"Combien de temps fallut-il à
Colette pour découvrir la vérité sur Willy ? Un an après son
arrivée à Paris, elle reçoit une lettre anonyme contenant une
adresse. Elle s’habille, se parfume, attrape un parapluie alors
qu’il fait un temps radieux. Parvenue à l’adresse indiquée,
elle y trouve Willy en la galante compagnie de Lotte, qui deviendra
son amie avant de se suicider d’une balle de revolver dans la
bouche." https://www.pressreader.com/france/l-express-france/20200813/281728386872239
La maîtresse s'appelle Lotte.
Dans "Mes apprentissages" (1936), bien moins connu que d'autres romans, Colette raconte "ce que je n'ai jamais dit". Sa belle plume y narre, avec humour, lucidité et courage et sans aucune victimisation, ses déboires ce qu'elle en a appris. Une lecture qui m'a captivée, enchantée.
“De mon côté, j’admirais en Lotte tout ce qui me manquerait éternellement, le bagout, une miraculeuse prestesse corporelle, et l’omniscience.
Quand elle ouvrit sa boutique d’herboriste, rue Paquet, et que j'allai acheter quelque vaseline boriquée, une poignée de camomille, nous nous mesurâmes de nouveau, et un peu cauteleusement je recherchai ses bonnes grâces. Je pris l’habitude de l’écouter, en insinuant que j'avais tout à apprendre. Rengorgée, elle paradait. Pour rendre la politesse, elle venait parfois chez nous, très dame, en veste d'astrakan, un gros bouquet de Parme à la ceinture et la voilette chenillée tendue sur son nez de pékinois.
Un jour, avant de parler, elle ouvrit sa fourrure parfumée au corylopsis, tira de son corsage le bord d'une chemise en “fil de main”, incrustée de papillons en malines. M.Willy siffla d’admiration.
“Mazette ! Qu’est-ce que c’est ?
- Un type, dit Lotte. Trois jours. Mais c'est fini. Avec sa gueule et son nom à coucher dehors, çui-là, je l’ai sorti.
-Quel nom ?
- Oh ! Un nom...comme Richard Lenoir...Attends, non, je me trompe : Edmond Blanc.”
On comprendra que je m’attarde au souvenir de Lotte Kinceler. Cette jeune femme, qui eut une vie brève, m'apprit beaucoup. D’elle datent mes doutes sur l'homme à qui je m’étais fiée, et la fin de mon caractère de jeune fille, intransigeante, beau, absurde ; d’elle me viennent l'idée de tolérance et de dissimulation, le consentement aux pactes avec une ennemie.
Période instructive, application, humilité...Lotte me vendait au poids de l’or sa pommade à l’oxyde de zinc, mais j’y gagnais encore. Chez elle, dans le salon-arrière-boutique, je buvais un tilleul servi sur le tapis de table à franges, et je cessais de croire follement que m'ayant trompée avec mon mari, Lotte ne fût occupée que de me tromper encore. “.
ooohhh! il faut que je lise ce livre!
RépondreSupprimerJe crois que tu ne regretteras pas Adrienne !
SupprimerJe ne le connais pas celui-là ! Oubli à réparer. Bon dimanche Colo, bises.
RépondreSupprimerUne écriture, comme tu peux le voir, très actuelle, par contre les détails vestimentaires sont fort éloignés de ce que nous connaissons...
SupprimerÀ bientôt Aifelle, un beso
une lecture indispensable en effet et que je suis très très heureuse de retrouver ici
RépondreSupprimerC'est toi qui me l'as suggérée dans un commentaire précédent chère amie.
SupprimerTu me donnes fort envie de le lire avec ce billet, gracias Colo.
RépondreSupprimerÀ lire un jour, certainement Tania, à la fois gai et grave.
SupprimerBonne fin de journée.
Suite logique de ton précédent post qui nous avait donné envie d'en apprendre un peu plus. Bon dimanche.
RépondreSupprimerCe mois j'ai cherché des livres et textes d'elle peu connus Chinou. Voyons si je trouve encore de quoi faire un dernier billet.
SupprimerAvec le recul, on peut certes sourire ou rire des rivales, et comprendre nos mécanismes de l'époque (pourquoi elle, qu'a t-elle de plus, pourquoi n'ai-je pas envie de la scalper?). Et on ne souffre plus vraiment, même si on peut encore être furieuse d'avoir été cruche, trompée, rampante...
RépondreSupprimerOui, oui, ici elle fait le contraire et se rapproche de l'amante, en devient l'amie, ce qui devrait mettre son mari dans une situation inconfortable, enfin eut-être !
SupprimerQuelle magnifique écriture, quelle richesse de vocabulaire !!! À lire le plus vite possible, merci Colo, douce journée à toi. brigitte
RépondreSupprimerOui, oui, il y a plein de détails vestimentaires et de matières que je ne connaissais pas du tout!
SupprimerBonne fin de semaine, un beso
Je ne crois pas l'avoir lu...
RépondreSupprimerIl n'est jamais trop tard ;-)
SupprimerJe ne connais pas ce livre de Colette, il va me plaire ! Merci Colo et un besos !
RépondreSupprimerBonjour, mais oui, je pense que tu le trouveras vraiment bien !
SupprimerPasse une bonne journée, un beso