Les plus vieux / Los más viejos
Rafael Felipe Oteriño (Argentina 1945)
Acostumbrados
a caminar por la sombra,
los más viejos tienen conductas extravagantes:
van al mercado, cultivan flores,
como si la muerte no fuera un telón sino un reto
los más viejos tienen conductas extravagantes:
van al mercado, cultivan flores,
como si la muerte no fuera un telón sino un reto
Habitués à marcher dans l'ombre
les plus âgés ont des conduites extravagantes:
ils
vont au marché, cultivent des fleurs,
comme
si la mort n'était pas un rideau mais un défi.
Guardan la moneda de hoy para el concierto de mañana,
anotan, con tinta gruesa, los números de teléfono,
mantienen una conversación con los difuntos,
disimulando las ofensas para que no parezcan excesivas.
Ils
gardent la monnaie d'aujourd'hui pour le concert de demain,
ils
notent, à l'encre épaisse, les numéros de téléphone,
entretiennent
des conversations avec les défunts,
et
dissimulent les offenses pour qu'elles ne semblent pas excessives.
Adolf Humborg (1847-1921) |
Dicen
que fueron felices,
aunque las pruebas demuestran lo contrario,
hablan de los hijos como si los vieran a diario,
comienzan un tejido y aprenden computación.
aunque las pruebas demuestran lo contrario,
hablan de los hijos como si los vieran a diario,
comienzan un tejido y aprenden computación.
Ils
disent qu'ils furent heureux,
bien
que les preuves démontrent le contraire,
parlent
des enfants comme s'ils les voyaient tous les jours,
commencent
un tricot et apprennent l'informatique
No
hay en ellos señales de alarma
ni sueños malos que los persigan,
no se sienten hostigados ni piden auxilio,
sus relojes no marcan las horas a menos que se rompan.
ni sueños malos que los persigan,
no se sienten hostigados ni piden auxilio,
sus relojes no marcan las horas a menos que se rompan.
En
eux pas de signaux d'alarme
ni
de mauvais rêves qui les poursuivent,
ils
ne se sentent pas harcelés et ne demandent pas d'aide,
à
moins de se rompre, leurs montres ne marquent pas les heures.
Cecilio Pla y Gallardo / Hombre en la playa |
Maestros
de lo improbable,
pasan muchas horas con las ventanas abiertas,
están y no están en sus sillas caldeadas, son y no son.
pasan muchas horas con las ventanas abiertas,
están y no están en sus sillas caldeadas, son y no son.
Maîtres
de l'improbable,
ils
passent de nombreuses heures les fenêtres ouvertes,
ils
sont et ne sont pas sur leurs chaises chaudes, ils sont et ne sont
pas.
Barren la vereda como si nada estuviera a punto de estallar,
como si los cuatro puntos cardinales
no se hubieran fundido, para ellos, en uno solo.
Ils
balayent le trottoir comme si rien n'était sur le point d'exploser
comme
si les quatre points cardinaux
pour
eux ne s'étaient pas fondus en un seul.
Rompen el mito de la muerte,
sumando un anillo más al árbol que los cobija.
Dicen que fueron felices.
Rompen el mito de la muerte,
sumando un anillo más al árbol que los cobija.
Dicen que fueron felices.
Ils
brisent le mythe de la mort,
ajoutant
un anneau de plus à l'arbre qui les abrite.
Ils
disent qu'ils furent heureux.
Rafael Felipe Oteriño (La Plata, 1945), Viento extranjero,
Trad:Colo
Quelle belle évocation de la vieillesse dans ce qu'elle a aussi de doux - et de fort dans la fragilité, comme le dit bien la dernière strophe.
RépondreSupprimerMerci, Colo & bonne semaine.
J'ai beaucoup aimé ce poème, et pensé à toi et à d'autres amis qui ont des parents très très vieux.
Supprimer"Ils sont et ne sont pas", une image qui dit si bien.
Bonne semaine à toi aussi.
Magnifique texte que tu nous présentes ici Colo !
RépondreSupprimerBeaucoup de justesse et de poésie dans cette image de nos anciens, illustrée avec beaucoup de finesse ! Merci et belle semaine ! Claudie.
Merci Claudie, les plus de 90 ans sont souvent ignorés, que pensent-ils?
SupprimerBonne journée.
"Ils sont et ils ne sont pas". J'ai une très vieille amie et c'est vrai que parfois, elle est présente et d'autres fois, elle semble si lointaine alors qu'elle est à côté de moi. Elle me parle des souvenirs qui lui restent encore et me dit qu'elle regrette le temps passé. J'ai toujours de la peine quand je la quitte car je me dis que, vu son âge, c'est peut-être la dernière fois que je la vois. Alors je fais comme si c'était la dernière fois... Bises alpines.
RépondreSupprimerJe te comprends, ma très vieille amie, 95 ans est là sans y être souvent, peut-être sont-ils mieux là où ils pensent être...Un beso Dédé
SupprimerC'est un très beau poème et j'aimerais éprouver tout ce qui est énoncé ! Je viens de terminer un livre où le narrateur est un vieillard. Certaines strophes m'y font penser, d'autres par contre pas du tout. Bonne soirée.
RépondreSupprimerAh mais je crois que tu n'es pas assez vieille pour ça Aifelle!!! J'ai choisi ce poème car il est, c'est rare, dédié aux "très vieux". Les vers me font penser à ceux de 85-90 ans et plus qui sont de plus en plus nombreux, et dont la tête vagabonde souvent.
SupprimerBonne semaine Aifelle.
j'ai l'impression que je suis plus proche de ce stade-là que ma mère, qui a 25 ans de plus que moi ;-)
RépondreSupprimerOn peut souhaiter pour toi que ce ne soit qu'une impression chère Adrienne!:-))
SupprimerC'est mer-veil-leux! Quel bonheur que de lire ça... je me sens bien ainsi, vieille avec tous les délices que ça apporte, tous les projets et les plans que ça donne!
RépondreSupprimerQuel plaisir de savoir que tu te sens si bien Edmée! (mais tu n'as pas 90 ans, ça je le sais!) J'espère que tu viendras le relire à cet âge donc.
SupprimerVoilà un texte vraiment extraordinaire.
RépondreSupprimerOui, il a réussi à réunir, de jolie façon poétique, tant d'observations sur les gens très âgés.
SupprimerBonne journée Kwarkito.
c'est tout simplement magnifique
RépondreSupprimerje l'ai immédiatement copier dans mon livre de poésie qui accumule beaucoup de beauté mais celui là me touche particulièrement et on te dois un grand merci de nous le rendre accessible
Je me souviens de ce cahier de poèmes qui te touchent, il sera bien là, ce poème.
SupprimerMerci à toi et bonne journée Dominique.
Qu'est-ce que la vieillesse ? Peut-être commence-t-elle quand on n'a plus de projets...
RépondreSupprimerPeut-être quand le principal projet est d'arriver à manœuvrer son propre corps...
Supprimerune belle image de la vieillesse :-) merci colo
RépondreSupprimerOui, le poète semble avoir fait le tour de cet âge très avancé.
SupprimerBonne journée Niki
Ce poème est très émouvant; il est à la fois ce que nous voyons dans le quatrième âge qui glisse sur la réalité et ce que nous deviendrons peut-être peu à peu avec ce détachement du monde, un pied dedans, un pied ailleurs, la tête ici et la tête là-bas, désincarnés: être et ne pas(plus) être.
RépondreSupprimerBelle mélodie de la vieillesse, légèrement douce et surannée, ouatée, cotonneuse comme un flocon de vie qui tourbillonne encore en silence et puis fait trois petits tours et puis s'en va.
Merci Colo. Je t'embrasse fort.
Bonjour Maïté, il m'a fort émue ce poème. Mes parents sont morts avant d'être vieux mais une très vieille dame amie vit ainsi, elle est là sans y être, navigue entre un corps trop présent et un esprit intemporel.
SupprimerÀ bientôt, je t'embrasse
Quel poème plein de sensibilité... Oh la la ....
RépondreSupprimerJe dois être vieille, maintenant : hier, j'ai mis à jour mon répertoire d'adresses et de numéros de téléphone...
Bonne journée !
Oh je crois que tu es loin de l'état décrit dans ce poème chère Marie!
SupprimerBonne journée à toi aussi.
Grande vieille irait avec sagesse... On ne retient que l'essentiel, on prend ce qui s'offre au quotidien et puis on n'a plus rien à se prouver, enfin ! Merci Colo, bises d'automne. brigitte
RépondreSupprimerC'est sûr qu'on n'a plus rien à prouver, oui.
SupprimerMerci Brigitte.
Ne serait-ce pas juste une belle leçon de sagesse et de vie , Chic, je commence vraiment à être vieille ! Bonne journée, chère Colo !
RépondreSupprimerAh "ma vieille Annie"! Il est vrai qu'un certain détachement, très bienvenu, s'installe avec l'âge. Bonne journée à toi aussi.
SupprimerBonjour Colo, un très beau poème qui me "parle". Assez facile à comprendre en espagnol. Bonne journée
RépondreSupprimerAh mais je suis contente que tu lises en espagnol Dasola! C'est toujours plus beau.
SupprimerBonne journée!
"ils vont au marché, cultivent des fleurs, comme si la mort n'était pas un rideau mais un défi" : à sa façon de toujours partir à pied, tous les jours quelque chose à acheter, à voir, «il faut que je marche !», dans cette détermination, ce défi, je retrouve l'Annie qui m'accompagne et qui ne peut vivre sans fleurs sur le balcon...
RépondreSupprimerJe ne me reconnais pas encore beaucoup dans ce texte (pense-je !), mais ce n'est pas la première fois que je me le dis, les premiers cheveux gris c'est bien loin.
Merci pour vos mots Christian, cette grande vieillesse s'installe peu à peu, nous nous y retrouvons un petit peu, puis un peu plus, puis...
SupprimerBonne journée.
Bouleversant poème qui dit poétiquement et avec beaucoup d'émotions des vérités, la vérité sur les dernières années....
RépondreSupprimerC'est cela qui m'a troublée, émue Marie, ses mots sont si justes!
SupprimerJ'aime beaucoup et le poème et le tableau qui a beaucoup d'humour. Oui, c'est un poème très doux et émouvant. Rien à voir avec ce texte de Montaigne sur le vieillesse que je publie aujourd'hui et qui na rien d'encourageant.
RépondreSupprimerBonjour Claudialucia, j'irai bien sûr voir ton billet, les différentes pannes sont enfin arrangées ici.
SupprimerIl est difficile de trouver des très vieux en peinture, la raison en est évidente, peu de nonagénaires avant, et encore plus difficile de trouver des femmes âgées qui ne font rien! Soit ce sont des portraits, soit elles cousent, cuisinent, plument des poules...le reflet de la société d'alors.
Beaucoup de vérité dans ce poème. Quand on a moins de 60 ans, on ne pense pas qu'on deviendra vieux et que l'on passera par cette case "senior" qui change notre vie. Il faut s'adapter à la vieillesse du mieux que l'on peut. Merci beaucoup. Bises.
RépondreSupprimerTU as raison Elisabeth, il nous faut nous adapter, la lenteur vient peu à peu mais elle est bien là!
SupprimerUn beso, bonne fin de semaine.
Bonsoir Colo, j'ai laissé un commentaire voici quelques jours. Apparemment il n'est pas passé, j'ignore pourquoi. j'aime bien ce poème très observateur des personnes en âge avancée qui sont et ne sont pas. Il y a beaucoup de justesse dans les propos et de la tendresse aussi.
RépondreSupprimerJe suis désolée Sergio, il n'est pas dans les spams, je viens d'aller voir...mystère.
SupprimerTu as raison, j'ai pensé, tant c'est juste, qu'un ou plusieurs de ses proches étaient dans ce quatrième âge, un peu dans la vie, un peu en dehors...