C’est
en lisant “ Je ne reverrai plus le monde” de Ahmet Altan que j’ai
souligné ce passage sur les rêves.
Rêves
oubliés ou non, rêves éveillés ou endormis, nous allons nous promener dans
ce monde onirique en littérature, poésie, art...et/ou rêves personnels. le temps de
quelques billets.
A. Rodin Le sommeil vers 1894
https://collections.musee-rodin.fr/fr/museum/rodin/le-sommeil/S.01829?anneeDeCreation%5B0%5D=1894&position=50
“Comme n’importe qui, je
rêve de tout et n’importe quoi.
Chaque nuit à l’heure de nous
endormir, de mystérieux tailleurs de pierre se
mettent au travail
dans les ténèbres de notre esprit, brisant à grands coups de
marteau, ainsi que des blocs de marbre, les idées et les sentiments
que notre
intelligence a su extraire et sculpter hors de la matière
de l’expérience. Le marbre,
entre leurs mains puissantes,
s’effrite et perd sa dureté jusqu’à se fondre en une
marée
d’eaux noires, profondes et mouvantes.
Alors, libérés de leurs
chaînes, jaillissant hors des cadres de la logique et de la
raison
qui jusque-là en endiguaient l’ardeur, pensées, peurs et désirs
se répandent
en nous dans un grand flot d’extrême indiscipline,
façonnant tels des dieux un
univers rebelle à toute loi.
Les rêves sont le dieu qui est
en nous… Ou bien le fou…
Or ce soulèvement désordonné,
propre aux dieux et aux fous, ne répond-il pas à un
besoin de folie
par laquelle, l’espace d’un court moment, notre existence
voudrait se
libérer du joug de la raison qui trop souvent
l’opprime ? Ou bien veut-il nous
arracher définitivement à
elle pour nous laisser au bord de la folie ?
Je n’en sais rien… Mais
j’aimerais savoir à quoi rêvent les fous.
Que voient-ils dans leurs
rêves ?
Si la nuit, les gens sains
d’esprit déraisonnent en rêve, les fous, eux, y retrouvent-ils la
raison ?
La réponse à ces questions
m’échappe.”
A. Altan.