agit de convaincre de se conduire en frères -hélas, sans succès-."
NB: Voici une scène du film:

Aifelle:  "Et tu connais cette expression "siffle toujours beau merle", utilisée pour éconduire un dragueur qui n'a aucune chance ;-) ?"

La petite verrière: "J'apporte une toute petite pierre; mon grand-père, vrai homme des bois, disait " Quand le merle chante, l'hiver est fini !" Et dans ce domaine, mon grand-père avait toujours raison !"

Plumes d'anges: "Je t'apporte en pensées le chant des merles siffleurs que j'entendais petite fille chez mes grands parents, c'était un enchantement, peut-être est-il à l'origine de mon amour des oiseaux..."

K: "Ce matin au jardin un petit merle à l'allure bien sympathique s'affairait avec dextérité à récolter des brindilles. Il y a du nid dans l'air."

7 mai 2020

Par pure fantaisie / Por ultra fantasía



Que dirait-on? Alfonsina Storni

Que diraient les gens étroits d’esprit et désœuvrés,
Si un beau jour, par pure fantaisie,
Je me teignais les cheveux en argenté et violet,
Si je mettais une toge grecque, si je remplaçais mon peigne
Par un bourdalou de fleurs: myosotis ou jasmin,
Si je chantais dans les rues accompagnée par des violons;
Ou si je disais mes vers en parcourant les places
Laissant libre cours à mon goût pour les vulgaires bandeaux?

Viendraient-ils me regarder en s’attroupant sur les trottoirs?
Mes brûleraient-ils comme on a brûlé les sorcières?
Les cloches sonneraient-elles pour appeler les paroissiens à la messe?

En l’évoquant, je l’avoue, cela me fait un peu rire.


Traduction Monique-Marie Ihry

Éditions Cap de l’Etang
Le doux mal

p 160-161


Le poème, très joliment chanté par Isabel Parra



¿QUE DIRÍA? Alfonsina Storni



¿Qué diría la gente, recortada y vacía,
Si en un día fortuito, por ultra fantasía,
Me tiñera el cabello de plateado y violeta,
Usara peplo griego, cambiara la peineta
Por cintillo de flores: miosotis o jazmines,
Cantara por las calles al compás de violines,
O dijera mis versos recorriendo las plazas,
Libertado mi gusto de vulgares mordazas?


¿Irían a mirarme cubriendo las aceras?
¿Me quemarían como quemaron hechiceras?
¿Campanas tocarían para llamar a misa?

En verdad que pensarlo me da un poco de risa.