17 mai 2016

D'escaliers et de pieds.../ De escaleras y de pies...


Dans la maison de ma jeunesse il y avait des tas d'escaliers: entre les étages et pour accéder au grenier et à la cave. J'ai ensuite habité, étudiante, dans une maison étrange, elle s'appelait en néerlandais “Het Streepje” (le tiret). Sa façade était classée et n'avait que 2 mètres de largeur. Trois étages, un escalier raide et sombre.
"Het Streepje" est la plus basse sur la droite.

En la casa de mi juventud había montón de escaleras: entre pisos et luego para acceder al ático y al sótano. Luego, de estudiante, viví en una casa extraña, se llamaba en flamenco “The Streepje”, (el guión). Su fachada estaba de época et sólo tenía dos metros de ancho. Tres pisos, une escalera estrecha y oscura.
La maison que nous habitons depuis 40 ans était une étable, de plain pied. Je regrette ces excursions au grenier, à la cave aussi. Voilà sans doute pourquoi je vous propose plusieurs billets sur les escaliers...
Le premier texte est étrange, à lire et sourire.
 
La casa en la que vivimos desde hace unos 40 años era un establo, de una sola planta. Es probablemente la razón por la cual os propongo unas entradas sobre las escaleras...


Instructions pour monter un escalier

Julio Cortázar (Bruxelles, Belgique, 26 août 1914-París, France, 12 février 1984)

Personne n'aura manqué de remarquer que le sol se plie fréquemment de telle façon qu'une partie monte en angle droit par rapport au plan du sol, et qu'après la partie suivante se place parallèlement à ce plan pour laisser place à une nouvelle perpendiculaire, démarche qui se répète en spirale ou en ligne brisée jusqu'à des hauteurs extrêmement variables.

En se penchant et mettant la main gauche sur une des parties verticales, et la droite sur l'horizontale correspondante, on se trouve en possession momentanée d'un échelon ou d'une marche. Chacune de ces marches, formée comme on le voit par deux éléments, se situe un peu plus haut et en avant que l'antérieure, un principe qui donne son sens à l'escalier, vu qu’une quelconque autre combinaison produira des formes peut-être plus belles ou pittoresques, mais incapable de transporter d'un rez-de-chaussée à un premier étage.

Les escaliers se montent de face, vu que vers l'arrière ou de côté ils sont particulièrement incommodes.
L'attitude naturelle consiste à se tenir debout, les bras pendant sans effort, la tête haute mais pas au point que les yeux ne puissent pas voir les marches situées juste au-dessus de celle sur laquelle on marche, la respiration doit être lente et régulière. Pour gravir un escalier on commence par lever cette partie du corps située en bas à droite, presque toujours enveloppée de cuir ou de peau de chamois, et qui, sauf exceptions, tient juste sur la marche. Cette partie, que pour abréger nous appellerons pied, posée sur la marche, on prend la partie gauche équivalente (également appelée pied, mais qu'il ne faut pas confondre avec le pied cité auparavant), et en l'emmenant à la hauteur du pied, on le fait suivre jusqu'à le poser sur la seconde marche, sur laquelle donc se reposera le pied, et sur la première se reposera le pied. (Les premières marches sont toujours les plus difficiles, après on acquiert la coordination nécessaire. La coïncidence de nom entre le pied et le pied rend l'explication difficile. Prenez soin de ne pas lever en même temps le pied et le pied).

Arrivé de cette façon à la deuxième marche, il suffit de répéter les mouvements jusqu'à ce qu'on se trouve en haut de l'escalier. On en sort facilement, par un léger coup de talon qui le fige à sa place, et qui ne bougera pas avant le moment de la descente.
                                        FIN
Trad: Colo

Can Prunera, Sóller, Mallorca

Instrucciones para subir una escalera
Julio Cortázar

(Bruselas, Bélgica, 26 de agosto de 1914-París, Francia, 12 de febrero de 1984)


Nadie habrá dejado de observar que con frecuencia el suelo se pliega de manera tal que una parte sube en ángulo recto con el plano del suelo, y luego la parte siguiente se coloca paralela a este plano, para dar paso a una nueva perpendicular, conducta que se repite en espiral o en línea quebrada hasta alturas sumamente variables.

Agachándose y poniendo la mano izquierda en una de las partes verticales, y la derecha en la horizontal correspondiente, se está en posesión momentánea de un peldaño o escalón. Cada uno de estos peldaños, formados como se ve por dos elementos, se sitúa un tanto más arriba y adelante que el anterior, principio que da sentido a la escalera, ya que cualquiera otra combinación producirá formas quizá más bellas o pintorescas, pero incapaces de trasladar de una planta baja a un primer piso.
Las escaleras se suben de frente, pues hacia atrás o de costado resultan particularmente incómodas. La actitud natural consiste en mantenerse de pie, los brazos colgando sin esfuerzo, la cabeza erguida aunque no tanto que los ojos dejen de ver los peldaños inmediatamente superiores al que se pisa, y respirando lenta y regularmente. Para subir una escalera se comienza por levantar esa parte del cuerpo situada a la derecha abajo, envuelta casi siempre en cuero o gamuza, y que salvo excepciones cabe exactamente en el escalón. Puesta en el primer peldaño dicha parte, que para abreviar llamaremos pie, se recoge la parte equivalente de la izquierda (también llamada pie, pero que no ha de confundirse con el pie antes citado), y llevándola a la altura del pie, se le hace seguir hasta colocarla en el segundo peldaño, con lo cual en éste descansará el pie, y en el primero descansará el pie. (Los primeros peldaños son siempre los más difíciles, hasta adquirir la coordinación necesaria. La coincidencia de nombre entre el pie y el pie hace difícil la explicación. Cuídese especialmente de no levantar al mismo tiempo el pie y el pie).
Llegado en esta forma al segundo peldaño, basta repetir alternadamente los movimientos hasta encontrarse con el final de la escalera. Se sale de ella fácilmente, con un ligero golpe de talón que la fija en su sitio, del que no se moverá hasta el momento del descenso.
FIN

39 commentaires:

  1. Les escaliers de mon enfance, c'était aussi le jeu de sauter du haut de plusieurs marches, de plus en plus haut. Je rêvais que je descendais tout l'escalier d'une volée !
    Bons souvenirs de la maison de Louvain si singulière, qu'un chat habitait aussi. J'avais trois étages à monter jusqu'à mon kot. Les maisons des amitiés naissantes...
    Le texte de Cortázar est étonnant, il m'a fait rire à la première lecture. Décrire comment on aborde un escalier est un exercice complexe ! Il y a des chiens qui refusent les escaliers.
    Bonne journée, dame Colo, en largeur, en hauteur et en profondeur. Un baiser.

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  2. Un chat qui s'appelait "gato", oui, oui. D'excellents souvenirs de Louvain, Leuven.

    Pied à pied, pas les deux en même temps...Bonne journée Tania, un beso.

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  3. cela me fait penser au roman qui se passe en hollande : le miniaturiste que j'avais beaucoup aimé et j'ai imaginé sa maison un peu comme celle que tu nous proposes

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    1. Connais-tu Madurodam, cette ville miniature hollandaise?
      Sinon, regarde ceci: https://www.youtube.com/watch?v=D9lojDRcvpQ

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    2. oui oui oui je connais j'ai visité ça quand j'avais environ 16 ans et mon frère qui est plus jeune que moi avait été enthousiasmé par cette visite, c'est vieux mais j'en garde un vrai souvenir

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  4. Figure-toi que, dès la photo et le titre, avant même d'avoir fini de lire le billet j'avais l'intention de t'envoyer... le texte de Cortazar !!!!!!

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    1. C'est pas vrai!!! Moi qui pensais te surprendre...agréablement, j'ai failli être surprise par toi! Merci pour l'intention cher K.

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  5. Dans mon enfance j'ai aussi connu des maisons avec cave et grenier et c'est vrai que ça change la manière de voir. Le texte sur l'escalier m'a légèrement embrouillée, il faut avouer que j'ai toujours eu des petits problèmes de coordination :-)

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    1. Ha, ha tu me fais rire, moi c'est une impossibilité (!!!)de suivre des instructions...je n'en fais qu'à ma tête!
      Tant que tu n’emmêles pas le pied avec le pied :-))

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  6. donc toi aussi tu as étudié à Leuven ;-)
    je ne savais pas que Cortázar était né à Bruxelles!
    (justement ce matin, je citais un de ses titres sur un autre blog... drôle de hasard ;-))

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    1. Oui, il y a vécu jusqu'à 4 ans, puis a découvert l'Argentine.
      Souvenirs inoubliables que ceux de Leuven, juste avant sa division...Cette mini maison avait une serrure que n'importe quelle ancienne clef ouvrait, ce qui était pratique, les amis entraient à leur guise!
      Je ne suis pas fan des romans Cortázar, par contre ses contes et poèmes me parlent plus.

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    2. C'était "La continuité des parcs" :-)

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  7. Bonsoir chère Colo, merci de ton joli billet. Dès l'âge de 3 ans à 20 ans, j'habitais avec mes parents dans un tout petit appartement au sixième étage, sans ascenseur. Il y avait des greniers et des caves puisque nous étions plusieurs locataires. Pendant 17 ans, je descendais et montais les escaliers pour aller à l'école et, petite, pour jouer sur le trottoir à des jeux de balles et de corde à sauter avec quelques enfants du quartier. Nous n'avions pas d'autres jeux mais les souvenirs sont toujours là.
    Encore merci de ton beau billet.
    Bisous et mes amitiés ♥

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    1. Six étages à pied...que d'escaliers et de souffle!
      Merci chère Denise pour ces souvenirs, mes soeurs et moi jouions aussi toujours dans la rue avec les autres enfants du quartier.
      Je t'embrasse, bonne semaine.

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  8. Deux mètres..............????? Chouette je vais réviser mon espagnol...

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    1. Bienvenu FL, cette maison s'élargissait vers l'intérieur, comme un entonnoir ;-))
      Je vois que votre blog est bilingue lui aussi...révisons donc.

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  9. .... toute mon enfance, j'ai joué dans les escaliers....
    Merci et bonne journée.

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    1. On a de bonnes jambes quand on est jeune, tant de souffle aussi!
      Bonne journée à vous aussi.

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  10. L'extrait de Cortazar (j'omets l'accent aigu du a, la recherche du raccourci clavier me prendrait plus de temps que cette parenthèse), est parmi les formes d'humour qui me ravissent.
    Un peu de Borges peut-être. Ou du Desproges, sans le cynisme. Digne d'un K, pourquoi pas ?

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    1. Ah que je suis contente que cette description minutieuse et drôle vous plaise. Je riais en la traduisant, essayant de ne pas emmêler ..mes doigts.
      Señor K sera flatté, sûr!

      Bonne journée Christian.

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    2. Confus plus que flatté car ce rapprochement est vraiment exagéré amigos !

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  11. Les escaliers permettent de garder la forme sans aller fréquenter les salles de Gym. Cependant, il arrivera un âge....où le plain pied sera appréciable.

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    1. En effet, je pense en te lisant à une très vieille dame qui ne peut plus quitter son appartement à cause des trop nombreux escaliers à gravir...
      Bon week-end.

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  12. Bonsoir Colo
    Sympa cette maison de rêve de ton enfance. J'aime beaucoup sa forme et les briques colorées, qui, lorsque je les ai découvertes m'ont fait au retour ici trouver les maisons bien fades.
    Le texte sur l'escalier m'a emmêlé les pinceaux... 8-) Je préfère ne pas réfléchir à la montée d'un escalier mais je pense immédiatement aux montées interminables des cathédrales et autres tours...
    Et il me semble voir "Nu descendant un escalier" de Marcel Duchamp.
    Pour ma part, j'aurais aimé, surtout dans mon enfance avoir une maison à étage; or, je n'ai toujours habité que des maisons de plain-pied.Lorsque j'allais au grenier, je rêvais, ne serait-ce que grâce à la vue en contrebas.
    Je t'embrasse, Colo.

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    1. Bonjour Maïté, ces constructions sont typiques du pays flamand, d'une partie de la Hollande aussi; chacun construit avec les briques à sa portée...mais oui c'est fort joli.
      Tu crois que ce serait plus simple si chaque pied avait un nom différent?¿?¿?¿ ;-))
      Bon week-end, je t'embrasse fort

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  13. Ce texte me rappelle les instructions pour remonter une montre de Cortazar, génial :-)

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    1. Ah, je ne connais pas ce texte-montre, je pars illico à sa recherche. Merci Pascale!

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  14. Tiens je ne vois pas mon com' qui parlait de l'échelle pour monter au grenier, dans la ferme de mon enfance ...

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    1. Chère Lily, ton com' est là, mais embrouillée sans doute dans tes pieds et l'escalier, tu l'as déposé sous le billet précédent...et je t'ai répondu bien sûr! :)))

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  15. Tiens je ne vois pas mon com' qui parlait de l'échelle pour monter au grenier, dans la ferme de mon enfance ...

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  16. la pratique des escaliers est bénéfique à la santé!

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    1. Un exercice salutaire pour sédentaires valides paraît-il, on nous le dit en effet Alezandro.

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  17. Un texte amusant et bien sympathique, Colo !

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    1. Difficulté de décrire minutieusement, et avec humour, ce simple acte de gravir des marches!
      Bonne semaine Danièle.

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  18. Au début que je travaillais, je louais une petite chambre meublée au 3ème étage, sous les toits. Rigolo ce texte pour apprendre à monter les escaliers !!!

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    1. Souvenirs de jeunesse...
      Il est amusant, oui, et compliqué à écrire je crois.

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  19. Oh ! Je connais cette petite maison 'Het Streepje' !
    Elle m'a toujours intriguée...car j'imaginais si mal la configuration des meubles à l'intérieur !!
    Ce texte sur l'escalier est amusant, quel exploit nous réalisons en montant ou descendant l'escalier...instrument de mise en forme donc : parfois je le monte en sautant les pieds joints juste pour le fun et pour entrtenir mes vieux os.
    Merci pour ce billet sympa et belle semaine !

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  20. Je voulais dire...je saute 'les marches' à pieds joints ;-)

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  21. Oh, tu la connais? les dernières nouvelles que j'en ai eu c'était qu'on avait transformé le rez-de-chaussée en...frietkot!!! Tu sais si ce l'est encore? Quant au mobilier, je ne peux te répondre, louée non meublée à des students, c'était matelas par terre et caisses d'oranges...

    À pieds joints...bravo, bravo, je ne sais si les miens de vieux os supporteraient un tel choc:-))
    Merci d'être passée.

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