Gioconda
Belli née le 9 décembre 1948 à Managua, est une poète et
romancière nicaraguayenne dont nous avons déjà parlé ici.
Elle
est peut-être connue en France pour sa sensualité
ou sexualité libérée , son
engagement révolutionnaire, mais pas beaucoup plus. Elle a
cependant écrit de beaux
romans et de nombreux
poèmes sur la maternité, la vieillesse, la nature...
https://www.philippegronon.com/fr/84-philippe-gronon/oeuvres-works/127-chateaux-de-sable-sand-castles |
Gioconda Belli
Pourquoi
ne m'as tu pas dit que tu bâtissais
ce
château de sable ?
C'eût été si beau
pouvoir entrer par sa petite porte,
parcourir ses couloirs salés,
t'attendre aux parterres de coquillages,
en te parlant depuis le balcon
la bouche pleine d'écume blanche et transparente
comme mes mots,
ces mots frivoles que je te dis,
qui n'ont que le poids
de l'air entre mes dents.
Il est si beau de contempler la mer.
Elle aurait été si belle la mer
depuis notre château de sable,
pourléchant le temps
avec la tendresse
dense et profonde de l'eau,
divaguant sur les histoires qu'on nous contait
quand, enfants, nous étions un seul pore
ouvert à la nature.
Maintenant, à marée haute, l’eau a emporté
C'eût été si beau
pouvoir entrer par sa petite porte,
parcourir ses couloirs salés,
t'attendre aux parterres de coquillages,
en te parlant depuis le balcon
la bouche pleine d'écume blanche et transparente
comme mes mots,
ces mots frivoles que je te dis,
qui n'ont que le poids
de l'air entre mes dents.
Il est si beau de contempler la mer.
Elle aurait été si belle la mer
depuis notre château de sable,
pourléchant le temps
avec la tendresse
dense et profonde de l'eau,
divaguant sur les histoires qu'on nous contait
quand, enfants, nous étions un seul pore
ouvert à la nature.
Maintenant, à marée haute, l’eau a emporté
ton
château de sable.
Elle a emporté les tours,
les fossés,
la petite porte par où nous serions passés
à marée basse,
quand la réalité est loin
et qu'il y a des châteaux de sable
sur la plage...
Elle a emporté les tours,
les fossés,
la petite porte par où nous serions passés
à marée basse,
quand la réalité est loin
et qu'il y a des châteaux de sable
sur la plage...
(Trad:
Colo inspirée par celle de E. Dupas)
Castillos
de arena
Gioconda
Belli.
¿Por
qué no me dijiste que estabas construyendo
ese
castillo de arena?
Hubiera
sido tan hermoso
poder
entrar por su pequeña puerta,
recorrer
sus salados corredores,
esperarte
en los cuadros de conchas,
hablándote
desde el balcón
con
la boca llena de espuma blanca y transparente
como
mis palabras,
esas
palabras livianas que te digo,
que
no tienen más que el peso
del
aire entre mis dientes.
Es
tan hermoso contemplar el mar.
Hubiera
sido tan hermoso el mar
desde
nuestro castillo de arena,
relamiendo
el tiempo
con
la ternura
honda
y profunda del agua,
divagando
sobre las historias que nos contaban
cuando,
niños, éramos un sólo poro
abierto
a la naturaleza.
Ahora
el agua se ha llevado tu castillo
de arena
en
la marea alta.
Se
ha llevado las torres,
los
fosos,
la
puertecita por donde hubiéramos pasado
en
la marea baja,
cuando
la realidad está lejos
y
hay castillo de arena
sobre
la playa. . .
les châteaux de sable m'ont toujours fasciné, image même de l'impertinence, de l'éphémère
RépondreSupprimerJeune avec mes soeurs on en construisait souvent et le voir disparaître vague après vague était bien plus fascinant que triste.
Supprimerjoli :-)
RépondreSupprimeret joli nom et prénoms italiens, pour une Sud-Américaine :-)
(mais ce n'est pas exceptionnel, vu le nombre d'émigrés italiens)
J'ai une amie italienne qui s'appelle Gioia...tout aussi joli(quoique moins évocateur que la Joconde!!) surtout qu'elle est très gaie.
SupprimerCoucou. Et bien je dois dire que j'ai été très émue de lire ce poème, moi qui aimais les châteaux de sable sur la plage et qui en ait tellement bâti dans ma vie par la suite, de ceux que je croyais pourtant si solides et qui sont partis le temps d'une tempête. Merci et bises alpines.
RépondreSupprimerCombien je te comprends! certains partent, mais pas tous, de nouveaux s’installent Dédé.
Supprimerje t'embrasse
Quel beau poème pour rêver, se souvenir, imaginer… Merci, Colo.
RépondreSupprimerMon "bel hidalgo" comme l'appelle Dominique n'a pas trop aimé ce poème, mais il me semble très réussi.
SupprimerBonne soirée Tania.
Splendide, et si émouvant. C'est beau la poésie comme ça. sans effet, sans préciosité, avec des mots simples
RépondreSupprimerContente que cela te plaise autant qu'à moi Kwarkito
SupprimerQue c'est beau, cette rêverie autour d'un château de sable... Merci pour ce poème, merci beaucoup. Et bonne journée !
RépondreSupprimerAvec plaisir Marie, bonne fin de journée.
SupprimerC'est tout à fait magnifique, très touchant. Ca parle à quelque chose de profond en moi...
RépondreSupprimerMerci, passeuse de mots !
Enfances, passés, ce poème m'a touchée moi aussi Anne.
Supprimermerci à toi.
Magnifique image du château de sable ! Ces édifices se construisent toute la vie !
RépondreSupprimerPositif Obni qui parle de constructions! Merci.
SupprimerC'est triste mais qu'est-ce-que c'est beau, que de délicatesse dans ces images, merci Colo pour ce cadeau. Bises de printemps. brigitte
RépondreSupprimerLa poésie sud-centre-américaine, si imagée et d'apparence simple m'enchante si souvent.
Supprimermerci Brigitte!
Ah les châteaux de sable que nous aimions tant construire et voir détruire, enfants, sans comprendre et c'est très bien ainsi, qu'ils étaient des prémices de notre vie à venir. Touchant !
RépondreSupprimerOh oui, merci pour cette belle réflexion Annie.
SupprimerQuel beau poème ! qui me donne envie d'en savoir plus sur le destinataire qui l'a déçue en ne disant rien .. Aifelle.
RépondreSupprimerLe mystère reste entier!
Supprimer"Les mots qui n'ont que le poids de l'air entre les dents"... quelle image! Magnifique...
RépondreSupprimerMagnifique, oui!
SupprimerUne pépite de plus chère Colo.
RépondreSupprimerMerci.
Merci à toi!
SupprimerRendre honneur à tous nos châteaux de sable...perdus dans le temps et dans nos souvenirs lointains. "Je me souviens..."de quelques uns et un sourire de tendresse se dessine pour eux.
RépondreSupprimerMerci Colo pour tous nos châteaux de sable !
Beau dimanche à toi !
Surtout n’arrêtons jamais d'en construire!:-)
SupprimerBonne semaine chère Fifi.
J'ai lu jusqu'au bout, c'est très beau! Bisous
RépondreSupprimerVal, je suis vraiment contente que tu aies lu et aimé ce poème.
SupprimerBonne semaine, besos
Quel beau va-et-vient imaginatif entre le monde des si et la réalité. Le château de sable se prête ici à merveille à cette envolée poétique entre symbole d'enfance et illusions perdues, dans le va-et-vient également des marées.
RépondreSupprimerMerci et bonne semaine printanière.
Si l'image du château de sable est courante, elle y a mis de belels images et réflexions, oui, oui.
SupprimerBonne semaine à toi aussi chère Maïté
Elle aurait été si belle la mer depuis notre château de sable...Il y a un contenu émotionnel que tous les enfants constructeurs de château de sable connaissent. Et qui se propage dans le monde adulte jusqu'à la désillusion. Il y a comme le souligne finement Maïté un va et vient entre le monde de l'enfance vers celui de l'adulte accompagné par le rythme des marées.
RépondreSupprimerOui, l'image des marées et très bien vue...tu les connais bien ces marées, toi!
SupprimerBonne semaine Sergio.
La métaphore est belle et me plaît beaucoup et merci pour la belle traduction.
RépondreSupprimerLa désillusion... est-ce pour cela que, enfant sur la plage, je ne faisais pas de châteaux de sable ? Je ne me souviens pas d'en avoir construit, c'est curieux. La marée des années les ont-elles effacés de ma mémoire ?
Les mouvements de la mémoire sont inattendus parfois. En vieillissant remontent parfois des souvenirs enfouis depuis 50 ans ou plus... Pourquoi surgissent-ils?
SupprimerPeut-être un château dort-il au fond de la vôtre.