Roberto Juarroz (Argentina 1925-1995)
Décima poesía vertical
Il m'est arrivé de rêver des mots.
Les mots ne me laissent pas dormir.
Ils me cognent depuis l'envers du décor,
personnages subversifs
qui arrivent à déchirer le rideau
et pour toujours changer l’œuvre.
Les mots n'attendent pas.
Jusque quand dureront-ils?
Ils sont comme des gouttes de sang
qui tombent sur le texte
et parfois aussi dans la marge.
Mais ils ne se contentent pas des formes du jour,
de la veille éclairée entre la vie et la mort.
Le texte est infini
la marge l'est aussi.
Peut-être le texte devrait-il être dans la marge.
Le rêve est une région abandonnée
ou du moins disponible
à la nécessaire entrée du verbe.
(Trad: Colo)
He
llegado a soñar con las palabras.
Las
palabras no me dejan dormir.
Me
golpean desde atrás del decorado,
personajes
subversivos
que
hasta llegan a rasgar el telón
para
cambiar siempre la obra.
Las
palabras no esperan.
¿Hasta
cuándo durarán?
Son
como gotas de sangre
que
van cayendo sobre el texto
y
también a veces en el margen.
Pero
no les bastan las figuras del día,
la
vigilia ilustrada entre la vida y la muerte.
El
texto es infinito
y
también lo es el margen.
Quizá
el texto debiera estar en el margen.
El
sueño es una región abandonada
o
por lo menos disponible
para
la entrada necesaria del verbo.
Marge ou rêve !
RépondreSupprimerBelle synthèse!
SupprimerSouvenirs d'une chanson de Maxime Le Forestier qui s'appelait "Mauve"
"...
Dans une dominante bleue
Où le mauve fait ce qu'il peut.
La page blanche se noircit,
Laissant parfois une éclaircie,
Une lisière dans la marge
Où passe comme un vent du large."
les mots n'attendent pas, ils se pressent en nombre à nous de choisir les bons
RépondreSupprimerC'est bien là, dans le choix, que vivent tant d'hésitations...
SupprimerEmarger, laisser le rêve émerger.
RépondreSupprimerMerci, Colo, de nous faire rêver des mots.
Mots rêvés, mots de rêve....
SupprimerLe mot juste pour dire ce que l'on ressent ou ce que l'on a vécu est toujours une belle victoire :-)
RépondreSupprimerBises rafraîchies ! :-)
Parfois ça vient tout seul, d'autres....
SupprimerBon week-end, un beso
Les mots de Juarroz tombent toujours très juste, j'admire !
RépondreSupprimerEntre prose et poème, ses réflexions sur l'écriture sont nombreuses et inspirées.
SupprimerBon week-end Aifelle.
Las palabras no me dejan dormir tampoco ;-)
RépondreSupprimer(mais ça ne fait pas de moi un poète, hélas ;-))
Oh tu trouves les mots justes, je te lis tous les jours!
SupprimerBon dimanche Adrienne.
"Peut-être le texte devrait-il être dans la marge."
RépondreSupprimerComme si les mots, eux aussi, faisaient un pas de côté, sortaient du rang...
Oh j'aime beaucoup ces mots volages qui sortent du rang.
SupprimerLa marge comme espace de liberté...
Merci, bon dimanche Magali.
Parfois un mot s'intercale entre deux autres ;-) Merci Colo pour ce beau poème.
RépondreSupprimerBon week-end et mes bisous ♥
Entrechats de mots?
SupprimerJ'adore, merci Denise.
Bon dimanche à toi, un beso.
Oui la marge est importante! Elle offre de la vie et du temps aux mots. La marge offre le rêve!
RépondreSupprimerLe rêve, oui Alezandro.
SupprimerEn tout cas elle offre des tas de possibilités, pour elle pas ou peu de normes, ¡viva!
Bien décrit... en effet parfois on écrit, victime des mots indomptables... Ca me rappelle aussi ces vieilles cartes postales conservées par ma grand-mère, qui étaient écrites à l'arrière, puis on courait dans les zones claires de la photo, et ensuite, faute de mieux, on revenait à l'arrière mais en écrivant large, dans l'autre sens pour arriver à terminer...
RépondreSupprimerVoyant votre nom, je me permets de vous joindre ici, j'ai enfin trouvé votre livre en bibliothèque à Verviers, cette "Enfance verviétoise". Il devrait me parvenir bientôt et j'espère vous faire un retour. Bien cordialement.
SupprimerDes cartes postales entre Liège et Verviers avec escale à Mallorca, c'est fantastique!
SupprimerEn contrepoint de ce beau poème, j'ai envie de citer Julien Green : "La pensée vole et les mots vont à pied. Voilà tout le drame de l'écrivain."
RépondreSupprimerJ'aime l'idée, que le "texte devrait être dans la marge". Cela me mène à ces livres originaux où les idées développées dans les notes de bas de page intéressent plus que le corps du texte. Chevillard a même été jusqu'à développer une note qui prend l'essentiel d'un récit ("L'auteur et moi"). Loufoque mais malin !
Merci Christian, ce qui est sûr c'est qu'il est possible de jouer non seulement avec les mots mais aussi avec la présentation classique - texte-marges-notes de bas de page sans que le propos en soit de déranger, sinon de laisser l'air, le rêve s'immiscer...
SupprimerBonne semaine, je passerai un bon moment chez vous dès que possible.
Il y a aussi les idées que l'on croyait en marge et qui sont en train de sauter la page et de transformer une belle histoire en cauchemar.
RépondreSupprimerPardonnez moi Colo de "plomber" un peu l'ambiance mais il m'est très difficile de rêver aujourd'hui. Seule consolation, ma chère Bretagne, comme toujours, a résisté!
https://www.youtube.com/watch?v=JvOuDdAYvcA
Très belle semaine à vous et à tou(te)s vos commentateurs( ou trices)
Je regardais ce matin la "carte en couleurs du premier tour"...
SupprimerVous ne plombez rien du tout, il ne faut pas se cacher derrière des chimères.
Belle résistance chez vous, ouf et re-ouf.
Je ne sais si vous suivez un peu la politique espagnole: nouvelle génération de politiciens de tous bords, qui parlent "normal", qui ne prennent pas les citoyens pour des masses à manipuler, qui ne pensent pas que nous ne comprenons rien à rien...et surtout, pas (encore?) corrompus.
Quand j'écoute certains vieux (ou moins vieux) briscards de chez vous (nous avons les mêmes aussi, bien sûr), avec leurs phrases ampoulées, si peu authentiques, je me disais dernièrement que oui, Marine parle plus clair et plus vrai...même si, hélas, mille fois hélas...
Merci pour la vidéo, bonne semaine à vous aussi. L'air sent le romarin ce matin.
Résistance en Normandie, aussi. Mais c'est d'un autre souffle dont nous avons besoin. Il viendrait de la marge et refuserait de s'aligner. Belle journée sous les amandiers, Colo.
SupprimerPourvu que le vent de ce dimanche sème des votes "marginaux"...
SupprimerLes amandiers dorment, ils attendent fin janvier pour fleurir.
Écrire le texte dans la marge... Ainsi, la page est toujours blanche, laissée à l'imaginaire. Bonne semaine, Colo.
RépondreSupprimerC’est ça oui Danièle, bonne fin de semaine à toi aussi!
SupprimerLa puissance des mots, des phrases, des vers... Les messages dans les mots et entre les mots.Je lis beaucoup actuellement sur le sujet, mais t'en dirai plus dans quelques jours.
RépondreSupprimerJ'aime cette idée de mots-gouttes de sang et de texte dans la marge révélant la toute puissance des mots ou au contraire leur capacité à ouvrir les frontières de l'imaginaire.
J'attends tes mots et entre-mots alors!
SupprimerBonne journée, de vote chez vous...nous suivrons ça attentivement.