D’Andreï
Makine je ne connaissais que sa belle figure, sa voix, son parler
lent au fort accent. Une amie m’a offert pour Noël deux romans de lui. Le premier
que j’ai lu est « L’Archipel d’une autre vie » où
la taïga, traitée comme un personnage dur, aride mais plein de
douceur parfois aussi m’a comme envoûtée.
Voici
ce qu’en dit le romancier et éditeur Bertrand Visage.
Je
vous en livre un extrait, situé vers la fin du livre, et qui ne
dévoile rien de l’intrigue.
“Dans ma jeunesse, je revenais
souvent, en pensée, vers les ermites de Chantars. À un moment, leur
exil m’a paru incompréhensible, effrayant même. Se couper de la
société, s’enfermer au milieu des glaces, sur un îlot entouré
d’un océan en furie! Refusant l’excitant spectacle de la vie,
son pathos, ses rivalités! J’avais, alors, l’âge où la
multiplicité éblouit et la variété des postures intoxique. Où
changer de rôle donne l’illusion de la liberté. Où dupliquer sa
personne en mille relations est perçu comme une richesse
d’existence.
J’avais l’impression de
vivre tout ce que Gartsev et Elkan ne connaîtraient jamais.
Et
puis, sans se soucier de mon amour-propre, l’équation s’est
retournée: chaque jour m’enlevait un peu plus la chance de vivre
et de comprendre ce qu’ils avaient vécu et compris.
Non,
il ne s’agissait pas du nombre d’ »expériences »,
valeur si prisée par la modernité. Ni d’une sagesse fumeuse,
fruit de l’une de ces expériences exotiques. Leur quotidien, rude
et simple, ne visait aucun but édifiant. (…)
Quand
les cartouches manquaient, ils chassaient à l’arc et Gartsev finit
par préférer ce tir insonore. À marée basse, les poissons piégés
au milieu des rochers étaient faciles à prendre et la forêt, à
l’automne, débordait de baies. Elkan préparait ce qui leur
servait de pain : pâtés composés de graminées, de
champignons séchés, de plantules de conifères…
Je
me souviens qu’en parlant de cette vie Gartsev me confia, avec un
étonnement souriant : »Je n’aurais jamais cru que
l’homme avait besoin de si peu » .
Vous
pouvez aussi lire le beau billet de Dominique, mais surtout lisez ce magnifique roman!
Une image de la taïga |
Esta
novela de Andreï Makine no está traducida en español...aún. Pero
cuando salga, os la recomiendo. Aquí un largo parrafo :
“Durante
mi juventud pensaba, con frecuencia, en los ermitaños de Chantar. A
un momento dado, su exilio me pareció incomprensible, incluso
aterrador. Aislarse de la sociedad, encerrarse en medio de los hielos
en un islote rodeado de un océano furioso! Negarse el excitante
espectáculo de la vida, su pothos, sus rivalidades! Tenia, entonces,
la edad en la que la multiplicidad deslumbra y la variedad de
actitudes intoxica. Donde cambiar de papel da la ilusión de la
libertad. Donde duplicar su persona en mil relaciones se percibe como
una riqueza de existencia.
Tenia
la impresión de vivir todo aquello que Gartsev y Elkan no conocerían
nunca.
Y
después, sin preocuparse de mi amor propio, la ecuación se ha
jirado: cada día me quitaba, un poco más, la posibilidad de vivir y
comprender aquello que ellos habían vivido y comprendido.
No,
no se trataba del numero de “experiencias”, ese valor tan
apreciado por la modernidad. Ni de una sabiduría confusa, fruto de
una de esas experiencias exóticas. Su cotidiano, rudo y simple, no
pretendía ningún objetivo edificante. (…)
Cuando
faltaban cartuchos, cazaban con arco y Gartsev acabó por preferir
ese tiro insonoro. A la marea baja, los peces atrapados en medio de
las rocas eran fáciles de coger y el bosque, en otoño, desbordaba
de bayas. Elkan preparaba lo que les servía de pan: pasta compuesta
de gramíneas, de setas secas, de plántulas de coníferas…
Me
acuerdo que al hablar de esta vida Gartsev me confió, con un asombro
sonriente:”Nunca habría creído que el hombre necesitase tan
poco”:
(Trad :
MAH y Colo)
Merci beaucoup pour la recommandation. Je garde un excellent souvenir de son livre " Le testament francais" je crois, et j'avoue à ma grande honte ne pas en avoir relu d'autre de lui depuis. Bonnes lectures
RépondreSupprimerJe suis à la moitié du "testament français", de très beaux paragraphes, des anecdotes historiques amusantes; je trouve pour le moment que la forme, la construction fort élaborée l'emportent un peu sur les émotions. Voyons la suite.
SupprimerBonne lecture à toi aussi!
J'aime beaucoup ce mot de "frugalité" et ce qu'il signifie, bien entendu. Je trouve qu'en vieillissant c'est un objectif beaucoup plus atteignable que du temps de la jeunesse. Les choses dans ce contexte ont tellement plus de valeur.
RépondreSupprimerEntièrement d'accord avec toi Annie, mais c'est bien sûr un objectif ou une façon de voir la vie tout à fait personnelle. Ici le couple, dû au hasard, y est obligé mais s'y trouve très heureux.
Supprimerje n'ai pas terminé le Testament français, je devrais redonner une chance à cet auteur :-)
RépondreSupprimerCe roman-ci a peu à voir avec le Testament (si ce n'est la belle écriture).
SupprimerL'intrigue est tout à fait passionnante dans L'Archipel...n'hésite pas.
J'aime lire Makine et je suis enchantée de découvrir cette oeuvre qui t'a envoûtée, c'est noté.
RépondreSupprimerLa dernière phrase de l'extrait me rappelle celle-ci, de Giono : "Vivre n'exige pas la possession de tant de choses." Bonne soirée, Colo.
Oh tu aimeras celui-ci, j'en suis sûre Tania.
SupprimerBonne journée hivernale!
J'ai énormément aimé ce roman de Makine ; cette vie dans l'absolu. C'est magnifique. D'ailleurs, à chaque fois que j'ai lu un de ses romans, j'ai été impressionnée et j'ai aimé.
RépondreSupprimerBonne journée.
Ceci m'incite à découvrir d'autres romans de lui. Y en a-t-il que tu as particulièrement apprécié?
SupprimerBonne journée à toi aussi.
Peut-être faudrait-il que je relise Le testament français. Je n'en avais pas gardé une impression forte, mais sans doute parce qu'on parlait beaucoup du livre à cette époque, que tout le monde le lisait, etc...
SupprimerBonne journée. Ici, le printemps : les amandiers fleurissent.
Je vais terminer le Testament et je dois dire que je m'ennuie assez.La première partie m'a plu mais depuis je traîne, saute des paragraphes...
Supprimerj'avais eu un coup de coeur pour ce roman et je disais dans mon billet de l'époque " un archipel où il ferait bon vivre autrement sans vainqueur ni vaincus" c'est l'impression que je garde de ma lecture
RépondreSupprimerOh j'avais complètement oublié que tu en avais fait une si beau billet mais je viens de le mettre plus haut, merci et..pardon dame Dominique.
SupprimerJe ne parle pas de mes lectures et d'ailleurs je lis (bien trop) peu. Je ne suis d'ailleurs pas sûre que je saurais en parler. Alors merci de nous faire partager les tiennes, dont le commentaire m'apporte toujours quelque chose. Bonne journée.
RépondreSupprimerBonjour Nikole, il est rarissime que j'en parle moi aussi. Souvent parce que je lis des livres qui ne sont pas traduits en français ou en espagnol. Et puis mon dada c'est la poésie, tu le sais.
SupprimerMerci et bonne journée à toi aussi.
Très bonne soirée, bisous
SupprimerJe ne l'ai jamais lu. Il faut dire que 15 ans aux USA, ça isole, puisque seuls moins de 10% (7% je crois) de livres étrangers sont traduits en anglais et vendus aux USA. Ils ne lisent que ce qui est écrit en anglais, et en général... on connaît leurs goûts :)
RépondreSupprimerOh, j'ignorais cela, ils n'aiment que les VO alors;-))
SupprimerC'est bien dommage.
Ce roman-ci est passionnant et très beau.
J'ai beaucoup aimé ce roman également. C'était une première lecture de l'auteur pour moi. J'ai "la femme qui attendait" dans ma PAL. (Aifelle).
RépondreSupprimerBravo, tu as réussi à laisser un commentaire...je me demanderai toujours ce qui se passe.
SupprimerCe soir à La Grande Librairie Makine pour son dernier roman. Je ne le manquerai pas.
Bonne après-midi.
Bonjour Colo
RépondreSupprimerje l'ai vu aussi à la Grande Librairie mercredi, lui, l'homme venu de Sibérie. J'irai donc chez Dominique voir ce qu'elle dit dans sa chronique. Merci d'apporter une pierre supplémentaire à ma réflexion.
Belle journée. Ici elle est ensoleillée: c'est assez rare pour le noter!
Algunos besos.
Un homme étrange Mr Makine, à la fois froid et plein d'humanité, du moins c'est ainsi que je l'ai perçu à la TV.
SupprimerProfite bien du soleil, je t'embrasse
Je te souhaite un bon we, bisous
RépondreSupprimerMerci!
Supprimer"Je n’aurais jamais cru que l’homme avait besoin de si peu".
RépondreSupprimerA méditer!
Tout à fait, combien de faux besoins...!
SupprimerUn auteur dont j'ai beaucoup aimé "Le testament français" puis j'ai lu "La musique d'une vie" dont je garde peu de souvenir. Je l'ai revu tout dernièrement mais distraitement à la Grande Librairie, un nouveau livre sans doute.
RépondreSupprimerAh mais si, j'ai fait un billet de "La musique d'une vie", je l'ai retrouvé, par contre c'est un autre roman que j'ai dû abandonner... je note celui que vous évoquez.
RépondreSupprimerBonjour Christian, je vais rechercher votre billet car je n'ai pas encore lu "La musique d'une vie".
SupprimerSi "Le testament français" m'est un peu tombé des mains, j'ai lu passionnément avec "pas envie de le terminer"L'archipel.." et j'ai commencé "Au temps du fleuve Amour" qui me semble excellent aussi.
Bon dimanche!