29 avr. 2021

Abattre le mur / Derribar el muro

 

Un poème, un Kinépoème


Grâce à Deylan Caylon je découvre une poétesse, un tout grand merci.





Si tu abats le mur…..

Ernestina de Champourcin


Si tu abats le mur

quel plaisir partout !

Quel ruban de paroles

s’entendra sur terre !

Et tout sera nouveau

comme venant de naître…

Si tu abats le mur

de tous les mensonges

Quelle joie d’amour

ouverte sur le monde !

Quel horizon sans nuages

  dans l’arc du ciel !


(Trad DB et Colo)

                                                 Kinépoème


Si derribas el muro... 

Ernestina de Champourcin



¡Si derribas el muro

¡Si derribas el muro
qué gozo en todas partes!
¡Qué lazo de palabras
se sentirá en la tierra!
Y todo será nuevo,
como recién nacido...
Si derribas el muro
de todas las mentiras
¡Qué júbilo de amor
abierto sobre el mundo!
¡Qué horizonte sin nubes
en la curva del cielo!

De "Primer exilio"

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Sous la vidéo ceci:


"Poème en mouvement réalisé par Deylan Caylon inspiré par un texte d’Ernestina de Champourcín et une musique d’Ernesto Nazareth.

Ernestina de Champourcín fait partie, avec Federico Garcia Lorca et Rafael Alberti du groupe d’avant-garde « Generación del 27 ». La guerre d’Espagne lui fit prendre le chemin de l’exil en France puis au Mexique. Veuve, son retour au pays en 1972 fut pour elle comme un second exil.

Ernesto Nazareth, né et mort à Rio de Janeiro est considéré comme l’un des spécialiste du matchiche. Comme ce genre était mal considéré à l’époque, il a préféré intituler ses compositions « tango brésilien », d’autant qu’il goûtait autant sa musique populaire jouée dans les rues que la musique classique européenne, dont celle de Chopin. Il a produit plus de 200 pièces pour piano dont presque la moitié de tangos, le reste étant principalement composé de valses, polkas et autres danses en vogue au Brésil dans ce début de XXème siècle.

Les mots ont pris la voix de Séverine Lanz qui chante à ses moments gagnés."



22 avr. 2021

Artiste du quotidien, Cubain / Artista de lo cotidiano, Cubano

                                           El Héroe, Le Héros. Pedro Pablo Oliva
 

Pedro Pablo Oliva, son nom ne vous dit sans doute rien. C'est le peintre cubain actuel le plus connu.

Modeste, il déclare :” J’ai toujours essayé de lier ma vie à la création. Je crois en la vie quotidienne, celle des conflits, celle des contradictions ; (...). J’ai essayé d’être chroniqueur de mon temps, quelque chose comme une sorte de presse picturale ou de bulletin de nouvelles en plastique.”

Vous l’avez compris, il peint, sculpte la vie quotidienne, une imagerie qui passe chez lui par le tamis de l’enfance.

En plus de ses œuvres, il a réalisé pendant de nombreuses années un rôle pédagogique, comme tuteur de nombreuses générations de jeunes artistes.

Nommé artiste émérite par l’Institut supérieur d’art à la Havane, il a reçu de nombreux prix et remporté une large reconnaissance parmi ses contemporains et les honneurs de plus haut niveau.

Si je vous raconte tout cela, c’est que par la suite...



             Bronze: 2009." Jeune fille condamnée à vivre avec une pierre sur la tête"


Ajoutons qu’il a été le premier artiste de l’île à exposer à New York et que son travail est entré dans le circuit des ventes aux enchères importantes telles que Christie’s et Sotheby’s.


"Tout ce qui se passe me force à utiliser différentes formes, thèmes et images. Mais au-delà des événements politiques ou sociaux, j’ai essayé de regarder l’homme, sa dimension psychologique, avec ses forces et ses faiblesses.

J’aime me mouvoir entre le dessin, la peinture et la sculpture avec un œil sur la situation spécifique de mon pays, mais aussi sur les conflits humains qui sont universels. Je pense que la vérité est plus proche de l’homme de tous les jours. Si mon état spirituel est le chaos ou le contexte est le chaos, le chaos est l’œuvre ; si la situation est confuse, le travail est confus."

Source: https://vrallart.com/artist/pedro-pablo_oliva/#!

 

Voilà pour l’homme et son œuvre. Tout va bien jusqu’au mois de mai 2011. Après certaines déclarations faites et publiées avec son accord sur un blog et ailleurs, le voilà traité de “dissident”, de traître à la patrie “, enfin, accusé par le régime en place.

Vous pouvez lire dans “Le Monde “ cet article complet à ce sujet :

https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2011/05/24/le-peintre-cubain-pedro-pablo-oliva-limoge_5990991_3222.html

 

El misterioso equilibrio del poder

Depuis il travaille toujours, seul. Son atelier pédagogique est fermé.

Ses œuvres sont variées, les matériaux aussi, et vraiment nombreuses, en voici 

quelques-unes.

 

                                   De la série "El gran abuelo"



El gran apagón 


                                      El gran beso de la mina, hommage à Gustave Klimt

13 avr. 2021

L'éternel signe de la danse / El eterno signo de la danza

 

Nancy Morejón (Cuba 1944- )

Biograpie : https://www.marche-poesie.com/morejon/

Biografía: https://www.isliada.org/poetas/nancy-morejon/



Peut-être, mais peut-être pas, avez-vous lu ou entendu son poème le plus connu : Femme Noire. Fort attachée aux origines africaines des siens, elle est la voix des ancêtres qui souffrirent l’esclavage et atterrirent à Cuba ou ailleurs. Ce poème, si vous le lisez, visualise des images très fortes. Le ton y est intense et courageux.

Tal vez, o tal vez no, habéis leído o oído su poema más conocido: Mujer Negra. Muy ligada a los orígenes africanos, es la voz de sus ancestros quienes sufrieron por esclavitud. El poema visualiza imágenes muy fuertes y tiene un tono intenso y valiente. 

 

Billet modifié le 15-4-2021.

 

Femme Noire

Je continue de respirer l'écume de la mer qu'on me fit traverser.

La nuit a disparu de ma mémoire

mais l'océan lui-même ne pourrait s'en souvenir.

Pourtant je n'oublie pas le premier pélican que j'aperçus.

Les nuages, hauts, comme d'innocents témoins oculaires.

Je n'ai pas oublié, je crois, mon rivage perdu ni la langue de mes ancêtres.

 

On m'a laissée ici et c'est ici que j'ai vécu.

C'est pour avoir travaillé dur

que je suis née ici une seconde fois.

Grande fut l'épopée mandingue qu'alors je tentai d'évoquer.

 

Je me suis révoltée.

 

J'ai brodé la casaque de Mon Maître et je lui ai donné un fils,

mon fils, qui n'a jamais porté de nom.

Et Mon Maître a péri aux mains d'un respectable lord anglais.

 

Je suis partie.

 

Dans ce pays on m'a frappée, nez contre terre, à coups de fouet.

Mes rames ont fendu les eaux de toutes ses rivières.

Sous son soleil j'ai semé et j'ai récolté ce qu'on refusait à ma bouche.

Je n'avais pour maison que la bâtisse des esclaves

construite avec les pierres apportées par mes mains

sans que je cesse de chanter au rythme naturel des oiseaux.

 

Je me suis rebellée.

 

Sur cette terre j'ai palpé le sang humide

et les os pourris de tant d'autres

amenés ici, ou ailleurs, comme moi.

Je n'ai plus jamais rêvé de la route de Guinée.

Était-ce la Guinée ? Ou le Bénin ? Madagascar ? Ou le Cap-Vert ?

 

J'ai travaillé plus dur encore.

J'érigeais avec plus de foi mon chant millénaire et mon espoir.

Je préparais mon propre monde.

 

Je me suis enfuie dans les bois.

 

J'eus pour liberté le camp retranché

avant de chevaucher avec l'armée de Maceo.

Il me fallut attendre un siècle

pour qu'après de mes descendants,

du haut d'une montagne bleue

 

nommée la Sierra Maestra

 

je descende en finir avec l'argent, les usuriers,

les généraux et les bourgeois.

 

J'existe désormais : aujourd'hui pour la première fois nous possédons et nous créons.

 

Il n'est plus rien qui ne soit nôtre.

Nôtre est la terre.

Nôtre la mer, nôtre le ciel.

Nôtres, la magie, les chimères.

Mes frères, mes égaux, je vous vois danser

autour de l'arbre que nous avons planté pour le communisme.

Et dont le bois prodigue maintenant retentit.

 

 

traduction de Claude Couffon issue de son anthologie bilingue Poésie cubaine du XXe siècle (1997)


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Éloge de la danse

Nancy Morejón.


Le vent souffle

Comme un enfant

Et les airs halètent

Dans la jungle, dans la mer.

Avec le vent,

Tu souffles sur la flamme froide:

Voiles de lune, tu souffles toi

Et les fleurs et la mousse

Battent dans le vent.

Et le corps

Au fil de l’eau

Au fil du vent

Dans l’éternel signe de la danse.


(Trad: Colo)


 

                                Santiago Ríos (Costa cercana a La Habana, acuarela)

                                                   http://www.santirios.com/Espannol/ViajeCuba.html

 

Elogio de la Danza

A Leo Brouwer

El viento sopla
Como un niño
Y los aires jadean
En la selva, en el mar.
Entras y sales
Con el viento,
Soplas la llama fría:
Velos de luna soplas tú
Y las flores y el musgo
Van latiendo en el viento.
Y el cuerpo
Al filo del agua
Al filo del viento
En el eterno signo de la danza.






7 avr. 2021

Deux poèmes cubains / Dos poemas de Cuba

 

Après Lagrimas Negras, nous restons à Cuba (pour un bon moment je crois) . Aujourd’hui deux courts poèmes.

 

Roberto Branly (La Havane 1930-1980)

Réponse

(14 mars 1970)


À un jeune écrivain,

exclusivement agnostique ?


La mémoire, simplement,

dans l’obscurité,

peut être le fil d’une épée,

le nœud dans une corde, le chaos,

la propre voix comme un marteau

dans le silence;

ou, au contraire,

une étoile jeune

brillant, étonnamment,

sur le fond de la nuit.

(Trad: Colo)

 

ROBERTO BRANLY (La Havane 1930-1980)

RESPUESTA
(14 de marzo de 1970)

A un joven escritor,
¿exclusivamente agnóstico?

La memoria, simplemente,
dentro de la oscuridad,
puede ser el filo de una espada,
el nudo en una cuerda, el caos,
la propia voz como un martillo
en el silencio;
o, por el contrario,
una estrella joven
brillando, inesperadamente,
sobre el fondo de la noche.

 

Memoria Carlos Alonso (Argentina)

 

Manuel Diaz Rodriguez (Cuba 1936-)

 

Mauvais temps


Dehors il pleut trop, mais

par moments la tempête se calme,

et alors continue de ruisseler, partout

une mélancolie obstinée.


On pronostique pour les prochaines heures

des silences torrentiels

et en fin de journée

un mutisme en forme de neige.


Les précautions seraient inutiles

pour éviter les ravages du mauvais temps

nous communique le météorologue E.M. Cioran.

(Trad: Colo)

 

                                       Lluvia /Pluie , Elio Fidel Villate Lam (Cuba)

Mal tiempo


Afuera llueve demasiado, pero

por momentos amaina el temporal,

y entonces queda goteando sobre todo

una pertinaz melancolía.


Pronostican para las próximas horas

silencios torrenciales

y al final de la jornada

una mudez en forma de nieve.


Serán inútiles las precauciones

para evitar los estragos del mal tiempo,

nos comunica el meteorólogo E. M. Cioran.