Delmira
Agustini. Nous y revoilà donc comme annoncé la semaine dernière..
Delmira
Agustin. Aquí estamos, tal y como anunciado la semana pasada.
Vous
le savez, j’ai l’habitude de vous raconter les poètes plutôt
que d’en faire la
biographie. Mais voilà que j‘ai découvert que la traductrice,
Monique-Marie Ihry, tient un blog, “Dans
le jardin des mots” où vous pourrez lire un bel aperçu de la
vie de Delmira. C’est ici.
Como
ya sabéis, tengo por costumbre contaros los poetas más que hacer
una biografía. Pero he aquí que la traductora Monique-Marie Ihri,
tiene un Blog, “Dans
le jardin des mots” donde podréis leer, en francés, una bella introduccióna la vida de Delmira.
En
résumé donc, cette jeune fille d’excellente famille, précoce et
très douée, éduquée à la maison par un précepteur, -ce qui
implique une pauvre socialisation-, publie à 21 ans son premier
recueil intitulé “El libro blanco”. Des vers passionnés et
sensuels, chargés d’érotisme. Autant dire que les critiques de
l’époque étaient des hommes, nous sommes en 1907, et la société, comme en Europe
d’ailleurs, était patriarcale. Les femmes avaient un rôle
précis à la maison, ces critiques donc n’étaient visiblement pas
préparés à cela. L’un d’eux, très en vue, Carlos Vaz
Ferreira, lui écrivit une lettre qui disait: “comment vous êtes
arrivée, que ce soit à savoir ou à sentir ce que vous avez mis sur
certaines pages, est tout à fait inexplicable”.
En
resumen: esta joven de excelente familia, precoz y llena de talento,
educada en casa por un preceptor, -lo que implica una pobre
socialización- , publica a los 21 años su primer poemario titulado
“El libro blanco”. Versos apasionados y sensuales cargados de
erotismo. Va sin decir que los críticos de la época eran hombres, -estamos en
1907 y la sociedad, al igual que en Europa, era patriarcal. Las
mujeres tenían un papel preciso en casa, esos críticos, digo,
visiblemente no estaban preparados para eso. Uno de los más
destacados, Carlos Vaz Ferreira, le escribió una carta en la que
decía: «cómo ha llegado usted, sea a saber, sea a sentir, lo que
ha puesto en ciertas páginas, es algo completamente inexplicable».
Bon,
bon. Comme si la poésie ne pouvait venir que de l’expérience. Et
les rêves? Et le désir?
Bien
sûr les thèmes du désir, du plaisir, du corps féminins étaient
tabous, même dans les métaphores.
¡Bueno! Como
si la poesía sólo pudiera nacer de la experiencia. ¿Dónde los
sueños? ¿Dónde el deseo?
Por
supuesto lo relacionado con el deseo, con el placer, con el cuerpo
femenino era tabú, incluso en las metáforas.
Maxmilián Pirner Leda |
Et
mon regard était une couleuvre
Pointée
entre des buissons de cils,
Sur
le cygne révérant de ton corps.
Et
mon désir était une couleuvre
Rampant
entre les falaises de l’ombre
Vers
la statue de lys de ton corps.
Tu
te penchais encore et encore...et tant,
Et
tu te penchas tant,
Que
mes fleurs érotiques sont doubles,
Et
mon étoile est plus grande depuis.
Toute
ta vie se grava dans ma vie.
Traduction:
Monique-Marie Ihry
Avec
l’aimable autorisation de Cap de l’Étang Éditions,
http://www.capdeletang.com.
(
Extrait du poème Vision p.42)
Y era mi mirada una culebra
Apuntada entre zarzas de pestañas,
Al cisne reverente de tu cuerpo.
Y era mi deseo una culebra
Glisando entre los riscos de la sombra
A la estatua de lirios de tu cuerpo.
Tú te inclinabas más y más... y tanto,
Y tanto te inclinaste,
Que mis flores eróticas son dobles,
Y mi estrella es más grande desde entonces.
(del
poema Visión)
Poésie
moderniste aussi, avec ses symboles fleurs, cygnes, marbres, dans sa
première étape.
Poesía
modernista también, con sus símbolos de flores, cisnes, mármoles,
en su primera etapa.
Dans
ses recueils suivants, “Chants du matin” et “Les calices
vides”, l’amour est plus authentique et si féminin.
En
las publicaciones siguientes, “Cantos de la mañana” y “Cálices
vacíos”, el amor es más auténtico y tan femenino.
Éros,
je veux te guider, Père aveugle…
Je
demande à tes mains toutes-puissantes,
Son
corps souverain répandu en flammes
Sur
mon corps évanoui dans les roses!
La
couronne électrique qu’aujourd’hui je déplie
Offre
le nectar d’un jardin d’Épouses;
À
ses vautours en ma chair je délivre
Tout
un essaim de colombes roses!
(Extrait
du poème Une autre lignée, p.53)
Traduction:
Monique-Marie Ihry
Avec
l’aimable autorisation de Cap de l’Étang Éditions,
http://www.capdeletang.com.
Gustav Klimt , vers 1908-1915 |
Eros, yo quiero guiarte, Padre ciego...
pido a tus manos todopoderosas
¡su cuerpo excelso derramado en fuego
sobre mi cuerpo desmayado en rosas!
La eléctrica corola que hoy despliego
brinda el nectario de un jardín de Esposas;
para sus buitres en mi carne entrego
todo un enjambre de palomas rosas.
(del poema Otra estirpe)
À
27 ans elle est assassinée dans d’étranges circonstances par son
ex-mari avec lequel elle continuait à avoir des relations
charnelles. Éros et Thanatos.
Cette
fin tragique et prématurée ne change pas grand chose au rôle que
sa poésie a eu pour créer des femmes plus libres, originales et vraies- Rôle qu'a également joué Alfonsina Storni .
A
los 27 años fue asesinada en extrañas circunstancias por su
ex-marido con e cual seguía teniendo relaciones carnales. Eros y
Tanatos.
Este
fin trágico y prematuro no cambia mucho al papel que su poesía tuvo
para crear mujeres más libres, originales y
verdaderas. Al igual que Alfonsina Storni.
NB:
Pour écrire ce billet je me suis inspirée de sources variées dont:
Para
escribir esta entrada me inspiré de varias fuentes entre las cuales:
la famille devait être passablement bouleversée d'avoir donné naissance à une femme aussi ....osée
RépondreSupprimerje vais aller lire le blog dont tu nous parles
J'ai pensé aussi à ses parents! Mais ça m'a fait sourire.
SupprimerBonne journée.
Tania, qui n'arrive pas à laisser un commentaire, (ennuis techniques à Blogspot sans doute), m'envoie ceci:
RépondreSupprimer« Une autre jeune femme "en feu"... Tuée à 27 ans, la pauvre ! »
Belle référence au film, oui!
SupprimerUn tragique destin pour une femme bien en avance sur son temps. Que c'est beau cet érotisme chargé d'émotion. Bises alpines.
RépondreSupprimerArriver à mettre en mots le désir, le plaisir est déjà tout un exploit, tu as raison!
SupprimerUn beso, bonne journée Dédé
Merci pour ce partage et ce renvoi sur mon blog !
RépondreSupprimerJ'ai été très contente de découvrir votre blog aussi!
SupprimerÀ bientôt.
Très bonne soirée, bisous
RépondreSupprimerBonne journée Val.
SupprimerMerci de cette présentation de deux poétesses au destin tragique, l'urugayenne militante féministe et la sombre et douce argentine.
RépondreSupprimerDes étoiles filantes, toutes deux tôt disparues qui, dans des pays où la violence machiste est toujours inquiétante aujourd'hui, contribuèrent à rendre les femmes "plus libres, originales et vraies" (je reprends vos mots).
Quel prénom rare Delmira, je ne l'avais jamais rencontré. Je ne trouve pas d'équivalent francophone.
Belle journée Colette.
Bonjour Christian, on rêve d'un moment de l'histoire où les femmes ont été ou seront, du moins à l'égal des hommes, à l'abri de la violence.
SupprimerCes deux poètes audacieuses, talentueuses, j'ai pris un énorme plaisir à les lire, étudier.
J'ai une amie anglaise qui s'appelle Derina, mais Delmira je n'avais jamais entendu moi non plus.
Bon week-end, long we!
Avoir la jeunesse et du talent, est-ce un crime ? Sans doute oui, à l’époque, surtout si l’on est femme ! Mais vrai quelle sensualité !
RépondreSupprimerBonjour Mimi, sans doute être différent(e) et osé(e) est-il toujours un risque...? Mais ne le devrait bien sûr pas!
SupprimerBonne journée, je passerai chez toi profitant du long we tranquille.
Aujourd'hui, on dirait que c'est un féminicide .. J'imagine le choc qu'elle a dû provoquer parmi ces critiques hommes devant un tel talent. Ils ont dû être bien bousculés.
RépondreSupprimerFéminicide, tout à fait quoique, j'ignore les détails, mais des doutes planent sur sa mort. Dans un article il est suggéré qu'elle lui aurait demandé de...mais qui sait?
SupprimerParler de plaisir et désir, ce n'est pas encore évident maintenant je trouve. Tu es peut-être d'accord.
Bon long WE Aifelle.
Ce n'est toujours pas évident en effet ; les mentalités évoluent nettement moins vite que la technique ! Bon week-end à toi aussi, très pluvieux chez moi, mais c'est bien un temps de Toussaint pour la Normandie.
SupprimerMais quelle femme passionnée. Décrire un désir qu'elle ne pouvait sans doute comparer à celui des autres (sauf si, dans la bibliothèque des parents, comme souvent alors... hm hm..).
RépondreSupprimerTu sembles parler d'expérience bibliothèque..hm, hm:-)
SupprimerDire, écrire le désir est si difficile.
Bon week-end Edmée
La liberté de vivre son désir... En mots... Il fallait oser !
RépondreSupprimerEn chair aussi d'ailleurs, elle aurait eu beaucoup d'amants. Mais c'est sûrement plus facile qu'en mots, tu as raison.
SupprimerBon dimanche Martine
C'est toujours fascinant et exaltant de voir qu'on peut être aussi libre !
RépondreSupprimerBonne journée !
Tout à fait, mais au prix de sa vie...
SupprimerTon envoi est bien arrivé, merci!
Un beso.
J'aime cette liberté d'expression qu'elle avait la force d'assumer au regard du contexte patriarcal de l'époque. Mais elle avait un message poétique à délivrer. Avec des mots et une sensibilité qui sont sa signature. La richesse est dans la diversité, aucun homme n'aurait pu écrire de la sorte.
RépondreSupprimerMerci Sergio, une grande richesse d'images, et une grande liberté aussi tu as raison.
SupprimerLes hommes parlent de sexualité en poésie mais très différemment, on le sait.
Bonne journée, vents et gris ici.
Quelle fin tragique, la force et la beauté de ses mots restent comme un cadeau ! Merci Colo, qu'il est beau ce partage. Bel après midi à toi, bises. brigitte
RépondreSupprimerLa découverte de cette poète m'a enchantée à moi aussi Brigitte.
SupprimerUne poésie très personnelle, forte, féminine.
Bonne semaine, je t'embrasse
Merci pour ce beau partage !
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