28 sept. 2016

Dépasser les clichés / Superar los clichés



Nous ne sommes pas tous des artistes; mais tous nous avons part à la beauté. En réalité, nous sommes tous plus ou moins artistes. Le simple fait de vivre suppose un certain art de vivre. Nous savons par exemple disposer des fleurs pour égayer notre demeure, dresser l'oreille pour écouter un chant d'oiseau, jouir d'un jardin au printemps ou du coucher du soleil sur la mer. Tout cela est bien. Toutefois, si nous voulons dépasser les clichés, dépasser l'habitude de réserver la beauté à seulement quelques moments privilégiés, nous devons apprendre à habiter poétiquement la terre comme l'a proposé le poète Hölderlin. Car la beauté, ce don qui nous est offert sans réserve, est omniprésente. Il faut savoir en capter les plus humbles manifestations. Ces fleurs anonymes qui poussent dans les fentes d'un trottoir, ce rayon de soleil qui soudain fait chanter un vieux mur, ce cheval pensif au milieu d'un pré après la pluie, cet enfant qui offre un caillou coloré à un vieillard sur son banc; ces fragrances et saveurs que la mémoire réveille...

Extrait de:
Œil ouvert et cœur battant
Comment envisager et dévisager la beauté
François Cheng.

p.53 éd. Poche Desclée de Brouwer


Foto Colo
 
No todos somos artistas; pero todos participamos a la belleza. En realidad, todos somos más o menos artistas. El simple hecho de vivir supone un cierto arte de vivir. Sabemos por ejemplo disponer flores para alegrar nuestro hogar, aguzar el oído para escuchar un canto de pájaro, disfrutar de un jardín en primavera o del ocaso en el mar. Todo esto está bien. Sin embargo, si deseamos superar los clichés, superar la costumbre de reservar la belleza a sólo unos momentos privilegiados, tenemos que aprender a habitar poéticamente la tierra como lo propuso el poeta Hölderlin. Ya que la belleza, ese don que se nos da sin reserva, está omnipresente. Hay que saber capturar sus más humildes manifestaciones. Esas flores anónimas que crecen en las rendijas de una acera, esos rayos de sol que hacen de repente cantar una vieja pared, ese caballo pensativo en medio de un prado después de la lluvia, ese niño que le regala un guijarro coloreado a un anciano en su banco; esas fragancias y sabores que la memoria despierta...
Trad: Colo

(Por lo que veo este librito no está traducido todavía pero os puedo recomendar la lectura tan bonita de “Cinco meditaciones sobre la belleza” del mismo François Cheng.)

31 commentaires:

  1. entièrement d'accord!
    bonne journée, chère Colo

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    1. Merci Adrienne, qu'elle soit agréable pour toi aussi.

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  2. François Cheng est un homme que j'aime, comme poète, comme passeur de la peinture chinoise et là pour la beauté
    Décidément cet homme est précieux

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    1. Très, ce petit livre est intelligemment mené. Le mode dit-il est indifférent à la beauté, notre regard sur lui ne lest pas, ou ne devrait pas l'être!

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  3. Cet extrait de François Cheng est magnifique et j'aime tous ses mots sur la beauté. J'aime aussi ta photo chère Colo et sur une fleur, je vois un petit lézard :-)
    Douce fin de journée, mes amitiés
    Bisous ♥

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    1. Je savais que toi, qui publies des photos de bribes de beautés chaque jour, tu aimerais cet extrait.
      Oui, oui, c'est un lézard. J'ai agrandi la photo, mais tant les fleurs que l'animal pouvaient aisément passer inaperçus.
      Besos pour toi Denise.

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  4. Comment ne pas être d'accord avec un tel passage ! Il exprime si bien l'attention que nous devrions porter à la plus petite et fugitive manifestation de beauté.

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    1. Je sais que cela semble être une évidence Aifelle, mais j'ai aimé cet "arrêt sur vie rapide". Il est facile ici de s'extasier devant la cathédrale (superbe soit dit au passage), le lever-coucher du soleil sur la mer, les montagnes...mais Cheng dans ce livre nous mène à des passages hautement philosophique, par exemple: "...notre regard qui perçoit la beauté et notre coeur qui s'émeut de la beauté donnent un sens à ce que l'univers offre comme beauté, et, du même coup l'univers prend sens et nous prenons sens avec lui."
      Bonne fin de semaine, un beso.

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  5. "apprendre à habiter poétiquement la terre" a bien un autre sens, oui, et dépasse le simple arrêt admiratif devant la cathédrale comme tu le dis fort bien.

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    1. Il parle beaucoup de l’écriture chinoise, cet élan qui va de pair avec la nature longuement étudiée, observée.
      Bonne fin de semaine K.

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  6. Merci pour ce bel extrait que je vais mettre dans ma réserve de beaux textes et pour l'image jointe aux paroles ♥
    Bisous, Colo !!

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  7. La poésie de François Cheng me bouleverse à chaque fois que je la lis. J'aimerais atteindre la simplicité et la clarté de son écriture.
    Merci pour cet extrait.
    Bonne journée.

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    1. Bonjour Bonheur, je crois que cette simplicité relève d'un travail intense. Alors quand vous serez à la retraite, vous en aurez, j'en suis sûre, le temps. Le talent y est déjà!

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  8. Quelle belle âme François Cheng, je suis en émerveillement devant ses mots, merci Colo. Doux week end, à bientôt. brigitte

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    1. Tu as raison, une belle âme! (pardon pour le retard, des ennuis de santé)
      Bonne semaine Brigitte.

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  9. Merci bien, nous sommes des artistes alors !!! Merci beaucoup pour cette belle photo "verte" avec le lézard qui se promène sur le bouton. Bon week end.

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    1. Mais oui, on faisant très attention aux "petites choses", nous sommes tous des artistes!
      Bonne semaine Elisabeth.

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  10. L'attention. Cette disposition à l'écoute, au geste juste, au regard sur le beau "l'œil ouvert et le cœur battant".

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    1. Oui c'est exactement ça, faire attention à tout ce qui nous entoure, que ça bouge ou pas..

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  11. Entièrement d'accord avec ce passage. Oui il faut savoir déceler et capter la beauté malgré une période méprisable sur bien des points!

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    1. Ces petites beautés rendent la vie bien plus belle cher Alezandro, c'est sûr.

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  12. "Comment envisager et dévisager la beauté", quel beau titre ! (J'enlèverais le "comment".) L'extrait me plaît beaucoup, merci Colo. Capter la beauté là où on est, chaque jour, il me semble que c'est ma mère qui m'a transmis cela.

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    1. Je me souviens nous être baladées sur une falaise dans le sud de mon île; notre attention s'était portée sur de minuscules plantes maritimes qui poussaient sur des pierres, on les avait photographiées, tu t'en souviens?

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    2. Bien sûr, un beau souvenir. Bonne journée, dame Colo.

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  13. Que ce texte est beau. Rien n'est perdu dans notre vie si nous conservons ce don naturel de pouvoir s'émerveiller dans le quotidien. C'est pourquoi je photographie à tout va, ce que je ne peux mettre sur une toile. Bonne semaine à toi Colo.

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    1. C'est le plaisir que ton blog nous apporte quotidiennement chère Lou!

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  14. Il me semblait avoir écrit quelque chose sur cela. Mon commentaire s'est perdu, peut-être, où il était question de l'attention comme les orientaux la savent, attention au geste juste, à la beauté du moment.
    J'espère que vous allez bien Colette ? Bonne semaine.

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    1. Je vais mieux, merci Christian.
      Bonne semaine à vous aussi.

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  15. Combien tout cela est vrai.
    Jean-Pierre Siméon parle aussi de ce regard poétique si particulier sur le monde qui nous entoure avec cette idée de chausser le slunettes de poésie pour appréhendre le monde: plutôt d'accord deux fois qu'une.

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    1. Je ne connais pas Monsieur Siméon, je pars à sa recherche, merci!

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