27 nov. 2023

Je suis un tigre sauvage / Soy un tigre salvaje

  

Sans doute avons-nous tous un ou plusieurs de nos billets auxquels nous tenons 

beaucoup, moi c’est celui-ci basé sur un article très original écrit par Susana Fortes

 et intitulé « Les figures d’il y a 500 ans » (El País 25-05-2008).

Je l’ai déjà publié il y a 13 ans mais qu’importe...

 

Il débute ainsi : « Beaux, étranges, puissants. Les artistes de la Renaissance réussirent à capter l’âme dans un visage. (…) Derrière chaque visage il y a un secret, une histoire que nous ignorons et que nous avons un besoin urgent de connaître, quand nous le contemplons, seuls, dans un tableau. Il n’est pas aisé d’expliquer cette pulsion qui bat dans certains portraits, mais il existe également dans la vie des figures qui ont sur nous un puissant ascendant. (…) Ceci n’a rien à voir avec la beauté, mais avec le mystère. Parfois ce qui attire notre attention dans un visage c’est un détail aussi insignifiant que le lobe d’une oreille, ou un point blanc, minuscule et brillant dans les pupille ». C’est ainsi, explique-t-elle, que la première fois qu’elle a vu La Joconde, elle n’a pensé ni à son sourire ni à son regard, mais au son de sa voix .

Elle s’est imaginé une voix grave, un peu rauque, semblable à celle de Jeanne Moreau.

Peindre la voix. « Il suffit parfois d’un coup de pinceau estompé juste sur le bord supérieur de la lèvre, comme un souffle, pour que le tableau parle. La vie n’est qu’un souffle d’air, mais à travers lui émergent peu à peu le désir, la douleur, l’incertitude, le mépris, l’expérience…Tous les masques de l’âme ».

Ici elle nous raconte l’histoire d’une autre femme, Ginevra de Benci, à travers le mystérieux portrait réalisé par Leonardo. « Il y a quelque chose dans son visage qui inquiète. Peut-être son intrépidité statique, la sévérité de son expression, l’air fantomatique. » Cette jeune fille, intelligente, cultivée et riche venait d’une excellente famille florentine qui fréquentait le palais des Médicis. Pourtant ce n’est pas avec un poète, mais avec un marchand de chiffons, que ses parents la marièrent peu avant ses seize ans.

On a cru très longtemps que c’était un portrait de mariage commandé par son mari.

Mais l’histoire est plus croustillante...plus banale aussi. Une vraie histoire d’amour et d’infidélité.

Il y a peu on a découvert que ledit portrait avait été commandité par un diplomate vénitien de 40 ans qui, arrivé à Florence en 1475 avec femme et enfants, était tombé follement amoureux de la jeune fille. Leur idylle passionnée durera cinq ans, moment où il fut envoyé ailleurs. Éplorée Ginevra se retira du monde et vécut à la campagne.

Les seules choses qui sont restées d’elle sont le tableau de Leonardo da Vinci et un unique vers, écrit de sa main :

J’implore la clémence ; je suis un tigre sauvage.

« Il faut contempler son portrait en tenant compte de ces mots, prononcés sans doute avec un timbre de voix plus sombre que mélancolique. La voix du tableau.» (Traductions, Colo)

Para agradar a MA, vuelvo a publicar ese texto basado en un artículo muy original escrito por Susana Fortes y titulado « Las caras de hace 500 años » (El País 25-05-2008).

Empieza así:” Bellos, extraños, poderosos. Los artistas del Renacimiento lograron captar el alma en un rostro (…). Detrás de cada cara hay un secreto, una historia que desconocemos y que necesitamos urgentemente conocer, cuando la contemplamos a solas en un cuadro. No es fácil explicar esa pulsión que late en algunos retratos, pero en la vida también hay rostros que ejercen sobre nosotros un poderoso influjo (…). No es algo que tenga que ver con la belleza, sino con el misterio. A veces lo que nos llama la atención de un rostro es un detalle tan insignificante como el lóbulo de una oreja, o un punto blanco diminuto y brillante en las pupilas”. Es así. Explica, que la primera vez que vio la Gioconda, no pensó ni en su sonrisa ni en su mirada, sino en el sonido de su voz. Se imaginó un tono grave, un poco ronco, parecido al de Jeanne Moreau.

Pintar la voz. “A veces basta una pincelada difuminada justo al borde superior del labio como un soplo para que el retrato hable. La vida no es más que un soplo de aire, pero a través de él empieza a asomarse el deseo, el dolor, la incertidumbre, el desprecio, la experiencia…Todas las máscaras del alma”.

Aquí nos cuenta la historia de otra mujer, Ginebra de Benci, a través del misterioso retrato realizado por Leonardo. “Hay algo en su rostro que inquieta. Tal vez su impavidez estática, la severidad de la expresión, el aire fantasmal”. Esa chica joven, bella, culta y rica pertenecía a una excelente familia florentina que frecuentaba el palacio de los Médicis. Sin embargo no fue con un poeta sino con un comerciante de paños que sus padres la casaron, poco antes de cumplir los 16 años.

Durante mucho tiempo se creyó que el retrato era un encargo de su marido.

Pero la historia es más crujiente…banal también. Una verdadera historia de amor e infidelidad.

Se descubrió, hace poco, que dicho retrato había sido encargado por un diplomático veneciano de 40 años quien, llegado a Florencia en 1475 con mujer e hijos, se había enamorado locamente de la joven. Su idilio duró cinco años y terminó cuando le mandaron lejos de Florencia. Desconsolada, Ginebra se retiró del mundo y vivió en el campo.

Las únicas cosas que quedaron de ella fueron el cuadro de Leonardo da Vinci y ese único verso, escrito de su mano:

Pido clemencia; soy un tigre salvaje.

Hay que contemplar su retrato al amparo de estas palabras, pronunciadas tal vez con un timbre más oscuro que melancólico. La voz del retrato”.


22 nov. 2023

Vue brouillée / Vista nublada

 Juste respirer l'aube. 

Il fait froid; 5º dans ma campagne. 

 La vue se brouille, les verres s'embuent.



Solo respirar el alba.
Hace frio; 5º en mi campo.
La vista se nubla, los cristales se empañan.


Fotos Colo Puigpunyent. 



Lumière, ombres veloutées, terre rouge, le vêtement d'automne.





Luz...
Cuando mis lágrimas te alcancen
la función de mis ojos
ya no será llorar,
sino ver.

LeónFelipe

 



Lumière…

Quand mes larmes t’atteindront

la fonction de mes yeux

ne sera plus de pleurer

mais de voir. 

León Felipe (Trad: Colo) 


16 nov. 2023

Célébrer / Celebrar

 

Ida Vitale, vous vous rappelez d’elle ? Nous avions parlé de cette poétesse Uruguayenne, à l’occasion du prix Cervantès qu’elle avait reçu à 95 ans en 2018. C’est ICI, nous avions tous beaucoup aimé le poème du billet. 

 

El Pais,
La poeta Ida Vitale en su cumpleaños en la Cinemateca uruguaya.
Foto: Sofia Torres/AFP



Le temps passe, et son pays vient de lui organiser une fête pour ses 100 ans.

Toujours aussi gaie et ironique, elle a dit en arrivant: “Merci aux fous qui ont organisé cela et aux fous qui sont venus. Je ne le mérite pas. Et en plus il pleut.”


Alors, pour fêter avec elle, voici un autre de ses poèmes.


Réunion

Il était une forêt de mots
une pluie d'embuscade de mots,
une voix bruyante ou tacite
convention de mot,
une mousse délicieuse qui murmure,
un léger grondement, un arc-en-ciel oral
de possibles oh légères légères légères dissidences,
il y avait le pour et le contre,
le oui et le non,
arbres multipliés
avec une voix dans chacune de ses feuilles.

Plus jamais, dirait-on,
Le silence.




Reunión

Érase un bosque de palabras,

una emboscada lluvia de palabras,

una vociferante o tácita

convención de palabras,

un musgo delicioso susurrante,

un estrépito tenue, un oral arcoíris

de posibles oh leves leves disidencias leves,

érase el pro y el contra,

el sí y el no,

multiplicados árboles

con voz en cada una de sus hojas.

 

Ya nunca más, diríase,

el silencio.


9 nov. 2023

Les joies infimes / Las alegrías ínfimas

 

Une Chronique publiée dans El Pais en 2012 de Manuel Vicent . Elle ne peut pas nous faire de mal !

Una crónica de Manuel Vicent que nos puede venir bien.


"Un jour dans le bar Gijón j'ai surpris un poète maudit, plongé dans ses pensées. Je lui ai demandé si la gravité de son visage se devait à l'élaboration d'un vers brillant. “C'est ça”, m'a-t-il répondu. “En ce moment je me débats dans un doute: me tirer un coup de revolver dans la bouche ou manger une glace à la fraise”.

Au monastère de Kopan, dans la vallée de Katmandou, un Maître Vénérable m'a dit: si tu veux savoir jusqu'à quel point tu es heureux et tu ne le sais pas, achète-toi un carnet et écris chaque nuit cinq petits faits agréables qui te sont arrivés pendant la journée. Ne note que les sensations plaisantes et insignifiantes, les joies infimes, pas les rêves démesurés. 

Ce matin le soleil à la fenêtre m'a éveillé et j'ai remarqué que cette fois je n'avais pas mal au dos. Le chien m'a salué de la queue. Le patron du bar, où j'ai l'habitude de petit déjeuner en lisant le journal, a refusé de me faire payer la ration de churros. J'ai lu la chronique sportive: hier mon équipe a gagné. L'autobus est arrivé à l'heure et à l'arrêt les mots d'amour d'une mère à sa petite fille qui partait à l'école m'ont ému. (…)

Le Vénérable Maître assura qu'après un temps se formerait dans ce carnet un tissu basique d'actes heureux, de subtils plaisirs éphémères, très consistant, qui, sans que nous nous en rendions compte, soutient fermement toute notre vie et résout au passage le doute du poète.

Pour le moment il suffira pour éviter qu'il ne se suicide.

Il se peut que ce ne soit que cette charlatanerie qui se répand tandis que brûlent les traditionnels bâtons de musc et encens et que cela ne serve qu'à oublier la terrible et injuste cruauté qui nous entoure.

Mais le Vénérable Maître, au milieu de cet air transparent qui descendait de l'Himalaya, dit que de toutes les flèches funestes que la vie nous lance quasi aucune n'atteint son but. Elles tombent autour de nous et c'est nous qui les arrachons du sol et nous les clouons dans le cœur, l' esprit, ou dans le sexe. Peut-être cet enseignement pourrait-il servir au poète pour enfiler un de ses vers les plus éminents: paraît le soleil, je suis vivant."

(Trad:Colo)

 

{Écrivain prolixe, très peu de ses romans sont traduits en français, mais parmi eux La Balade de Caïn: basé sur le vieux thème du fratricide qui imprègne la culture judéo-chrétienne, et depuis la Genèse jusqu'à New York, c'est un roman sensuel, lyrique et sensible. La recherche des mots et du style, si neuf, – on a parlé de “poète de la prose” - rendent sa lecture délicieuse. }

 

 

Fundación Miró, Mallorca, foto Colo

Foto Colo


 

 

"Un día en el café Gijón sorprendí a un poeta maldito, absorto en sus pensamientos. Le pregunté si la gravedad de su rostro obedecía a que estaba elaborando algún verso insigne. “Así es”, me contestó. “En este momento me debato en la duda de pegarme un tiro en la boca o tomarme un helado de fresa”.
En el monasterio de Kopan, en el valle de Katmandú, me dijo un Maestro Venerable: si quieres saber hasta qué punto eres feliz y no lo sabes, cómprate una libreta y apunta en ella cada noche cinco pequeños hechos agradables que te hayan sucedido durante el día. Anota solo las sensaciones placenteras insignificantes, las alegrías ínfimas, no los sueños desmesurados. 

 
Esta mañana me ha despertado el sol en la ventana y he comprobado que esta vez no me dolía la espalda. El perro me ha saludado con el rabo. El dueño del bar, donde suelo desayunar hojeando el periódico, hoy se ha negado a cobrarme la ración de churros. He leído la crónica deportiva: ayer ganó mi equipo. El autobús ha llegado puntual y en la parada me han conmovido las palabras de amor que una madre le dirigía a su niña que se iba al colegio. (...)


El Maestro Venerable aseguró que después de un tiempo en esa libreta se habrá formado un tejido básico de actos felices, de sutiles placeres efímeros, muy consistente, que sin darnos cuenta sustenta firmemente toda nuestra vida y de paso resuelve la duda del poeta.

De momento bastará con un helado para evitar que se pegue un tiro.

Puede que esto no sea más que esa charlatanería que se expande mientras arden las consabidas barritas de almizcle e incienso y que solo sirve para olvidar la terrible crueldad e injusticia que nos rodea.

Pero el Maestro Venerable, en medio de aquel aire transparente que bajaba del Himalaya, dijo que todas las flechas aciagas que la vida nos lanza casi ninguna da en el blanco. Caen a nuestro alrededor y somos nosotros los que las arrancamos del suelo y nos las clavamos en el corazón, en la mente o en el sexo. Tal vez esta enseñanza podría servir al poeta para enhebrar uno de sus versos más excelsos: sale el sol, estoy vivo."

                    

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{Escritor muy prolijo, me encantó la novela La Balada de Caín; basada en el viejo tema del fratricidio que impregna la cultura judeocristiana, y eso desde la Génesis hasta Nueva York, es una novela sensual, lírica y sensible. La búsqueda de palabras y de un estilo tan nuevo – se habló de un “poeta de la prosa” - hacen su lectura deliciosa.}




 

  


2 nov. 2023

Quelques expressions amusantes.. / Algunas expresiones dievrtidas...

 

Un mot, un geste, un regard vous fait soupçonner que quelque chose ne tourne pas 

rond, vous avez la puce à l’oreille.

Sur, dans, derrière l’oreille ? Rien ne l’indique.

Dans la même situation l’espagnol a “la mouche derrière l’oreille”, Tener la mosca

 detrás de la oreja.

Là, c’est plus précis.



Pour poursuivre avec l’oreille, quand l’espagnol est crevé, qu’il va se coucher, il va 

“repasser l’oreille”, Planchar la oreja.

 




T’as rien dans le coco. Pas de doute, le coco c’est la tête. Et bien comerse el coco”, littéralement “se manger la tête” c’est se faire de la bile, se prendre la tête. Facile à retenir celle-ci !

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Et une dernière que j’aime bien aussi, mon fils me le dit plus que parfois,  c’est “Estar como una regadera”, être comme un arrosoir. Là, c’est moins évident : ça veut dire être excentrique, étrange, fêlé...avoir des idées folles ou bizarres.