2 août 2025

Poésie domestique / Poesía doméstica

 Un dimanche je reçois ce message d'une amie: “Je termine mon repassage sur la terrasse, j'ai failli m'envoler!”

Moi aussi j'avais prévu de repasser, après ma sieste, mais dans la salle de bains, l'endroit le plus frais de la maison. En écoutant la radio.
Certain(e)s regardent la TV, d'autres mettent de la musique en réalisant cette tâche domestique, parfois longue, toujours précise.
Un soir, en parcourant des blogs je suis tombée sur ce poème amusant que je vous ai traduit.


Picasso

 


Poésie domestique

Par quel obscur caprice du destin
par quelle facétie perverse du hasard
par quelle conspiration cruelle et insoupçonnable
par quel dessein d'un sombre pouvoir...

Si je m'y efforce
et m'organise, et me programme
et fais tout mon possible,
épuise la vitesse...

Mais si le divin et le terrestre
complotent
et bien que j'aie écrit ceci un lundi
je continue à me demander pourquoi
je finis toujours par repasser les dimanches!

Trad: Colo

27 juil. 2025

Un océan de douleurs / Un océano de dolores

 

Pas besoin de vous expliquer le pourquoi du choix de ce poème, hélas.

No necesito explicaros el por qué elegí este poema, por desgracia.

 

                                               

Détail de l'œil de Saint Jean, La descente de croix Detalle del ojo de San Juan. El Descendimiento. Van der Weyden.


 

Larme (extraits)

Jaime Gil de Biedma


Ils ne voyaient pas la larme. 

 

Immobile

dans le centre le la vision, brillante,

trop lourde pour rouler sur une joue d’homme,

immense,

ils disaient qu’un nuage, ils dissimulaient, ne voulaient

pas la voir

sur la terre obscurcie,

briller sur la terre obscurcie.


Et aujourd’hui la douleur

des autres, de beaucoup,

douleur de beaucoup d’autres, douleur de tant d’hommes,

océan d’hommes que les siècles traînent

au travers des siècles, sombrant dans l’histoire. (...)

 

Regardez par contre les hommes qui sourient,

les hommes qui conseillent le sourire.

Regardez-les

pressés, qui accourent.

Face à la sourde réalité

ils pérorent, recommandent, donnent confiance.

Attentionnés, ils offrent leurs services. Et ils sourient

sourient.

Ce sont les vils

propagandistes diplômés

du sourire sans douleur, les guérisseurs

sans honneur.


(…)


Ainsi va le monde

et ainsi les hommes. Regardez

notre histoire, cette mer,

cet immense dépôt de souffrances anonymes,

regardez comment se rassemble

tout en lui: des injustices

silencieusement dévorées, humiliations, poings

serrés en secret

et des pleurs. D’émouvants pleurs inaudibles

de ceux qui n’attendent plus rien de personne…


Trad: Colo

 

 

 
CAUTIVERIO. 100 X 81 CM. Pintura sobre madera. Gustavo Benito

https://gustavoabenito.com/pintura-raspada/ 

 

Lágrima (fragmentos)

Jaime Gil de Biedma

 

No veían la lágrima.

Inmóvil
en el centro de la visión, brillando,
demasiado pesada para rodar por mejilla de hombre,
inmensa,
decían que una nube, pretendían, querían
no verla
sobre la tierra oscurecida,
brillar sobre la tierra oscurecida.

He ahora el dolor
de los otros, de muchos,
dolor de muchos otros, dolor de tantos hombres,
océanos de hombres que los siglos arrastran
por los siglos, sumiéndose en la historia.(...)

Ved en cambio a los hombres que sonríen,
los hombres que aconsejan la sonrisa.
Vedlos
presurosos, que acuden.
Frente a la sorda realidad
peroran, recomiendan, imponen confianza.
Solícitos, ofrecen sus servicios. Y sonríen,
sonríen.
Son los viles
propagandistas diplomados
de la sonrisa sin dolor, los curanderos
sin honra.

(...)

Así es el mundo
y así los hombres. Ved
nuestra historia, ese mar,
ese inmenso depósito de sufrimiento anónimo,
ved cómo se recoge
todo en él: injusticias
calladamente devoradas, humillaciones, puños
a escondidas crispados
y llantos, conmovedores llantos inaudibles
de los que nada esperan ya de nadie…



19 juil. 2025

Plein soleil / Pleno sol

 

Alchimie

Les ombres ne reviendront pas.
Conserve ma promesse comme une conque intermittente.
Je vais mettre midi à bouillir dans un chaudron
pour que toute la maison sente le soleil. 


(trad: Colo)

 Leandro Calle 1969-     , Zarate, province de Buenos Aires

 

 

   

Mark Rothko

 

Alquimia

No volverán las sombras.
Conserva mi promesa como una intermitente caracola.
Voy a poner a hervir en un caldero el mediodía
para que huela a sol toda la casa.

Leandro Calle 1969 -    , Zarate, provincia de Buenos Aires

 

 

 

14 juil. 2025

Entre eux / Entre ellos

 

 

Le mur


il ne sait rien de la mer



La mer


elle ne sait rien du mur



Entre eux


le va-et-vient du vent
 

 

extrait de Komboloï, Werner Lambersy 

 



Photo Colo, Nord de Mallorca



La pared
no sabe nada del mar

El mar
no sabe nada de la pared

Entre ellos
el vaivén del viento

(Trad, Colo) 

 

Bonne semaine!


¡Qué tengáis una buena semana!

 

9 juil. 2025

Un peu de tout, la vie en été / Un poco de todo, la vida en verano

 

Balade quotidienne avant que le soleil ne rende le plaisir de vivre par trop chaleureux.

Paseo cotidiano antes que el sol convierta el placer de vivir demasiado caluroso.





Trois femmes et un chien, groupe d'âges disparates. Nous rencontrons pas mal de gens qui profitent de la relative fraîcheur du matin. Marche lente dans la campagne, rien ou presque ne nous échappe. V, la plus âgée, s'arrête souvent pour parler des choses de la terre, de la vie dans le village de sa jeunesse. Son père était berger de moutons, elle raconte si bien la vie d'alors.


Tres mujeres y un perro, grupo de edades variadas. Nos encontramos con bastante gente que aprovecha el relativo frescor de la mañana. Paseo lento por el campo, nada o casi nada se nos escapa. V, la mayor, se para a menudo para hablar de cosas de la tierra, de la vida en el pueblo de su juventud. Su padre era pastor de ovejas, cuenta tan bien la vida entonces.


De nombreux papillons cette année, des hirondelles à foison, et l'autre jour ces cochons qui ont à peine daigné ouvrir un œil à notre passage.

Hay numerosos conejos este año, golondrinas en abundancia y, el otro día, esos cerdos que apenas se dignaron a abrir un ojo a nuestro paso.



Sommeil de porcs / Sueño de cerdos Mallorca Foto Colo




Cette semaine, à l'ombre, j'ai lu ce poème qui résume si bien nos petites peurs et nos grands courages.

Esta semana, a la sombra, leí este poema que resume tan bien nuestros pequeños miedos y nuestras grandes valentías.





Valiente / Courageux



GRACIA IGLESIAS LODARES (Madrid 1977)




 Il avait peur des pas

des portes entrouvertes

des rideaux

des pieds des sphinx

de la langue des chats



Il était effrayé par les rires des vieux

et par les photos d'enfants en cravate

par les ours en peluche

par les mouettes au cinéma

des années soixante



Il craignait surtout de

voir pleurer son père

de parcourir un couloir

de se couper avec du papier

et de mourir chaque nuit



Mais il était si courageux

qu'il regardait dans les yeux

et qu'il épanchait son âme

et disait je t'aime

 
et c'était vrai.

(Trad:Colo)


 

Le daban miedo las pisadas

las puertas entreabiertas

las cortinas

los pies de las esfinges

la lengua de los gatos.


Le asustaban la risa de los viejos

y las fotos de niños con corbata

los osos de peluche

las gaviotas de cine

de los años sesenta.


Temía sobre todo

ver llorar a su padre

recorrer un pasillo

cortarse con papel

y morir cada noche.


Pero era tan valiente

que miraba a los ojos

y derramaba el alma

y decía te amo

y era cierto.


 Billet repris en partie de celui publié il y a 10 ans. Il est des choses qui ne changent pas....

1 juil. 2025

Mots qui nous secouent

 

Aujourd’hui un poème hors de mes habitudes espagnoles. Il vient du Cameroun, une jeune femme brillante, cliquez et vous verrez, Minsili Zanga, et devrait rassurer tous ceux qui pensent que la poésie c’est pas pour eux, qu’ils ne la comprennent pas.

Léger et entraînant. 

 

https://www.minsilizanga.com/author/minsili/page/17/

 

La discrète et inéluctable marche vers la poésie

Minsili Zanga



Inventer des histoires

Voir des nouvelles surgir

Observer la naissance d’un récit

Coucher des mots sur l’actualité

Disséquer un fait social

Oui, tout cela je l’ai fait

.

Mais m’adonner à la poésie ?

Pour moi elle restait de l’inaccessible

L’incompréhensible même

Engoncée aux versets

Réduite aux strophes et vers

Quatrains de mes années scolaires

.

Dissyllabes quadrisyllabes…

Oh là là !

Pentamètres heptamètres…

Rimes croisées suivies plates…

Aïe !

Sonnets, ode et…

.

Á Ǹti wama !

Oh mon dieu !

Akíé abím ndzug a dí !

Mais que c’est compliqué !

.

C’était ça la poésie pour moi

C’est-à-dire figée ennuyeuse

Et cette rime ah celle-là !

Ces contraintes métriques

Pourquoi donc ?

Faire de la poésie ?

Hum non, sûrement pas !

.

Et pourtant !

Tout naturellement

Comme si la belle Dame

Discrète mais sûre de son fait

Dans une tranquille assurance

Attendait son heure

Celle de l’écriture poétique

Elle est venue à moi

Et de quelle façon !

.

D’abord elle m’a dit

Ou plutôt soufflé en silence ?

.

Vogóló wamәn !

Écoute-toi voir !

.

Écoute, et tu verras !

Tu verras que

La poésie est diverse

Tiens, ton peuple !

Ceux de la Terre Rouge

Ne vois-tu pas leur poésie ?

Par la parole

Les chants

La musique

Les mots

Le Mvet !

Elle est dans tout

.

Vogóló !

Écoute !

.

N’entends-tu pas la poésie du Mvet Ekang ?

L’art de l’antique Harpe-Cythare

Portant le cœur de la terre Rouge ?

As-tu oublié la poésie des chants Beti ?

.

Ndǝ hm mǝ ngá vogolo…

Une part de moi a écouté…

Et alors…

.

Mintsogán

Pensées

.

Vinrent d’abord des Mintsogán

Pensées et réflexions vous happant d’un coup

Instantanées ne demandant qu’à sortir

.

Des pensées-perles

Des mots-écrins

Qui s’emmêlent

S’exposent

Prennent forme

Entre larmes et rires

Entre étonnement et…

Tant d’émotions !

.

Et un jour la rencontre !

L’inconscient est devenu conscient

L’imagination impose son camp

Elle vous susurre une vérité longtemps-là :

Certaines choses ne peuvent être dites qu’en poésie

.

Et l’imagination de murmurer

Ou plutôt chanter ?

.

Mǝtáman ?

La poésie ?

.

Elle n’est pas que vers et rime

Elle est aussi prose en forme

Prose et musique réunis

Mots qui touchent l’Esprit

Mots qui nous secouent

.

Fais-je de la prose en poème

Ou du poème en prose ?

À vous de juger !

©Minsilizanga.com

26 juin 2025

Dimanches au parc / Domingos en el parque

 

Chaleur, parcs pour ceux qui vivent en ville.

Et ce poème si étrange à première lecture, surréaliste et réaliste à la fois.

Il m’a bien plu, il y a la nature bien sûr, et puis ces images inattendues. 

Finalement les dimanches après-midi de ma jeunesse, au parc du Middelheim, à 

Anvers, qui était derrière chez nous.



Dans le parc

Jairo Guzmán, Medellín, Colombia, en 1961.


les musiciens de l’air sont les fleurs

qui flottent telles des demoiselles

vêtues d’un manteau d’oiseaux

dans le parc où le dimanche les gens

déambulent rêvant de châteaux de pop corn

et marchent comme s’ils voyageaient

sur des tapis de papillons

afin que les poètes s’en inspirent

tandis qu’un cheval

secoue de la queue

les mouches de l’ennui

(Trad: Colo)

 

 Source: https://www.cdp29.fr/fr/agenda/view/912/rendez-vous-aux-jardins-2024/


  • En el parque

Jairo Guzmán, Medellín, Colombia, en 1961.



  • los músicos del aire son las flores
    que flotantes semejan señoritas
    vestidas con un manto de pájaros
    en el parque donde la gente el domingo
    deambula soñando castillos de crispetas
    y caminan como si viajaran
    en alfombras de mariposas
    para que los poetas se inspiren
    mientras un caballo
    sacude con el rabo
    las moscas del aburrimiento


22 juin 2025

Encore eux, eh oui ! / Y unos más...

 Parfois on pensait en avoir terminé avec un sujet et, hop, il revient. 

Un vrai plaisir de trouver dans mon courrier  une aquarelle de Christw. Il y a un temps, 

je lui avais envoyé quelques photos de I. Pampín, des sujets possibles pour sa peinture.

Voici la photo 



 
Et voici son aquarelle, superbe, non ?
 
 

Au passage j'ai découvert un peintre flamand, né et décédé dans ma ville natale, Anvers,

 en 1626, Jan van Kessel, spécialisé dans les études d'insectes, de fleurs...

 


Et finalement, cette superbe BD, Insectopolis, déjà traduite en espagnol, en français je ne crois pas, mais ce ne peut tarder.

Un voyage à travers 400 millions d'années d'histoire des insectes et des scientifiques. Une merveille. 

 

 

 

Bon dimanche, bonne semaine ! 

14 juin 2025

Enfin, les papillons / Por fin, las mariposas

 

Dans ma minuscule mais tenace guerre contre les pesticides, voilà le dernier billet, pour le moment, sur les insectes. Les papillons à l’honneur. Divers apports, merci à vous Dominique, Marie, Tania.

 

 Représentation d’une Piéride du chou (en haut à gauche) et d’une Grande torture (en bas) dans le Livre d’heures de William Hastings (vers 1470)


 

Papillons – Mariposas


Mario Benedetti

La mariposa
recordará siempre
que fue gusano



Le papillon

se souviendra toujours

qu’il fut chenille



Pour parler des insectes c’est à Jean Henri Fabre, qu’il faut laisser la parole. Vous trouverez chez Dominique un billet très complet et intéressant sur cet entomologiste de choix.

Lui qui écrivait:


« Et puis, mes chers insectes, si vous ne pouvez convaincre ces braves gens parce que vous n’avez pas le poids de l’ennuyeux, je leur dirai à mon tour : Vous éventrez la bête et moi je l’étudie vivante; vous en faites un objet d’horreur et de pitié, et moi je la fait aimer; vous travaillez dans un atelier de torture et de dépècement, j’observe sous le ciel bleu, au chant des cigales; vous soumettez aux réactifs la cellule et le protoplasme, j’étudie l’instinct dans ses manifestations les plus élevées, vous scrutez la mort, je scrute la vie. »


                                               Papilio Ulysses, 2008, Damien Hirst

 


Pour revenir aux papillons c’est chez Marie que se trouve ce poème:



Des baisers volés

A la lisière du cœur

La fleur en frissonne


Virevoltent les amours

Au souffle chaud des passions


********


 Un dernier câlin


A celle qui va mourir


Tendresse d’un soir


Frida Kahlo, auto retrato 


Tania propose ce poème de Francis Ponge

"La Métamorphose

Tu peux tordre au pied des tiges
L'élastique de ton cœur
Ce n'est pas comme chenille
Que tu connaîtras les fleurs
Quand s'annonce à plus d'un signe
Ta ruée vers le bonheur
........................................................
Il frémit et d'un seul bond
Rejoignit les papillons."





6 juin 2025

Ruche collective, billets ouverts à tous / Colmenas colectivas, entradas abiertas a todos

 Poursuivant le billet antérieur,  j’ai décidé de dédier ce mois de juin aux insectes 

pollinisateurs. À la Vie comme l’écrivait Solilouve.


Alors, si vous pensez un à poème, une fable, une peinture, enfin quoi que ce soit lié aux insectes, vous pourriez me l’envoyer, cela apparaîtra dans un billet.


Pour accompagner la lecture, voici “Le vol du bourdon” de Rimsky-Korsakov

 




Commençons par la Reine, l’abeille.


ODE À L’ABEILLE (extraits)


Pablo Neruda


Multitude de l’abeille !

Elle entre et sort

du carmin, du bleu,

du jaune,

de la plus douce

douceur du monde:

elle entre dans

une corolle

précipitamment,

pour affaires,

sort

vêtue d’un costume d’or

et de bottes

jaunes.

Parfaite

depuis la taille,

au ventre rayé

par de sombres barreaux

la petite tête

toujours

préoccupée

et les ailes faites d’eau:

elle entre

par toutes les fenêtres odorantes,

ouvre

les portes de la soie

elle bute

sur une goutte

de rosée

comme sur un diamante

et de toutes les demeures

qu’elle visite

elle sort

du miel

mystérieux

riche et pesant

miel, épais arôme,

lumière liquide qui tombe en grosses gouttes

jusqu’à ce que dans son palais

collectif

elle retourne et dans les alcôves gothiques

dépose

le produit

de la fleur et du vol...(…)

(Trad: Colo)

 

lantana
                                        
Maria Dattola Photography//Getty Images


Allez à vos champs et à vos jardins,
Et vous apprendrez que c’est le plaisir de l’abeille
De butiner le miel de la fleur.
Mais, c’est aussi le plaisir de la fleur
De céder son miel à l’abeille.
Car pour l’abeille,
La fleur est une source de vie.
Et pour la fleur,
Une abeille est une messagère d’amour.
Et pour les deux,
Abeille et fleur,
Donner et recevoir le plaisir
Sont un besoin et une extase
.



Khalil Gibran

 

 Envoyé par Marie, merci, gracias!

 

ET voilà le bourdon, les cloches de l'Église St Omer, merci Solilouve;.)

 

Marie, m'envoie aussi cette citation et deux belles photos.:  

« Rien ne ressemble à une âme comme une abeille, elle va de fleur en fleur comme une âme, d'étoile en étoile et elle rapporte le miel comme l'âme rapporte la lumière. » Victor Hugo




 

 Dédé envoie ceci, tout en n'étant pas fan...merci!

 


 

 Solilouve nous envoie ce souvenir bourdonnant;-)

Merci.  


 

 

 

 

 

Para seguir con el tema de los insectos polinizadores, hoy con la Reina, la abeja, decidí dedicarles este mes. Si se os ocurre un poema, una canción, lo que sea, podríais mandarlo y lo publicaría en una de las entradas.


ODA A LA ABEJA

Pablo Neruda


MULTITUD de la abeja!

Entra y sale

del carmín, del azul,

del amarillo,

de la más suave

suavidad del mundo:

entra en

una corola

precipitadamente,

por negocios,

sale

con traje de oro

y cantidad de botas

amarillas.

Perfecta

desde la cintura,

el abdomen rayado

por barrotes oscuros,

la cabecita

siempre

preocupada

y las

alas

recién hechas de agua:

entra

por todas las ventanas olorosas,

abre

las puertas de la seda,

tropieza

con

una

gota

de rocío

como con un diamante

y de todas las casas

que visita

saca

miel

misteriosa,

rica y pesada

miel, espeso aroma,

líquida luz que cae en goterones

hasta que a su

palacio

colectivo

regresa

y en las góticas almenas

deposita

el producto

de la flor y del vuelo..(..)