29 sept. 2017

Plaisir du coeur


Je lis dans vos commentaires que, contrairement à moi, vous connaissez bien Emily Dickinson.
Mais je tiens, parce que je le trouve si beau, à publier un autre court poème d’elle.

The Heart asks Pleasure – first –
And then – Excuse from Pain –
And then – those little Anodynes
That deaden suffering –

And then – go to sleep –
And then – if it should be
The will of it’s Inquisitor
The luxury to die –

Il en existe une traduction de Guy Forgue, que je n'aime pas trop, la voici:

Le cœur veut d’abord le plaisir,

Puis des raisons de ne pas souffrir ;
Puis, ces petits calmants
Qui ouatent la douleur.
                     
Ensuite il veut s’endormir ;
Enfin, si c’est son bon plaisir
De son Inquisiteur,
Le luxe de mourir.

                  
Mais, mais...je ne suis pas la seule à ne pas l’avoir bien aimée car j’ai trouvé le même avis ici: http://guesswhoandwhere.typepad.fr/carnets_de_poesie/2007/02/emily_dickinson.html et l’auteur du blog en a fait une traduction personnelle que je trouve très réussie. Je n’y ai fait aucun changement, juste copiée.


Le Cœur veut du plaisir – d’abord –

Ensuite – des raisons de ne pas souffrir –
Et puis – ces petites choses
Qui adoucissent la souffrance -

Ensuite – il veut dormir –
Puis – si tel est le plaisir
De son Inquisiteur
Le luxe de mourir.




Bon week-end!

27 sept. 2017

Vers la beauté / Hacia la belleza





Une poétesse que j’avais peu lue, Emily Dickinson, un grand tort!
Una poetisa que había leído poco, un gran error!

Voilà le premier d’une courte série.
Aquí va el primero, de una serie corta.


Monet, Bord de mer à Saint Adresse


1540

Aussi imperceptiblement que le chagrin
L’été s’en est allé-
Trop imperceptible enfin
Pour ressembler à quelque perfidie-
Une quiétude s’est distillée
Comme un demi-jour commencé de longtemps,
Ou la nature qui aurait passé avec elle-même
Un après-midi séquestré-
L’obscurité s’est installée plus tôt-
Le matin, étranger, a brillé-
Courtoise, pourtant déchirante grâce,
Comme invitée, mais qui s’en serait allée-
Et ainsi, sans une aile,
Ni l’aide d’une quille
Notre été, léger, a pris la fuite
Vers la beauté.

1540

Imperceptible como una pena
El verano se alejó-
Demasiado imperceptible al fin
Para sentir su perfidia-
Una calma destilada
Cual crepúsculo detenido,
O la naturaleza que disfruta consigo
De la tarde secuestrada-
El anochecer acudió más temprano-
La mañana ajena se iluminó-
Una cortés gracia que intimida,
Como el huésped que desea partir-
Y así, sin tener alas
Ni ayuda de una nave
Nuestro verano emprendió su escapada
Ligero en pos de la belleza.

1540 (merci Adrienne)

As imperceptibly as Grief
The Summer lapsed away —
Too imperceptible at last
To seem like Perfidy —
A Quietness distilled
As Twilight long begun,
Or Nature spending with herself
Sequestered Afternoon —
The Dusk drew earlier in —
The Morning foreign shone —
A courteous, yet harrowing Grace,
As Guest, that would be gone —
And thus, without a Wing
Or service of a Keel
Our Summer made her light escape
Into the Beautiful.

20 sept. 2017

Comme toi / Cómo tú


Un message d’espoir” dit Paco Ibañez avant de chanter ce poème de León Felipe (poète espagnol, exilé après la guerre civile, ( Zamora 1884 - Ciudad de México, 1968) et il ajoute: ‘”celui qui lutte n’est pas mort”. 
Un poème dédié à nous tous, les petites gens.





Comme toi León Felipe


Ainsi est ma vie,
pierre,
comme toi. Comme toi,
petite pierre;
comme toi
pierre légère;
comme toi,
galet qui roule
sur les chemins
et les trottoirs;
comme toi,
humble caillou des routes;
comme toi
qui par les jours d’orage
t’aplatis
dans la boue de la terre
et puis
scintilles
sous les sabots
et sous les roues;
comme toi, qui n’as même pas servi
à être pierre
d’une halle de marché,
ni pierre d’un tribunal,
ni pierre d’un palais,
ni pierre d’une église;
comme toi,
pierre aventureuse;
comme toi
qui, peut-être, n’es faite
que pour une fronde,
pierre petite
et
légère...

(Trad: Colo)



Cómo tú León Felipe ( Zamora 1884 - Ciudad de México, 1968)

Así es mi vida,
piedra,
como tú. Como tú,
piedra pequeña;
como tú,
piedra ligera;
como tú,
canto que ruedas
por las calzadas
y por las veredas;
como tú,
guijarro humilde de las carreteras;
como tú,
que en días de tormenta
te hundes
en el cieno de la tierra
y luego
centelleas
bajo los cascos
y bajo las ruedas;
como tú, que no has servido
para ser ni piedra
de una lonja,
ni piedra de una audiencia,
ni piedra de un palacio,
ni piedra de una iglesia;
como tú,
piedra aventurera;
como tú,
que tal vez estás hecha
sólo para una honda,
piedra pequeña
y
ligera…


Paco Ibañez
No está muerto quien pelea”

13 sept. 2017

La pleureuse / La Llorona


La Llorona est un spectre du folklore latinoaméricain qui, selon la tradition orale, se présente comme l’âme en peine d’une femme qui assassina ou perdit ses enfants, les cherche en vain, et effraye par ses pleurs saisissants.
La légende a de nombreuses variantes selon les pays, mais les faits principaux sont identiques.
Voici la chanson, une des versions en tout cas. 
L’interprète la plus connue de cette chanson est Chavela Vargas, je ne l’ai pas choisie mais une version plus épurée, j’espère que vous l’apprécierez.

La Llorona es un espectro del folclore latinoamericano que, según la tradición oral, se presenta como el alma en pena de una mujer que asesinó o perdió a sus hijos, busca a estos en vano y asusta con su sobrecogedor llanto a quienes la ven u oyen. Si bien la leyenda cuenta con muchas variantes, de acuerdo al país, los hechos  son siempre los mismos.(Wiki)

 
La llorona ( La pleureuse)

Si parce que je t’aime
tu veux, llorona, ma mort,
que ta volonté soit faite
Aïe llorona
puisse Dieu m’enlever la vie,
pauvre de moi, llorona,
llorona d’hier et d’aujourd'hui
hier je fus merveille, llorona
et aujourd’hui même pas une ombre.
Qu’ont-elles les fleurs llorona
les fleurs du cimetière.
Quand le vent souffle llorona,
on dirait qu’elles pleurent.
Pauvre de moi, llorona
llorona de bleu ciel
et même si je paie de ma vie
llorona, ne cesserai de t’aimer.
(Trad: Colo)

La llorona

Si porque te quiero
quieres llorona
que yo, la muerte reciba
que se haga tu voluntad
Ay llorona,
por suerte de Dios no viva
Ay de mi, llorona,
llorona, de ayer y hoy
ayer maravilla fui, llorona
y ahora ni sombra soy.
No se que tienen las flores llorona
las flores del campo santo.
No se que tienen las flores llorona
las flores del campo santo.
Que cuando las mueve el viento llorona,
parece que están llorando.
Que cuando las mueve el viento llorona,
parece que están llorando.
Ay de mi, llorona
llorona de azul celeste
y aunque la vida me cueste,
llorona no dejaré de quererte






7 sept. 2017

Maîtres des souvenirs / Dueños de los recuerdos



Rêver de souvenirs lointains; il y a peu une de mes sœurs m’a dit être passée devant la maison de notre grand-mère.
Je me souviens de tous les détails, des escaliers, des caves, de la chambre bleue au bout du couloir... Pourquoi ai-je rêvé que je m’y étais perdue?


Aujourd’hui, et sur ce thème, un poème de Silvina Ocampo (Buenos Aires, 1906 – 1993), une femme très connue pour ses contes qui sont passés à l’histoire de la littérature Argentine du xxºs pour la cruauté déconcertante qu’elle a su imprimer à certains protagonistes de ses récits.

Soñar con lejanos recuerdos; hace poco una de mis hermanas me dijo haber pasado delante de la casa de nuestra abuela.
Me acuerdo de todos los detalles, de las escaleras, del sótano, de la habitación azul al fondo del pasillo...¿Por qué habré soñado que andaba perdida allí?

Hoy, y sobre este tema, un poema de Silvina Ocampo (Buenos Aires, 1906 – 1993), mujer muy conocida por sus cuentos que pasaron a la historia de la literatura Argentina del siglo XX “por la crueldad desconcertante que supo imprimir en algunos protagonistas de estos relatos.”*



Le rêve récurrent

J’arrive comme je suis arrivée, solitaire, effrayée,
 à la porte de rue en bois ciré.
J’ouvre la porte et j’entre, silencieuse, parmi les tapis.
Les ombres des murs et des meubles m’effrayent.

Je gravis les marches de marbre jaune,
avec des reflets rosés. Je pénètre dans un couloir.

Il n’y a personne, mais il y a quelqu’un caché dans les portes.
Les sombres volets sont tous ouverts.

De jour les hauts plafonds semblent
un ciel d’étoiles éteintes grandissantes.

Le souvenir conserve une ancienne rhétorique,
il s’élève comme un arbre ou une colonne dorique,

habituellement il dort dans nos rêves
et nous en sommes, en secret, ses maîtres exclusifs.
(Trad: Colo)

El sueño recurrente

Llego como llegué, solitaria, asustada,
a la puerta de calle de madera encerada.

Abro la puerta y entro, silenciosa, entre alfombras.
Los muros y los muebles me asustan con sus sombras.

Subo los escalones de mármol amarillo,
con reflejos rosados. Penetro en un pasillo.

No hay nadie, pero hay alguien escondido en las puertas.
Las persianas oscuras están todas abiertas.

Los cielos rasos altos en el día parecen
un cielo con estrellas apagadas que crecen.

El recuerdo conserva una antigua retórica,
se eleva como un árbol o una columna dórica,

habitualmente duerme dentro de nuestros sueños
y somos en secreto sus exclusivos dueños.