29 juin 2020

Succès et revers



Certaines questions amènent le sourire, -Vous n’avez pas besoin d’un coq pour 
avoir des œufs? Ou alors,- ils s’appellent comment vos lapins? Ou encore, l'air horrifié – vous mangez vos animaux?




Ça va faire 6 ans que le projet familial est lancé et que nous travaillons dur mais avec enthousiasme afin de nous nourrir tous les 6 et d'offrir nos produits aux amis, voisins....
La terre était morte, peu à peu le compost et l’humus lui ont rendu vie. Retour des insectes (ça c’est bon pour les plantes, mais nous énerve et pique!). Si nous n’employons aucun produit chimique, c’est pour ne pas, c’est évident, nous empoisonner, mais nous n’employons pas le mot bio si à la mode.
Alors cette année le confinement a été un moment privilégié pour innover, varier les cultures, garder la forme….

Ce n’est pas moi qui vous ferai croire que tout est rose ou facile. Nous avons des échecs, des attaques de pucerons dont les coccinelles n’arrivent pas à bout, des maladies diverses sur les plantes…et puis, comme tous les agriculteurs, nous sommes tributaires du temps. Cette année le mois de mai a été très pluvieux, humide, et à chaque fois que nous plantions des graines de haricots, à peine sortaient-ils de terre qu’escargots et limaces se goinfraient.

Mais il y a aussi de belles récoltes. En fait, en deux mois et demi nous faisons des provisions (conserves) pour toute l’année. Les pommes de terre, les oignons et l’ail sont déjà stockés.

En cette fin juin nous récoltons surtout des haricots mais déjà les premières courgette, aubergines, tomates et des concombres.

Peut-être tout ceci ne vous intéresse-t-il pas particulièrement, mais voilà, vous comprendrez ainsi pourquoi mon été sur le/les blogs sera en pointillé...

Voici quelques photos de promesses de saveurs…si tout va bien. Ojalá, et Inch Allah !
Figues pour septembre

concombre encore mini

Pastèques

melon


Aubergines

Poivrons

Tomates cherry
Passez un bel été!

23 juin 2020

Cléopâtre / Cleopatra


Cléopâtre , Eduardo Galeano
 
Ses courtisanes la baignent dans du lait d’ânesse et de miel. Après l’avoir ointe de sucs de jasmins, lys et chèvrefeuille, elles déposent son corps sur des coussins de soie rembourrés de plumes.
Sur ses paupières fermées, de fines tranches d’aloès. Sur la figure et le cou, des emplâtres faits de bile de bœuf, d’œufs d’autruche et de cire d’abeilles.
Quand elle s’éveille de sa sieste, la lune brille déjà au ciel.
Les courtisanes imprègnent de roses ses mains et parfument ses pieds d’élixirs d’amandes et de fleur d’oranger. Ses aisselles exhalent des fragrances de citron et de cannelle, et les dattes du désert donnent de l’arôme à sa chevelure, brillante d’huile de noix.
Et arrive le tour du maquillage. De la poudre de scarabée sur les joues et les lèvres. De la poudre d’antimoine dessine les sourcils. Le lapis-lazuli et la malachite lui font un masque d’ombres bleues et d’ombres vertes autour des yeux.
Dans son palais d’Alexandrie, Cléopâtre entre dans sa dernière nuit.
La dernière pharaonne,
celle qui ne fut pas aussi belle qu’on le dit,
celle qui fut meilleure reine qu’on le dit,
celle qui parlait plusieurs langues et s’y connaissait en économie et autres mystères masculins,
celle qui éblouit Rome,
celle qui défia Rome,
celle qui partagea le lit et le pouvoir avec Jules César et Marc Antoine, a mis maintenant ses habits les plus éblouissants et s’assied lentement sur son trône, tandis que les troupes romaines avancent contre elle.
Jules César est mort, Marc Antoine est mort. Les défenses égyptiennes tombent.
Cléopâtre commande d’ouvrir le panier en paille.
La sonnette sonne.
Le serpent glisse.
Et la reine du Nil ouvre sa tunique et lui offre ses seins nus, brillants de poudre d’or.
(Trad:Colo)
NB: cette fois, et pour l'instant, j’arrête ces portraits pour laisser la place à la poésie.


Si vous voulez vous remettre en mémoire la vie de Cléopâtre, ses amours, lisez cette narration fort sympathique et vivante:


Cleopatra
Eduardo Galeano

Sus cortesanas la bañan en leche de burra y miel. Después de ungirla en zumos de jazmines, lirios y madreselvas, depositan su cuerpo desnudo en almohadones de seda rellenos de plumas.
Sobre sus párpados cerrados, hay finas rodajas de áloe. En la cara y el cuello, emplastes hechos de bilis de buey, huevos de avestruz y cera de abejas.
Cuando despierta de la siesta, ya hay luna en el cielo.
Las cortesanas impregnan de rosas sus manos y perfuman sus pies con elixires de almendras y flores de azahar. Sus axilas exhalan fragancias de limón y de canela, y los dátiles del desierto dan aroma a su cabellera, brillante de aceite de nuez.
Y llega el turno del maquillaje. Polvo de escarabajos colorea sus mejillas y sus labios. Polvo de antimonio dibuja sus cejas. El lapislázuli y la malaquita pintan un antifaz de sombras azules y sombras verdes en torno de sus ojos.
En su palacio de Alejandría, Cleopatra entra en su última noche.
La última faraona,
la que no fue tan bella como dicen,
la que fue mejor reina de lo que dicen,
la que hablaba varias lenguas y entendía de economía y otros misterios masculinos,
la que deslumbró a Roma,
la que desafió a Roma,
la que compartió cama y poder con Julio César y Marco Antonio, viste ahora sus más deslumbrantes ropajes y lentamente se sienta en su trono, mientras las tropas romanas avanzan contra ella.
Julio César ha muerto, Marco Antonio ha muerto. Las defensas egipcias caen.
Cleopatra manda abrir la cesta de paja.
Suena el cascabel.
Se desliza la serpiente.
Y la reina del Nilo abre su túnica y le ofrece sus pechos desnudos, brillantes de polvo de oro.
(En "Mujeres"ed sigloXX, p.90)

17 juin 2020

Emily



Voici le dernier billet, c’est promis;-), sur les portraits de Femmes de E. Galeano. En quelques mots il nous parle d’Emily Dickinson, la voici accompagnée de deux courts poèmes.
Aquí va la última entrada, lo prometo;-), sobre retratos de “Mujeres” de E. Galeano. En pocos palabras nos habla de Emily Dickinson, lo he acompañado de dos breves poemas suyos.



Emily

C’est arrivé à Amherst, en 1886
Quand mourut Emily Dickinson, la famille découvrit mille huit cents poèmes gardés dans sa chambre.
Sur la pointe des pieds elle avait vécu, sur la pointe des pieds elle écrivit. Elle ne publia pas plus de onze poèmes durant toute sa vie, presque tous anonymes ou signés sous un autre nom.
De ses ancêtres puritains elle hérita l’ennui, marque de distinction de sa race et de sa classe: interdit de se toucher, interdit de se dire.
Les hommes faisaient de la politique et des affaires et les dames perpétuaient l’espèce et vivaient malades.
Emily vécut la solitude et le silence. Enfermée dans sa chambre, elle inventait des poèmes qui violaient les lois, les lois de la grammaire et les loi de son propre enfermement, et c’est là que chaque jour elle écrivait une lettre à sa belle-sœur, Susan, la lui envoyait par courrier, bien que vivant dans la maison à côté.
Ces poèmes et ces lettres fondèrent son sanctuaire secret, où ses douleurs cachées et ses désirs interdits voulurent être libres.
(Trad:Colo)


EMILY
Ocurrió en Amherst, en 1886.
Cuando Emily Dickinson murió, la familia descubrió mil ochocientos poemas guardados en su dormitorio.
En puntas de pie había vivido, y en puntas de pie escribió. No publicó más que once poemas en toda su vida, casi todos anónimos o firmados con otro nombre.
De sus antepasados puritanos heredó el aburrimiento, marca de distinción de su raza y de clase: prohibido tocarse, prohibido decirse.
Los caballeros hacían política y negocios y las damas perpetuaban la especie y vivían enfermas.
Emily habitó la soledad y el silencio. Encerrada en su dormitorio, inventaba poemas que violaban las leyes, las leyes de la gramática y las leyes de su propio encierro, y allí escribía una carta por día a su cuñada, Susan, y se la enviaba por correo, aunque ella vivía en la casa de al lado.
Esos poemas y esas cartas fundaron su santuario secreto, donde quisieron ser libres sus dolores escondidos y sus prohibidos deseos.
En Mujeres (Siglo XXI), página 174.
  


Poème 288 


Je suis Personne! Qui êtes-vous?
Êtes-vous —Personne — vous aussi?
Alors nous sommes deux.- Mais silence!
On nous chasserait —vous savez!



Que c'est pénible d'être— Quelqu'un!

Que c'est commun —telle une Grenouille-

De dire son nom —sans cesse—

Au Marais qui admire!

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¡Yo no soy Nadie! ¿Quién eres tú?
¿Tampoco eres Nadie tú?
Ya somos dos - ¡Pero no lo digas!
Ya sabes, luego se percatarían.

¡Qué terrible ser - Alguien!
¡Qué público decir tu nombre

Cual Rana ‑ todo el santo día –
Para que un
Pantano se asombre!




Poème 249

Folles nuits —Folles nuits!
Si j'étais avec toi
De folles nuits seraient
Notre luxure!

Futiles —les vents—
Pour un Cœur au port—
Plus de Boussole—
Plus de Carte!

Ramant dans l'Eden—
Oh! la mer!
Si je pouvais amarrer —ce soir—
En toi!

¡Noches locas-Noches locas!
Si estuviera contigo
Serían esas noches
Nuestro Gozo sin fin.

Fútiles- los vientos
Para un corazón al puerto-
Nada de Brujulas-
Nada de Mapas!
 
¡Remando al Paraíso!
¡Oh este mar!
¡Si pudiera anclar en Ti-
Esta noche!


 

10 juin 2020

Alertes et fugues / Alertas y fugas



Nous poursuivons avec deux textes du livre “Mujeres” d’Eduardo Galeano (voir billet précédent).
Le premier...vous comprendrez vite pourquoi je l’ai choisi. 
Le second arrache un sourire ou même un rire, au vu des inconvénients et prétextes avancés par certains hommes.

Seguimos con dos textos del libro “Mujeres” de Eduardo Galeano. (ver entrada anterior).
El primero...comprenderéis rápidamente porque lo elegí.
El el segundo nos hace sonreír, sino reír, a la vista de algunos inconvenientes y pretextos citados por algunos hombres.


Harriet

C’est arrivé vers le milieu du dix-neuvième siècle.
Harriet Tubman fugue, emportant en souvenir les cicatrices dans le dos et une fente dans le crâne.
Elle n’emmène pas son mari. Lui préfère rester esclave et père d’esclaves.
- Tu es folle - lui dit-il -. Tu pourras t’échapper, mais pas le raconter.
Elle s’échappe, le raconte, revient, emmène ses parents, revient encore et emmène ses frères. Et elle fait dix-neuf voyages depuis les plantations du sud jusqu’aux terres du nord, traversant la nuit, et de nuit en nuit, elle libère plus de trois cents noirs.
Aucun des fugitifs n’a été capturé. On dit que Harriet résout d’un tir les épuisements et les remords qui surgissent à mi-chemin. Et on dit qu’elle disait:
- Moi, je ne perds aucun passager.
C’est la tête la plus dure de son temps. Une récompense de quarante mille dollars est offerte.
Personne ne la touche.
Ses déguisements de théâtre la rendent méconnaissable et aucun chasseur ne peut rivaliser avec son art de brouiller les pistes ni d’inventer des chemins.
(Trad:Colo) 

Harriet

Ocurre a mediados del siglo diecinueve.
Se fuga
Harriet Tubman y se lleva de recuerdo las cicatrices en la espalda y una hendidura en el cráneo.
Al marido no se lo lleva. Él prefiere seguir siendo esclavo y padre de esclavos:
Estás loca –le dice–. Podrás escaparte, pero no podrás contarlo.
Ella se escapa, lo cuenta, regresa, se lleva a sus padres, vuelve a regresar y se lleva a sus hermanos. Y hace diecinueve viajes desde las plantaciones del sur hasta las tierras del norte, y atravesando la noche, de noche en noche, libera a más de trescientos negros.
Ninguno de sus fugitivos ha sido capturado. Dicen que Harriet resuelve con un tiro los agotamientos y los arrepentimientos que ocurren a medio camino. Y dicen que ella dice:
A mí no se me pierde ningún pasajero.
Es la cabeza más cara de su tiempo. Cuarenta mil dólares fuertes se ofrecen en recompensa.
Nadie los cobra.
Sus disfraces de teatro la hacen irreconocible y ningún cazador puede competir con su maestría en el arte de despistar pistas y de inventar caminos.
 E. Galeano


Alerte! Bicyclettes!



-La bicyclette a fait plus que tout et plus que personne pour l’émancipation des femmes dans le monde – disait Susan Anthony.
Et, disait Elizabeth Stanton, sa compagne de lutte:
-Les femmes nous voyageons, en pédalant, vers le droit au vote.
Certains médecins, comme Philippe Tissié, avertissaient que la bicyclette pouvait provoquer avortements et stérilité, et d’autres collègues assuraient que cet instrument indécent menait à la dépravation, car il donnait du plaisir aux femmes qui frottaient leurs parties intimes contre la selle.
La vérité est que, à cause de la bicyclette, les femmes se déplaçaient par elles-mèmes, elles désertaient le foyer et jouissaient du dangereux petit goût de la liberté. Et à cause de la bicyclette, le corset oppressif, qui empêchait de pédaler, sortait de l’armoire et s’en allait au musée.
 Trad:Colo
NB: (Les deux femmes sur Wiki.
 Susan Brownell Anthony, née le 15 février 1820 et décédée le 13 mars 1906 était une militante américaine des droits civiques, qui joua notamment un rôle central dans la lutte pour le suffrage des femmes aux États-Unis qui aboutira en 1920 à l'adoption du dix-neuvième amendement de la Constitution américaine, donnant le droit de vote aux femmes.
Cofondatrice, avec Elizabeth Cady Stanton, de la National Woman Suffrage Association, elle sillonne les États-Unis et l'Europe en donnant de 75 à 100 conférences par an pour les droits des femmes, pendant plus de 45 ans. Lors de l'élection présidentielle de 1872, qui voit la réélection du président Grant pour un second mandat, Susan Anthony est arrêtée et condamnée pour avoir tenté de voter.) 

Alarma: ¡Bicicletas!

La bicicleta ha hecho más que nada y más que nadie por la emancipación de las mujeres en el mundo –decía Susan Anthony.
Y decía su compañera de lucha, Elizabeth Stanton:
Las mujeres viajamos, pedaleando, hacia el derecho de voto.
Algunos médicos, como Philippe Tissié, advertían que la bicicleta podía provocar aborto y esterilidad, y otros colegas aseguraban que este indecente instrumento inducía a la depravación, porque daba placer a las mujeres que frotaban sus partes íntimas contra el asiento.
La verdad es que, por culpa de la bicicleta, las mujeres se movían por su cuenta, desertaban del hogar y disfrutaban el peligroso gustito de la libertad. Y por culpa de la bicicleta, el opresivo corsé, que impedía pedalear, salía del ropero y se iba al museo.
E. Galeano

3 juin 2020

Marginalisation / Marginación


Mujeres - Femmes Eduardo Galeano

Ce livre d’Eduardo Galeano intitulé “Mujeres”-Femmes, pas (encore?) traduit en français, paru en 2015, juste après son décès, est un parcours de vies de femmes à travers près de 2.500 ans d’histoire.
Paradoxes, contradictions, luttes, sacrifices, condamnations et réussites de femmes aussi différentes que Cléopâtre, Artémise, Frida Kahlo, Eva Perón, Camille Claudel ou Marylin Monroe…
Galeano nous amène à réfléchir sur la conception légale, philosophique et religieuse qui donna un cadre institutionnel à la marginalisation de la moitié de l’humanité. C’est ainsi qu’il nous rapporte les mots d’Aristote sur les femmes: “La femme est comme un homme difforme. Il lui manque un élément essentiel: l’âme”. Son artillerie littéraire pointe aussi le Code Civil de Napoléon édité en 1804, qui sert encore de modèle juridique dans le monde, dans lequel les femmes furent privées des droits fondamentaux, “comme les enfants, les criminels et les débiles mentaux...”*

En attendant que ce livre paraisse en français, je vous traduirai au fur et à mesure quelques histoires de femmes, écrites par E.Galeano bien sûr!


http://www.vagabunda.mx/las-mujeres-de-eduardo-galeano-de-lo-ultimo-que-escribio-antes-de-su-muerte/ 

Mujeres, este libro publicado justo después de la muerte de Eduardo Galeano en 2015, recorre la vida de mujeres a través de unos 2.500 años de historia.
Paradojas, contradicciones, luchas, sacrificios, condenaciones y logros de mujeres tan diferentes como Cleopatra, Artemisa, Frida Kahlo, Eva perón, Camille Claudel ou Marylin Monroe….

Galeano nos lleva a reflexionar sobre la concepción legal, filosófica y religiosa que dio un marco institucional a la marginación de la mitad de la humanidad. Así, nos trae las palabras de Aristóteles sobre las mujeres: “La hembra es como un macho deforme. Le falta un elemento esencial: el alma”. También apunta su artillería literaria contra el Código Civil de Napoleón dictado en 1804, que todavía sirve de modelo jurídico en el mundo, en el que las mujeres fueron privadas de derechos fundamentales, “como los niños, los criminales y los débiles mentales...” (Fuente: https://www.elhistoriador.com.ar/mujeres-fragmentos-de-eduardo-galeano/)

Aquí va un retrato, publicaré unos cuantos, poco a poco.


JUANA
Tout comme Teresa de Ávila, Juana Inés de la Cruz se fit religieuse pour éviter la prison du mariage.
Mais son talent offensait aussi au couvent. Cette tête de femme avait-elle un cerveau d’homme? Pourquoi écrivait-elle comme un homme? Pourquoi voulait-elle penser, si elle cuisinait si bien? Et elle, moqueuse, répondait:
- Que pouvons-nous savoir, nous les femmes, si ce n’est des philosophies de cuisine?
Comme Teresa, Juana écrivait, bien que le père Gaspar de Astete avait prévenu qu’une jeune fille chrétienne n’a pas besoin de savoir écrire, et que cela peut lui porter préjudice.
Comme Teresa, Juana non seulement écrivait mais, pour plus de scandale, elle écrivait indubitablement bien.
À différents siècles, et sur différentes rives de la même mer, Juana, la Mexicaine, et Teresa, l’Espagnole, défendaient en paroles et par écrit la moitié méprisée du monde.
Comme Teresa, Juana fut menacée par l’Inquisition. Et l’Église, leur Église, les poursuivit car elles louaient l’humain autant ou plus que le divin, et obéissaient trop peu et posaient trop de questions.
Avec du sang, et non de l’encre, Juana signa sa repentance. Et jura silence, pour toujours. Et muette, elle mourut.
(Trad:Colo)


JUANA
Como Teresa de Ávila, Juana Inés de la Cruz se hizo monja para evitar la jaula del matrimonio.
Pero también en el convento su talento ofendía. ¿Tenía cerebro de hombre esta cabeza de mujer? ¿Por qué escribía con letra de hombre? ¿Para qué quería pensar, si guisaba tan bien? Y ella, burlona, respondía:
¿Qué podemos saber las mujeres, sino filosofías de cocina?
Como Teresa, Juana escribía, aunque ya el sacerdote Gaspar de Astete había advertido que a la doncella cristiana no le es necesario saber escribir, y le puede ser dañoso.
Como Teresa, Juana no sólo escribía, sino que, para más escándalo, escribía indudablemente bien.
En siglos diferentes, y en diferentes orillas de la misma mar, Juana, la mexicana, y Teresa, la española, defendían por hablado y por escrito a la despreciada mitad del mundo.
Como Teresa, Juana fue amenazada por la Inquisición. Y la Iglesia, su Iglesia, la persiguió, por cantar a lo humano tanto o más que a lo divino, y por obedecer poco y preguntar demasiado.
Con sangre, y no con tinta, Juana firmó su arrepentimiento. Y juró por siempre silencio. Y muda murió.
E. Galeano