Dans ma minuscule mais tenace
guerre contre les pesticides, voilà le dernier billet, pour le
moment, sur les insectes. Les papillons à l’honneur. Divers
apports, merci à vous Dominique, Marie, Tania.
Représentation d’une Piéride du chou (en haut à gauche) et d’une Grande torture (en bas) dans le Livre d’heures de William Hastings (vers 1470)
Papillons
– Mariposas
Mario
Benedetti
La
mariposa
recordará siempre
que fue gusano
Le
papillon
se
souviendra toujours
qu’il
fut chenille
Pour
parler des insectes c’est à Jean Henri Fabre, qu’il faut laisser
la parole. Vous trouverez chez Dominique un
billet très complet et intéressant sur cet entomologiste de
choix.
Lui qui écrivait:
« Et puis, mes
chers insectes, si vous ne pouvez convaincre ces braves gens parce
que vous n’avez pas le poids de l’ennuyeux, je leur dirai à mon
tour : Vous éventrez la bête et moi je l’étudie vivante; vous en
faites un objet d’horreur et de pitié, et moi je la fait aimer;
vous travaillez dans un atelier de torture et de dépècement,
j’observe sous le ciel bleu, au chant des cigales; vous soumettez
aux réactifs la cellule et le protoplasme, j’étudie l’instinct
dans ses manifestations les plus élevées, vous scrutez la mort, je
scrute la vie. »
Papilio Ulysses, 2008, Damien Hirst
Pour
revenir aux papillons c’est chez Marie
que se trouve ce poème:
Tu peux tordre au pied des tiges
L'élastique
de ton cœur
Ce n'est pas comme chenille
Que tu connaîtras
les fleurs
Quand s'annonce à plus d'un signe
Ta ruée vers
le
bonheur
........................................................
Il
frémit et d'un seul bond
Rejoignit les papillons."
Bajé
al mercado
y traje
tomates diarios aguaceros
endivias
y envidias
gambas grupas y amenes
harina monosílabos
jerez
instantáneas estornudos arroz
alcachofas y
gritos
rarísimos silencios
página en blanco
aquí
te dejo todo
haz lo que quieras
espabílate
o por lo
menos organízate
yo me echaré una siesta
ojalá me
despiertes
con algo original
y sugestivo
para que yo
lo firme
Un
court séjour à Madrid, une balade dans le Jardin Botanique qui se
trouve en face du Prado.
Celui de Mario Benedetti est à Montevideo,
mais les sensations sont pareilles, qu’on se trouve à Bruxelles ou
à Paris...
À
gauche du chêne
(Le jardin botanique de
Montevideo)
Mario Benedetti
Je
ne sais pas si cela vous est déjà arrivé
mais
le Jardin Botanique est un parc endormi
dans
lequel on peut se sentir arbre ou un autre
à
une condition préalable.
Que
la ville existe tranquillement au loin.
Le
secret est de s'appuyer disons sur un tronc
et
d'écouter à travers l'air qui accueille des bruits morts
comment
galopent les tramways sur Millan et Reyes.
No sé
si alguna vez les ha pasado a ustedes
pero el Jardín Botánico
es un parque dormido
en el que uno puede sentirse árbol o
prójimo
siempre y cuando se cumpla un requisito previo.
Que
la ciudad exista tranquilamente lejos.
El
secreto es apoyarse digamos en un tronco
Y oír a través del
aire que admite ruidos muertos
como en Millán y Reyes galopan
los tranvías.
Je
ne sais pas si cela vous est déjà arrivé
mais
le Jardin Botanique a toujours eu
une
agréable propension aux rêves
aux
insectes qui montent sur les jambes
et
à la mélancolie qui descend dans les bras
jusqu'à
ce qu'on ferme les poings et l'attrape.
Après
tout le secret est de regarder vers le haut
et
de voir comment les nuages se disputent les cimes des
arbres
et
de voir comment les bruits se
disputent les oiseaux.
(...)
No
sé si alguna vez les ha pasado a ustedes
pero el Jardín
Botánico siempre ha tenido
una agradable propensión a los
sueños
a que los insectos suban por las piernas
y la
melancolía baje por los brazos
hasta que uno cierra los puños
y la atrapa.
Después
de todo el secreto es mirar hacia arriba
y ver como las nubes se
disputan las copas
y ver como los ruidos se disputan los
pájaros.
2 titres de livre: "Psychopompe" d'Amélie Nothomb, "Le jardin nu" d'Anne Le Maître
Puis un extrait d'"un livre mystère, que je présenterai jeudi prochain sur mon blog. En voici déjà un extrait pour toi, à propos des corneilles et des pies" :
"De la fenêtre, on s'attend à une guerre. Très vite, pourtant, on s'étonne quand on voit le noir et blanc et le noir bleuté finir par se mélanger lentement sur la place sans coup d'éclat, mais plutôt à la suite de discrets détours, faux départs, contournements, reculs, avancées, astuces et abandons obligés ; tout cela comme imposé aux unes et aux autres par une espèce de loi tacite. Pas de cris, pas de jacassements, dans ces circonstances. Le bavardage, ce sera pour la fin de la journée, entre soi, dans le bosquet commun. De la terrasse, on les entendra jusqu'à la tombée de la nuit, comme si elles étaient à deux pas."
Les mots sont des oiseaux sauvages qu'on ne rattrape jamais, une fois lâchés. Jean Simard "200 milliards de mots, explosent en plein soleil et le vent les transporte...
Par les petits chemins dans un jardin d'étoiles les oiseaux les escortent Dans ce monde d'enfants chacun écrit son conte et sa propre révolte"
"Les étourneaux sont étourdis. On le dit. Ils font des tours et des détours et ils rient. Les étourneaux n'ont pas de tête. On le dit. Mais ils sont gais, les étourneaux, légers là-haut ! Ils font dans le ciel des anneaux, des anneaux gais à tire-d'aile les étourneaux."
Zoë Lucider , merci. J'ignore si c'est à ce bouvreuil que tu faisais allusion, mais c'est celui que j'ai trouvé sur le blog de JEA, à cette page:
Avant de lire cette page, prière de laisser dehors appeaux, cages, filets, glu et autres miroirs des trahisons ici, donner des noms d'oiseaux ne revient surtout pas à insulter que
ces oiseaux soient dénoncés ailleurs comme de mauvais augure et prenant
vite la mouche, ils restent infiniment plus drôles, plus légers, plus
libres que les tous les épouvantails du monde se donnant la main :
- alcidés accros aux jeux de hasard, ardents ardéiformes, coureurs de fond solitaires, diurnes nyctalopes, échassiers échalas, gallinacés amateurs de galipettes et de gauloiseries, grimpeurs et sans reproches, intrépides impennes, hugoliens victorieux, migrateurs se fichant des montres et des horloges, nocturnes avec sons et lumières, palmipèdes pathétiques, passereaux passéistes, percheurs imités dangereusement par des chats joueurs, plongeurs dégoûtés des restos, rapaces amateurs de ragots, ratites accusés injustement d'être ratiocineurs, oiseaux terrestres se mettant vite en boule...
De l'encre bleue tomba Goutte à goutte de son front bombé En s'écrasant elle creusa Un petit trou dans le pavé
Il en sortit plus tard Une fleur nouvelle Inconnue à ce jour On la nomma Sittelle Comme ces passereaux agiles Qui descendent parfois les arbres La tête en bas Et qui étonnent souvent Les passants prétentieux et fiers Qui refusent de voir Le monde à l'envers
Et le lien vers une photo prise à la Boverie à Liège :
A
veces por supuesto usted sonríe y no importa lo linda o
lo fea lo vieja o lo joven lo mucho o lo poco que
usted realmente sea
(...)
sonríe y
usted nace asume el mundo mira sin
mirar indefensa desnuda
transparente
y
a lo mejor si la sonrisa viene de muy de muy
adentro usted puede llorar sencillamente sin
desgarrarse sin desesperarse sin convocar la muerte ni
sentirse vacía
llorar sólo llorar
entonces su
sonrisa si todavía existe se vuelve un arco iris.