Le poème d'aujourd'hui requiert une mise en contexte. Si vous n'avez probablement jamais entendu parler de Luís García Moreno, poète contemporain très connu en Espagne, le nom de sa femme décédée l'an dernier, Almudena Grandes, vous dit quelque chose...ou beaucoup.
Sa disparition a laissé un grand vide dans la littérature et le premier à souffrir de son absence a été son mari bien sûr.
"Es mucho el dolor y es mucha la pérdida, pero cuando pasan los días y pasa el tiempo y uno empieza a convivir diariamente con la muerte, agradece haber podido cuidar a la persona que quería, e incluso haber podido ser cuidado por quien estaba cuidando. Después, además, uno comprende que eso es el final de una relación de treinta años que ha sido alegre y feliz, que tiene como consecuencia la necesidad de cuidar".
"La douleur est grande et grande la perte, mais quand passent les jours et passe le temps et qu'on commence à vivre au quotidien avec la mort, on remercie d'avoir pu prendre soin de la personne qu'on aimait, et même d'avoir pu être pris en soin par celle dont on s'occupait. Après, en plus, on comprend que cela c'est la fin d'une relation de trente ans qui a été joyeuse et heureuse, et qui a pour conséquence le besoin de prendre soin." Trad: Colo
Mais voilà le poème, dans la série des questions.
Luís García Montero
Qui va là…
Qui va là,
vers non achevé parmi mes vers,
rêve ignoré,
silence des lumières et des portes?
Qui va là,
après s’en être allé, perdurant
avec des yeux de bataille,
sous l’ombre morte des clés?
Qui va là,
venant sans venir, déshabitant
le ton de sa voix,
le compte inachevé des pas ?
Sur ces mêmes lèvres qui ont fait les valises,
je cherchais les héros du destin.
Ils sont venus un soir pour t’emmener avec eux,
et j’ai compris que rien ne se comprend.
(Trad:Colo)
¿Quién anda ahí...
¿Quién
anda ahí,
verso sin terminar entre mis versos,
desatendido
sueño,
silencio de las luces y las puertas?
¿Quién
anda ahí,
después de haberse ido, persistiendo
con ojos
de batalla,
bajo la sombra muerta de las llaves?
¿Quién
anda ahí,
viniendo sin venir, deshabitando
el tono de su
voz,
la cuenta inacabada de los pasos?
En esos mismos
labios que han hecho las maletas,
yo buscaba los héroes del
destino.
Vinieron una tarde por llevarte con ellos,
y
comprendí que nada se comprende.
Je n'avais pas entendu parler de Luis Garcia Moreno, mais il est vrai que je connais très mal la littérature espagnole contemporaine. Ce poème, Colo, est à fois très beau et très douloureux ! J'y vois la disparition cruelle, masquée, incompréhensible, de l'être aimé, visité, puis emporté corps et âme, par 'les héros du destin"
RépondreSupprimerOui, beaucoup de souffrance dans ce poème écrit après la mort de sa femme qui n’avait que 61 ans. Le cruel destin...merci Antoine.
Supprimerc'est très beau, les deux derniers vers surtout me touchent beaucoup.
RépondreSupprimerJe partage tes sentiments Adrienne.
SupprimerLa citation qui précède ce poème est très émouvante, Colo. Beau poème du mystère et de l'absence.
RépondreSupprimer(Oublié de signer... et peut-être d'envoyer ? Je reprends.)
RépondreSupprimerLa phrase que tu cites avant le poème est très émouvante et celui-ci, plein du mystère de l'absence et de la présence.
Je voulais mettre cette phrase qu'il a répétée, très émouvante, oui.
SupprimerDans le poème on réalise parfaitement que tout lui rappelle sa compagne absente...comment pourrait-il en être autrement?
On souhaite toujours que ça arrive le plus tard possible quand on perd quelqu'un de très cher. L'absence est difficile à accepter. Merci pour cette note touchante. Bonne fin de journée et bises. (c'est l'automne eh oui, il fait frais et ça fait du bien après les grosses chaleurs).
RépondreSupprimerJ'ai pensé à toi aussi Élisabeth en traduisant ce poème. Tu as raison, moins chaud ici aussi même si ce n'est pas l'automne encore...Un beso
SupprimerJe connaissais très bien l'épouse pour l'avoir lu plusieurs fois avec bonheur C'est réjouissant de penser à un couple où l'un est poète et l'autre écrivaine
RépondreSupprimerj'aime beaucoup le dernier vers Je comprends que rien ne se comprend il y a là de quoi réfléchir pendant des heures
Lire Almudena Grandes est un bonheur, tu as raison, elle est bien traduite en français, par contre, la poésie, on le sait sans le comprendre, circule moins facilement....
SupprimerOn sent une douleur à vif derrière ces vers et l'incompréhension finale, qui doit sembler insupportable. J'ai entendu la nouvelle du décès de son épouse l'an dernier, mais je ne l'ai pas lue. Bonne journée Colo, bises.
RépondreSupprimerJ'ai lu qu'il ne s'attendait pas à ce qu'elle meure avant lui, à 60 ans, il a 2 ans de plus. Un énorme vide, je l'imagine si bien. Un an après il vient de publier un recueil.
SupprimerBonne journée à toi aussi Aifelle, un beso
C'est triste, comme souvent, lolll! Bisous
RépondreSupprimerParfois oui c'est triste, Un beso!
SupprimerVoilà des mots que j'aurais bien aimé savoir écrire. Tout est dit, sous entendu, pesé, pensé, ressenti et exprimé avec tant d'amour. Bonne soirée Colo.
RépondreSupprimerContente que tu aies apprécié ce beau poème Chinou, il n'y a rien à ajouter, c'est vrai. Bonne semaine
SupprimerLes propos de cet homme sont très émouvants, "prendre soin", n'est-ce pas la seule chose qui a de l'importance ? "rien ne se comprend", dans nos questionnements quotidiens, tout est superflu, il n'y a qu'à accepter et aimer, c'est le seul programme, le seul travail à entreprendre, un long cheminement... Nos sociétés ne cessent de s'éloigner de cette vérité, heureusement le poète est là. Merci Colo pour ce cadeau, bises du lundi. brigitte
RépondreSupprimerBonjour Brigitte, tu as raison, s'occuper de l'autre, de nos autres, en prendre le plus grand soin est essentiel. Merci pour tes mots, je t'embrasse
SupprimerÉmouvant texte poétique.
RépondreSupprimerLa confrontation avec la perte d'un être proche, sans être vraiment vécue, peut être quelquefois entraperçue suite à un événement soudain. Ça passe, comme tout passe, malgré cela, la mise en garde reste là, suspendue quelque part où « rien ne se comprend », pour reprendre les mots de Montero.
Bonjour Christian, L'absence si présente d'une personne aimée du poème, je l'ai vécue à travers ma mère après le décès de mon père. Elle me disait la première année, non seulement sentir sa présence mais "entendre" arriver sa voiture, sa voix commentant ceci ou cela ou râler ferme avec ou sans raison...
SupprimerMontero l'évoque si bien.
J'espère que tout va mieux pour vous, même si, vous le dites, vous avez entraperçu la suite.
Émouvant texte poétique.
RépondreSupprimerLa confrontation avec la perte d'un être proche, sans être vraiment vécue, peut être quelquefois entraperçue suite à un événement soudain. Ça passe, comme tout passe, malgré cela, la mise en garde reste là, suspendue quelque part où « rien ne se comprend », pour reprendre les mots de Montero.
(je remets le commentaire, n'ayant pas reçu le "en attente de modération")
C'est très beau. Rien ne se comprend...plus. Un magnifique texte désemparé.
RépondreSupprimerDésemparé est le mot exact K. des souvenirs si vivants....
SupprimerDes mots douloureux posés sur l'absence..."Ils sont venus un soir pour t’emmener avec eux,
RépondreSupprimeret j’ai compris que rien ne se comprend. "...
Ces départs inévitables et qui laissent des vides, si habités au début! Bon week-end Marie
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