26 oct. 2013

La peau de la Terre / La piel de la Tierra


Suite au poème Fouler la terre pieds nus de Elvira Alejandra Quintero‏ du billet précédent, Danielle, des blogs "Comme un vol de papillon" et "Album Vénitien" m'a signalé un poème qu'elle avait écrit sur le même sujet. Voilà que je découvre qu'elle publie des poèmes et écrit aussi en wallon, sa langue maternelle.
"Puis-je le traduire en espagnol et le publier sur mon blog?"
Voici sa réponse: ."j'ai toujours écrit...pour moi et puis un jour, mes poèmes en français ont été édités mais en 85, j'ai eu envie d'autre chose. Une amie qui me connaissait bien m'a mise au défi d'écrire en wallon qui est quand même ma langue maternelle...et voilà.Oui, j'écris encore, j'ai une série de textes dédiés aux femmes que j'aimerais bien voir réunis dans un recueil. (...)
Oui bien sûr, je suis d'accord pour la traduction et je te remercie pour cette généreuse proposition."
Vous pouvez lire son billet original ici: http://commeunvoldepapillon.blogspot.com.es/2011/07/retrouver-la-mine-tendre-du.html

Merci, merci Danielle!

Danielle, del blog "Comme un vol de papillon" me indicó, tras la publicación la semana pasada del poema de Elvira Alejandra Quitero "Pisar la tierra con los pies descalzos", que ella había escrito en walón y en francés un poema sobre el mismo tema.
Muy amablemente me dio permiso para traducirlo en español y publicar las tres versiones aquí. ¡Muchas gracias!




In djoû, c’èst seûr èy’ asseûrè


In djoû, c’èst seûr èy’ asseûrè,
Dj’aclap’ré yeune dè mès-orèyes
Tout conte d’èl pia dè l’têre !
Dji vous ètinde, dji vous sawè
Si s’ keûr toke douç’mint,
Come èl min,
Oudoubin s’i flâye, sins rat’na,

Come in mârtia su ène èglème.


Un jour, c’est sûr et certain,
Je collerai une de mes oreilles
Tout contre la peau de la terre !
Je veux entendre, je veux savoir
Si son cœur toque doucement
Comme le mien,
Ou bien s’il frappe sans retenue

Comme un marteau sur une enclume

Un día, es seguro y cierto,
Pegaré mis oídos
Contra la piel de la tierra!
Quiero oír, quiero saber
Si su corazón late con dulzura
Igual que el mío,
O golpea sin recato

Como en el yunque el martillo.


In djoû, c’èst seûr èy’ asseûrè,
Dj’aspoy’ré mès lèpes
Tout conte d’èl pia d’èl têre ,
Là, tout djusse là,
Al fine pwinte du frum’jon !
Èt paç’ què dji n’seû
Qu’ène pougnîye d’ârzîye,
Dji sé què padrî sès pwènes
Et sès fèlès  colêres

Dj’ètindré  èl tchanson  dèl têre.


Un jour, c’est sûr et certain,
J’appuierai mes lèvres
Tout contre le peau de la terre,
Là, juste là,
A la fine pointe du frisson !


Et parce que je ne suis
Qu’une poignée d’argile,
 Je sais que par delà ses peines,
Et ses fières colères, 
 
J’entendrai la chanson de la terre.

Un día, es seguro y cierto,
Apoyaré mis labios
Contra la piel de la tierra,
Allí, justo allí,
En la delgada punta del estremecimiento.

Y porque no soy más
Que un puñado de arcilla,
Sé que más allá de las penas,
Y sus nobles cóleras

Oiré la canción de la tierra.


In djoû, c’èst seûr èy’ asseûrè,
An poûrmwin.nant  mès mwins
Douç’mint,dè d'ci dè d'la'
sul pia dèl têre,
Dji rascoudré ène mîye dè s’n-âme,
Ène mîye d’ârzîye
Qui rassôr’ra  lès fwins
Dè toute èm ’ vikérîye


 Un jour, c ‘est sûr et certain,
En promenant mes mains,
Doucement, de ci de là,
 Sur la peau de la terre,
Je recueillerai un peu de son âme,
Une mie d’argile
Qui  comblera les faims
De toute mon existence !

Un día, es seguro y cierto,
Paseando mis manos,
Suavemente, aquí y allá,
Sobre la piel de la tierra,
Recogeré un poco de su alma,
Una miga de arcilla,
Que colmará las hambres
De toda mi existencia!

 Danielle T. 
texte paru dans la revue "èl bourdon" de juin 2011

 Trad. espagnol: Colo

23 oct. 2013

Pieds nus / Pies descalzos

Parmi les photos de Toni Catany il y en a une que ma mémoire avait gravée. Le jour suivant un billet et une photo, si doux, sur le blog de Kwarkito me la rappelaient; et puis hier ce poème de la Colombienne Elvira Alejandra Quintero.


Toni Catany


Fouler la terre pieds nus
Elvira Alejandra Quintero‏
(Trad: Colo)

Ni vertiges astraux ni pierres précieuses inconnues.
Pas d'étonnements poétiques forcés, de faux rites.
Je parlerai de la terre consacrée par le grand-père dans le centre de mon enfance.
De son odeur de pluie ou de vie quand l'aube m'appelle à la fenêtre,
et que l'éclat du monde me renvoie sa phrase:
Foule-la à pieds nus.
L'énergie qui monte dans ton corps te rapproche du reste de l'univers.

Et encore, quand je parcours les quais solitaires et sombres
et que le vent frôle mes oreilles rafraîchissant le monologue échauffé,
une lointaine odeur de poissons me rappelle la mer.
Et je cherche un bout de chemin et je veux le humer.
Et je veux le fouler.
Et bien que ce ne soit pas la terre, la peau de mes pieds touche le monde.
Et mon sang fait à nouveau partie du sang de l'univers.




Pisar la tierra con los pies descalzos

Elvira Alejandra Quintero‏

Nada de vértigos astrales y desconocidas piedras preciosas.
Nada de forzosos extrañamientos poéticos, de falsos ritos.
Hablaré de la tierra consagrada por el abuelo en el centro de mi infancia.
De su olor a lluvia o a vida cuando el amanecer me llama a la ventana,
y el brillo del mundo me devuelve su frase:
Písala con los pies descalzos.
La energía que asciende por tu cuerpo te hermana con el resto del universo.

Y aún, cuando recorro los andenes solos y oscuros
y el viento acecha en mis oídos refrescando el acalorado monólogo,
un lejano olor a peces me recuerda el mar.

Y busco un pedazo de camino y quiero olerlo.
Y quiero pisarlo.
Y aunque no es de tierra, la piel de mis pies toca el mundo.
Y mi sangre vuelve a ser parte de la sangre del universo.



19 oct. 2013

Comme des poèmes / Como poemas








Chacune de ses photos possède une ambiance, un peu ou assez mystérieuse, vivante, onirique, loin des “ Natures Mortes” qui est pourtant le titre qu'il a donné à cette série. Toni Catany vient de mourir. Il vivait à Barcelone, pensait passer ses vieux jours dans sa maison de Majorque, dans son village, Lluchmajor. Et transformer sa maison en Fondation. Il ne s'attendait pas à cette fin subite et son village n'a pas les moyens, en ce moment, de réaliser son rêve.
Ses expositions ont voyagé de par le monde et il est reconnu internationalement avec un travail photographique basé sur l'utilisation d'un procédé ancien : le calotype
Il a réalisé d'autres séries bien sûr, entre autres de nus masculins, de portraits, de reportages...vous les trouverez sans problème sur la toile.

C'est avec délice que je me suis plongée dans l'observation attentive de ses photos, que je me suis laissée envahir par une athmosphère colorée, diffuse.
Dans la beauté.
Chaque photo, un poème.

 


© Toni Catany

Cada una de sus fotos posee un ambiente, un poco o bastante misterioso, onírico, lejos de lo que llaman “ Naturalezas muertas” que es sin embargo el título que le dió a esa serie. Toni Catany acaba de morir. Vivía en Barcelona, pensaba pasar su vejez en su casa de Mallorca, en su pueblo, Lluchmajor. Y trasformar su casa en Fundación. No esperaba este final súbito y su pueblo no tiene los medios en este momento para realizar su sueño.
Sus exposiciones han viajado por el mundo y es reconocido internacionalmente con un trabajo fotográfico basado en la utilización de un procedimiento antiguo: el calotipo.
Ha realizado, claro está, otras series, entre las cuales desnudos masculinos, retratos, reportajes...

Me sumergí con delicia en la observación atenta de sus fotos, me deje invadir por une atmósfera coloreada, difusa.
En la belleza.
Cada foto, un poema.

(Clic pour agrandir) 





© Toni Catany




© Toni Catany





© Toni Catany
© Toni Catany
© Toni Catany



15 oct. 2013

"Là où nous sommes est la lumière" / "Allí donde estamos está la luz"


 Ceci sera le dernier portrait de 7 Femmes de Lydie Salvayre.
Este será el último retrato de 7 mujeres (aún no traducido) de Lydie Salvayre.

Lui, c'est Paul Celan. De famille juive de langue allemande né en Roumanie en 1920. Ses parents sont déportés en Ukraine et y meurent. Lui est envoyé dans un camp de travail en Valachie puis retourne en 1944 en Bucovine à nouveau occupée par les Russes. Il y travaille comme lecteur dans une maison d'édition et en 1947 il quitte clandestinement la Roumanie et se rend à Vienne “ où il ne restera que quelques mois car les bourreaux d'hier s'y promènent encore sous des masques débonnaires. C'est à Vienne qu'il rencontre sa douce folie.


El es Paul Celan. De familia judía de lengua alemana, nacido en Rumania en 1920. Sus padres fueron deportados a Ucrania y allí murieron. El fue enviado a un campo de trabajo en Valachie, más tarde vuelve a Bucivine ocupado nuevamente por los rusos. Trabaja como lector en una editorial y en 1947 abandona clandestinamente Rumania y se dirige a Viena “donde tan solo se quedará algunos meses ya que los verdugos de ayer se pasean todavía bajo mascaras bonachonas. Es en Viena donde encuentra su dulce locura.

Elle s'appelle Ingeborg Bachmann”
Elle est née le 25 juin 1926 à Klagenfurt, capitale de la Carinthie située au sud de l'Autriche (…)”
Son père fit partie du noyau dur des nazis. “ Notre famille, écrit-elle, eut ses monarchistes et ses anarchistes, ses socialistes et ses communistes. Puis vint un jour où elle eut ses nazis et ses antisémites, ses esprits confus, ses pilleurs et ses assassins...”


Ella se llama Ingebord Bachmann.”
Nació el 25 de junio de 1926 en Klagenfurt, capital de Corinthia en el sur de Austria” (…)
Su padre formó parte del núcleo duro de los nazis. “Nuestra familia, escribe, tuvo sus monárquicos y sus anarquistas, sus socialistas y sus comunistas. Luego vino un día en la que tuvo sus nazis y sus antisemitas, sus mentes confusas, sus bandidos y sus asesinos...” 
 
Après la guerre Ingeborg part étudier la philosophie qui l'amène à Vienne en 1947. Elle commence à publier et fait partie du Groupe 47 (avec Henrich Böll, Martin Walser....). “ Où qu'elle soit, Ingeborg est toujours et tout de suite le centre, c'est une chose qui ne s'explique pas.”
Después de la guerra estudia filosofía, lo que la lleva a Viena en 1947. Empieza a publicar y forma parte del Grupo 47 (con Henrich Böll, Martin Walser...). “Esté donde esté, Ingeborg es siempre y enseguida el centro de atención, es algo inexplicable.”

Elle est belle, a du style, fume nerveusement et beaucoup. Thomas Bernhard dit d'elle “ Elle ne recule devant rien dans ses pensées. Elle est à cent pour cent dans ses poèmes...”. Henrich Böll " dit qu'elle est généreuse....qu'elle a du courage politique” (elle adhère en 58 au Comité contre l'armement nucléaire.).
Es guapa, tiene estilo, fuma mucho y nerviosamente. Thomas Bernhard dice de ella: “En sus pensamientos no recula ante nada. Sus poemas la retratan al cien por cien...”. Henrich Böll dice: “es una mujer generosa... que tiene coraje político” (adhiere en el 58 al Comite contra el armamento nuclear.).


Et Celan dans tout ça me direz-vous. J'y arrive. Elle le rencontre en 1948. Il a 27 ans, elle 21.
Leur lien, qui restera jusqu'à la fin nécessaire à leur vie, à leur oeuvre, viendra buter sur mille impasses et mille incompréhensions. Mais ni leur fardeau de silence, ni les secrets ensevelis dans le fond de leur cœur (…), n'auront raison de leur obscur amour.
Après le suicide de Celan en 1970, Ingeborg Bachmann écrira dans Malina : Ma vie est finie car il s'est noyé dans le fleuve pendant l'évacuation. Il était ma vie. Je l'ai aimé plus que ma vie.”
¿Qué tiene que ver Celan en todo esto? me diréis. Ya llegamos. Le encuentra en 1948. El tiene 27 años. Ella 21.
Su vinculo, que permanecerá necesario hasta el final de sus vidas, de su obra, chocará contra mil dificultades e incomprensiones. Pero ni el cumulo de silencios, ni los secretos sepultados en lo más profundo de ellos mismos no acabará con su amor penumbroso.
Después del suicidio de Celan en 1970, Ingebord Bachmann escribirá en Malina: Mi vida ha terminado pues se ahogó en el río durante la evacuación. El era mi vida. Le amé más que a mi vida.”

Elle qui est fille d'un nazi, elle aime un homme, un poète juif qui a échappé aux camps d'extermination où ses parents sont morts. Quel dilemme!
Comment vivre avec une culpabilité insurmontable pour une faute que l'on n'a pas commise?
Comment vivre avec des chardons dans le cœur?”
Ils ne vont pourtant jamais se perdre de vue, ils s'écriront des lettres et des œuvres croisées.
Ingeborg aime l'amour, la vie , la poésie. Celan est adonné à la nuit, couché à l'ombre des morts, maître des cachots et des tours.” 
 Elle lui avoue “ Tu es mon bonheur. Que ne voudrais-je l'être pour toi, alors que le bonheur, à Celan, est interdit (…) puisque tout le sens du monde s'est abîmé dans la Shoah, puisque cette horreur a séparé les hommes, puisqu'elle les a, elle et lui, séparés."
Ella, hija de un nazi, ama un hombre, un poeta judio escapado de los campos de exterminio en los que murieron sus padres. ¡Que dilema!
¿Como vivir con una culpabilidad insuperable por un pecado que no hemos cometido?
¿Como vivir con cardos en el corazón?
Sin embargo nunca se perderán de vista. Se cruzarán cartas y obras.
Ingebord ama el amor, la vida, la poesía. Celan se entrega a la noche, duerme a la sombra de los muertos, dueño de mazmorras y torreones.” 
Ella le confiesa “Eres mi felicidad. Cuanto me gustaría serlo para ti, pero a Celan la felicidad le está prohibida (…) ya que el sentido del mundo se ha dañado en la Shoah, puesto que ese horror ha separado a las personas, puesto que les ha separado a ellos.”

Ingeborg écrit des pièces, des poèmes et devient célèbre. On l'admire, elle reçoit plusieurs prix. “Elle vient incarner pour cette génération d'après guerre une forme d'espoir, et ce d'autant mieux qu'elle laisse dans le flou la perception d'un réel contaminé par le nazisme.”
Ingebord escribe piezas, poemas y se hace famosa. Se la admira y recibe varios premios. “ Para esta generación de la posguerra encarna una forma de esperanza tanto más cuanto que deja borrosa la percepción de la realidad contaminada por el nazismo.

Mais... Mais quelques années plus tard elle publie Malina. Et “...une campagne de presse incendiaire se déchaîne à son endroit. Elle n'est plus désormais la poétesse consolatrice de l'après-guerre, et belle de surcroît, mais l'écrivain de la fracture, l'écrivain qui, non seulement déroge aux critères formels et conceptuels du roman, mais a le mauvais goût de faire surgir dans une vision de cauchemar le passé effroyable.” (une prose sans delikatessen et qui arrache
l'Autriche à ses mensonges).
Pero algunos años más tarde publica Malina. Y “... una campaña de prensa incendiaria se desencadena contra ella. Ya no es la poetisa consoladora de la posguerra, guapa por añadidura, sino la escritora de la fractura, la escritora que, además de contravenir los criterios formales y conceptuales de la novela, tiene el mal gusto de hacer surgir, en una visión de pesadilla, el pasado espantoso.” (una prosa sin delikatessen que pone en evidencia las mentiras de Austria).

*Suivent sous la plume de Lydie Salvayre des paragraphes essentiels sur l'écriture de Ingeborg, sur sa vision du langage, de l'oeuvre “qui est un mouvement vers l'autre, un appel, une adresse.” Sur la guerre qui, même finie est toujours présente. Et puis sur sa vision désespérée, désespérante, du couple.
*Siguen, escritos por Lydie Salvayre, párrafos esenciales sobre la escritura de Ingeborg, sobre su visión del lenguaje, de la obra “que es un movimiento hacia el otro, una llamada, un paradero.” Sobre la guerra que, incluso acabada siempre está presente. Y también sobre su visión desesperada, desesperante, de la pareja.

Après sa rupture avec Max Frisch, Ingeborg prend l'habitude d'avaler des tranquillisants et des somnifères, ce qui la conduira indirectement à la mort.
Después de su ruptura con Max Frisch, Ingeborg se acostumbra al consumo de tranquilizantes y somníferos, lo que la conducirá indirectamente a la muerte.


Je vous renvoie au si intéressant billet de Christian sur Malina

10 oct. 2013

Un rire aux mille lèvres / Una risa de mil labios


(Une courte pause végétale, les portraits de “7 femmes” reprendront sous peu)

 

 

Sa peau dure en fait un excellent projectile et en même temps elle ne  risque pas de flétrir lors de transports à dos de chameaux, ânes ou dans la soute d'un bateau. 

Proserpine - Rosetti

Fruit mythique ( voir Proserpine ), présent dans la Bible, omniprésent dans les culture arabes et andalouse, orientales. (ci-dessous, une Vierge, un peu kitch, à la grenade dorée)


 


Excellent pour la santé, en jus, au naturel, c'est la saison de sa cueillette....








Su piel dura le convierte en un excelente proyectil pero al mismo tiempo no se amustiará si es transportado a lomos de un camello, de un asno, o amontonado en la bodega de un barco.

Fruta mítica (ver Proserpina), presente en la Biblia, omnipresente en las culturas árabes y andaluzas, orientales.

Virgen de la granada (click)
Botticelli Madona a la granada (détail)


















Excelente para la salud, en zumos, al natural, es la época, ahora, de su cosecha.

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                                          POÉSIE  / POESÍA

Les poètes, c'est connu, ont le droit de voir et dire ce que bon leur semble.
Inattendu ce poème de García Lorca sur ce sujet... J'y attendais plutôt Neruda mais ne suis pas déçue, bien au contraire.

Los poetas, es bien conocido, tienen derecho a ver y decir lo que les parece.
Inesperado este poema de Garcia Lorca sobre ese tema...Esperaba mas bien a Neruda, pero no estoy decepcionada, al contrario.

CANCIÓN ORIENTAL
(Federico García Lorca)


1920
Es la granada olorosa
Granadas Antonio Ponce

un cielo cristalizado.
(Cada grano es una estrella,
cada velo es un ocaso.)
Cielo seco y comprimido
por la garra de los años.











CHANSON ORIENTALE

La grenade odorante
est un ciel cristallisé.
(Chaque grain est une étoile,
chaque enveloppe un coucher.)
Un ciel sec et saisi
dans la griffe des années.


La granada es como un seno
viejo y apergaminado,
cuyo pezón se hizo estrella
para iluminar el campo.
                                                         

            La grenade est un sein
            parcheminé par le temps
            dont le bout s’est fait étoile
           pour éclairer la campagne.


Es colmena diminuta
con panal ensangrentado,
pues con bocas de mujeres
sus abejas la formaron.
Por eso al estallar,

ríe con púrpuras de mil labios...               


                      
 C’est une petite ruche
dont le gâteau est pourpré :                    
avec des bouches de femmes
ses abeilles l’ont formée.
Eclatée, elle délivre
Le rire de mille lèvres….

                                                              
La granada es corazón
que late sobre el sembrado,      

un corazón desdeñoso
donde no pican los pájaros,
un corazón que por fuera

es duro como el humano,
pero da al que lo traspasa
olor y sangre de mayo.
La granada es el tesoro
del viejo gnomo del prado,
el que habló con niña Rosa
en el bosque solitario.
Aquel de la blanca barba
y del traje colorado.
Es el tesoro que aun guardan
las verdes hojas del árbol.
Arca de piedras preciosas
en entraña de oro vago. (...)



La grenade est un cœur
qui sur les semis palpite,
un cœur noble et dédaigneux
que les oiseaux ne picorent,
un cœur dont l'écorce
est aussi dure que la nôtre.
Mais il donne à qui le perce
l’odeur et le sang de mai.
La grenade est le trésor
du vieux gnome des prairies
qui conversa avec la petite Rose
dans la forêt solitaire.
Ce gnome à la barbe blanche
et au costume grenat.
C’est le trésor que conservent
les vertes feuilles de l’arbre.
Coffre de pierres précieuses
dans des entrailles d’or vague.(...)





7 oct. 2013

Marina Tsvetaeva, femme d'aucun compromis / Marina Tsvetaeva, mujer de ningún compromiso


Dans “7 femmes” Lydie Salvayre consacre 43 pages à Marina Tsvetaeva (1892 - 1941). J'ai délibérément omis beaucoup d'éléments dont la Révolution russe (voir le billet de Dominique aujourd'hui) ainsi que la biographie commentée de Marina.
Voici des extraits qui, j'espère, vous feront comprendre sa personnalité.

En “ 7 mujeres” Lydie Salvayre le dedica 43 páginas a Marina Tsvetaeva (1892 - 1941). Omití deliberadamente muchos elementos entre los cuales la Revolución rusa, así como la biografía comentada de Marina.
Aquí unos extractos que, espero, os harán comprender su personalidad.

Pour accompagner la lecture, la voix d' Elena Frolova chante un poème de Marina
Para acompañar la lectura, la voz de Elena Frolova canta un poema de Marina




  
Ce cri qui donne le frisson fut celui d'une écorchée vive qui affirma, avec une intransigeance folle, que là où il y avait la poésie, il y avait le monde.
Une femme qui (…) ne céda jamais à l'accouplement effroyable du conformisme et de la terreur qui sévissaient alors dans sa Russie natale.
Et qui décida d'en finir lorsque la misère ajoutée à la déréliction et à une politique meurtrière étranglèrent définitivement sa parole poétique, indéfectiblement liée à sa capacité d'aimer”
Ese grito estremecedor fue el de una despellejada viva capaz de afirmar, con una total intransigencia, que allí donde existe la poesía, existe el mundo.
Una mujer que (…) no cedió nunca al espantoso apareamiento entre el conformismo y el terror que reinaba entonces en su Rusia natal. Eso la decidió a poner fin a su vida cuando la miseria, añadida al desamparo y a una política asesina, estrangularon definitivamente su palabra poética, unida indefectiblemente a su capacidad de amar.”

Elle s'appelait Marina Tsvetaeva, et la poésie, disaient ses proches, sourdait d'elle et jaillissait comme l'eau vive des fontaines.
Une poésie (…) qui procédait d'un sentiment d'exil fondamental (…) doublé d'un goût de la vérité dont elle ne pouvait ou ne voulait diluer la violence. “Et maintenant je vous avoue une de mes vilaines passions, écrivit-elle à Pasternak: tenter les gens (les éprouver) par une sincérité excessive, sans précédent...La tentation par la vérité. Qui la supportera?
Ils furent rares ceux qui la supportèrent, et là fut en partie son malheur.”
Se llamaba Marina Tsvetaeva, y la poesía, decían sus allegados, manaba de ella y brotaba como el agua viva de las fuentes.
Una poesía (…) que procedía de un sentimiento de exilio fundamental (…) añadido a una inclinación por la verdad de la cual no podía o no quería diluir la violencia. “Ahora os confieso una de mis feas pasiones, le escribía a Pasternak: tentar a la gente (ponerlos a prueba) por una sinceridad excesiva, sin precedentes... La tentación por la verdad. ¿Quien lo soportará?
Pocos fueron los que lo soportaron, y de allí vino, en parte, su desgracia.”


Elle disait qu'elle était condamnée aux mots (…) condamnée à vouloir l'impossible qui émane du domaine des mots.
Elle disait qu'elle ne tenait pas la plume, que c'était la plume qui la tenait”
Decía que estaba condenada a las palabras(...) condenada a querer el imposible que emana del mundo de las palabras.
Decía que no era ella quien sostenía la pluma, que era la pluma la que la sostenía a ella.”

Cette écriture, de son vivant, se heurta à une surdité quasi totale et qui, d'une certaine façon, la tua.
Toutes les lettres qu'elle envoya aux écrivains lors de son exil français demeurèrent sans réponse, et presque tous ses manuscrits refusés.
Elle en éprouva un désespérant sentiment d'exclusion. C'est, à n'en pas douter, ce sentiment, joint à des conditions d'existence effroyables, qui la poussa à regagner, avec au cœur un terrible pressentiment, la Russie soviétique qu'elle avait fuie en 1920 et où elle finit par se pendre en 1941, deux ans après son retour.”
Esta escritura, durante su vida, tropezó con una sordera casi total que, de alguna manera, la mató.
Todas las cartas que envió a los escritores, durante su exilio francés, permanecieron sin respuesta, y casi todos sus manuscritos fueron rechazados.
Todo eso hizo que sufriera un desesperante sentimiento de exclusión. Es ese sentimiento el que, sin duda, unido a unas condiciones de existencia espantosas, la empujó a regresar, con un intimo y terrible presentimiento, a la Rusia soviética de la cual había huido en 1920 y en la que acabaría por ahorcarse en 1941, dos años después de su vuelta.” 
 
Marina et Sergueï Efron - leur mariage

Femme d'aucun compromis “..son refus, par exemple, de répondre aux attentes des cercles parisiens de l'émigration russe, malades d'une nostalgie qui n'était pas la sienne. (…)
Et son même refus d'adresser un compliment à Staline comme la plupart s'y pliaient.”
Tsvetaeva était de cette poignée d'insensés pour qui vivre se confondait avec le refus farouche de prendre un quelconque parti, et ce aux fins de protéger une liberté intérieure qui leur était précieux, leur unique, leur inestimable bien.”
Mujer de ningún compromiso “..su negativa, por ejemplo, a responder a las expectativas de los círculos parisinos de la emigración rusa, enfermos de una nostalgia que no era la suya. (…)
Como el rechazo a enviar algún cumplido a Stalin, a lo que la mayoría se había sometido.”
Tsvetaeva pertenecía a ese puñado de insensatos para los que vivir se confundía con el rechazo feroz a tomar cualquier partido, y eso a fin de proteger una libertad interior que les era preciosa, su única, su inestimable fortuna.”

Lydie voue une admiration sans borne à la correspondance entre Marina et Pasternak: “(...) une des plus belles correspondances qu'il m'ait été donné de lire (…).
Correspondance d'âme à âme, de rêve à rêve,
" De mon rêve j'ai
Sauté dans le tien.”
Une correspondance Où chacun devient meilleur, le plus juste, le plus sensible lecteur de l'autre, dans une complicité telle qu'elle les fait égaux.
Où les deux, descendant jusqu'aux grands fonds d'eux-mêmes, finissent par se joindre et, amoureusement, s'entre-influencer.”
Lydie profesa una admiración sin limites a la correspondencia entre Marina y Pasternak: “(...) una de las más bellas correspondencias que he podido leer (…)
Correspondencia de alma a alma, de sueño a sueño,
De mi sueño
al tuyo he saltado.”
Una correspondencia “En la que cada uno se vuelve mejor, el más certero, el más sensible lector del otro, en tal complicidad que les hace iguales.
Donde los dos, bajando hasta tocar el fondo de ellos mismos, acaban por encajarse y, amorosamente influenciarse.”

Marina, Rilke , Pasternak

Ce qui n'empêche nullement Tsvetaeva d'aimer d'un amour inentamable son mari Sergueï Efron et de s'enticher à intervalles très réguliers d'un homme ou d'une femme sur qui elle a jeté son dévolu.
(…) Amours qui sont courtes folies.
(…) Aventures où elle se jette, se rue, à bride abattue, Cheval ruant rompt l'attache.
Grâce auxquelles, perdant toute mesure, elle s'exalte jusqu'au délire. Mais c'est un bien. Car l'homme, écrit-elle, ne voit correctement le monde que dans la suprême exaltation”
Eso no impide a Tsvetaeva amar de un amor sin merma a su marido Sergueï Efron ni encapricharse a intervalos muy regulares de un hombre o una mujer en los que ella se hubiera fijado.
(…) Amores que son cortas locuras.
(…) Aventuras en las que se echa, se abalanza, desenfrenada, Caballo encabritado rompe las bridas.
Gracias a esos amores, desmesurada, se exalta hasta el delirio. Pero no se daña. La persona, escribe, tan solo en la suprema exaltación ve correctamente el mundo.”

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Des liens en français:
 - Une biographie, une bibliographie, des extraits, un forum, des liens : http://tsvetaeva.free.fr/index.html

-  Un dossier sur le site esprits nomades
- Deux blogs-amis qui y font mention:

  En español: una dirección con muchos poemas de ella, una corta biografía