“Il
faut que l'imagination prenne trop pour que la pensée ait assez.”
G.
Bachelard.
Roberto Juarroz est sans aucun doute un poète qui emploie l’imagination,
les images, pour étudier, analyser le réel. Ce poème illustre bien, je trouve,
le propos de G. Bachelard.
Un
nuage m’a visité.
Et m’a laissé en s’en allant
son contour dans le vent.
Et m’a laissé en s’en allant
son contour dans le vent.
Une
ombre m’a visité.
Et m’a laissé en s’en allant
le poids d’un autre corps.
Et m’a laissé en s’en allant
le poids d’un autre corps.
Une
bouffée d’images m’a visité.
Et m’a laissé en s’en allant
l’irréligion du rêve.
Et m’a laissé en s’en allant
l’irréligion du rêve.
Une
absence m’a visité.
Et m’a laissé en s’en allant
mon image dans le temps.
Et m’a laissé en s’en allant
mon image dans le temps.
Et
moi je visite la vie.
Je lui laisserai en m’en allant
la grâce de ces restes.
Roberto Juarroz
Je lui laisserai en m’en allant
la grâce de ces restes.
Roberto Juarroz
Poésie verticale, traduction Roger Munier
“Hace falta que la imaginación coja demasiado para que el pensamiento tenga suficiente”. G. Bachelard.
Roberto
Juarroz es, sin duda, un poeta que usa la imaginación, las imágenes,
para estudiar, analizar la realidad. Este poema ilustra bien el
propósito de G. Bachelard.
Me
visitó una nube.
Y me dejó al marcharse
su
contorno de viento.
Me
visitó una sombra.
Y
me dejó al marcharse
el
peso de otro cuerpo.
Me
visitó una ráfaga de imágenes.
Y
me dejó al marcharse
la
irreligión del sueño.
Me
visitó una ausencia.
Y
me dejó al marcharse
mi
imagen en el tiempo.
Yo
visito la vida.
Le
dejaré al marcharme
la
gracia de estos restos.
Roberto Juarroz
Et ce poème visité, m'a laissé de douces illusions de la vie, mais de la vie quand même.
RépondreSupprimerTous ces poèmes que tu nous déniches chère poète Colo, sont des pépites qui me sont souvent inconnues mais que je découvre avec enchantement et ravissement. Ta traduction de l'espagnol vers le français me semble aussi fidèle à l'original,que même mon coeur ne semble rien à redire.
Bien à toi
Merci beaucoup Bisak, cette fois la traduction n'est pas de moi tu sais. Mais Juarroz est un poète que j'apprécie énormément.
SupprimerBonne soirée.
Je n'avais pas distingué de différence, ce qui prouve que la tienne n'a rien à envier aux autres.^^
SupprimerOh tu es trop gentil, merci beaucoup Bizak.
SupprimerBonne soirée à toi aussi.
visiter la vie, vrai que nous ne sommes que simples visiteurs de passage
RépondreSupprimerEssayons de ne pas être de simples ombres alors, non?
SupprimerOh, la belle chanson du poète !
RépondreSupprimerOui, nous sommes visités par la vie et nous la visitons, tant qu'elle nous ouvre la porte.
Aujourd'hui la neige a tout peint de blanc et installé son doux silence.
Bonne soirée à la maîtresse des lieux, qui nous invite au voyage en poésie.
Ici pas de neige mais il gèle, on est si bien au coin de la cheminée, à lire des poèmes:-)
SupprimerJ'aime bien cette idée de "visiter la vie". Parfois, nous avons des egos tellement surdimensionnés que nous oublions que nous ne sommes finalement que peu de choses. Merci pour ces découvertes poétiques. Belle semaine.
RépondreSupprimerAvec plaisir Dédé, bonne soirée.
SupprimerJ'aime la simplicité et l'évidence de ce poème. Cela doit être très doux de lire Juarroz auprès de l'âtre. Je réalise que cela fait bien longtemps que je n'ai pas vu un feu de bois..
RépondreSupprimerTu as raison, il y a toujours une certaine magie qui règne autour de l'âtre.Mais en ville...évidemment, pas possible.
SupprimerEn lisant ton billet d'hier, sur les photos, une réflexion si juste, je me disais qu'elle rejoignait un peu ce poème:
" Une bouffée d’images m’a visité.
Et m’a laissé en s’en allant
l’irréligion du rêve.
Une absence m’a visité.
Et m’a laissé en s’en allant
mon image dans le temps. "
Tu ne trouves pas?
Quelle fulgurance.
RépondreSupprimerBonne journée.
Bonne journée à toi aussi Marie.
SupprimerEt j'adore vraiment... Ici, on sait qu'on "n'a pas besoin de comprendre" avec la raison, on comprend aux images et aux mots... Très beau!
RépondreSupprimerAh que tes mots me font plaisir, merci Edmée.
Supprimerpour "su contorno de viento" j'aurais traduit par "son contour de vent"
RépondreSupprimer"dans le vent" change le sens du vers, ou je me trompe?
Je suis d'accord, mais comme le reste de la traduction de Mr Munier me plaisait, je l'ai laissé. De plus le "contour dans le vent", c'est joli également, non?
SupprimerBeau poème, en effet si bien accordé aux mots de Bachelard ! Parfois il nous faut réapprendre à se laisser ainsi porter. Bel exercice !
RépondreSupprimerComme ça me fait plaisir que tu l'apprécies Annie.
SupprimerSouvent nous sommes conditionnés par les analyses de poèmes qu'on nous a imposés à l'école, on cherche, souvent en vain, une explication à tout et...se laisser porter est si jouissif!
Bonne soirée.
J'aime tellement ce poète, merci Colo. La photo est superbe et donne envie de voyage et de contemplation.
RépondreSupprimerSur la photo, l'ombre, si claire, de la montagne m'a séduite, moi aussi.
SupprimerPlaner...
Et l'on cueille ces restes si beaux qui sont l'essentiel
RépondreSupprimerBien sûr!
SupprimerBonne journée Marie
Que c'est joli ! Je t'ai visitée
RépondreSupprimeret emporté le poème avec moi.
(Je parlerai de toi
dans mon prochain billet!)
Oh, j'irai voir ça, merci!
SupprimerJ'aime tellement Juarroz, merci ! La photo est superbe et donne envie de voyage et de contemplation.
RépondreSupprimerTiens, c'est gentil un second commentaire, merci Aifelle.
RépondreSupprimerBonne journée.
Toutes ces visites portent la poésie, la beauté est dans cette simplicité... Quelle belle image pour ponctuer ton billet, l'ombre au premier plan pourrait être un corps allongé, MAGNIFIQUE ! Bises et doux week end Colo. brigitte
RépondreSupprimerMerci Brigitte, bon week-end toi aussi.
SupprimerTout réside dans l'imaginaire mais ici il y a quelque chose en plus, un sentiment de légèreté quelque chose d'aérien. La réalité du poète est confronté à l'imperceptible qu'il habille joliment. Je perçois l'humilité de l'homme en rapport à l'impermanence de la condition humaine.Mais c'est mon sentiment personnel.
RépondreSupprimerImpermanence, oui Sergio, et humilité aussi, je suis d'accord.
SupprimerBon week-end Sergio.
C'est toujours si beau, ce que tu nous offres à lire. Ce sont des mots qu'on pourrait faire nôtres, tant ils entrent en nous : merci à toi.
RépondreSupprimerTes mots me font fort plaisir, merci Nikole.
SupprimerSans tapage l'essentiel. Magnifique de retenue et de justesse. Superbes images.
RépondreSupprimerCommentaire en accord parfait avec le poème, concis, précis.
SupprimerBon dimanche cher K.
Le poème m'a donné envie d'afficher une image pour lui donner un "contour"...
RépondreSupprimerUne poésie presque mystique ou méditative. J'aime beaucoup, tout comme la merveilleuse image affichée !
Je reviens tout à l'heure pour voir en entier la page destinée à l'auteur à partir du lien.
Bise un peu grise et hivernale mais ensoleillée par le poème ♥
Tu lui as donné, sur ton blog, un magnifique contour, encore merci Fifi.
SupprimerVents et soleil ici. Un beso.
Je passe faire une petite visite matinale, dire bonjour, demander comment ça va...
RépondreSupprimerA bientôt.
Que c'est gentil, tout va bien par ici, merci bonne journée à toi Marie!
SupprimerJe trouve que le pic d'Adam illustre très bien ce beau moment de poésie.
RépondreSupprimerC'est en fait l'ombre du pic que l'on voit, comme expliqué dans le lien. Il s'agot de se lever aux aurores pour voir ça ajoute-t-il.
SupprimerMerci et bonne journée.
Un poème bien travaillé ou balancé, comme on veut. Merci pour la découverte. Bonne fin de journée, il fait froid, c'est l'hiver, il se montre. Bises.
RépondreSupprimerComme un refrain bien rythmé, c'est vrai.
SupprimerFrisquet ici aussi, mais les amandiers sont en fleur, fleurs d'hiver, c'est joli.
À bientôt Elisabeth.
un mélange de douceur et de nostalgie pour une préoccupation bien réelle, le tout dans l'ombre du vécu, comme sur la superbe photo.De très belles images pour une formule lancinante: le tout contribuant à la beauté du poème.
RépondreSupprimerMerci pour tes mots Maïté, bon week-end.
Supprimer