Nous
poursuivons avec deux textes du livre “Mujeres” d’Eduardo
Galeano (voir billet précédent).
Le premier...vous comprendrez vite pourquoi je l’ai choisi.
Le second arrache un sourire ou même un rire, au vu des inconvénients
et prétextes avancés par certains hommes.
Seguimos
con dos textos del libro “Mujeres” de Eduardo Galeano. (ver
entrada anterior).
El primero...comprenderéis rápidamente porque lo elegí.
El el segundo nos hace sonreír, sino reír, a la vista de algunos
inconvenientes y pretextos citados por algunos hombres.
Harriet
C’est
arrivé vers le milieu du dix-neuvième siècle.
Harriet
Tubman fugue, emportant en souvenir les cicatrices dans le dos et
une fente dans le crâne.
Elle
n’emmène pas son mari. Lui préfère rester esclave et père
d’esclaves.
-
Tu es folle - lui dit-il -. Tu pourras t’échapper, mais pas le
raconter.
Elle
s’échappe, le raconte, revient, emmène ses parents, revient
encore et emmène ses frères. Et elle fait dix-neuf voyages depuis
les plantations du sud jusqu’aux terres du nord, traversant la
nuit, et de nuit en nuit, elle libère plus de trois cents noirs.
Aucun
des fugitifs n’a été capturé. On dit que Harriet résout d’un
tir les épuisements et les remords qui surgissent à mi-chemin. Et
on dit qu’elle disait:
-
Moi, je ne perds aucun passager.
C’est
la tête la plus dure de son temps. Une récompense de quarante mille
dollars est offerte.
Personne
ne la touche.
Ses
déguisements de théâtre la rendent méconnaissable et aucun
chasseur ne peut rivaliser avec son art de brouiller les pistes ni
d’inventer des chemins.
(Trad:Colo)
Harriet
Ocurre
a mediados del siglo diecinueve.
Se fuga Harriet Tubman y se lleva de recuerdo las cicatrices en la espalda y una hendidura en el cráneo.
Se fuga Harriet Tubman y se lleva de recuerdo las cicatrices en la espalda y una hendidura en el cráneo.
Al
marido no se lo lleva. Él prefiere seguir siendo esclavo y padre de
esclavos:
—Estás
loca –le dice–. Podrás escaparte, pero no podrás contarlo.
Ella
se escapa, lo cuenta, regresa, se lleva a sus padres, vuelve a
regresar y se lleva a sus hermanos. Y hace diecinueve viajes desde
las plantaciones del sur hasta las tierras del norte, y atravesando
la noche, de noche en noche, libera a más de trescientos negros.
Ninguno de sus fugitivos ha sido capturado. Dicen que Harriet resuelve con un tiro los agotamientos y los arrepentimientos que ocurren a medio camino. Y dicen que ella dice:
Ninguno de sus fugitivos ha sido capturado. Dicen que Harriet resuelve con un tiro los agotamientos y los arrepentimientos que ocurren a medio camino. Y dicen que ella dice:
—A
mí no se me pierde ningún pasajero.
Es
la cabeza más cara de su tiempo. Cuarenta mil dólares fuertes se
ofrecen en recompensa.
Nadie
los cobra.
Sus
disfraces de teatro la hacen irreconocible y ningún cazador puede
competir con su maestría en el arte de despistar pistas y de
inventar caminos.
E. Galeano
-La bicyclette a fait plus que tout et plus que personne pour
l’émancipation des femmes dans le monde – disait Susan Anthony.
Et,
disait Elizabeth Stanton, sa compagne de lutte:
-Les
femmes nous voyageons, en pédalant, vers le droit au vote.
Certains
médecins, comme Philippe Tissié, avertissaient que la bicyclette
pouvait provoquer avortements et stérilité, et d’autres collègues
assuraient que cet instrument indécent menait à la dépravation,
car il donnait du plaisir aux femmes qui frottaient leurs parties
intimes contre la selle.
La
vérité est que, à cause de la bicyclette, les femmes se
déplaçaient par elles-mèmes, elles désertaient le foyer et
jouissaient du dangereux petit goût de la liberté. Et à cause de
la bicyclette, le corset oppressif, qui empêchait de pédaler,
sortait de l’armoire et s’en allait au musée.
Trad:Colo
NB: (Les deux femmes sur Wiki.
Susan Brownell Anthony, née le 15 février
1820 et décédée le 13 mars 1906 était une militante américaine
des droits civiques, qui joua notamment un rôle central dans la
lutte pour le suffrage des femmes aux États-Unis qui aboutira en
1920 à l'adoption du dix-neuvième amendement de la Constitution
américaine, donnant le droit de vote aux femmes.
Cofondatrice, avec Elizabeth Cady Stanton, de la National Woman Suffrage Association, elle sillonne les États-Unis et l'Europe en donnant de 75 à 100 conférences par an pour les droits des femmes, pendant plus de 45 ans. Lors de l'élection présidentielle de 1872, qui voit la réélection du président Grant pour un second mandat, Susan Anthony est arrêtée et condamnée pour avoir tenté de voter.)
Alarma: ¡Bicicletas!
—La
bicicleta ha hecho más que nada y más que nadie por la emancipación
de las mujeres en el mundo –decía Susan Anthony.
Y
decía su compañera de lucha, Elizabeth Stanton:
—Las
mujeres viajamos, pedaleando, hacia el derecho de voto.
Algunos
médicos, como Philippe Tissié, advertían que la bicicleta podía
provocar aborto y esterilidad, y otros colegas aseguraban que este
indecente instrumento inducía a la depravación, porque daba placer
a las mujeres que frotaban sus partes íntimas contra el asiento.
La
verdad es que, por culpa de la bicicleta, las mujeres se movían por
su cuenta, desertaban del hogar y disfrutaban el peligroso gustito de
la libertad. Y por culpa de la bicicleta, el opresivo corsé, que
impedía pedalear, salía del ropero y se iba al museo.
E. Galeano
oui, que n'a-t-on pas dit et écrit comme billevesées à propos de la bicyclette et des femmes ;-)
RépondreSupprimer(ou de l'étude des maths ou sciences pour le faible cerveau des femmes... etc etc)
Tout à fait! C'est à pleurer ou, mieux, à nous faire rire.
SupprimerQue de combats à mener pour les femmes contre les pouvoirs de toutes sortes.
RépondreSupprimerOn revient de loin (par chez nous) mais d'autres encore...
Admiration totale pour Harriet Tubman.
Je vais écouter le récit sur France Culture
Bisessss Colo
Dans ce livre il y a des femmes connues, mais j'ai privilégié, cette semaine et la prochaine, celles que je ne connaissais pas et qui ont tant fait pour nous toutes.
SupprimerOn vient de très loin...et nous sommes encore loin du but, hélas.
Oui, cette Harriet, appelée là-bas Moïses, était extraordinaire. Je crois que cette année-ci on devait mettre son effigie sur des billets de banque.
Bonne fin de journée Fifi.
Ds deux styles différents, mais chacun raconte une belle histoire! Bisous
RépondreSupprimerDes histoires de courage, de volonté, sûrement Val!
SupprimerUn beso
"Arrêtée pour avoir tenté de voter" ....Nous devons beaucoup à ces pionnières courageuses qui ruaient dans les brancards inlassablement !
RépondreSupprimerMerci Colo de les rappeler à notre souvenir, elles le méritent !
Bises et belle fin d'après midi !
Bonjour Claudie, peu de leurs noms sont passés dans l'histoire (on se demande pourquoi!!), mais nous leur devons tant, en effet.
SupprimerAllez,encore 2 ou 3 de ces femmes volontiares et si courageuses la semaine prochaine!
Amicalement.
Admiration pour la courageuse et déterminée Harriet Tubman, j'aimerais voir le film qui raconte sa vie.
RépondreSupprimerPédaler vers le droit de vote, quel joli raccourci très expressif !
Je me demande si elles sont parmi les "Culottées" de Pénélope Bagieu dont j'ai suivi le blog un moment, mais il a disparu des blogs du Monde.
Merci & bonne soirée, Colo.
Dans ce livre de Galeano, elles sont toutes culottées, de façon plus ou moins visible. Je pense même à Emily Dickinson (qui s'y trouve) et arrive à écrire en cachette de si nombreux poèmes.
SupprimerLe film de Harriet, j'espère bien le voir moi aussi!
Bonne journée Tania
Quelle persévérance et quel courage chez Harriet. Quoiqu'on dise, il y a toujours eu des personnalités féminines très fortes, il faudrait que l'on nous les donne en exemple beaucoup plus largement. Quant à la bicyclette .. chaque amélioration de la liberté des femmes a affolé les hommes. Et ce n'est pas fini hélas.
RépondreSupprimerAh que j'aime ta phrase: "chaque amélioration de la liberté des femmes a affolé les hommes"!
SupprimerLa bicyclette a apporté aux femmes, en plus de cette petite liberté, l’acceptation du pantalon, et ça c'est pas rien non plus.
Mais, tu as tellement raison, ce n'est pas fini. Je me souviens avoir pleuré il y a 3 ou 4 ans, accompagnant ma fille de 37 ans à une manifestation car le gouvernement parlait de retirer le droit à l'avortement! Ce pour quoi j'avais manifesté 40 ans plus tôt...
J'aime bien ces textes. Grâce à toi je me suis procuré un de ses recueil intitulé le chasseur d'histoires que je suis en train de lire. J'aime cette prose concise, et son aspect petite encyclopédie portative...
RépondreSupprimerAh, je vais commander le chasseur d'histoires, merci. J'aime aussi sa concision, précision. Ici il choisit avec soin quelques traits de chaque femme, c'est parfois vraiment très court.
SupprimerTon expression "petite encyclopédie portative" est juste, oui, c'est agréablement écrit en plus.
Sinon, samedi dernier, il y avait sur France Culture le samedi à 10 heures où il y a 15 jours une passionnante émission consacrée une à l'apparition et à la. Démocratisation de la bicyclette ou vélo selon les milieux
RépondreSupprimerJe pourrai sans doute la trouver, gracias!
SupprimerQuel plaisir de te lire, cela nous booste au quotidien de lire à propos de femmes qui ont eu le courage d'empoigner leur vie
RépondreSupprimerVive le vélo !!!
Ah, j'avais peur de lasser mais je vois que non, chouette!
SupprimerBonne journée, un beso
Du bon Galeano, toujours, dans ces vignettes ! Merci Colo.
RépondreSupprimerEt je rejoins Kwarkito dans son appréciation !
Court et les mots justes, en effet, bonne fin de semaine señor k.
SupprimerQuelle femme que cette Harriet! Elle savait que c'était possible, qu'il ne "fallait que" le courage, et savoir décider si vivre peut-être peu mais libre ou plus longtemps et esclave...
RépondreSupprimerCe n'est pas pour rien qu'on l'appelait Moïse...une détermination dans faille. et une solidarité à toute épreuve.
SupprimerBon dimanche Edmée.
cela donne vraiment envie de découvrir le livre
RépondreSupprimerTant mieux Niki! Encore quelques courts extraits la semaine prochaine puis...espérons!
SupprimerJe te souhaite un bon we. Bisous
RépondreSupprimerMerci Val, un beso
SupprimerDeux beaux testes écrits d'une plume alerte. Ceci étant j'admire la force de cette esclave pour retrouver la liberté. J'admire aussi son combat pour libérer ses semblables. Je note au passage que les remises en question de l'ordre établi viennent souvent des femmes qui sont plus progressistes que les hommes. La seconde histoire, plus légère illustre aussi le conservatisme des hommes qui se campent sur leurs acquis. Progressisme, quand femme veut et que le carcan social le permet. Mais tel n'est pas le cas dans maints pays. Et dans les autres il faut briser les barrières sociales, pour que ce qui apparait hors norme ne le soit plus.
RépondreSupprimerBonjour Sergio, contente de te revoir par ici. Tu as raison, il y a encore de nombreux pays où être une femme signifie beaucoup de choses mais pas liberté.
SupprimerMerci pour cette analyse. À bientôt