25 août 2012

Inactifs? / ¿Inactivos?



Travail et emploi ne sont pas synonymes dans nos pays où seuls ceux qui ont un emploi sont considérés comme des travailleurs.

«L'emploi ne dit rien du travail, il délimite son champ. L'emploi confère un statut, y compris à ceux qui en cherchent un et ne l'ont pas encore trouvé ou l'ont perdu»

Cette distinction n'a pas toujours existé et l'emploi que nous connaissons est récent.

«Après la suppression des corporations et du compagnonnage en 1791, il a fallu plus d'un siècle et demi pour construire un ordre qui insère le contrat de travail dans un faisceau de droits et de couverture des risques du travail, l'emploi public dans un statut achevé. Le travail indépendant lui-même n'a pas échappé à cette insertion dans un système donnant accès à un minimum de protection sociale et de droits à la retraite. Parce qu'ils attribuent des droits autant qu'ils définissent des devoirs ou des contraintes, ces différents statuts tendent à inclure autant qu'à exclure»

Je reste sur ce dernier mot «exclure»: former des bataillons de plus en plus nombreux de "marginaux" qui n'ont, soit-disant, pas de rôle à jouer, ne font partie d'aucun engrenage, ne sont pas conviés à faire, ensemble avec les autres, fonctionner la société.

Donc, et d'après ce récent concept où seul l'emploi est travail et ceux qui en possèdent un représentent la population active, il faut en déduire que tous les autres sont inactifs!!! C'est très fort et de multiples exemples de travailleurs-sans-emploi nous passent immédiatement par la tête.

Helping grandpa. Frederick Morgan


Trabajo y empleo no son sinónimos en nuestros países donde solo aquellos que tienen un empleo están considerados como trabajadores.

«El empleo no dice nada del trabajo, tan solo delimita su cuadro. El empleo confiere un estatus en el que están incluidos aquellos que lo buscan y no lo han encontrado todavía»

Esta distinción no siempre ha existido y el empleo que hoy conocemos es reciente.

«Después de la supresión de las corporaciones y los gremios en 1791, fue necesario más de siglo y medio para construir un orden que incluyera el contrato de trabajo dentro de un manojo de derechos, la cobertura de los riesgos del trabajo y el empleo publico en un estatuto acabado. El mismo trabajo autónomo no ha escapado a esta inserción en un sistema con un mínimo de protección social y con derecho a la jubilación. Puesto que atribuyen derechos tanto como definen deberes o limitaciones, esos diferentes estatutos tienden a incluir como a excluir»

Me quedo en esa ultima palabra « excluir »: formar batallones de marginados cada vez más numerosos que no tienen, según parece, ningún papel, no forman parte de ningún engranaje, no están convidados a hacer, junto a los demás, funcionar la sociedad.
A partir de este concepto reciente según el cual solo el empleo es trabajo y aquellos que tienen uno representan la población activa, hay que deducir que todos los demás son inactivos !!! Demasiado fuerte. Múltiples ejemplos de trabajadores sin empleo nos pasan inmediatamente por la cabeza.

Eso nos dice con talento Pablo Neruda ; escribir poesía es un trabajo.

C'est bien ce que nous dit avec tant de talent Pablo Neruda; écrire de la poésie est un travail.

A mis obligaciones  Pablo Neruda

Cumpliendo con mi oficio
piedra con piedra, pluma a pluma,
pasa el invierno y deja
sitios abandonados,
habitaciones muertas:
yo trabajo y trabajo,
debo substituir
tantos olvidos,
llenar de pan las tinieblas,
fundar otra vez la esperanza.

Accomplissant mon travail
pierre à pierre, plume à plume,
passe l'hiver et laisse
des lieux abandonnés,
des chambres mortes:
je travaille et travaille,
je dois substituer
tant d'oublis,
remplir de pain les ténèbres,
à nouveau fonder l'espoir.

(...)

A todos tengo que dar algo
cada semana y cada día,
un regalo de color azul,
un pétalo frío del bosque,
y ya de mañana estoy vivo
mientras los otros se sumergen
en la pereza, en el amor,
yo estoy limpiando mi campana,
mi corazón, mis herramientas.

Tengo rocío para todos.

À tous je dois donner quelque chose
chaque semaine et chaque jour,
un cadeau de couleur bleue,
un pétale froid de la forêt,
et dès le matin je suis vivant
tandis que les autres se submergent
dans la paresse, dans l'amour,
moi je nettoie ma campagne,
mon coeur, mes outils.

Pour tous j'ai de la rosée.
(Trad: Colo)

19 août 2012

Jupe-éventail / Falda-abanico



Le réseau ferroviaire est fort limité sur mon île, Mallorca.
Alors les trains, je les assiège sans modération quand je voyage seule à l'étranger, une semaine par an. Les trajets sont pour moi des transitions silencieuses et nécessaires entre les visites, les rencontres.
La red de ferrocarril es muy limitada en mi isla, Mallorca.
Por eso los trenes, los ocupo sin moderación cuando viajo sola en el extranjero, una vez al año. Los trayectos son para mí unas transiciones silenciosas y necesarias entre las visitas, los encuentros.

La semaine dernière régnait une chaleur épuisante dans les wagons. Les trains du nord accueillaient les sueurs et odeurs de l’humanité dont je fais bien sûr partie. Ici pas de priorités, ni de places réservées, ni personne pour faire respecter je ne sais quels privilèges. C’est ce qui me plaît tant.
La semana pasada reinaba un calor agotador en los vagones. Los trenes del norte acogían los sudores y olores de la humanidad de la cual formo parte, claro. Aquí no hay prioridades, ni asientos reservados, ni nadie para hacer respetar no sé qué privilegios. Es lo que tanto me gusta.

Les marches d’accès aux wagons sont hautes et une entraide est indispensable.
 Nous embarquons à 15h30. Une jeune femme avec un bébé de sept mois et une poussette, un employé mallette-thermos vide, quatre jeunes gens chargés d’énormes sacs à dos et torses nus, une dame opulente et moi. Le train se met en marche, chacun guette les petites fenêtres rectangulaires, mais pas un souffle pour sécher les gouttes sur nos visages.
Rêves d’air conditionné, d’un ventilateur, d’un éventail…
C’est à ce moment que la dame bien en chair écarte les jambes et secoue lentement, de haut en bas, son ample jupe.
Un peu de fraîcheur par là doit faire du bien me fait remarquer d’un clin œil amusé la jeune femme.
En effet.
Botero
Los escalones de acceso a los vagones son altos y la ayuda mutua es indispensable.
Embarcamos a las 15h30. Una mujer joven con un bebé de siete meses y un cochecito, un empleado maleta-termo vacía, cuatro jóvenes cargados de enormes mochilas y pecho descubierto, una señora opulenta y yo.
El tren se pone en marcha, cada uno acecha las ventanitas rectangulares, pero ni un soplo para secar las gotas en nuestros rostros.
Sueños de aire acondicionado, de ventilador, de un abanico...
Es en este momento que la dama muy rellena aparta las piernas y sacude, lentamente, de arriba hacia abajo, su amplia falda.
Un poco de fresco por allí debe ser agradable me hace notar de un guiño alegre la dama joven.
En efecto.

7 août 2012

Mains de dentelle / Manos de encaje


Mon sac est bouclé; je pars bientôt pour quelques jours.
Au frais.
Je vous laisse avec une chanson-poème de Lhasa qui me touche beaucoup.

Portez-vous bien et comme on dit en espagnol “soyez sages et sinon, discrets”.

Colo

Mi mochila está lista; me voy pronto para unos días.
Al fresco.
Os dejo con una canción de Lhasa que me conmueve.

Que os vaya bien y, como se dice, “sed buenos y sino, discretos”.



                                 La marée haute                                 
La route chante
Quand je m'en vais
Je fais trois pas…

La route se tait

La route est noire
À perte de vue
Je fais trois pas…
La route n'est plus

Sur la marée haute
Je suis montée
La tête est pleine
Mais le cœur n'a
Pas assez

Mains de dentelle
Figure de bois
Le corps en brique
Les yeux qui piquent

Mains de dentelle
Figure de bois
Je fais trois pas
Et tu es là

Sur la marée haute
Je suis montée
La tête est pleine
Mais le coeur n'a
Pas assez
La marea alta

La carretera canta,
cuando me voy.
Doy tres pasos,
la carretera se calla.

La carretera es negra,
hasta perderla de vista.
Doy tres pasos,
la carretera ya no está.

Sobre la marea alta,
me he subido.
La cabeza está llena,
pero el corazón
no tiene suficiente.

Manos de encaje,
cara de madera,
cuerpo de ladrillo,
ojos que pican.

Manos de encaje,
cara de madera.
Doy tres pasos
y aquí estás.

Sobre la marea alta,
me he subido.
La cabeza está llena,
pero el corazón
no tiene suficiente.
(Trad: Colo)