31 déc. 2015

Dans le ventre des moineaux / En el vientre de los gorriones



Parmi les livres reçus en cette fin d'année, il y a "Poètes aujourd'hui, un panorama de la poésie francophone de Belgique" qui m'a enchantée, merci Tania.

Alors, et pour commencer une année à l'envers, cette fois j'ai traduit du français à l'espagnol...en espérant que ce changement enclenche une année meilleure, (musique chez K), ce que je vous souhaite à toutes/tous!


Entre los libros recibidos en este fin de año, está "Poetas hoy, un panorama de la poesía francófona de Bélgica" que me ha encantado.

Entonces, y para empezar un año al revés, esta vez traduje del francés al español...con la esperanza de que ese cambio inicie una año mejor, ¡lo que os deseo a todas/todos!
 
Les oiseaux 
Lucien Noullez (Etterbeek, Belgique, 1957)


Tous les jours, tous les jours je dessinais sur notre
table un visage avec des miettes
et tous les jours la faim l'effaçait
ou parfois le vent en été
qui aime les oiseaux, le vent
du sud, à peine plus léger qu'un cœur.
Maintenant le visage est parti dans le ventre
des moineaux.
L'enfance appelle et je réponds
avec des miettes blanches. On vit de peu.
On vit d'un peu d'amour lointain.

(extrait de "Comme un pommier")

Léonard de Vinci, anamorphose d’un visage d’enfant et d’un œil, Codex Atlanticus,1485



Los pájaros Lucien Noullez

Todos los días, todos los días dibujaba en nuestra
mesa una cara con migas
y todos los días el hambre la borraba
o a veces el viento en verano
al que le gustan los pájaros, el viento
del sur, apenas más ligero que un corazón.
Ahora se fue la cara en el vientre
de los gorriones.
Llama la infancia y contesto
con migas blancas. Se vive con poco.
Se vive de un poco de amor lejano.

Trad: Colo



Ref: Poètes aujourd'hui
Un panorama de la poésie francophone de Belgique
Liliane Wouters
Yves Namur
Ed: Le Taillis Pré
en coédition avec
La Noroît

21 déc. 2015

Fin d'année / fin de año


Parfois l'aube est mauve, mauve et violette, un peu de rose s'y glisse.

A veces el alba es malva, malva y violeta, un poco de rosa se insinua.
 
Cette couleur qui vient de changer l'Espagne, mauve qui nous habille de fête parfois.
Ese color acaba de cambiar algo en España, malva que a veces nos viste de fiesta.
 



Mauve, un superbe livre de photos et dessins/peintures de Titouen Lamazou,

 des textes de Fatou Diome



 .
 
"Devant la beauté et l'immensité de l'horizon, l'Atlantique feignait une romance bleue où la menace rouge de la famine se diluait pour déferler, doucement mais inexorablement, vers l'île. Personne ne le disait, mais tous savaient que c'était la saison mauve, celle de la survie, durant laquelle une digne mélancolie tait son lamento, se contente de sourdre du regard des petits et des rires hoqueteux des adultes."
 

Je vous souhaite une très agréable fin d'Année.

 

PS: Un tout grand merci à vous qui m'apportez douceurs et rires, étincelles de lectures.



Os deseo un fin de Año
muy agradable.

17 déc. 2015

Une lumière musicale / Una luz musical



Le silence rond de la nuit

Federico García Lorca


Le silence rond de la nuit
Sur la portée musicale
De l'infini.
Moi je sors nu en rue,
Ivre de vers
Perdus.
Le noir,
criblé
Par le chant du grillon,
Retient ce feu follet
Mort,
Du son.
Cette lumière musicale
Que perçoit
L'esprit.
Les squelettes de mille papillons
Dorment dans mon enceinte.

Passe une jeunesse de brises folles
Sur la rivière.

(Trad: Colo) 

Feux follets / Fuegos fatuos





El silencio redondo de la noche
Federico García Lorca
    El silencio redondo de la noche
    Sobre el pentagrama
    Del infinito.
    Yo me salgo desnudo a la calle,
    Maduro de versos
    Perdidos.
    Lo negro, acribillado
    Por el canto del grillo,
    Tiene ese fuego fatuo,
    Muerto,
    Del sonido.
    Esa luz musical
    Que percibe
    El espíritu.
    Los esqueletos de mil mariposas
    Duermen en mi recinto.

    Hay una juventud de brisas locas
    Sobre el río.



10 déc. 2015

Amandes et douceurs / Almendras y dulces




Majorque, pays des amandiers; les paysans les bichonnent et les récoltes sont abondantes.
Mais, ce n'est un secret pour personne, le plus gros producteur mondial d'amandes est la Californie. Or cette partie des États Unis est dernièrement sous le coup d'une grande sécheresse et, contrairement aux cultures d'ici où on n'arrose jamais les amandiers, leurs arbres ont besoin d'eau. (ils louent aussi le service de ruchers pour polliniser les arbres!)
Le prix des amandes grimpe à toute vitesse bien sûr et avant que leur prix ne devienne prohibitif, je vous livre la recette du délicieux Turrón Majorquin.
C'est une sorte de massepain recouvert d'une feuille, comment dire, d'hostie (pain azyme), enfin vous voyez sur la photo. 


Avantages très appréciables: ce turrón est mou, - ceci pour ceux dont les dents ne sont plus trop solides -, et puis il contient citron et orange.


Il se conserve très longtemps à l'abri de l'air, entouré d'un film plastique.
La dame de la vidéo a l'accent caractéristique des gens d'ici dont l'espagnol n'est pas la langue maternelle.

Mallorca, tierra de almendros; los campesinos los miman y las cosechas son abundantes.
Pero, no es un secreto para nadie, el mayor productor mundial es California. Ultimamente esa parte de los Estados Unidos padece una terrible sequía y, al contrario de los cultivos de aquí donde nunca se riegan, sus árboles necesitan agua. ( ¡también alquilan el servicio de colmenas para polinizar los árboles!) 

Almendros secos / amandiers secs California

El precio de las almendras sube de forma vertiginosa y, antes de que su precio sea prohibitivo, os doy hoy la receta del delicioso turrón mallorquín.
Es un tipo de mazapán recubierto de una oblea.
Ventajas muy apreciadas: ese turrón es blando - eso para los que no tienen  los dientes muy sólidos - tiene limón y naranja y se conserva durante mucho tiempo.
Os dejo ver el vídeo, esa señora tiene el acento típico de aquí, ya que el español no es su primer idioma.


Ingrédients:
200 gr d'amandes pelées et réduites en poudre ou en poudre
180 gr de sucre glace ou normal selon les goûts
Le jus d'une orange
Le zeste d'un citron
Cannelle selon vos désirs (moi j'en mets beaucoup comme la dame de la vidéo)
4 feuilles "d'hostie"
Réalisation
 Mélanger bien le tout, formez deux boules et procédez comme sur la vidéo.
Le torchon de cuisine qu'elle emploie pour tasser la pâte est humidifié.

Facile non?

Bon appétit / Buen provecho

Vídeo polinisación almendros https://www.youtube.com/watch?v=iRrIcm2S4Vo

4 déc. 2015

Dans la marge / En el margen




Roberto Juarroz (Argentina 1925-1995)
Décima poesía vertical



Il m'est arrivé de rêver des mots.
Les mots ne me laissent pas dormir.
Ils me cognent depuis l'envers du décor,
personnages subversifs
qui arrivent à déchirer le rideau
et pour toujours changer l’œuvre.

Les mots n'attendent pas.
Jusque quand dureront-ils?
Ils sont comme des gouttes de sang
qui tombent sur le texte
et parfois aussi dans la marge.

Mais ils ne se contentent pas des formes du jour,
de la veille éclairée entre la vie et la mort.
Le texte est infini
la marge l'est aussi.
Peut-être le texte devrait-il être dans la marge.

Le rêve est une région abandonnée
ou du moins disponible
à la nécessaire entrée du verbe.

(Trad: Colo)


He llegado a soñar con las palabras.
Las palabras no me dejan dormir.
Me golpean desde atrás del decorado,
personajes subversivos
que hasta llegan a rasgar el telón
para cambiar siempre la obra. 
 
Las palabras no esperan.
¿Hasta cuándo durarán?
Son como gotas de sangre
que van cayendo sobre el texto
y también a veces en el margen. 
 
Pero no les bastan las figuras del día,
la vigilia ilustrada entre la vida y la muerte.
El texto es infinito
y también lo es el margen. 
 
Quizá el texto debiera estar en el margen.
El sueño es una región abandonada
o por lo menos disponible
para la entrada necesaria del verbo.

26 nov. 2015

Une peintre de l'île / Una pintora de la isla


Une découverte qui m'a enchantée....la peinture de Pilar Montaner

Un descubrimiento que me ha encantado: la pintura de Pilar Montaner



Les milliers de visiteurs qui se rendent à Valldemossa chaque année, attirés par la beauté du paysage mais surtout par l'énorme tam-tam fait autour du court séjour que firent Chopin et Georges Sand à la Chartreuse , ignorent souvent que le Palais du Roi Sancho qui y est accolé fut fin 19º-début 20º un bouillonnant centre culturel et artistique grâce à la fortune et au mécénat de l'avocat et intellectuel Juan Sureda Bimet, et de son épouse, la peintre Pilar Montaner.

Cada año los miles de visitantes que van a Valldemossa atraídos por la belleza del paisaje pero sobre todo por el enorme tam-tam hecho alrededor de la corta estancia en la Cartuja de Chopin y Georges Sand, ignoran, con frecuencia, que el Palacio del Rey Sancho, pegado a la misma, fue al final del siglo XIX, principios del XX un palpitante centro cultural y artístico gracias a la fortuna y al mecenazgo del abogado e intelectual Juan Sureda Bimet y de su esposa, la pintora Pilar Muntaner.

Ninas collint ginesta


Elvira en el jardín de Valldemossa

Née le 13 avril 1876 dans une famille majorquine aisée Pilar perd jeune sa mère et son père l'envoie dans un internat à Madrid. Elle y apprend les premières notions de dessin et peinture.
Mais c'est en 1896 que sa vie bascule quand elle se marie avec Juan Sureda: il vient d'hériter d'une des plus grosses fortunes de l'île et possède, de par sa famille, le Palais du Roi Sancho. 
 
Nacida el 13 de abril de 1876 en una familia acomodada pierde, siendo joven, a su madre y es enviada, por su padre, a un internado en Madrid donde aprende los principios del dibujo y la pintura.
Pero su vida bascula en 1896 cuando se casa con Juan Sureda que acaba de heredar una de las mayores fortunas de la isla y posee el Palacio del Rey Sancho.

Esperant els novis (attendant les fiancés)



Encouragée par son mari, Pilar passe par différents studios de peinture, d'abord dans le style romantique et paysagiste, puis, vers 1901, 1904 par celui du talentueux Sorolla. Elle peint alors des portraits, des scènes de la vie et ses tableaux prennent un air impressionniste.
Animada por su marido, Pilar pasa, primero, por diversos estudios de pintura de estilo romántico y paisajístico, luego, hacia 1901-1904 por el del talentoso Sorolla. Pinta entonces retratos, escenas de la vida y sus cuadros toman un aire impresionista.

Catedral de Palma


Retrato de Unamuno 1916
Madó Calafata, 1899


Entre temps au Palais du Roi Sancho sont invités  de nombreux intellectuels, poètes, peintres tels que Rúben Darío, Unamuno, Azorín ou Santiago Rusiñol, John Singer Sargent, Joaquín Sorolla, Anglada Camarasa pour n'en nommer que quelques uns.
Entre temps aussi elle peint énormément et a ...11 enfants! Elle voyage, expose, est l'égérie de ses invités qui lui dédient des poèmes, des écrits, des œuvres.

Mientras tanto en el Palacio del Rey Sancho son invitados numerosos intelectuales, poetas, pintores. Entre ellos podemos nombrar Rúben Darío, Unamuno, Azorin, Santiago Rusiñol, John Singer Sargent, Joaquín Sorolla, Anglada Camarasa...
Además pinta sin parar y tiene... ¡11 hijos! Viaja, expone y es la musa de sus invitados los cuales la dedican poemas, escritos, cuadros.


Retrato de sa hija Elvira 1919


Les meilleures choses ont une fin et à partir de 1915 la vie insouciante, faite de fêtes et de voyages commence à couler à pic. Folles dépenses et mauvaise gestion de l'héritage. Pilar en souffre d'autant plus que certains de ses enfants, dont sa fille aînée, ont les premiers symptômes de la tuberculose.
Elle se lance alors dans une série de peintures, fortes et surréalistes, de vieux troncs d'olivier, tourmentés, douloureux.
En 1927 ils perdent leur palais et à partir de ce moment elle arrêtera de peindre. Elle mourût en 1961.

Las mejores cosas tienen un fin y a partir de 1915 la vida despreocupada hecha de fiestas y viajes toca a su fin debido a los enormes gastos y a la mala gestión de la herencia. Pilar sufre tanto más cuanto que algunos de sus hijos, entre otros su hija primogénita, tienen los primeros síntomas de la tuberculosis.
Comienza entonces una serie de cuadros fuertes y surrealistas: viejos troncos de olivos, atormentados, dolorosos.
En 1927 pierden el palacio y a partir de entonces cesa la pintura. Muere en 1961.


Danza 1919





Dolor Humano 1921

Obras encontradas principalmente aquí http://pilar-montaner.blogspot.com.es/2011/07/cataleg.html

20 nov. 2015

Terre rouge / Tierra roja


 La route de l'argile / La ruta del barro / La ruta del fang







Une matinée à ne pas oublier, un de ces jours, rares, où tout est parfait. Température agréable, doux soleil, une fidèle amie et une excursion dans un village du centre de l'île où la terre est rouge, argileuse, et qui a une longue tradition de poterie; depuis le XVIIº.
Pòrtol
Una mañana para no olvidar, uno de esos días, raros, donde todo es perfecto.
Temperatura agradable, sol suave, una fiel amiga y una excursión en un pueblecito del centro de la isla donde la tierra es roja, arcillosa, y que tiene una larga tradición de alfarería, desde el siglo XVII.
Pòrtol.

 
Les neuf artisans dispersés dans ce petit village se sont unis en 2006 dans une association pour préserver le métier. La “Route de la terre cuite” est bien indiquée.
Partout nous étions seules avec eux, avantage de l'hors-saison, et c'est avec grande bonhomie et gentillesse qu'ils nous ont montré leurs ateliers, les nouvelles créations.
Une fois par an ils organisent une foire dans le village d'à côté, Marratxí, et l'affluence y est grande. Écoles, touristes, locaux...coloré et animé.


Peu de mots, des photos aujourd'hui.






Foto Colo, au tour.


Los nueve artesanos dispersados en ese pequeño pueblo se han unido en 2006 en una asociación para preservar el oficio. La “Ruta del barro” está bien indicada.
En cada sitio estábamos solas con ellos, ventajas de “fuera de temporada”, y es con gran simplicidad y gentileza que nos enseñaron sus talleres, las nuevas creaciones.
Una vez al año organizan una feria en un pueblo cercano: Marratxí. Esos días la afluencia es grande. Escuelas, turistas, locales...vistoso y animado.

Pocas palabras hoy, unas fotos.



Foto Colo, l'artisane réalise des mélanges de couleurs
Foto Colo, séchage des pièces

Foto Colo,


Foto Colo, un des magasins

Clic pour agrandir les photos, comme toujours.

12 nov. 2015

Un fil de lumière doré / Un dorado hilo de luz





Aujourd'hui un poème du Majorquin Jaume Mesquida, né à Palma de Mallorca (1948) mais qui a toujours vécu à Manacor (patrie de Rafael Nadal aussi).  
 Il raconte bien l'immense amour des majorquins pour la nature, le vent, la mer, leur île.

Dans le recueil dont j'ai déjà parlé, “Majorque, l'île aux poètes”, il se trouve en Catalan, mais aussi traduit en Espagnol et en Français.
Je n'ai pas résisté à l'envie d'en faire une traduction très personnelle;-))

Obole de silence I

La nuit battit en retraite et laissa intacte la couleur
rouge des cerises.
L'ombre resta prisonnière dans la jarre de terre.
Le vent cacha le murmure odorant de la forêt dans la flûte
que soutenaient, alanguies, des mains blanches.

Mille petits éclats de lune étaient restés accrochés aux branches odorantes
du citronnier.
Dans les branches de l'oranger, devant le porche de bois,
se prirent les mille grains vermeils du soleil
qui approcha timidement les lèvres au bord ébréché
de la cruche, pour boire à satiété.
Les yeux des maisons s'étaient ouverts et regardaient surpris
l'azur si pur de ce jour ensoleillé.

De bon matin les vieilles se sont installées devant la mer
tissant un souvenir sur le métier rougi de leur sang,
tandis que le jour, d'un fil de lumière doré, cousait un tablier
d'écume à la brise des hautes falaises.
Là le vent du sel soufflait dans leurs cheveux gris,
longs et lisses
et les petites fleurs jaunes insulaires de camomille
réunies en bouquets sauvages et odorants
par les poings âpres des rochers.

Chacune trouvait très facilement son aiguille de douleur
dans le pailler de la tristesse.


(Trad Colo)



Traducción al español por el mismo Jaume Mesquida.


Clic sur les textes catalans et espagnols pour agrandir


2 nov. 2015

Temps et silence / Tiempo y silencio





Cesaria Evora

 



Une maison dans le ciel
Un jardin dans la mer
Une alouette sur ton cœur
Un nouveau départ

Un désir d'étoiles
Un soupir* de moineau
Une île dans ton lit
Un coucher de soleil

Temps et silence
Cris et chants
Cieux et baisers
Voix et chagrin

 Naître dans ton rire
 Grandir dans tes larmes
Vivre sur tes épaules
Mourir dans tes bras

(trad:Colo)

Una casa en el cielo
Un jardín en el mar
Una alondra en tu pecho
Un volver a empezar

Un deseo de estrellas
Un latir de gorrión
Una isla en tu cama
Una puesta de sol

Tiempo y silencio
Gritos y cantos
Cielos y besos
Voz y quebranto

Nacer en tu risa
Crecer en tu llanto
Vivir en tu espalda
Morir en tus brazos

* le mot exact est "battement", mais...

28 oct. 2015

Si c'était elle! ¡ Si será ella!



Nocturno       Rúben Darío (1867-1916, Nicaragua)

Un poème dans la pure ligne Romantique

Silence de la nuit, douloureux silence
nocturne...Pourquoi l'âme tremble-t-elle ainsi?
J'entends le bourdonnement de mon sang,
une douce tempête passe dans mon crâne.
Insomnie! Ne pas dormir et
pourtant
rêver. Être l
'auto-sujet
de dissection spirituelle, l'auto-Hamlet!
Diluer ma tristesse
dans un vin de nuit
dans le merveilleux cristal des ténèbres...
Et je me dis: à quelle heure viendra l'aube?
Une porte s'est fermée...
Quelqu'un est passé...
L’horloge a sonné trois heures...Si c'était elle!
Trad: Colo

Photo gentiment prêtée par Kwarkito, merci! http://kwarkito.blogspot.com.es/


Silencio de la noche, doloroso silencio
nocturno… ¿Por qué el alma tiembla de tal manera?
Oigo el zumbido de mi sangre,
dentro de mi cráneo pasa una suave tormenta.
¡Insomnio! No poder dormir y, sin embargo,
soñar. Ser la auto-pieza
de disección espiritual, ¡el auto-Hamlet!
Diluir mi tristeza
en un vino de noche
en el maravilloso cristal de las tinieblas…
Y me digo: ¿a qué hora vendrá el alba?
Se ha cerrado una puerta…
Ha pasado un transeúnte…
Ha dado el reloj tres horas… ¡Si será ella!...

Le voici traduit en anglais (pas par moi)

Silence of the night, painful silence,
Nocturne... Why does my soul tremble like this?
I hear the low hum of my blood.
I watch a calm storm pass inside my skull.
Insomnia! Not to sleep, and perchance
to dream. To be the whole soliloquy
of spiritual dissection, my Hamlet!
To dissolve my sadness
in one night's wine,
in the marvelous crystal darkness...
And then I wonder: When will it be dawn?
A door just closed...
Someone is passing on the street...
The clock strikes three...It must be Her!

22 oct. 2015

Chutes et ombres / Caídas y sombras


Nous poursuivons donc avec Roberto Juarroz. Né dans la Pampa Humide Argentine en 1925, il est mort à Buenos Aires en 1995. Très lié à la France où il étudia la Philosophie et les Lettres à la Sorbonne, sa “Poésie verticale”, œuvre de sa vie entière, est publiée d'abord en France.
J'ai choisi et traduit deux poèmes de lui aujourd'hui, avec une explication tirée de la dernière interview qu'il avait donnée en 1993.

Seguimos con Roberto Juarroz. Nacido en la Pampa húmeda Argentina en 1925, murió en Buenos Aires en 1995. Muy ligado a Francia donde estudió Filosofía y Letras en La Sorbona, su “Poesía Vertical”, es la obra de toda su vida, y fue publicada primero en Francia.
Elegí dos poemas, con una explicación sacada de la última entrevista que dió en 1993.
Ce billet est un peu long, prenez votre temps...
Esta entrada es un poca larga, tomad vuestro tiempo...



"C'est toujours un instant, un instant de plénitude, qui nous signale ou nous situe avec les yeux ouverts dans la réalité la plus libre, la plus illimitée.

(...) la poésie est justement la voie pour exprimer l’ineffable. Dans le poème il se peut qu'il reste quelques morceaux, fragments qui parfois nous transmettent des messages inattendus. Ceci se rattache à ce que disait Rimbaud pour qui le poète n'est pas un prophète, dans le sens de quelqu’un qui anticipe les choses, mais celui qui cultive la vision verbale qui l'amène un peu plus loin, habituée à ce que le regard devienne "vision". C'est ici qu'entre en jeux le rôle fondamental de l’imagination qui découvre des ressorts insoupçonnables entre les choses.
J'ai la sensation qu'on s'est méfié de la présence de l'intelligence et de la raison dans le poème et je pense que c'est une erreur. Je pense que l'intellect joue intensément dans l'écriture. Le poème n'est pas un délire plus ou moins modelé par des recherches capricieuses.(..)"
 
"Siempre es un instante, un instante de plenitud, lo que nos señala o nos sitúa con los ojos abiertos en la realidad más suelta, más ilimitada.  (…) la poesía es justamente la vía para expresar lo inefable. En el poema pueden quedar algunos pedazos, fragmentos que nos transmiten a veces mensajes inesperados. Esto también se empalma con lo que decía Rimbaud, para quien el poeta no es profeta, en el sentido de alguien que anticipa las cosas, sino que cultiva la visión verbal y eso lo lleva un poco más allá, acostumbra a que la mirada se vuelva "visión". Aquí es donde entra a jugar un papel fundamental la imaginación, que descubre resortes insospechados en todas las cosas. 
Yo tengo la sensación de que se ha desconfiado de la presencia de la inteligencia y de la razón en el poema y pienso que es un error. Pienso que también lo intelectual juega con intensidad en la escritura. El poema no es un delirio más o menos configurado de búsquedas caprichosas,(...)"

Night shadows Edward Hopper


Quand s'éteint la dernière lampe
s'éteint plus que la lumière:
l'ombre s'allume elle aussi.
Il devrait pourtant y avoir des lampes
qui serviraient exclusivement
à allumer l'ombre.
N'y a-t-il pas peut-être des regards pour ne pas voir,
des vies rien que pour mourir
et des amours destinés à l'oubli?

Il y a du moins certains ténèbres préférés
qui méritent leur propre lampe de l'obscurité.
 
(Trad: Colo)  

Cuando se apaga la última lámpara

no sólo se apaga algo mayor que la luz:

también se enciende la sombra.

Debería haber sin embargo lámparas

que sirvieran exclusivamente
para encender la sombra.
¿No hay acaso miradas para no ver,
vidas nada más que para morir
y amores sólo para el olvido?
Hay por lo menos ciertas tinieblas predilectas
que merecen su propia lámpara de oscuridad.


"J'ai été attiré par une vision, celle que de tous les mouvements de l'homme il y en a un vers lequel nous allons inévitablement, qui se répète au long de la vie jusqu'à prendre une forme définitive: la chute. Tomber comprend depuis la chute de la feuille de l'arbre à tout ce qui existe dans l'univers. La chute est un peu le centre de nos vies et de nous-mêmes.
J'ai pourtant senti que, paradoxalement, le mouvement inverse se produisait également. Comme si dans le fond de la chute il y avait un rebond, où se trouve l’ascension. (...) Héraclite dit "le chemin qui descend est le même chemin qui monte". (...) une espèce de loi de la gravité à l'envers."
"Me atrajo una visión, y es que de todos los movimientos del hombre hay uno hacia el cual inevitablemente vamos, que se repite a lo largo de la vida hasta que se da en forma definitiva: la caída. El caer abarca desde la hoja del árbol hasta todo lo que existe en el universo. La caída es algo así como el centro de nuestras vidas y de nosotros mismos.
Sin embargo sentí que paradójicamente se producía también el movimiento inverso. Como si en el fondo de la caída hubiera un rebote, y es allí donde se encuentra el ascenso. (...) Dice Heráclito "el camino que baja es el mismo camino que sube". (...) una especie de ley de gravedad invertida."
 
Picasso La chute d'Icare

Il faut tomber et on ne peut choisir où.
Mais il existe une certaine forme du vent dans les cheveux,
une certaine pause du coup,
un certain angle du bras
que nous pouvons obliquer dans la chute.
Ce n'est que l'extrémité d'un signe,
la pointe sans y penser d'une pensée.
Mais il suffit pour éviter le fond avare de mains
et la misère bleue d'un Dieu désert.

Il s'agit de plier plus qu'une virgule
dans un texte que nous ne pouvons corriger.
(Trad: Colo)


Hay que caer y no se puede elegir dónde.
Pero hay cierta forma del viento en los cabellos,
cierta pausa del golpe,
cierta esquina del brazo
que podemos torcer mientras caemos.
Es tan sólo el extremo de un signo,
la punta sin pensar de un pensamiento.
Pero basta para evitar el fondo avaro de unas manos
y la miseria azul de un Dios desierto. 
 
Se trata de doblar algo más que una coma
en un texto que no podemos corregir.