Nous retrouvons Ernesto Cardenal en 1971.
Il publie “Théologie de la libération”, livre qui fut rapidement traduit en une vingtaine de langues et qui présente une “ nouvelle spiritualité fondée sur la solidarité avec les pauvres et qui exhorte l’Église à participer au changement des institutions sociales et économiques dans le but d’instaurer la justice sociale.
Ce courant emporte une large part de l’église d’Amérique latine dans son sillage, en suscitant de très vives réactions dans le monde catholique, car, accusé par le Vatican et la réaction religieuse officielle de « perversion de la chrétienté » et de « théologie des rues », mais également de « dérive idéologique marxiste dans le discours ».*
De nombreux membres du clergé, dont E. Cardenal, se sont impliqués dans ces luttes politiques, ce qui a éveillé et augmenté la méfiance des pouvoirs de droite du Vatican.
Vu le nombre de pauvres et d’opprimés l’adhésion à ces idées est grande.
« La théologie de la Libération dit aux pauvres que la situation qu’ils vivent actuellement n’est pas voulue par Dieu », écrit Gustavo Gutiérrez. Elle repose sur la prise de conscience que les pauvres attendent une libération réelle et qu’il est vain de parler du Christ et du salut qu’il apporte si ce salut n'est pas immédiat. Le critère le plus précis de l’authenticité évangélique est donc la lutte contre la pauvreté.."*
Je vous passe les détails du coup d’État, de son exil, mais en 1979 le dictateur Somoza est évincé après 18 ans de lutte sandiniste.
Ceci représente bien sûr un immense espoir pour tous les peuples opprimés d’Amérique latine.
Cardenal est nommé ministre de la culture.
Et alors, en 1983, a lieu cette scène inouïe, vous vous en souvenez sans doute, où Jean-Paul ll, sur le tarmac de l’aéroport de Caracas où était agenouillé E. Cardenal, accable le prêtre de remontrances . On lui interdira l’exercice de son ministère sacerdotal.
Le pape Francisco le réhabilitera.
E. Cardenal restera combatif toute sa vie, défendant les plus pauvres, il sculpta et écrivit des poèmes jusqu’à son récent décès.
* Source en français: http://www.leshommessansepaules.com/auteur-Ernesto_CARDENAL-714-1-1-0-1.htmlhttp://www.leshommessansepaules.com/auteur-Ernesto_CARDENAL-714-1-1-0-1.html
Après un poèmed’amour, et celui sur Marylin, en voilà un dans la ligne politico-religieuse, comme beaucoup de ses poèmes.
E. Cardenal |
Psaume 25
Rends-moi
justice Seigneur
car je suis innocent
Parce
que j’ai eu confiance en toi
et non dans les leaders
Défends-moi
au Conseil de Guerre
défends-moi
au Procès des faux témoins
et des
fausses preuves
Je
ne m’assieds pas avec eux à leurs tables rondes
ni
ne trinque à leurs banquets
Je
n’appartiens pas à leurs organisations
ni
ne suis dans leurs partis
ni
n’ai d’actions dans leurs compagnies
ils
ne sont pas mes associés
Je
me laverai les mains parmi les innocents
et
je serai autour de ton autel Seigneur
Ne
me confonds pas avec les politiques sanguinaires
qui
n’ont dans leurs cartables que le crime
et
dont les comptes bancaires sont faits de pots-de-vin
Ne
me livre pas au Parti des hommes iniques
Délivre-moi
Seigneur!
Et
je bénirai le Seigneur dans notre communauté
dans nos
assemblées
(Trad:
Colo)
Sculptures de E. Cardenal |
Psalmo 25
Hazme
justicia Señor
porque soy inocente
Porque he confiado en ti
y no en los líderes
Defiéndeme en el Consejo de Guerra
defiéndeme en el Proceso de testigos falsos
y falsas pruebas
No me siento con ellos en sus mesas redondas
ni brindo en sus banquetes
No pertenezco a sus organizaciones
ni estoy en sus partidos
ni tengo acciones en sus compañías
ni son mis socios
Lavaré mis manos entre los inocentes
y estaré alrededor de tu altar Señor
No me pierdas con los políticos sanguinarios
en cuyos cartapacios no hay más que el crimen
y cuyas cuentas bancarias están hechas de sobornos
No me entregues al Partido de los hombres inicuos
¡Libértame Señor!
Y bendeciré en nuestra comunidad al Señor
en nuestras asambleas
porque soy inocente
Porque he confiado en ti
y no en los líderes
Defiéndeme en el Consejo de Guerra
defiéndeme en el Proceso de testigos falsos
y falsas pruebas
No me siento con ellos en sus mesas redondas
ni brindo en sus banquetes
No pertenezco a sus organizaciones
ni estoy en sus partidos
ni tengo acciones en sus compañías
ni son mis socios
Lavaré mis manos entre los inocentes
y estaré alrededor de tu altar Señor
No me pierdas con los políticos sanguinarios
en cuyos cartapacios no hay más que el crimen
y cuyas cuentas bancarias están hechas de sobornos
No me entregues al Partido de los hombres inicuos
¡Libértame Señor!
Y bendeciré en nuestra comunidad al Señor
en nuestras asambleas
je me souviens très bien de la première fois que j'ai entendu parler de cette théologie de la libération et combien ça m'avait enchantée, à l'époque, vu que pour moi le christ devait être une sorte de "marxiste" lui-même, et assez radical ;-)
RépondreSupprimerCette théologie est si proche des enseignements du Christ qu'on comprend son combat, qui devrait être celui de tous...
SupprimerVoilà deux billets tout à fait passionnants. Je e souviens de latheologie de libération mais je croyais que don Heller Camarade en était le fondateur. J'aime beaucoup ce dernier poème et ses sculptures. Voilà un homme qui fut bien inspiré...
RépondreSupprimerTu as peut-être raison mais moi j'ai trouvé sur un site español que les premiers à définir cette Théorie furent un éducateur et ex-pasteur presbytérien Rubem Alves, et le prêtre catholique péruvien Gustavo Gutiérrez Merino.Je trouve d'autres noms en Suisse et ailleurs...enfin.
SupprimerContente que tu aies apprécié, j'ai beaucoup appris en préparant ces billets.
Ah, je revois bien cette scène incroyable avec Jean-Paul II ! Je reliais la théologie de la Libération à Oscar Romero et Dom Helder Camara surtout, je vais retenir le nom d'Ernesto Cardenal près du leur. Ses sculptures me plaisent beaucoup et ce poème est une belle et véritable prière pour la justice.
RépondreSupprimerComme quoi il semble y avoir, selon les sources, des inspirateurs divers, peut-être Cardenal est-il un de ceux qui ont publié? Je ne suis pas arrivée à démêler tout cela, mais bon.
SupprimerSculptures simples, belles oui!
Bonne fin de journée Tania
Personnellement je suis consternée par l'attitude de l'Eglise.
RépondreSupprimerMerci Colo de rendre hommage au théologien, au poète, par ton billet.
L'exemple de l'Évangile est loin d'être suivi, je te suis parfaitement.
SupprimerUn personnage si intéressant, bonne journée Fifi.
Gros bisous de la montagne.
RépondreSupprimerRespire chère Val! Un beso
SupprimerTu sais déjà que je me souviens très bien de cette séquence ! Ça n'a pas amélioré ce que je pensais déjà de l'Eglise officielle, alors que des hommes comme Ernesto lui redonnent tout son sens. Bonne journée (coronavirus chez toi ?)
RépondreSupprimerOui, tu l'avais écrit, as-tu vu la série "Les deux Papes"?
SupprimerÉdifiant...
Oui, partout sévit le virus, pas en grand nombre (encore?)ici, chez toi?
Un beso
La force de la liberté ! Et cette liberté coûte cher pour certains qui ne peuvent se résoudre à vivre à genoux. Je garde ce psaume 25 sous le coude. Merci !
RépondreSupprimerBonne journée !
Dans certains endroits de monde et selon les époques la liberté se paye fort cher.
SupprimerBonne journée chère Marie.
ton billet fait revenir une multitude de souvenirs, des discussions sans fin, les espoirs et les déceptions de l'époque
RépondreSupprimerEn effet Dominique, c'est si récent, frais dans nos mémoires.
SupprimerTant d'espoirs déçus, tant de luttes exaltantes et cruelles aussi.
Un écrivain et artiste, prêtre qui plus est, ne peut s’isoler complètement du domaine politique ou du domaine social. En cela, saluons Ernesto qui a pu.
RépondreSupprimerJ'ai toujours trouvé paradoxal que des idées progressistes ne soient pas bien vues par le Vatican, surtout s'il s'agit de défendre les pauvres et les opprimés; eux qui, comme les hérons de Cardenal, regardent vers le ciel.
Merci, Colette, pour ces billets bien documentés.
Bonjour Christian,j'avais pensé ne faire qu'un seul billet annonçant son décès, puis plus je lisais sa vie et ses poèmes, ...vous voyez! Un homme qui suit les règles de l'Évangile mis au ban du sacerdoce! Comment ne pas être d'accord avec lui, avec vous?
SupprimerBonne fin de semaine.
Je me rappelle avoir été émue par ce prêtre-ministre âgé, à genoux et grondé comme un gamin...
RépondreSupprimer"La théologie de la libération" devrait être la norme, mais Église et Évangile sont souvent bien éloignées l'une de l'autre.
Ses sculptures épurées à l'extrême ont des lignes parfaites!
Merci Colo de parler de cet homme vrai. Bises.
Bonjour Claudie, "grondé comme un gamin", tu as trouvé l'expression juste pour une réprimande absolument injustifiée.
SupprimerJ'aime beaucoup ces sculptures, si simples, uniformes, contente que tu les apprécies aussi.
Bonne fin de journée, un beso
Quel homme et que de beaux combats pour les humbles, c'est tellement courageux. Le lien que tu nous donnes est très intéressant, cet homme est resté droit jusqu'à son dernier souffle. Merci Colo, douce journée à toi. brigitte
RépondreSupprimerUn homme très intègre, cohérent, et vaillant, c'est certain.
SupprimerBonne journée à toi Brigitte, des jours si particuliers, c'est vrai, sans sortir...
UN beso
Un beau personnage ! Et son poème me touche !
RépondreSupprimerIl en faudrait des mille des hommes comme ça! Bonne semaine Claudia
SupprimerDom Helder Camara disait une phrase qui m'est restée en tête: « Quand j'aide les pauvres, on dit que je suis un saint. Lorsque je demande pourquoi ils sont pauvres, on me traite de communiste ».Bonne journée - besos
RépondreSupprimerC'est exactement ça Olivier! La démarche chrétienne a ses limites...
Supprimer