30 janv. 2019

C'était d'autres temps / Eran otros tiempos


Aujourd'hui une chanson de Rozalen, auteure-compositrice-chanteuse née à Albacete en 1986.

Elle y relate une conversation avec sa grand-mère.
Dure réalité de la période de la guerre civile...




Tais-toi
ne rouvre pas la plaie
pleure toujours en silence
ne soulève pas de rancœurs, ce village est si petit…
c’était d’autres temps.
(bis)

Tous l’appelaient Juste
Juste de nom et d’action
l’aîné de cinq frères
élégant, le plus prudent d’un petit village de la Sierra De Segura
tailleur et bûcheron de profession.
Il s’entendait avec l’Ascensión, une brunette, celle d’Amalio
une des rares qui lisait
étudiait la nuit pendant les trois mois d’hiver
lui, il chantait dans les rues toujours gai une chanson.
Fin ‘38 sont appelés à la guerre
la génération la plus jeune
celle de « l’année du biberon »
ils montèrent dans le camion comme si d’une fête il s’agissait
mais il fut le seul qui ne revint pas.

Et maintenant j’arrive à t’entendre chanter
ton visage se dessine dans l’harmonie de ce lieu
et maintenant j’arrive à t’entendre chanter
si tu on ne soigne la blessure elle fait mal, elle suppure, ne trouve pas la paix.

Après treize jours sans nouvelles la joie d’une seconde
arrive une lettre…..
une autre de son compagnon
ce fut une balle nous disait le journal
j’ai gardé sa cuiller, sa veste militaire et le briquet.
La mère déjà descend la côte criant : « Canailles vous me l’avez tué ! »
sans une fleur
sans un adieu
pour seule tombe, son cœur.

Mais maintenant j’arrive à t’entendre chanter
ton visage se dessine dans l’harmonie de ce lieu
et maintenant j’arrive à t’entendre chanter
si tu on ne soigne la blessure elle fait mal, elle suppure, ne trouve pas la paix.


***Aime-moi fillette, aime-moi fillette, aime-moi toujours
Aime-moi autant, aime-moi autant que je t’aime
en échange je te donnerai
la viennoiserie, la viennoiserie et le bon café
la viennoiserie, la viennoiserie et le bon café
(trad : Colo)

32 commentaires:

  1. La chanson est très belle et les paroles brisent le cœur. Cette guerre doit être si proche encore dans les familles... bonne soirée (au coin du feu ?)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Proche, oui, et pourtant en parler est encore assez tabou. Les guerres civiles ont ça, sûrement.
      Au coin du feu, exactement:-) Très froid chez vous, j'entends.
      Bonne soirée Kwarkito.

      Supprimer
  2. C'est magnifique et prenant, tant les paroles que l'interprétation, très rugueuse, comme la réalité racontée. Merci de cette découverte.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je trouve aussi que les variations de la musique et de sa voix accompagnent parfaitement ce texte dur, si réel.

      Supprimer
  3. Tellement triste et juste aussi... des mots simples, la souffrance!

    RépondreSupprimer
  4. très émouvant, la cuillère, la veste et le briquet, pâles souvenirs et qui pourtant deviennent la personne même
    j'aime beaucoup cette voix

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Comme toi j'ai trouvé le détails des objets très émouvant.
      Bonne après-midi.

      Supprimer
  5. très belle chanson pour une bien triste page d'histoire...
    ça me fait penser à ce petit poème de Paul Valet, Trois générations:
    Le père mourut dans la boue de Champagne
    Le fils mourut dans la crasse d'Espagne
    Le petit s'obstinait à rester propre
    Les Allemands en firent du savon

    RépondreSupprimer
  6. Raconter la guerre en chanson. Il y a quelque chose de triste et en même temps, cette voix me réchauffe. Bises alpines.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Des souvenirs si vivants encore, Rozalen en fait un condensé très réussi je trouve.
      Bonne soirée Dédé

      Supprimer
  7. Une voix qui raconte bien, les drames sont si concrets… et la paix parfois introuvable.
    La dernière strophe est inattendue, un retour à la vie. Merci, colo.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est souvent par le concret qu'on arrive à percevoir la réalité, non?
      Bon week-end Tania.

      Supprimer
  8. quel beau texte, merci colo

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Contente que tu apprécies Niki. Bon week-end hivernal.

      Supprimer
  9. Ce n'est pas dans l'ordre des choses de la vie de voir mourir des jeunes, surtout à la guerre, le cri de cette mère restera éternel ! La voix de la chanteuse est très mature, je la pensais plus âgée... Merci Colo, cette chanson est vraiment émouvante. Bises, que les buches dans la cheminée te réchauffent bien. brigitte

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ces mêmes souvenirs, je les ai entendus de la bouche de mes beaux-parents...
      Il grêle ici Brigitte, la cheminé est bien venue!
      Je t'embrasse

      Supprimer
  10. C'est puissant et triste ! Touchante traduction, Colo ! Comme tu nous a traduits, on peut un peu suivre les paroles et comprendre un tout petit peu. C'est d'autant plus émouvant ! Je te remercie.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Une façon pour toi d'apprendre quelques mots d'espagnol An?
      Bon week-end, merci de ta gentille visite.

      Supprimer
  11. Très belle chanson ! Ici je découvre presque toujours des poètes, des chanteurs et tant de choses ! Je ne connaissais pas cette interprète. J'aime bien. Ce morceau me ramène un peu à l'esprit du film que j'ai vu hier soir : "Le Cercle Littéraire de Guernesey". C'est un film aussi sur la guerre et les drames des familles qui perdent un proche. Je ne sais pas si tu l'as vu, mais je te le conseille. Il est magistral. Bises.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Excellent film, en effet Obni!
      Où on se dit aussi qu'on a bien de la chance d'avoir vécu sans guerre...
      Bon week-end!

      Supprimer
  12. Tjs de beaux messages. Merci de les partager avec nous. Bisous

    RépondreSupprimer
  13. Une chanson bien triste celle de toutes les guerres!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il y a quand même une note de paix il me smeble..."mais maintenant j'arrive à t'entendre chanter..."
      Bonne semaine Marie.

      Supprimer
  14. La guerre civile est encore pire que toutes les autres, ce sont des morts et le déchirement d'une nation.

    RépondreSupprimer
  15. La chanson me rappelle le livre de Lydie Salvayre "Pas pleurer" et le personnage de Montse.
    Bonne semaine Colette.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Un très beau et dur roman, vous avez raison. Les histoires sont les mêmes partout dans les villages, mais les souffrances sont individuelles...
      Bonne semaine à vous aussi!

      Supprimer
  16. Le passage du temps et des mots sur des temps si difficiles pleins d'atrocités.Dans chaque guerre, le côté civil des hostilités est poignant.
    Moi aussi je pense à Lydie Salvayre et à son roman.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pas pleurer, même chanter et se souvenir de celui le faisait, ce sont bien les mêmes messages, oui Maïté.

      Supprimer