22 déc. 2010

Voeux de rêves / Deseos de sueños


Avant d'aller faire un petit séjour-bistouri à l'hôpital, je vous souhaite de bien commencer l'année 2011. A bientôt, très amicalement.

Antes de hacer una pequeña estancia-bisturi en el hospital, os deseo un buen comienzo del año 2011. Hasta pronto, con mucho cariño.

16 déc. 2010

Un instant, un flocon / Un instante, un copo de nieve


Je ne pense pas que la vie soit courte. Elle nous donne généralement assez de temps pour réaliser une multitude de projets et de rêves. La vie nous permet de rectifier certaines erreurs, de nous enfoncer dans d’autres aussi, c’est comme ça. L’inconvénient majeur c’est qu’elle ne nous offre pas de seconde chance, une deuxième vie.

Parlons aujourd’hui de l’instant, du moment présent. Dans son roman « Dolce agonia » lu il y a longtemps, N. Huston se prend pour Dieu (encore une !) et règle le destin d’un groupe de vieux amis. J’avais souligné un passage où elle fait un parallèle que j’aimerais partager avec vous :
« La neige lui avait toujours semblé traîtresse, trompeuse, chaque flocon une minuscule étoile étincelante, toute légèreté et toute douceur, prête à vous fondre sur la langue et sur la peau, alors que leur lente accumulation était une force meurtrière capable de faire déraper une voiture, s’effondrer les toits, s’abattre les arbres ; oui, elle arrêtait tout, bloquait tout, vous empêchait d’avancer, de rejoindre vos proches…

Exactement comme le temps, se dit-il maintenant. Chaque instant en lui-même sans poids, imperceptible, un minuscule éclat de cristal qui vous fond sur la langue, alors que leur accumulation est une force meurtrière, les années vous enfoncent, recouvrant tout et estompant les différences…Comment faire, mon Dieu, pour franchir les énormes congères du Temps ? On s’acharne sur elles pour les écarter, les repousser sur les bords de la route, mais entre-temps, sur la chaussée elle-même, la neige s’est transformée en neige dangereuse, provoquant des accidents, précipitant les gens dans la mort…alors que tout avait commencé de façon si innocente, un instant l’un après l’autre… »

No creo que la vida sea corta. Generalmente nos da tiempo suficiente para realizar multitud de proyectos y sueños. La vida nos permite rectificar algunos errores pero también podemos hundirnos en otros.El gran inconveniente es que no nos ofrece una segunda oportunidad, una segunda vida.

Hablemos hoy del instante, del momento presente. La escritora Nancy Huston, en su novela “Dolce agonia”, se cree Dios y decide el destino de un grupo de viejos amigos. En uno de los párrafos hace un paralelismo que me gustaría compartir:

“La nieve siempre le había parecido traidora, engañosa, cada copo una minúscula estrella relumbrante, toda ligereza y toda dulzura, lista para derretirse en la lengua o en la piel, mientras que su acumulación era una fuerza mortífera capaz de hacer resbalar a los coches, derrumbar los tejados, tumbar los árboles, sí, paraba todo, lo bloqueaba todo, os impedía avanzar, reuniros con vuestros parientes (...)

Exactamente como el tiempo pensó ahora. Cada instante, sin peso propio, imperceptible, un minúsculo destello de cristal que se derrite en la lengua, mientras que su lenta acumulación es una fuerza mortífera, los años nos hunden, recubriendo todo y esfumando las diferencias… ¿Cómo hacer, Dios mío, para franquear los glaciares del Tiempo? Uno se empeña en apartarlos, empujarlos a las orillas de la carretera pero, entretanto, en la misma calzada, la nieve se transforma en hielo peligroso, provoca accidentes, precipita gente hacia la muerte…cuando todo había empezado de manera tan inocente, un instante, uno tras otro…” Trad.Colo.

Fotos: I.Pampín. (c'est derrière chez moi, es detrás de mi casa)

10 déc. 2010

Au restaurant / En el restaurante

Jan H. Steen

Souvenez-vous, au mois d’août dernier vous aviez lu ici une « frivolité de fin d’été », des extraits d’un texte d’Elvira Lindo ; on y parlait de tomates, d’odeurs…

Voici aujourd’hui un extrait d’une autre chronique, Cantinier de Cuba

Une scène familiale banale, tristement banale.

L’auteure et son époux, je vous rappelle qu’elle l’appelle « mon saint », sont assis à une terrasse de café et ce dernier se lance dans une sorte de conférence sur Goethe dont on joue à ce moment-là en Allemagne une version intégrale (17h) de Faust. Elle en profite pour dévorer les tapas et pour…


« J’ai profité aussi qu’il était distrait par son discours pour regarder autour de moi et faire de la sociologie. (Tactique pour faciliter la vie de couple : tu laisses l’autre parler avec passion et tu fais semblant d’écouter en pensant à tes trucs). Mes trucs à moi étaient maintenant à la table à côté. Un couple avec deux enfants. Le garçon, comme hébété, jouait à la Game Boy ; le père, comme hébété jouait avec la fille à faire de honteux bruits de bouche, et pendant ce temps la femme souffrait en silence de faire partie de ce lamentable cercle familial. Elle qui, pleine d’illusions, s’était faite toute belle, avait mis des boucles d’oreille voyantes et s’était maquillée, (…). Je me suis souvenue des paroles terribles de Catherine Deneuve : « Avec les années le couple rend l’homme ennuyeux et la femme, une harpie ». Quand je me sens sociologue j’aimerais, vu que j’ai dernièrement des inquiétudes religieuses, être Dieu (croyante de base, ce n’est pas pour moi) pour changer le monde. M’approcher, par exemple, à cette table, saluer poliment, bonsoir, je suis Dieu, et intervenir :

-Excusez-moi, je vais mettre un peu d’ordre dans vos vies : d’abord le garçon, cet enfant absurde, qu’il laisse immédiatement la game-boy de côté, sinon je lui flanque une gifle à lui casser les dents ; deuxièmement c’est honteux (ça au père) de vous voir faire ces bruits de bouche avec la petite fille ; la fille s’assied, mange son souper et arrête de suçoter la figure de son père, pour l’amour de Dieu, nous sommes dans un restaurant ; troisièmement, faites attention à votre femme, vous la considérez comme un pot de fleurs toute la soirée, maintenez avec elle une conversation d’adultes, et vous (je lui dirais à elle) ne riez pas, personne n’y échappe ici, agissez avec dignité, si cette famille vous fait tant souffrir, levez-vous et tant pis pour eux.

Moi je pensais à ces choses quand la voix de « mon saint », qui avait décidé d’épuiser le thème de Faust, changea de ton.

-Mais, ma chérie, tu as mangé toutes les gambas. » (…) (trad. Colo)

Extrait de TINTO DE VERANO d’Elvira Lindo édition 2001


NB: Les “tapas » sont des zakouskis délicieux. Quant aux « gambas », ce sont, vous le savez bien, les scampi espagnols. Pas besoin de vous expliquer ce qu’est une game -boy, si ?


A finales de agosto os propuse una « frivolidad de fin de verano », unos extractos de un texto de Elvira Lindo; hablaba de tomates, olores… ¿Os acordáis?

Hoy os propongo un extracto de otra crónica llamada: Cantinero de Cuba. Una escena familiar banal, tristemente banal.

La autora y su esposo, al que llama mi santo, están sentados en la terraza de un bar. Él se lanza en un especie de conferencia sobre Goethe ya que en Alemania se representaba en aquél momento una versión completa (17h) de Fausto. Ella aprovecha para devorar las tapas y…

“Aproveché también que estaba entretenido en su discurso para mirar a mi alrededor y hacer sociología. (Táctica de convivencia para que el matrimonio funcione: días al otro hablando apasionadamente y tú haces como que escuchas, y a lo tuyo). Lo mío estaba ahora en la mesa de al lado. Un matrimonio con dos niños. El niño, como embobado jugando con la game-boy; el padre, como embobado jugando con la niña a unos juegos de pedorretas que daban vergüenza, y mientras, la mujer sufría en silencio por formar parte de ese lamentable núcleo familiar. Ella, que se había arreglado con toda su ilusión, que se había puesto unos pendientes vistosos y se había pintado, (…).Me acordé de las terribles palabras de Catherine Deneuve:”Con los años el matrimonio vuelve aburrido al hombre y a la mujer, una arpía”. Cuando me siento socióloga me gustaría, ya que últimamente tengo inquietudes religiosas, ser Dios (creyente de base no es lo mío) para cambiar el mundo. Acercarme, por ejemplo, a dicha mesa, saludar educadamente, buenas noches, soy Dios, e intervenir:

-Disculpen, voy a poner en sus vidas un poco de orden: primero, el niño este absurdo, que deje ya la game-boy o le suelto una galla que le saco los dientes; segundo, es bochornoso (esto al padre) verle hacer estas pedorretas con la niña; la niña se sienta, se come su cena y deja de chupetearle la cara al padre, por Dios, que estamos en un restaurante; tercero, haga caso a su señora, que la tiene usted en vela todo la noche, mantenga conversación adulta con ella, y usted (le diría a ella) no se ría, aquí nadie se libra, actúe con dignidad, si tanto le hace sufrir esta familia, levántese y que les den por el saco.

Estas cosas pensaba yo, cuando la voz de mi santo, que había decidido exprimir le tema de Fausto, cambió de tono:

-Hija mía, te has comido todas las gambas. (…)”

Extracto de TINTO DE VERANO de Elvira Lindo, edición 2001

2 déc. 2010

La folle imagination / Esa loca imaginación



http://www.orphia.eu

Julián, un petit garçon du village, a 4 ans et ne veut apprendre ni à lire ni à écrire car, clame-t-il, il sera mécanicien de nuages. C’est lui et son imagination qui m’ont fait repenser à ce passage de « La folle du logis » de l’écrivaine Rosa Montero.

« … dans le travail de romancier il y a quelque chose d’encore plus important que ce tintement de mots, c’est l’imagination, les rêveries, ces autres vies fantastiques et occultes que nous avons tous. Faulkner disait qu’un roman « est la vie secrète d’un écrivain, l’obscure frère jumeau d’un homme ». Et Sergio Pitol, (…) ajoute: « Un romancier est un homme qui entend des voix, ce qui l’assimile à un dément ».

(…) il me semble qu’en réalité cette imagination débridée nous assimile plus aux enfants qu’aux lunatiques. Je crois que les humains, nous entrons tous dans l’existence sans savoir bien distinguer le réel du rêve ; de fait, la vie infantile est en grande partie imaginaire.

Le processus de socialisation, ce que nous appelons éduquer, ou mûrir, ou grandir, consiste précisément à tailler les efflorescences capricieuses, à fermer les portes du délire, à amputer notre capacité à rêver éveillés ; et malheur à celui qui ne saura pas sceller cette fissure entre les deux côtés car il sera probablement considéré comme un pauvre fou.

Le romancier a donc le privilège de continuer à être un enfant, de pouvoir être un fou, de maintenir le contact avec ce qui est informe. « L’écrivain est un être qui n’arrive jamais à devenir adulte », dit Martin Amis dans son beau livre autobiographique Expérience, et il doit bien le savoir car il a tout l’aspect d’un Peter Pan un peu fané qui refuse avec entêtement de vieillir. ».

(Trad : Colo . Extrait de « La folle du logis » R. Montero)

PS : ce billet est pour vous mes amis, blogueurs ou pas, vous qui possédez un brin de folie, un zeste d’enfance, des nuages plein les cheveux.

hhtp://www.villard.com

Julián, un niño del pueblo, tiene 4 años y no quiere aprender ni a leer ni a escribir ya que, dice, será mecánico de nubes. Son él y su imaginación los que me han hecho recordar ese pasaje de “La loca de la casa” de Rosa Montero.

“…en el oficio de novelista hay algo aún más importante que ese tintineo de palabras, y es la imaginación, las ensoñaciones, esas otras vidas fantásticas y ocultas que todos tenemos. Decía Faulkner que una novela “es la vida secreta de un escritor, el oscuro hermano gemelo de un hombre”.Y Sergio Pirol (…) añade:” Un novelista es un hombre que oye voces, lo cual lo asemeja con un demente”.

(…) me parece que en realidad esa imaginación desbridada nos asemeja más a los niños que a los lunáticos. Creo que todos entramos en la existencia sin saber distinguir bien lo real de lo soñado; de hecho, la vida infantil es en buena medida imaginaria. El proceso de socialización, lo que llamamos educar, o madurar, o crecer, consiste precisamente en podar las florescencias fantasiosas, en cerrar las puertas del delirio, en amputar nuestra capacidad para soñar despierto; y ay de aquel que no sepa sellar esa fisura con el otro lado, porque probablemente será considerado un pobre loco.

Pues bien, el novelista tiene el privilegio de seguir siendo un niño, de poder ser un loco, de mantener el contacto con lo informe. “El escritor es un ser que no llega jamás a hacerse adulto” dice Martín Amis en su hermoso libro autobiográfico Experiencia, y él debe saberlo muy bien, porque tiene todo el aspecto de un Peter Pan algo marchito que se niega empeñosamente a envejecer”.

Extracto de “La loca de la casa” R.Montero

25 nov. 2010

Pur désir / Puro deseo

Le poème est l’amour réalisé du désir demeuré désir.

René Char (Fureur et mystère)

El poema es el amor realizado del deseo que permanece deseo.

Qu’ajouter? Mon billet de cette semaine est le résultat de plusieurs jours d’immersion, délicieuse, dans la poésie de René Char et de Pablo Neruda. Et de traductions. Oh, même si j’y ai beaucoup travaillé, elles ne sont pas parfaites et j’accepte volontiers toute suggestion de votre part.

¿Qué podría añadir? Mi nota de esta semana es el resultado de varios días de deliciosa inmersión en la poesía de René Char y de Pablo Neruda. Y de traducciones. ¡Oh!, aunque trabajé mucho, no son perfectas y acepto con mucho gusto cualquier sugerencia.

Le noeud noir René Char (Chant de la Balandrane 1977)

Je me redis, Beauté,
ce que je sais déjà,
Beauté mâchurée d’excréments, de brisures.
Tu es mon amoureuse,
je suis ton désirant.
Le pain que nous cuisons
dans les nuits avenantes,
tel un vieux roi s’avance
en ouvrant ses deux bras.

Allons de toutes parts,
le rire dans nos mains,
jamais isolément.
Corbeille aux coins tortus,
nous offrons tes ressources.
Nous avons du marteau
la langue aventureuse.
Nous sommes des croyants
pour chemins muletiers.

Moins la clarté se courbe
plus le roseau se troue
sous les doigts pressentis.
(illustration: Le noeud noir, Seurat)

El nudo negro René Char (Chant de la Balandrane 1977)

Me repito, Belleza,
lo que ya sé,
Belleza tiznada
de excrementos, hecha trizas.
Eres mi enamorada,
soy tu suspirante.
El pan que cocemos
en las acogedoras noches,
cual rey anciano se adelanta
abiertos los dos brazos.

Vámonos por todas partes,
con la risa en las manos,
nunca separados.
Cesta con picos tuertos,
ofrecemos tus recursos.
Tenemos del martillo
la lengua aventurera.
Somos creyentes
para caminos muleros.

Cuanto menos se dobla la claridad,
más se ahueca la caña
bajo los dedos presentidos. (trad. Colo)

(ilustración: el enigma del deseo, Salvador Dali)

Déjame sueltas las manos Pablo Neruda

Déjame sueltas las manos
y el corazón, déjame libre!
Deja que mis dedos corran
por los caminos de tu cuerpo.
La pasión – sangre, fuego, besos
- me incendia a llamaradas trémulas.
Ay, tú no sabes lo que es esto!

Es la tempestad de mis sentidos
doblegando la selva sensible de mis nervios.
Es la carne que grita con sus ardientes lenguas!
Es el incendio!
Y estás aquí, mujer, como un madero intacto
ahora que vuela toda mi vida hecha cenizas
hacia tu cuerpo lleno, como la noche, de astros!


Déjame libre las manos
y el corazón, déjame libre!
Yo sólo te deseo, yo sólo te deseo!
No es amor, es deseo que se agosta y se extingue,
es precipitación de furias,
acercamiento de lo imposible,
pero estás tú,
estás para dármelo todo,
y a darme lo que tienes a la tierra viniste-
como yo para contenerte,
y desearte,y recibirte!



Laisse mes mains dénouées Pablo Neruda


Laisse mes mains dénouées
et le cœur, laisse-moi libre!
Laisse courir mes doigts
sur les chemins de ton corps.
La passion – sang, feu, baisers –
m’incendie de flammes tremblantes.
Aïe, tu ignores ce que c’est!

C’est la tempête de mes sens
gagnant la jungle sensible de mes nerfs.
C’est la chair qui crie de ses langues ardentes!
C’est l’incendie!
Tu es ici, femme, comme une bûche intacte
maintenant que toute ma vie faite cendres vole
vers ton corps plein d’astres, comme la nuit!

Laisse mes mains dénouées
et le cœur , laisse-moi libre!
Je ne fais que te désirer,
je ne fais que te désirer!
Ce n’est pas de l’amour, c’est du désir qui se flétrit et s’éteint,
pagaille de furies,
approche de l’impossible,
mais tu es là,
là pour tout me donner
et pour tout me donner tu es venue sur terre–
comme moi pour te contenir,
et te désirer,
et te recevoir!

(Trad. Colo)


18 nov. 2010

Ennuyeux le gris? ¿Aburrido el gris?

Il n’est pas facile d’avouer son attirance pour le gris, il a mauvaise réputation : ennui, manque de caractère, mauvaise mine...Mais il me plaît depuis ma jeunesse ; je me souviens que toujours je voulais que les pulls que me tricotait ma mère soient de cette couleur.

No resulta fácil confesar su gusto por el gris, tiene mala fama: aburrimiento, falta de carácter, mala cara…Pero me agrada desde mi juventud; me acuerdo que siempre quería que los jerséis que mi madre tejía fueran de ese color.

Le gris, s’il n’est pas une couleur, est une « valeur d’intensité lumineuse dont la perception par l’oeil humain se situe entre le blanc et le noir » (Wikipedia) qui possède une variété infinie de nuances. Voilà bien tout son intérêt !

El gris, si bien no es un color, es un “valor de intensidad luminosa cuya percepción por el ojo humano se sitúa entre el blanco y el negro” (Wikipedia) que tiene una variedad infinita de facetas. ¡De ahí todo su interés!

« Quelle est la couleur de la France? Non pas la couleur politique - je la connais - mais sa vraie couleur? le gris… C’est beau le gris. Mais il existe une multitude de gris. Gris des toits de Paris, le gris historique de la guerre, le gris lavande de la Provence. Les gens qui n’aiment pas le gris sont des imbéciles…” F. Mitterrand (Le promeneur du Champ de Mars-film)

“¿Cuál es el color de Francia? No hablo del color político – lo conozco – sino de su verdadero color. El gris… El gris es bonito. Pero existen multitudes de grises. Gris de los tejados de París, el gris histórico de las guerras, el gris lavanda de la Provenza. No son muy listos los que no aprecian el gris”. F. Mitterrand. (película- Le promeneur du Champ de Mars )

Tristes ou monotones la femme-fleur de Picasso ou ce ciel gris?

Mirad la mujer-flor de Picasso, esta foto de un cielo gris. ¿Son acaso tristes? ¿Monótonos?

On remarque souvent en peinture que le gris sert de fond, il donne du relief aux autres couleurs. La couleur que Cézanne choisit pour les murs de son atelier est un gris qu'il a conçu à base de noir, de blanc, d'ocres et de bleus. Il disait : « On n'est pas un peintre tant qu'on n'a pas fait un gris ». Et ce gris, il l'avait observé en plein air, lorsqu'il allait peindre ses paysages. Il avait constaté que pour qu'une séance de peinture soit bonne, il fallait que le ciel soit gris clair.

Con frecuencia vemos en pintura que el gris sirve de trasfondo, pone de relieve los otros colores. El color que Cézanne escoge para las paredes de su taller es un gris elaborado a partir del negro, el blanco, ocre y azul. Cézanne decía:”No se es pintor mientras no se ha hecho un gris”. Y este gris, lo había observado al aire libre, pintando paisajes. Había constatado que hacía falta que el cielo sea gris claro para que una sesión de pintura fuera buena.

Enfin, en navigant entre le noir et le blanc, le gris permet à la pensée d’éviter le manichéisme et laisse place au doute, à la subtilité. Comme dit Michel Pastoureau dans « Le petit livre des couleurs » (un beau cadeau à faire), « Pour nous, il (le gris, sa couleur préférée) évoque la tristesse, la mélancolie, l'ennui, la vieillesse; mais, à une époque où la vieillesse n'était pas si dévalorisée, il renvoyait au contraire à la sagesse, à la plénitude, à la connaissance. Il en a gardé l'idée d'intelligence (la matière grise) ».

Para terminar, navegando entre el negro y el blanco, el gris permite al pensamiento evitar el maniqueísmo y deja espacio para la duda, la sutilidad. Como dice Michel Pastoureau en “El pequeño libro de los colores” (un bonito regalo para ofrecer), “Para nosotros, el gris (su color preferido) evoca la tristeza, la melancolía, el aburrimiento, la vejez; pero, en una época en que la vejez no estaba tan desvalorizada, significaba sabiduría, plenitud, conocimiento. Ese color ha guardado la idea de inteligencia (la materia gris)”

Oh, ce billet est un peu décousu... comme les nuages aux nuances gris-tourterelle et fumée qui se poursuivent derrière ma vitre.

Oh, esta nota es un poco descosida….como las nubes de matices gris-tórtola y humo que se persiguen tras mi cristal.

Merci Sable du temps, ton océan est grisant!



(Clic pour agrandir les photos)

11 nov. 2010

Une berceuse de Lorca /Una canción de cuna de Lorca

Joan Cardona Llados 1877-1957 (soliloquiosflamencos.blogspot.com)

García Lorca avait observé que, contrairement aux berceuses européennes qui sont douces et tendres, les « chansons de berceau » espagnoles, du nord au sud (excepté au Pays Basque) étaient tristes :
Gracía Lorca había observado que al contrario que las nanas europeas, que son dulces y tiernas, las canciones de cuna españolas, del norte al sur (excepto en el País Vasco), eran tristes:
“Il y a quelques années, me promenant dans les alentours de Granada, j’entendis chanter une femme du village qui endormait son enfant. J’avais toujours remarqué la tristesse aiguë des berceuses de notre pays ; mais jamais je n’avais ressenti cette vérité si concrète comme ce jour-là. En m’approchant de la chanteuse pour noter la chanson j’ai observé que c’était une belle andalouse, gaie et sans le moindre tic de mélancolie ; mais une tradition vive travaillait en elle et elle exécutait fidèlement l’ordre, comme si elle écoutait les vieilles voix impérieuses qui glissaient dans son sang. Depuis lors j’ai essayé de recueillir des berceuses de partout en Espagne ; j’ai voulu savoir comment les femmes de mon pays endormaient leurs enfants, et après un temps j’ai eu l’impression que l’Espagne emploie ses mélodies pour imprégner le premier sommeil de ses enfants. »

"Hace unos años, paseando por las inmediaciones de Granada, oí cantar a una mujer del pueblo mientras dormía a su niño. Siempre había notado la aguda tristeza de las canciones de cuna de nuestro país; pero nunca como entonces sentí esta verdad tan concreta. Al acercarme a la cantora para anotar la canción observé que era una andaluza guapa, alegre sin el menor tic de melancolía; pero una tradición viva obraba en ella y ejecutaba el mandado fielmente, como si escuchara las viejas voces imperiosas que patinaban por su sangre. Desde entonces he procurado recoger canciones de cuna de todos los sitios de España; quise saber de qué modo dormían a sus hijos las mujeres de mi país, y al cabo de un tiempo recibí la impresión de que España usa sus melodías para teñir el primer sueño de sus niños"
Federico García Lorca -Conferencias
Las nanas infantiles Año 1930.


Avec Lorca au piano! En voici les paroles. "Galapaguito" que j'ai traduit par "petite tortue" est
ici, un terme affectueux.

Berceuse de Séville (F.G. Lorca)
Cette petite tortue
n’a pas de mère ;
l’a enfanté une gitane,
l’a jeté à la rue.
N’a pas de mère, oui,
n’a pas de mère, non ;
n’a pas de mère,
l’a jeté à la rue.

Ce petit enfant
n’a pas de berceau ;
son père est menuisier
et lui en fera un.


Nana de Sevilla (F.G. Lorca)
Este galapaguito
no tiene mare;

lo parió una gitana,

lo echó a la calle.

No tiene mare, sí,

no tiene mare, no;

no tiene mare,
lo echó a la calle.


Este niño chiquito

no tiene cuna;

su padre es carpintero
y le hará una.

5 nov. 2010

Souvenirs / Recuerdos

Court le billet de cette semaine car, et pour la première fois depuis les 35 ans que je vis en Espagne, mes deux sœurs sont venues me voir, ensemble et sans leur famille.

Le soleil brille, la nature est superbe, les émotions fusent ; on se voit si peu.

Nos souvenirs sont bien souvent contradictoires : « mais non, ce n’était pas Tante Yoyo, c´était tante Minou ou tante Poucette qui était tombée dans une poubelle ! »… (Oui, nos tantes avaient des surnoms évocateurs).

Nous tombons pourtant d’accord sur certains sujets comme les repas dominicaux de notre jeunesse : poulet rôti-frites-salades, gâteau, souvent un quatre-quart.À l’époque, un passé pas si, si lointain quand même, le poulet était un met de fête chez nous ; quant aux frites, ah ces frites belges, uniques, les meilleures ! (ici une recette possible pour les non belges avides de connaître leur secret ! )

Corta la nota de esta semana ya que por primera vez en los 35 años que llevo viviendo en España, han venido a verme, juntas y sin su familia, mis dos hermanas.

Brilla el sol, la naturaleza es magnífica, las emociones estallan; nos vemos tan poco.

Nuestros recuerdos son por supuesto contradictorios:” no, no era la tía Yoyo, era la tía Minou o la tía Poucette que se había caído en una basura”… (sí, nuestras tías tenían apodos evocadores).

Nos ponemos de acuerdo sobre algunos temas como el de las comidas dominicales de nuestra juventud: pollo asado-patatas fritas-ensalada, pastel, a menudo bizcocho.

En aquellos tiempos (no tan, tan lejanos) el pollo era un plato de fiesta en casa, en cuanto a las patatas fritas, ¡ah, esas patatas fritas belgas, únicas, las mejores! (para los no-belgas ávidos de conocer nuestro secreto, se fríen dos veces)

La patate vient bien sûr d’Amérique du Sud et au Chili il en existe 200 variétés, ils les appellent papas ; leur préparation a inspiré Pablo Neruda, voici des « papas » poétiques.

Ode à la papa frite Pablo Neruda

Elle grésille
dans l’huile
bouillante
la joie
du monde :
les papas
frites
entrent
dans la poêle
telles d’enneigées
plumes
de cygne
matinal
et en sortent
semi dorées par le crépitant
ambre des olives.

L’ail
leur ajoute
sa fragrance terrienne,
le poivre,
pollen qui traversa les récifs,
et
vêtues
à nouveau
d’un costume d’ivoire, elles emplissent l’assiette
de leur abondante répétition
et de leur savoureuse simplicité de terre. (Trad. Colo)

Oda a la papa frita Pablo Neruda

Chisporrea
en el aceite
hirviendo
la alegría
del mundo:
las papas
fritas
entran
en la sartén
como nevadas
plumas
de cisne
matutino
y salen
semidoradas por el crepitante
ámbar de las olivas.

El ajo
les añade
su terrenal fragancia,
la pimienta,
polen que atravesó los arrecifes,
y
vestidas
de nuevo
con traje de marfil, llenan el plato
con la repetición de su abundancia
y su sabrosa sencillez de tierra.

(Photos de ma terrasse et des variétés de papas chiliennes)

29 oct. 2010

Matisse à Granada


Tiens, quelle relation y a-t-il entre Matisse et l’Alhambra me suis-je dit voyant l’annonce d’une exposition « Matisse y la Alhambra 1910-2010 » dans la Palais de Carlos V à Granada. Je n’aurai pas l’occasion de la voir mais ma curiosité m’a fait lire quelques articles dans divers journaux (ABC, El País, La Opinión de Granada). Voici ce qu’ils en disent.

Anda, qué relación existe entre Matisse y la Alhambra me pregunté al ver el anuncio de una exposición titulada “Matisse y la Alhambra 1910-2010” en el Palacio de Carlos V en Granada. No tendré ocasión de verla, pero mi curiosidad me llevo a leer algunos artículos en varios periódicos (ABC, El País, La Opinión de Granada). He aquí lo que dicen.

C’est en 1991 que la directrice de la Fondation de l’Alhambra, María del Mar Villafranca, alors qu’elle feuilletait un des livres de visite du Palais, découvrit la signature d’Henri Matisse datée du 11 décembre 1910. Ignorant tout de son passage à Granada, elle entreprit aussitôt des recherches avec l’historien Francisco Jarauta.

Fue sólo en diciembre 1991 cuando la directora de la Fundación de la Alhambra, María del Mar Villafranca, al revisar uno de los libros de visita del Palacio descubrió la firma de Henri Matisse. Ella ignoraba todo de su paso por Granada así que empezó enseguida a investigar con la ayuda del historiador Francisco Jarauta.


Ce dernier explique que Matisse voyagea, sans but précis, entre novembre 1910 et janvier 1911 à travers l’Espagne. Il traversait un moment de crise personnelle et artistique, peut-être était-il en quête de nouvelles inspirations. L’exposition essaye de démontrer par le détail quelle a été la relation entre « le vu et le peint » : jusqu’à présent on croyait que la décoration des palais nasrides qui occupent le premier plan dans les odalisques (Matissse en a peint une bonne centaine, sept sont exposées), était d’inspiration nord-africaine mais il semble que l’Alhambra y ait une grande part.

« C’est sans doute dans les odalisques que l’on peut le mieux percevoir l’influence grenadine. Il (Matisse) peint la première en 1921 dans un moment où il s’intéresse à l’étude du corps féminin » (El País 15-10-2010).

L’historien Jaraute soutient que la beauté des bains sophistiqués de l’Alhambra est présente dans les fonds décoratifs sur lesquels il peint les sensuelles odalisques. Lors de son séjour à Granada Matisse écrivit des lettres à sa femme et à ses amis où il parlait de sa fascination pour la ville, pour l’Alhambra et ses fontaines, pour les formes géométriques des patios, les couleurs, la lumière filtrant par les moucharabieh (jalousies), les décorations étoilées des stèles…tous ces éléments que l’on retrouve dans ses peintures.

Este explica que Matisse viajó por toda España, sin rumbo preciso, entre noviembre 1910 y enero 1911. Se encontraba en un momento de crisis personal y artística, y tal vez estuviera en busca de nuevas inspiraciones. La exposición intenta demostrar, por el detalle, cual fue la relación entre “lo visto y lo pintado”: hasta ahora se creía que la decoración de los palacios nazaríes que ocupan el primer plano en las odaliscas (Matisse pintó un buen centenar de ellas, siete están expuestas), eran de inspiración norteafricana pero parece ser que La Alhambra ocupa una buena parte.

“Es en las odaliscas donde más se pueda percibir la influencia granadina. Pinta (Matisse) la primera en 1921 en un momento en el que lo que le interesa es investigar el desnudo femenino” (El País, 15-10.2010)

El historiador Jarauta mantiene que” la belleza de los baños sofisticados de la Alhambra está presente en los fondos decorativos sobre los que retrata a sus sensuales odaliscas”.

Durante su estancia en Granada Matisse escribió cartas a su mujer y a sus amigos donde hablaba de su fascinación por la ciudad, por la Alhambra y sus fuentes, por las formas geométricas de los patios, el color, la luz que filtra por las celosías, las decoraciones estrelladas de las estelas….todos elementos que se encuentran en sus pinturas.

Quoi qu’il en soit, les 50 œuvres du maître dont des peintures à l’huile, évidemment, mais aussi des dessins, lithographies, céramiques, tissus…valent sûrement le déplacement dans une Granada magique, une Alhambra majestueuse et chargée de tant d’histoire.

Détail bienvenu : l’entrée à l’exposition est gratuite.

Jusqu’au 28 février 2011.

Sea lo que fuere, las 50 obras del maestro, oleos, por supuesto, pero también dibujos, litografías, cerámicas, tejidos…seguro que valen el desplazamiento a una Granada mágica, una Alhambra majestuosa y cargada de tanta historia.

Detalle bienvenido: la entrada a la exposición es gratuita.

Hasta el 28 de febrero 2011.

21 oct. 2010

Les dieux de l'argent /Los dioses del dinero

(Illustration: The Bull of Wall Street)

Quittons aujourd’hui la poésie, l’humeur des nuages, et allons faire un tour dans les hautes sphères économico-politiques.

Juan José Millás (Valencia, 1952), écrivain, publie tous les vendredis une colonne dans le journal El País ; une colonne subtile, originale, attendue par des tas de lecteurs, dont moi. Il y traite des thèmes d’actualité et celle de vendredi dernier est particulièrement réussie.

Dejemos hoy la poesía, el humor de las nubes, y demos una vuelta por las altas esferas ecomomico-políticas.

Juan José Millás (Valencia, 1952), escritor, publica cada viernes una columna en el periódico El País: una columna sutil, original, que numerosos lectores, entre las cuales yo, espera. Trata temas de actualidad y la del viernes pasado es particularmente brillante.

Nouvelle armée

« Cette photo où Zapatero expliquait humblement aux messieurs de Wall Street les mesures que nous avions prises pour calmer leur colère est terrible. Le bruit des sabres a été remplacé par celui d’un repaire de voleurs, mais les coups d’Etat sont toujours des coups d’Etat, qu’ils soient effectués par un général ou un financier.

L’institution militaire enfin soumise au pouvoir civil, les politiciens s’humilient maintenant face aux colonels de la Bourse. Si nous avions vu notre président dans une telle attitude face aux généraux du Haut Etat Major, nous nous serions pris la tête entre les mains. Cela veut dire que les pistolets ont été remplacés par des cravates en soie et les uniformes verts par des costumes Armani. Le résultat final est qu’à vous et à moi, on nous serre la vis (si nous avons la chance qu’il reste encore un espace pour nous la serrer). »

(Il va sans dire que Zapatero pourrait être remplacé par…ou par…, choisissez !)

« Pendant ce temps nous parlons de la globalisation comme d’un tropisme, comme si aucune décision politique n’était intervenue dans sa croissance. Nous acceptons comme inévitable l’existence des marchés globaux tout en affirmant leur « ingouvernabilité ». En d’autres mots nous ne sommes pas responsables de son apparition et nous n’avons aucune marge de manœuvre pour corriger ses abus.

Voici le grand piège intellectuel du phénomène. Vu, donc, que ce dont nous souffrons est un phénomène naturel et non une attaque à main armée, les politiciens font une pèlerinage vers les nouvelles casernes où ils sont reçus par les dieux de l’argent à qui ils promettent le sacrifice de X demoiselles et d’autant de jeunes pour apaiser leurs humeurs. Mais, plus nous leur offrons de sacrifices s, plus ils se fâchent. Nous n’avions pas fini de les sauver de leur banqueroute avec l’argent du contribuable, (le vôtre, le mien), qu’ils demandaient déjà plus de vierges, plus de jeunes, moins de déficit. Comment soumet-on une armée de cette nature ? » (Juan José Millas, El País 15/10/2010) Trad, Colo.

Nuevo ejército

JUAN JOSÉ MILLÁS El País 15/10/2010

Esa fotografía en la que Zapatero explicaba humildemente a los señores de Wall Street las medidas que habíamos tomado para calmar su ira, es terrible. El ruido de sables ha sido sustituido por el de la ladronera, pero los golpes de Estado siguen siendo golpes de Estado, los dé un general o un financiero. Sometida al fin la institución castrense al poder civil, los políticos se humillan ahora ante los coroneles de la Bolsa. Si hubiéramos visto a nuestro presidente en semejante actitud frente a los generales del Alto Estado Mayor, nos habríamos echado las manos a la cabeza. Quiere decirse que las pistolas han sido sustituidas por corbatas de seda y los uniformes verdes por trajes de Armani. El resultado final es que a usted y a mí nos aprietan las tuercas (si tenemos la fortuna de que todavía haya margen para apretárnoslas).

A todo esto, hablamos de la globalización como de un tropismo en cuyo crecimiento no hubieran intervenido decisiones políticas de ninguna clase. Aceptamos como inevitable la existencia de los mercados globales al tiempo de afirmar su ingobernabilidad. En otras palabras, ni somos responsables de su aparición ni tenemos margen de maniobra alguno para corregir sus atropellos. He aquí la gran trampa intelectual del fenómeno. Dado, pues, que lo que sufrimos es un desastre natural y no un atraco pistola en mano, los políticos peregrinan hasta los nuevos cuarteles, donde son recibidos por los dioses del dinero, a quienes prometen el sacrificio de equis doncellas y de tantos jóvenes para apaciguar sus ánimos. Pero cuantos más sacrificios les ofrecemos, más se enfadan. No habíamos terminado de rescatarlos de su bancarrota con el dinero del contribuyente (el de usted y el mío) y ya estaban solicitando más vírgenes, más jóvenes, menos déficit. ¿Cómo se somete a un ejército de esta naturaleza?

14 oct. 2010

Peindre le couchant / Pintar el ocaso

A force de scruter le ciel, de palper l’air humide, d’écouter le vent des îles, tout comme le paysan ou le marin, je savais samedi dernier que ce serait le dernier jour de chaleur.

Courte excursion à la côte à l’heure du coucher du soleil avec mon appareil photo.

Il y régnait une étrange lumière mais ce n’est qu’en regardant les photos sur mon écran, tard le soir, que j’ai pensé : pourquoi ne suis-je pas peintre ?

Porca miseria ! Il faudra me contenter d’être devineresse du temps : depuis dimanche le ciel nous bombarde.



A fuerza de escrutar el cielo, de palpar el aire húmedo, de escuchar el viento de las islas, tal como el campesino o el marinero, sabía el sábado pasado que sería el último día de calor.

Corta excursión a la costa a la hora de la puesta del sol con mi cámara de fotos.

Reinaba una luz extraña pero sólo fue al mirar las fotos en mi ordenador, tarde por la noche, que pensé: ¿por qué no seré pintora?

Porca miseria! Tendré que conformarme con ser adivina del tiempo: desde el domingo el cielo nos bombardea.


J’ai découvert un sonnet du Mexicain Manuel José Othon (1858-1906). J’en aime le rythme, les couleurs.

A un peintre

Voici, peintre, ton splendide paysage:
un lac obscur, des rafales marines
trempées de teintes cramoisies
et, dans le bleu profond des nuages,

un tronc qui balance son feuillage
au souffle des vents vespéraux,
et tachés de vert les coteaux
et de jaune le fond du bocage;

un rocher de lichens couvert;
une langue de terre illuminée
par le dernier rayon du soleil mort;

et dans la lueur de la soirée
une voile au loin, noyée
dans le calme délicieux du couchant. (Trad. Colo)

He descubierto un soneto del Mejicano Manuel José Othon (1858-1906). Me gustan los colores y el ritmo.

A un pintor

He aquí, pintor, tu espléndido paisaje:
un lago oscuro, ráfagas marinas
empapadas en tintas cremesinas
y en el azul profundo del celaje,

un tronco que columpia su ramaje
al soplo de las auras vespertinas,
y manchadas de verde las colinas
y de amarillo el fondo del boscaje;

un peñasco de líquenes cubierto;
una faja de tierra iluminada
por el último rayo del sol muerto;

y de la tarde al resplandor escaso,
una vela a lo lejos, anegada
en la divina calma del ocaso.