12 déc. 2019

Une fleur sans épines / Una flor sin espinas

Les longues soirées devant la cheminée, ce vague à l’âme qui peut nous envahir en laissant notre regard se perdre dans les flammes...et ce poème que j'ai lu un soir.
Il est de Claribel Alegría, (Nicaragua, 1924-2018) nous l'avons déjà rencontrée sur ce blog; son nom m'a toujours enchantée.


 Évoquant des souvenirs

Évoquant des souvenirs
j’ai trouvé le tien.
Il ne faisait pas mal.
Je l’ai sorti de son étui,
j’ai secoué ses racines
dans le vent,
je l’ai mis à contre-jour:
C’était un cristal poli
qui reflétait des poissons de couleurs,
une fleur sans épines
qui ne brûlait pas.
Je l’ai jeté contre le mur
et la sirène de mon alarme a sonné.
Qui a éteint son feu?
Qui a usé le fil
de mon souvenir-lance
que j’aimais tant?
(Trad: Colo)

 
In memoriam, Enrique Grau 1990, Colombia


Barajando recuerdos

Barajando recuerdos
me encontré con el tuyo.
No dolía.
Lo saqué de su estuche,
sacudí sus raíces
en el viento,
lo puse a contraluz:
Era un cristal pulido
reflejando peces de colores,
una flor sin espinas
que no ardía.
Lo arrojé contra el muro
y sonó la sirena de mi alarma.
¿Quién apagó su lumbre?
¿Quién le quitó su filo
a mi recuerdo-lanza
que yo amaba?

38 commentaires:

  1. secouer les racines des souvenirs : quelle belle image

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Certains souvenirs sont si profondément enracinés, qu'en tirant et tirant...
      Bonne soirée Dominique.

      Supprimer
  2. Des images inattendues dans ce poème au coin du feu. Rêves et souvenirs se mêlent et l'imagination s'enflamme !
    Un baiser pour toi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est ce que j'aime tant dans la poésie sud-américaine, les images, souvent colorées.
      Bonne journée Tania.

      Supprimer
  3. Un joli souvenir qui reflète des poissons de couleurs. Il est dommage de le jeter contre un mur... ;-) Bises alpines.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Dédé, tu as raison et le geste de jeter est vain je crains...le souvenir lui reviendra:-)
      Un beso Mediterraneo

      Supprimer
  4. Déroutant et plein d'images ♥
    Bises, Colo !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hola Fifi, comme j'écrivais plus haut, ce sont les images dans la poésie sud américaine qui me plaisent tant. La poésie française, anglaise etc, est-ce le climat? la végétation? est moins colorée.
      Un beso!

      Supprimer
  5. Un beau poème. De jolies images. Un bon moment de rêverie.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci señor Obni, j'espère que ton automne-hiver est agréable là-bas dans l'est!

      Supprimer
  6. Magnifique poème. Cette Claribel vaut le détour

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Kwarkito, économie de mots et très visuel à la fois.
      Contente que tu l'aimes aussi.

      Supprimer
  7. Réponses
    1. quel joli poème, plein de grâce - merci colo

      Supprimer
    2. Merci à toi Niki, bonne journée. (peu à peu je reprends le chemin des blogs...j'arrive:-))

      Supprimer
  8. Merci beaucoup pour toutes ces découvertes de poètes contemporains ou non. Son style me plait beaucoup. Je te remercie et te souhaite un bon week end. Bises.

    RépondreSupprimer
  9. Un bel exemple des textes qui me transportent, évocateurs ,allusifs, imagés et surtout surtout pas évidents. Merci.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il est tout ça, oui, il laisse notre imagination faire sa route...Merci à toi K.

      Supprimer
  10. de bien belles images qui nous amènent aux souvenir-lance. merci Colo

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh, c'est gentil de passer ici, muchas gracias Oli!

      Supprimer
  11. Il est très touchant ce poème et je me plais à imaginer ce qu'il peut recouvrir .. Bon week-end Colo, au coin du feu.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, les images nous aident à imaginer Aifelle, à demain chez toi!

      Supprimer
  12. Rebonjour Colo, je ne connaissais pas l'expression "souvenir-lance". Très beau poème au demeurant. Bon dimanche.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonsoir Dasola, moi non plus, c'est une invention poétique...
      Merci, à bientôt

      Supprimer
  13. Il est beau ce souvenir mais il s'est affaibli, la fleur est sans épines, le feu ne brûle plus, le cristal est poli, le fil est usé. Regrets et dépit, colère même de ne pouvoir garder vivace le souvenir qu'on aime tant. Je comprends son geste. Un beau poème !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mais oui, à quoi bon garder un souvenir sans relief, sans vie?
      Merci de ta visite.

      Supprimer
  14. Je vois dans ce souvenir une image belle comme un cristal poli mais qu'il ne faut pas raviver puisque tout est vain. Cette réminiscence ne pourrait provoquer que chagrin donc autant le conserver dans son écrin.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Les conserver, cachés, ou les briser comme elle dit; le temps les a ternis...

      Supprimer
  15. Un souvenir étincelle qui transperce le temps

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Une interprétation possible Marie, les poèmes sont ouverts à chacun.
      Bonne journée.

      Supprimer
  16. Claribel Alegria, son nom sonne déjà comme un poème, et toutes les images évoquées nous transportent, merci Colo pour ce doux voyage. Bises et bon feu de cheminée. brigitte

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce nom, oui, magnifique. Merci d'être passée Brigitte.
      Il fait doux aujourd'hui, pas de cheminée:-)

      Supprimer
  17. Ah tout est rétabli ! Un nom d'eau de source de joie qui enchante.
    Qui n'empêche pas les souvenirs de ternir...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, retour à la normale ici, merci Christian.
      Quand un souvenir est terni, le briser comme dans le poème?

      Supprimer
  18. C'est déconcertant et joli. Un peu d'étonnement puisque la douleur crainte ne se manifeste pas, mais aussi l'irritation devant ce qui n'est plus...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le poème, bien que parlant de souvenirs, ne va pas du totu dans le sens de ton dernier billet:-)

      Supprimer