16 avr. 2024

Bavard / Hablador

Juan avait toujours parlé par les coudes (hablar por los codos), intarissable depuis son enfance. Souvent, faute de compagnie, il parlait seul et là aucune limite à ses rêves, projets.

Intelligent et bon élève, ses parents lui conseillèrent de devenir avocat: “avec une telle verve, ce sera “coudre et chanter” (coser y cantar) " disaient-ils.

Juan les avait crus.

Une fois ses études terminées il pensa, oh erreur, que ce serait “arriver et baiser le saint”(llegar y besar el santo)

Jamais il ne s'était imaginé qu'autant de concurrents se présenteraient au même poste d'avocat de l'entreprise BUHO. On lui donna le numéro 22, chose qui le laissa à carreaux (quedarse a cuadros).

Dans la salle d'attente il rencontra l'ancien avocat de la boîte qui lui dit: celui qui veut des poissons doit se mouiller le cul (el que quiera peces que se moje el culo)

 


 

 Les autres candidats, tous fort bavards, s'approchèrent et une discussion fort animée s'ensuivit.

Fort animée et de plus en plus bruyante, au point que l'avocat général renvoya chaque hibou à son olivier (cada muchuelo a su olivo)

C'est penaud que Juan rentra chez lui; il avait pris sa décision: il deviendrait oiseleur.

 

                                                

"L'OISELEUR INDOU",  AUGUSTE DE WEVER (Belgique, 1836-1910)

 

Ça va, vous avez tout compris ?

9 avr. 2024

Un oiseau, un violon, une fleur / Un pájaro, un violín, una flor

 

Aujourd'hui le billet de Kwarkito intitulé “L’huître et le néant” m’a fait rire !

Aujourd’hui  aussi une épitaphe, très poétique, de Juan Gelman. 

 

 

Épitaphe Juan Gelman


Un oiseau vivait en moi

Une fleur voyageait dans mon sang

Mon cœur était un violon.

 

J'ai aimé ou pas. Mais parfois

on m'a aimé. Moi aussi

je me réjouissais : du printemps

des mains jointes, de ce qui rend heureux.

 

Je dis que l'homme se doit de l'être.

 

(Ci-gît un oiseau.

Une fleur.

Un violon)

(Traduction trouvée sans nom du traducteur, hélas)


 

Epitafio

Un pájaro vivía en mí.

Una flor viajaba en mi sangre.

Mi corazón era un violín.

Quise o no quise. Pero a veces

me quisieron. También a mí

me alegraban: la primavera,

las manos juntas, lo feliz.

¡Digo que el hombre debe serlo!

(Aquí yace un pájaro.

Una flor.

Un violín).


6 avr. 2024

Tête en l'air

 

C’est vraiment par hasard que ce matin à l’aube j’ai vu que le 6 avril est le jour où est décédé Jacques Higelin. En 2018.

Homme aux multiples talents, souvent décalé, j’ai retenu, je le trouve très inspiré,  ce poème qu’il a mis en musique et chante. Vous connaissez peut-être la chanson si vous êtes de ma génération...





Tête en l'air


Texte / Chanson de Jacques Higelin


Sur la terre des damnés, tête en l'air,
Étranger aux vérités premières énoncées par des cons,
Jamais touché le fond de la misère
Et je pleure, et je crie et je ris au pied d'une fleur des champs,
Égaré, insouciant dans l'âme du printemps, cœur battant,
Cœur serré par la colère, par l'éphémère beauté de la vie.


Sur la terre, face aux dieux, tête en l'air,
Amoureux d'une émotion légère comme un soleil radieux
Dans le ciel de ma fenêtre ouverte
Et je chante, et je lance un appel aux archanges de l'Amour.
Quelle chance un vautour, d'un coup d'aile d'un coup de bec
Me rend aveugle et sourd à la colère à la détresse de la vie.


Sur la terre, tête en l'air, amoureux,
Y'a des allumettes au fond de tes yeux,
Des pianos à queue dans la boîte aux lettres,
Des pots de yaourt dans la vinaigrette
Et des oubliettes au fond de la cour…


Comme un vol d'hirondelles échappé de la poubelle du ciel...


31 mars 2024

Les rites du temps / Los ritos del tiempo

 

                                                     

Dan Miravalles Pendás, Arriondas, Asturias, 1985.

Marine

 

 Renée Ferrer, Paraguay 1944-


Marcher

sur les sables de ta pensée

voyager en clandestin dans les cales de l’espoir,

et céder

-en cette attente de toi,

de ton désir survivant d’un cataclysme d’écumes.


L’horizon se loge en moi

s’appuyant

de l’autre côté de mon front.

La mer s’en tient aux rites du temps

et réitère un secret désiré.


Ne me dis pas que j’ai à nouveau rêvé,

qu’il fait déjà jour.


Trad:Colo


Et, si vous fêtez Pâques, bon dimanche! 



Marina 

 

  Renée Ferrer ,Paraguay 1944-


Caminar

por las arenas de tu pensamiento,

viajar de polizón en las bodegas de la espera,

y ceder

-a esa espera de ti,

de tu deseo sobreviviente de un cataclismo de espumas.


El horizonte se aposenta en mí

recostándose

del otro lado de mi frente.

El mar se atiene a los ritos del tiempo

reiterando un llamado secreto.


No me digas que he soñado otra vez,

que ya es de día. 

 


17 mars 2024

Pause

Comme chaque année au moment des plantations (et du désherbage) de printemps, il me faut faire une pause-blog. 

Je passerai chez vous mais pas le temps de faire des traductions...

Portez-vous bien !

                              Variété de laitues du potager.
 

 

Asphodèles, il y en a partout.

9 mars 2024

Soupirs II / Suspiros II

 

                                            Extrait des noces de Figaro-Mozart.

 

Continuons donc à parler des soupirs...


Aujourd’hui un texte en prose, poétique, où le poète colombien José Asunción Silva

 (Bogotá 1865 – 1896, il s’est suicidé à 30 ans) commence par “si j’étais poète…”.

 

Soupirs

 

Si j’étais poète et pouvais fixer, avec des épingles, en rimes brillantes, la voltige des idées

 agiles comme une volée de papillons blancs de printemps si je pouvais

cristalliser

les rêves en peu de strophes, je ferais un merveilleux poème où je parlerais de soupirs, de

 cet air qui retourne à l’air, emportant avec lui quelques espoirs, des fatigues et

la mélancolie des hommes.

 ****

Et pour échapper aux soupirs de convention, ceux des romances sentimentales,

pleines de lunes de

pacotille et de rossignols triviaux, je parlerais des soupirs anxieux qui

flottent dans l’air

épais et imprégné d’odeur d’acide phénique, dans la lumière dorée des cierges

parmi l’arôme

vague des fleurs mortuaires, près de ceux dont les yeux, fermés

pour toujours, gardent

les traces violacées des dernières insomnies, et dont les lèvres s’abîmèrent avec le froid de la

mort.

****

Ah non ! Ce soupir serait trop triste pour en parler; son souvenir voilerait

les yeux neufs des lectrices, les yeux parfois sombres comme des nuits d’hiver, bleus et

clairs parfois, comme l’eau des lacs tranquilles.

Afin qu’ils ne se voilent pas, je parlerais du soupir de volupté et de fatigue

qui flotte dans

l’

air tiède d’une salle de bal, illuminée comme le jour, reflétée par des miroirs vénitiens; du

soupir d’une femme, jeune et belle, agitée par la valse, dont la peau de

pêche rosit,

et

dont les doigts de fée serrent fébrilement l’éventail de plumes flexibles qui

lui baisent la

jupe; du soupir sensuel et vague qui se perd parmi les blancheurs rosées dans

l’air où

palpite l’iris des diamants, où la lumière se brise dans l’air des rubis,

dans le bleu

mystérieux des saphirs, dans l’air qui emporte des tentations de tendresse et de baisers…

 


 

****

Même en étant poète et en écrivant un poème merveilleux, je ne pourrais parler d’un 

autre soupir...du

soupir qui vient à toutes les poitrines humaines quand elles comparent le bonheur 

obtenu,

 le

goût connu, le paysage vu, l’amour heureux avec les bonheurs rêvés

qui jamais

ne se réalisent, ceux qui jamais n'offrent le Ah, non ! ce soupir serait trop

doux pour parler de lui, son souvenir ferait se rider

le front fatigué, et blanchir les cheveux des philosophes dont les veines ne font plus 

courir, en flots

ardents, le sang de la jeunesse. Pour qu’ils puissent me lire je parlerais

plutôt du soupir

de

fatigue d’un vieux, d’un soupir entendu une soirée d’automne sur le chemin

qui va

du village

au cimetière.

(...)


(Trad: Colo. J'ai gardé la mise en forme originale)




Suspiros


José Asunción Silva

Si fuera poeta y pudiese fijar el revoloteo de las ideas en rimas brillantes y ágiles como 

una

bandada de mariposas blancas de primavera con alfileres sutiles de oro; si pudiera

cristalizar

los sueños en raras estrofas, haría un maravilloso poema en que hablara de los suspiros, 

de

ese aire que vuelve al aire, llevándose consigo algo de las esperanzas, de los cansancios y

de

las melancolías de los hombres.

* * *

Y para huir de los suspiros de convención, de las romanzas sentimentales, llenas de luna de

pacotilla y de ruiseñores triviales, hablaría de los suspiros angustiosos que flotan en el 

aire

espeso e impregnado de olor de ácido fénico, en la luz dorada de los cirios, entre el aroma

vago de las flores mortuorias, cerca de aquellos cuyos ojos, cerrados para siempre, 

guardan

las huellas violáceas de los últimos insomnios, y cuyos labios se ajaron con el frío de la

muerte…

* * *

¡Ah no! Ese suspiro sería demasiado triste para hablar de él; su recuerdo haría nublarse los

ojos nuevos de las lectoras, los ojos oscuros unas veces como noches de invierno, azules y

claros otras, como el agua de los lagos quietos.

* * *

Para que no se nublaran, hablaría del suspiro de voluptuosidad y de cansancio que flota en

el

aire tibio de una sala de baile, iluminada como el día, reflejada por espejos venecianos; del

suspiro de una mujer hermosa y joven agitada por el valse, cuya piel de durazno se sonrosa,

y

cuyos dedos de hada estrechan febrilmente el abanico de plumas flexibles que le besan la

falda; del suspiro sensual y vago que se pierde entre las blancuras rosadas en el aire donde

palpita el iris de los diamantes, donde la luz se quiebra en el aire de los rubíes, en el azul

misterioso de los zafiros, en el aire que arrastra tentaciones de ternuras y de besos...

* * *

Aun siendo poeta y haciendo el poema maravilloso, no podría hablar de otro suspiro... del

suspiro que viene a todos los pechos humanos cuando comparan la felicidad obtenida, el

sabor conocido, el paisaje visto, el amor feliz, con las felicidades que soñaron, que no se

realizan jamás, que no ofrece nunca la ¡Ah, no! Ese suspiro sería demasiado dulce para 

hablar de él; su recuerdo haría arrugarse la

frente cansada, y blanquearía las canas de los filósofos, por cuyas venas no corre, en 

oleada

ardiente, la sangre de la juventud. Para que pudieran leerme, hablaría más bien del 

suspiro

de

cansancio de un viejo, de un suspiro oído una tarde de otoño, en el camino que va del

pueblo

al cementerio,

(...)



6 mars 2024

Parlons des soupirs / hablemos de suspiros

 A part les doux appels de la pluie, tout était silencieux; elle lisait, le chien, couché 

sur le canapé interdit, dormait, paisible.

Soudain un long soupir.

Qui?

Oubliant l’obligation de passer inaperçu et d'ainsi pouvoir prolonger son confortable

 somme, ce souffle lui avait échappé.

Bien-être ? Ennui ?

Elle écarta, peut-être à tort, l’idée d’un mal d’amour.


Les soupirs seront eégalement l'objet du prochain billet...nous rendons-nous toujours compte de

 quand  et pourquoi nous soupirons ?


Excepto las dulces llamadas de la lluvia, todo estaba en silencio; ella leía, el perro, tumbado en el sofá prohibido, dormía, apacible.

De repente un largo suspiro.

¿Quién?

Olvidándose de la obligación de pasar desapercibido y poder así prolongar su confortable sueño, ese soplo le había escapado.

¿Bienestar? ¿Aburrimiento?

Descartó, tal vez sin razón, la idea de un mal de amores.

 

 À pied vont mes soupirs. 

 

CLARA MONTES - A PIÉ VAN MIS SUSPIROS poème d’Antonio Gala



A pié van mis suspiros
camino de mi bien.

Antes de que ellos lleguen
yo llegaré.

Abierta ten la puerta
y abierta el alma ten.

Antes de que ellos lleguen
yo llegaré.

Mi corazón con alas
mis suspiros a pié...
mis suspiros
mis suspiros a pié. (..)

À pied vont mes soupirs

chemin de mon bien


Avant qu’ils n’arrivent

J’arriverai.


Tiens la porte ouverte

et ouverte l’âme aussi.


Avant qu’ils n’arrivent

J’arriverai.


Mon cœur avec des ailes

Mes soupirs à pied…

Mes soupirs

Mes soupirs à pied. (...)



29 févr. 2024

Possibles futurs / Posibles futuros

 

La mer, la terre

Vont devoir

À partir du matin


Servir de miroir

Au soleil.


El mar, le tierra

Deberán

A partir de la mañana


Servir de espejo

Al sol.


 

Patience, patience,

Les étoiles!


On a de quoi s’occuper

Sans vous.


¡Paciencia, paciencia

Las estrellas!


Tenemos otros menesteres

Sin vosotras.

 

 

Extraits de “Possibles futurs” Guillevic.

Trad. en español, Colo

24 févr. 2024

Changement de ton (Goya lll) / Cambio de tono (Goya lll)

 Voici le dernier billet sur Goya. Non point que j'en aie fait le tour; je voulais simplement, parce que je me suis passionnée, montrer des aspects moins connus de sa peinture.

Après ces deux premiers billets où son œuvre est agréable, douce et belle, voici que le ton change: il devient féroce, sarcastique...que s'est-il passé?

Devenu peintre officiel du Roi, de la cour, un énorme succès (il a peint environ 200 portraits de nobles et familles), il est subitement atteint d'une maladie grave (on ignore encore exactement laquelle) et est devenu complètement sourd. 


Rage et désespoirs du peintre.
Changements d'humeur, de vision de la vie aussi. Solitude.
 
Et voici une série de 80 gravures, en 1799, Los Caprichos où il ridiculise la société dans laquelle il vit, avec une prédilection pour le clergé, ceux qui maintiennent l'ordre et les superstitions, les nobles...leur contenu est satyrique, irrévérencieux et audacieux. L'inquisition sévit et il s'en prend à elle, bien sûr. 
Il critique l'école qui transforme les enfants en ânes, vous verrez que les ânes sont un peu partout dans la société. 

J'en ai choisi quelques uns. (clic pour agrandir)




Ils sont déjà plumés



Personne ne nous a vus

                                  VOLAVERUNT





                                       L'élève en saura plus






Aquí va la última entrada sobre Goya. No es que haya dado una visión general de su obra, simplemente quería, porque me apasioné, enseñar algunos aspectos menos conocidos de su pintura.

Después de las dos primeras entradas donde su obra es agradable, dulce y bella, cambia el tono: se vuelve feroz, sarcástico...¡qué pasó?

Nombrado pintor oficial del rey, de la Corte, un gran éxito (pintó unos 200 retratos de nobles y familias), padece una enfermedad grave (todavía se ignora cual) y se volvió completamente sordo.

Rabia y desesperanzas del pintor.
Cambios de humor, de visión de la vida también. Soledad.
Realiza 80 grabados, en 1799, Los Caprichos donde ridiculiza la sociedad en la cual vive, con una predilección por el clero, los que mantienen el orden, las supersticiones, los nobles...su contenido es satírico, irreverencioso y audaz.

Elegí algunos.

20 févr. 2024

Une coupole, un miracle (Goya ll) / Una cúpula, un milagro (Goya ll)

 

 C'est un ermitage, d'une architecture simple et sobre; l'extérieur quoique joli n'est 

pas vraiment singulier.


Goya était jeune, plein de fougue et de projets quand on lui commanda la décoration murale, des fresques narrant la vie de Saint Antoine et surtout de la coupole de cette église appelée “Saint Antoine de la Floride”. (Madrid)

La coupole, de 6 mètres de diamètre, représente un des miracle de saint Antoine de Padoue dont l'histoire est la suivante....(je vous la raconte parce que j'aime les histoires et la magie!).

 

(Clic pour agrandir, ça vaut la peine, oui, oui)


Un défunt, transporté par les anges à Lisbonne, par la grâce divine, répond aux questions du juge et confirme l'innocence du père du saint qui avait été accusé de meurtre.

La figure du défunt, les parents du saint et le saint lui-même sur un rocher sont représentés dans la coupole. On y voit aussi le paysage, ce qui donne une illusion de ciel ouvert. Les madrilènes, le peuple observent le miracle...une forte impression de réalisme non?


 
Goya réalisa le travail en six mois, de août à décembre 1798.




Es una ermita, con una arquitectura simple y sobria, el exterioraunque bonito, no llama mucho la atención.
Goya era joven, lleno de fogosidad y de proyectos cuando le encomendaron la decoración mural, frescos narrando la vida de San Antonio y sobre todo la cúpula de esa iglesia llamada “San Antonio de la Florida” (Madrid)

La cúpula, de seis metros de diámetro, representa uno de los milagros de San Antonio de Padua. La historia es la siguiente (os la cuento porque me gustan las historias y la magia!)
 
Un difunto, trasportado por los ángeles a Lisboa, por la gracia divina, responde a las preguntas del juez y confirma la inocencia del padre del santo que había sido acusado de crimen.
La figura del difunto, los padres del santo y del mismo santo subido a una roca están representados en la cúpula. También se ve el paisaje, lo que da la ilusión de cielo abierto. Los madrileños, el pueblo observan el milagro...une fuerte impresión de realismo, ¿no?

Goya realizó el trabajo en seis meses, de agosto a diciembre de 1798.