FEMMES Luís García Montero
Matin de banlieue
et l’autobus s’approche de l’arrêt.
Il fait froid dans la rue, légèrement,
presque l’éveil du printemps,
de ville qui ne s’est pas
encore réchauffée.
De mon siège je vois les femmes,
les yeux ensommeillés et les habits sans éclat,
cherchant leur horaire de travail.
Elles montent et mettent à jour
sur les vitres de l’abribus
une annonce de corps choisis
et de lingerie.
Les jeunes femmes nous regardent dans les yeux
depuis le règne parfait de leur photographie,
sans horaire, sans hâte,
obscènes comme un rêve bronzé.
(...)
Je te souhaite une bonne journée,
que la chance te cherche
dans ta maison petite et ordonnée,
que la vie te traite dignement.
MUJERES Luís García Montero
Mañana
de suburbio
y el autobús se acerca a la parada.
Hace
frío en la calle, suavemente,
casi de despertar en primavera,
de ciudad que no ha entrado
todavía en calor.
Desde
mi asiento veo a las mujeres,
con los ojos de sueño y la ropa
sin brillo,
en busca de su horario de trabajo.
Suben
y van dejando al descubierto,
en los cristales de la
marquesina,
un anuncio de cuerpos escogidos
y de ropa
interior.
Las muchachas nos miran a los ojos
desde el
reino perfecto de su fotografía,
sin horarios, sin prisa,
obscenas como un sueño bronceado.
(...)
Que
tengas un buen día,
que la suerte te busque
en tu casa
pequeña y ordenada,
que la vida te trate dignamente.


Pour répondre à ton commentaire, ici, c'est la fin des aubergines, et le début des cèpes , châtaignes....Le temps reste agréable, ça fait du bien aussi d'avoir moins chaud. Gros bisous
RépondreSupprimerMerci, nous vivons à différentes latitudes Val, mais le temps a rafraîchi, un bonheur, oui...
SupprimerCoucou. Ce poème me fait sentir à la fois la fragilité et la beauté du quotidien, le poids des images idéalisées dans nos vies, et une forme de souci bienveillant pour les autres, ici adressé à la personne que le poète imagine. Il oscille entre réalisme, contemplation et tendresse. Bises alpines.
RépondreSupprimerHola Dédé, il y a tout ça, oui. Moi j'ai pensé que la dernière strophe s'adresse à toutes les femmes vues à l'arrêt de bus. Ou à une en particulier ? Tout est possible, mais tant de tendresse...Un beso mediterraneo.
SupprimerCes femmes prenant le bus tôt le matin pour rejoindre leur lieu de travail, voudraient bien ressembler aux modèles de leurs magazines féminins préférés, avec leur "look" bronzé, leurs vêtements, et leurs dessous très "tendance", leur apparente décontraction...Une manière d'être et de se comporter qui les change de leur petite vie tranquille et (trop) bien réglée.
RépondreSupprimerBelle semaine, Colo
Bonjour Antoine. Ah, tu penses que les travailleuses rêvent d'être mannequins bronzées. Pourquoi pas ? Deux mondes mis face à face, le réalisme des travailleuses, le soit disant paradis des autres.
SupprimerMerci, et très bonne semaine à toi aussi.
Le poète termine sur de beaux souhaits, elle en a de la chance la femme qu'il évoque :-) J'ai un brin d'agacement devant l'affiche d'une femme presque dénudée, au corps parfait, exposé à tous les regards. Je ne suis pas sûre que tant de femmes que cela les envient. Ça chatouille mon côté féministe. Bonne journée Colo, bises.
RépondreSupprimerCe poème fait partie d'un recueil qu'il a publié après la mort de sa femme, que tu connais probablement: Almudena Grandes.
SupprimerUn brin d'agacement ? Un énorme agacement tu veux dire !!! Comme l'écrit le poète, il y a de l’obscénité, puis ce contraste avec lui travailleuses qui se lèvent tôt...
Bonne journée à toi
une bel hommage à la f'âme-courage 💚🕊️
RépondreSupprimerAbsolument, oui, dame Solilouve.
SupprimerJ'aime beaucoup ce poème, ce mélange de mélancolie et de générosité. Il m'émeut beaucoup et la dernière strophe est d'une délicatesse inouie
RépondreSupprimerTout le petit recueil est aussi beau et émouvant.
SupprimerIl y a tout dans tes photos, Colo : le rêve et la vie quotidienne des femmes qui se hâtent, l'indifférence aussi.
RépondreSupprimerEt l'humour aussi grand que ces seins de la taille d'une tête grise, qui se détourne...
Merci pour la traduction du poème : "Que la vie te traite dignement" : la chute essentielle de ces scènes de rue !
Bonne soirée, Colo !
Bises pluvieuses :-)
Merci Fifi, on rêve d'une dignité pour tous !
SupprimerBonne journée, ici après la pluie, le soleil ce matin. Un beso !
Ce que l'on retient en plus du poème c'est la première photo... Ce fossé qui existe entre la travailleuse et la "nana" sur l'affiche... corps parfait avec des sous-vêtements au top...
RépondreSupprimerOn retiendra aussi
"Que la vie te traite dignement. "
Bonjour Marie, le poème est venu en premier lieu puis j'ai eu la chance de trouver des photos qui correspondaient aux mots.
SupprimerCes "travailleuses de la mode" sont-elles plus contentes que les autres ? Je n'en sais rien en fait.
Je t'embrasse affectueusement, et t'envoie toute la lumière du soleil qui brille aujourd'hui.
"Que la vie te traite dignement", n'est-ce pas là le plus important ?
RépondreSupprimerJ'avoue ne pas regarder les publicités, elles me fatiguent et polluent les espaces à mon goût...
Bises automnales dame Colo, à bientôt. brigitte
Hola Brigitte, ici les publicités sont mises en contraste avec les travailleuses.
SupprimerLa dignité est absolument le plus important, on est bien d'accord !
Un beso, bonne fin de semaine.
Que "la vie les traite dignement" ces femmes qui au petit matin, partent travailler tout au long de l'année, certaines pour un salaire de misère. Elles sont loin de pouvoir se payer ces dessous frivoles bien que superbes (ou ces parfums dont on voit la pub aussi à la TV ou dans les rues) mais courageusement elles font face à leur journée et à leur quotidien. Je les trouve admirables et je trouve que le poète les met joliment à l'honneur tout en montrant deux mondes qui s'opposent dans nos sociétés inégalitaires...Voilà comment je le ressens ce poème, comme un poème qui met le doigt sur les injustices, sur la manipulation de nos médias (et des pubs), sur le pratique face au superflu, sur la réalité face à cette image de la femme idéalisée, imposée par la société (et peut-être rêvée ?) . Merci pour ce partage, une belle découverte en poésie
RépondreSupprimerNous avons fait la même analyse Manou, c'est comme ça que j'ai lu/traduit le poème: un hommage aux travailleuses de l'autobus.
SupprimerMerci, bonne soirée.
Tes photos montrent pleinement ce que le poète veut dire. Ce n'est pas le corps de ces femmes qui est obscène, c'est le fait de les exposer comme des objets sexuels et ce que ces images véhiculent par rapport aux autres femmes. Pas du tout d'accord avec Antoine ! Je pense comme toi ou Aifelle !
RépondreSupprimerJ'aime Almuneda Grandes. Je n'ai pas encore tout lu d'elle mais je compte bien le faire.
Nous sommes d'accord sur ce mot "obscène" aussi.
SupprimerMa fille est fan à 100% d'Almudena Grandes, alors j'ai tout lu, et c'est magnifique.
Il y a 50 ans, on apposait de petits autocollants féministes - "C'est un crime contre les femmes" - sur les affiches qui usaient et abusaient de la femme-objet. Y réagit-on encore ? Le poème oppose obscénité et dignité, à juste titre. Bonne soirée, Colo.
RépondreSupprimerJe m'en souviens, oui. Depuis et peu à peu les marques ont changé de tactique, on n'en voit pratiquement plus...
SupprimerCe poème est aussi plein de tendresse, bienveillance.
Bonne journée Tania.
J'aime beaucoup la dernière strophe !
RépondreSupprimerEt à propos des photos de femmes-objets, je trouve qu'il y en a de plus en plus avec la montée de ce qu'on appelle le masculinisme...
Ah oui ? je ferai plus attention quand j'irai en ville alors....quelle horreur.
Supprimer"Femmes, je vous aime" aurait écrit Julien Clerc....... Quand verrons nous des hommes dans ce même abribus "les yeux ensommeillés et les habits sans éclat" ? Ode à la femme qui travaille dur.
RépondreSupprimerIci les ouvriers de la construction, par exemple, on vient les chercher dans des minibus. Je crois que la classe ouvrière, sexes confondus, ont les yeux ensommeillés. Ici il a pris les femmes, contraste avec les pubs.
SupprimerMerci Chinou, bonne fin de semaine.
Les quatre dernières lignes sont si belles, antithèse parfaite de l'indécence publicitaire.
RépondreSupprimerGénéreuse et émouvante cette dernière strophe, oui, merci K.
SupprimerDeux mondes, de flagrantes disparités entre les femmes...
RépondreSupprimerBien vu et un beau poème compatissant.
Merci Enitram, j'espère que tu vas bien. Bon dimanche.
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