22 déc. 2010

Voeux de rêves / Deseos de sueños


Avant d'aller faire un petit séjour-bistouri à l'hôpital, je vous souhaite de bien commencer l'année 2011. A bientôt, très amicalement.

Antes de hacer una pequeña estancia-bisturi en el hospital, os deseo un buen comienzo del año 2011. Hasta pronto, con mucho cariño.

16 déc. 2010

Un instant, un flocon / Un instante, un copo de nieve


Je ne pense pas que la vie soit courte. Elle nous donne généralement assez de temps pour réaliser une multitude de projets et de rêves. La vie nous permet de rectifier certaines erreurs, de nous enfoncer dans d’autres aussi, c’est comme ça. L’inconvénient majeur c’est qu’elle ne nous offre pas de seconde chance, une deuxième vie.

Parlons aujourd’hui de l’instant, du moment présent. Dans son roman « Dolce agonia » lu il y a longtemps, N. Huston se prend pour Dieu (encore une !) et règle le destin d’un groupe de vieux amis. J’avais souligné un passage où elle fait un parallèle que j’aimerais partager avec vous :
« La neige lui avait toujours semblé traîtresse, trompeuse, chaque flocon une minuscule étoile étincelante, toute légèreté et toute douceur, prête à vous fondre sur la langue et sur la peau, alors que leur lente accumulation était une force meurtrière capable de faire déraper une voiture, s’effondrer les toits, s’abattre les arbres ; oui, elle arrêtait tout, bloquait tout, vous empêchait d’avancer, de rejoindre vos proches…

Exactement comme le temps, se dit-il maintenant. Chaque instant en lui-même sans poids, imperceptible, un minuscule éclat de cristal qui vous fond sur la langue, alors que leur accumulation est une force meurtrière, les années vous enfoncent, recouvrant tout et estompant les différences…Comment faire, mon Dieu, pour franchir les énormes congères du Temps ? On s’acharne sur elles pour les écarter, les repousser sur les bords de la route, mais entre-temps, sur la chaussée elle-même, la neige s’est transformée en neige dangereuse, provoquant des accidents, précipitant les gens dans la mort…alors que tout avait commencé de façon si innocente, un instant l’un après l’autre… »

No creo que la vida sea corta. Generalmente nos da tiempo suficiente para realizar multitud de proyectos y sueños. La vida nos permite rectificar algunos errores pero también podemos hundirnos en otros.El gran inconveniente es que no nos ofrece una segunda oportunidad, una segunda vida.

Hablemos hoy del instante, del momento presente. La escritora Nancy Huston, en su novela “Dolce agonia”, se cree Dios y decide el destino de un grupo de viejos amigos. En uno de los párrafos hace un paralelismo que me gustaría compartir:

“La nieve siempre le había parecido traidora, engañosa, cada copo una minúscula estrella relumbrante, toda ligereza y toda dulzura, lista para derretirse en la lengua o en la piel, mientras que su acumulación era una fuerza mortífera capaz de hacer resbalar a los coches, derrumbar los tejados, tumbar los árboles, sí, paraba todo, lo bloqueaba todo, os impedía avanzar, reuniros con vuestros parientes (...)

Exactamente como el tiempo pensó ahora. Cada instante, sin peso propio, imperceptible, un minúsculo destello de cristal que se derrite en la lengua, mientras que su lenta acumulación es una fuerza mortífera, los años nos hunden, recubriendo todo y esfumando las diferencias… ¿Cómo hacer, Dios mío, para franquear los glaciares del Tiempo? Uno se empeña en apartarlos, empujarlos a las orillas de la carretera pero, entretanto, en la misma calzada, la nieve se transforma en hielo peligroso, provoca accidentes, precipita gente hacia la muerte…cuando todo había empezado de manera tan inocente, un instante, uno tras otro…” Trad.Colo.

Fotos: I.Pampín. (c'est derrière chez moi, es detrás de mi casa)

10 déc. 2010

Au restaurant / En el restaurante

Jan H. Steen

Souvenez-vous, au mois d’août dernier vous aviez lu ici une « frivolité de fin d’été », des extraits d’un texte d’Elvira Lindo ; on y parlait de tomates, d’odeurs…

Voici aujourd’hui un extrait d’une autre chronique, Cantinier de Cuba

Une scène familiale banale, tristement banale.

L’auteure et son époux, je vous rappelle qu’elle l’appelle « mon saint », sont assis à une terrasse de café et ce dernier se lance dans une sorte de conférence sur Goethe dont on joue à ce moment-là en Allemagne une version intégrale (17h) de Faust. Elle en profite pour dévorer les tapas et pour…


« J’ai profité aussi qu’il était distrait par son discours pour regarder autour de moi et faire de la sociologie. (Tactique pour faciliter la vie de couple : tu laisses l’autre parler avec passion et tu fais semblant d’écouter en pensant à tes trucs). Mes trucs à moi étaient maintenant à la table à côté. Un couple avec deux enfants. Le garçon, comme hébété, jouait à la Game Boy ; le père, comme hébété jouait avec la fille à faire de honteux bruits de bouche, et pendant ce temps la femme souffrait en silence de faire partie de ce lamentable cercle familial. Elle qui, pleine d’illusions, s’était faite toute belle, avait mis des boucles d’oreille voyantes et s’était maquillée, (…). Je me suis souvenue des paroles terribles de Catherine Deneuve : « Avec les années le couple rend l’homme ennuyeux et la femme, une harpie ». Quand je me sens sociologue j’aimerais, vu que j’ai dernièrement des inquiétudes religieuses, être Dieu (croyante de base, ce n’est pas pour moi) pour changer le monde. M’approcher, par exemple, à cette table, saluer poliment, bonsoir, je suis Dieu, et intervenir :

-Excusez-moi, je vais mettre un peu d’ordre dans vos vies : d’abord le garçon, cet enfant absurde, qu’il laisse immédiatement la game-boy de côté, sinon je lui flanque une gifle à lui casser les dents ; deuxièmement c’est honteux (ça au père) de vous voir faire ces bruits de bouche avec la petite fille ; la fille s’assied, mange son souper et arrête de suçoter la figure de son père, pour l’amour de Dieu, nous sommes dans un restaurant ; troisièmement, faites attention à votre femme, vous la considérez comme un pot de fleurs toute la soirée, maintenez avec elle une conversation d’adultes, et vous (je lui dirais à elle) ne riez pas, personne n’y échappe ici, agissez avec dignité, si cette famille vous fait tant souffrir, levez-vous et tant pis pour eux.

Moi je pensais à ces choses quand la voix de « mon saint », qui avait décidé d’épuiser le thème de Faust, changea de ton.

-Mais, ma chérie, tu as mangé toutes les gambas. » (…) (trad. Colo)

Extrait de TINTO DE VERANO d’Elvira Lindo édition 2001


NB: Les “tapas » sont des zakouskis délicieux. Quant aux « gambas », ce sont, vous le savez bien, les scampi espagnols. Pas besoin de vous expliquer ce qu’est une game -boy, si ?


A finales de agosto os propuse una « frivolidad de fin de verano », unos extractos de un texto de Elvira Lindo; hablaba de tomates, olores… ¿Os acordáis?

Hoy os propongo un extracto de otra crónica llamada: Cantinero de Cuba. Una escena familiar banal, tristemente banal.

La autora y su esposo, al que llama mi santo, están sentados en la terraza de un bar. Él se lanza en un especie de conferencia sobre Goethe ya que en Alemania se representaba en aquél momento una versión completa (17h) de Fausto. Ella aprovecha para devorar las tapas y…

“Aproveché también que estaba entretenido en su discurso para mirar a mi alrededor y hacer sociología. (Táctica de convivencia para que el matrimonio funcione: días al otro hablando apasionadamente y tú haces como que escuchas, y a lo tuyo). Lo mío estaba ahora en la mesa de al lado. Un matrimonio con dos niños. El niño, como embobado jugando con la game-boy; el padre, como embobado jugando con la niña a unos juegos de pedorretas que daban vergüenza, y mientras, la mujer sufría en silencio por formar parte de ese lamentable núcleo familiar. Ella, que se había arreglado con toda su ilusión, que se había puesto unos pendientes vistosos y se había pintado, (…).Me acordé de las terribles palabras de Catherine Deneuve:”Con los años el matrimonio vuelve aburrido al hombre y a la mujer, una arpía”. Cuando me siento socióloga me gustaría, ya que últimamente tengo inquietudes religiosas, ser Dios (creyente de base no es lo mío) para cambiar el mundo. Acercarme, por ejemplo, a dicha mesa, saludar educadamente, buenas noches, soy Dios, e intervenir:

-Disculpen, voy a poner en sus vidas un poco de orden: primero, el niño este absurdo, que deje ya la game-boy o le suelto una galla que le saco los dientes; segundo, es bochornoso (esto al padre) verle hacer estas pedorretas con la niña; la niña se sienta, se come su cena y deja de chupetearle la cara al padre, por Dios, que estamos en un restaurante; tercero, haga caso a su señora, que la tiene usted en vela todo la noche, mantenga conversación adulta con ella, y usted (le diría a ella) no se ría, aquí nadie se libra, actúe con dignidad, si tanto le hace sufrir esta familia, levántese y que les den por el saco.

Estas cosas pensaba yo, cuando la voz de mi santo, que había decidido exprimir le tema de Fausto, cambió de tono:

-Hija mía, te has comido todas las gambas. (…)”

Extracto de TINTO DE VERANO de Elvira Lindo, edición 2001

2 déc. 2010

La folle imagination / Esa loca imaginación



http://www.orphia.eu

Julián, un petit garçon du village, a 4 ans et ne veut apprendre ni à lire ni à écrire car, clame-t-il, il sera mécanicien de nuages. C’est lui et son imagination qui m’ont fait repenser à ce passage de « La folle du logis » de l’écrivaine Rosa Montero.

« … dans le travail de romancier il y a quelque chose d’encore plus important que ce tintement de mots, c’est l’imagination, les rêveries, ces autres vies fantastiques et occultes que nous avons tous. Faulkner disait qu’un roman « est la vie secrète d’un écrivain, l’obscure frère jumeau d’un homme ». Et Sergio Pitol, (…) ajoute: « Un romancier est un homme qui entend des voix, ce qui l’assimile à un dément ».

(…) il me semble qu’en réalité cette imagination débridée nous assimile plus aux enfants qu’aux lunatiques. Je crois que les humains, nous entrons tous dans l’existence sans savoir bien distinguer le réel du rêve ; de fait, la vie infantile est en grande partie imaginaire.

Le processus de socialisation, ce que nous appelons éduquer, ou mûrir, ou grandir, consiste précisément à tailler les efflorescences capricieuses, à fermer les portes du délire, à amputer notre capacité à rêver éveillés ; et malheur à celui qui ne saura pas sceller cette fissure entre les deux côtés car il sera probablement considéré comme un pauvre fou.

Le romancier a donc le privilège de continuer à être un enfant, de pouvoir être un fou, de maintenir le contact avec ce qui est informe. « L’écrivain est un être qui n’arrive jamais à devenir adulte », dit Martin Amis dans son beau livre autobiographique Expérience, et il doit bien le savoir car il a tout l’aspect d’un Peter Pan un peu fané qui refuse avec entêtement de vieillir. ».

(Trad : Colo . Extrait de « La folle du logis » R. Montero)

PS : ce billet est pour vous mes amis, blogueurs ou pas, vous qui possédez un brin de folie, un zeste d’enfance, des nuages plein les cheveux.

hhtp://www.villard.com

Julián, un niño del pueblo, tiene 4 años y no quiere aprender ni a leer ni a escribir ya que, dice, será mecánico de nubes. Son él y su imaginación los que me han hecho recordar ese pasaje de “La loca de la casa” de Rosa Montero.

“…en el oficio de novelista hay algo aún más importante que ese tintineo de palabras, y es la imaginación, las ensoñaciones, esas otras vidas fantásticas y ocultas que todos tenemos. Decía Faulkner que una novela “es la vida secreta de un escritor, el oscuro hermano gemelo de un hombre”.Y Sergio Pirol (…) añade:” Un novelista es un hombre que oye voces, lo cual lo asemeja con un demente”.

(…) me parece que en realidad esa imaginación desbridada nos asemeja más a los niños que a los lunáticos. Creo que todos entramos en la existencia sin saber distinguir bien lo real de lo soñado; de hecho, la vida infantil es en buena medida imaginaria. El proceso de socialización, lo que llamamos educar, o madurar, o crecer, consiste precisamente en podar las florescencias fantasiosas, en cerrar las puertas del delirio, en amputar nuestra capacidad para soñar despierto; y ay de aquel que no sepa sellar esa fisura con el otro lado, porque probablemente será considerado un pobre loco.

Pues bien, el novelista tiene el privilegio de seguir siendo un niño, de poder ser un loco, de mantener el contacto con lo informe. “El escritor es un ser que no llega jamás a hacerse adulto” dice Martín Amis en su hermoso libro autobiográfico Experiencia, y él debe saberlo muy bien, porque tiene todo el aspecto de un Peter Pan algo marchito que se niega empeñosamente a envejecer”.

Extracto de “La loca de la casa” R.Montero