27 avr. 2022

Il n'y a pas d'aujourd'huis / No hay hoyes

La semaine dernière nous parlions de Mario Benedetti et de ses mots sur la poésie. Alors aujourd'hui un exemple de poème "libre et fantaisiste" mais pas que...

La semana pasada hablábamos de Mario Benedetti y de sus palabras sobre la poesía. Aquí va hoy un ejemplo de poema “libre y fantasioso” y mucho más...

 


 

Conjugaciones            Conjugaisons Mario Benedetti



5 (después)

El futuro no es
una página en blanco
es una fé
de erratas.

5 (après)

 

Le futur n’est pas

une page en blanc

il est

un errata



8 (previsión)

De vez en cuando es bueno
ser consciente
de que hoy
de que ahora
estamos fabricando
las nostalgias
que descongelarán
algún futuro.





8 (prévision)

 

De temps en temps il est bon

d’être conscients

qu’aujourd’hui

que maintenant

nous fabriquons

les nostalgies

qui dégèleront

un futur.


9 (plurales)

Hay
ayeres
y mañanas
pero no hay
hoyes.



9 (pluriels)

 

Il y a

des hiers

et des demains

mais il n’y a pas

d’aujourd’huis.

 

(Trad: Colo)

20 avr. 2022

Poésie, prose et nous / Poesía, prosa y nosotros

 

Si Flaubert, dans son Dictionnaire des idées reçues, écrivait, ironiquement '' La poésie est inutile, totalement passée de mode'', une moquerie donc, nombreux sont ceux qui le pensent vraiment, idée contre laquelle se rebelle Mario Benedetti (et moi:-)).

Pour lui la poésie suppose une transgression car elle questionne une suite de supposés sociaux que l’homme doit mettre en doute et qui, trop souvent, forment partie de notre oubli quotidien.

Je vous traduis un passage, que je trouve fort intéressant, de “El ejercicio del criterio”.

Car le problème est le suivant: la poésie mord. Parce qu’elle est libre, questionneuse, transgressive, curieuse, subjective, fantaisiste, hermétique parfois et communicative parfois aussi. C’est pour cette raison qu’elle mord. Et pour cette raison une bonne partie du public (je me réfère à celle qui lit, bien sûr) préfère la prose qui souvent contient des réponses, obéit à des plans et structures, est généralement objective, sait organiser ses fantasmes et n’a pas l’habitude de mordre, spécialement quand on lui met (ou qu’elle se met) un bâillon.

Même en temps de censure, et tenant compte que les censeurs sont rarement des spécialistes en métaphores, la poésie passe généralement les douanes avec beaucoup plus de d’allant que la prose.”

 

                           https://www.superprof.fr/ressources/langues/francais/college-fr2/3eme-fr2/poetes-versets-antiques.html



Porque el problema es ése: que la poesía muerde. Por ser libre, preguntona, transgresora, cuestionante, subjetiva, fantasiosa, hermética a veces y comunicativa en otras. Por eso muerde. Y por eso buena parte del público (me refiero al que lee, claro) prefiere la prosa que a menudo contiene respuestas, obedece a planes y estructuras, suele ser objetiva, sabe organizar sus fantasmas y en general no muerde, especialmente cuando le ponen (o se pone) el bozal. Aun en tiempos de censura, y habida cuenta de que los censores no suelen ser especialistas en metáforas, la poesía suele pasar las aduanas con mucho más donaire que la prosa.”

 

NB: Je vous recommande la lecture cette fable de John Keats ici: https://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2022/04/un-jour-un-texte-john-keats-la-sauterelle-et-le-grillon.html

 

 

13 avr. 2022

Sensualité printanière / Sensualidad de primavera

Je me souviens du moins d'une grande fille magnifique qui avait dansé tout l'après-midi. Elle portait un collier de Jasmin sur sa robe bleue collante, que la sueur mouillait depuis les reins jusqu'aux jambes. Elle riait en dansant et renversait la tête. Quand elle passait près des tables, elle laissait après elle une odeur mêlée de fleurs et de chair.” écrivait Albert Camus dans Noces.

Ici dans le sud les jasmins fleurissent en avril-mai, chez moi ils sont en pleine floraison

Sensualité, gaieté de l’air qui se réchauffe, un parfum à la fois délicat et fort quand on s'en approche.

 


 


Au Prado de Madrid en ce moment cette exposition: “La esencia de un cuadro. Una exposición olfativa”,à travers "L'odorat"de Jan Brueghel le vieux et Rubens,

 

 



Si vous n'avez pas l'intention de vous y rendre, (désolée pour la vidéo qui a été déclarée privée après la mise en ligne du billet) mais vous en aurez une idée ici:

https://www.rtve.es/play/videos/telediario/olfato-recrea-olores-cuadro-museo-prado/6478180/


 



7 avr. 2022

Mais où sont mes lunettes ?/ Pero ¿dónde están mis gafas?

 

Jeunes ou mi-jeunes il nous arrive d’être tête en l’air, d’oublier ceci ou cela, ce que mère appelait avoir “des distractions de savants”. Rien de grave.

Mais voilà, avec l’âge ces failles de nos mémoires augmentent inexorablement.

Carmen Naranjo, (Costa Rica 1928-2012) en a fait, non sans humour, un poème 

qu’elle a intitulé:




SIGNE IMPERTINENT

Carmen Naranjo



Impertinent signe

de l’oubli

les clés où sont-elles

le rendez-vous était avant

non après

et ce nom

sur le bout de la langue.

Impertinent

tu te souviens

bien sûr

et moi avec des volets

de où et quand.

Impertinent symbole

mieux vaut noter

et je note l’adresse

sans savoir par où

que l’oubli est immense !

(Trad: Colo)

 

Les couleurs de l'oubli / Los colores del olvido Rene Villanueva

https://www.eluniversal.com.mx/cultura/artes-visuales/salvan-del-olvido-pinturas-del-musico-rene-villanueva

Impertinente signo de Carmen Naranjo

Impertinente signo

del olvido

las llaves dónde están

la cita era antes

no después

y ese nombre

en la punta de la lengua.

Impertinente

te acordás

claro que sí

y yo con persianas

de dónde y cuándo.

Impertinente símbolo

de mejor apuntar

y apunto destino

sin saber por dónde

que inmenso es el olvido.