Vu le peu de traductions en français des poèmes de Louise Glück, mon amie Eeva et moi avons eu l’idée d’en traduire un . Celui que nous avons choisi parle de la Terre, de Gaia, et commence par la difficulté, que nous connaissons bien toutes les deux, de cultiver de belles tomates chaque année. Après moultes échanges, nous avons pensé que le YOU du poème est Gaia elle-même.
Vous pouvez bien sûr intervenir pour donner votre avis….
Vêpres
Louise Glück - 1943-
Durant ton absence prolongée, tu me permets
l'usage de la terre, anticipant
un retour sur investissement. Je dois signaler
que j’ai failli à ma mission, principalement
au sujet des plantes de tomates.
Je crois qu’il ne faudrait pas m'encourager à cultiver
des tomates. Sinon il te faudrait retenir
les fortes pluies, les nuits froides qui arrivent
si souvent ici, tandis que d'autres régions ont
douze semaines d'été. Tout ceci
t'appartient: d'autre part,
c’est moi qui ai planté les semences, surveillé les premières pousses
comme des ailes déchirant le sol, et ce fut mon cœur
meurtri par la rouille, les taches noires qui si vite
se multiplient dans les rangées. Je doute
que tu aies un cœur, dans notre conception
du mot. Toi qui ne fais pas la différence
entre le mort et le vivant, toi qui es ainsi
immunisé aux signes avant-coureurs, tu peux ne pas savoir
quelle est la terreur que nous supportons, la feuille mouchetée,
les feuilles rouges de l'érable qui tombent
même en août, dans l'obscurité hâtive : je suis responsable
de ces vignes.
(Trad:Eeva, Colo)
Pekka Halonen 1913 Tomaatteja (peintre finlandais)*
Vespers ( 1992)
Louise Glück - 1943-
In your extended absence, you permit me
use of earth, anticipating
some return on investment. I must report
failure in my assignment, principally
regarding the tomato plants.
I think I should not be encouraged to grow
tomatoes. Or, if I am, you should withhold
the heavy rains, the cold nights that come
so often here, while other regions get
twelve weeks of summer. All this
belongs to you: on the other hand,
I planted the seeds, I watched the first shoots
like wings tearing the soil, and it was my heart
broken by the blight, the black spot so quickly
multiplying in the rows. I doubt
you have a heart, in our understanding of
that term. You who do not discriminate
between the dead and the living, who are, in consequence,
immune to foreshadowing, you may not know
how much terror we bear, the spotted leaf,
the red leaves of the maple falling
even in August, in early darkness: I am responsible
for these vines.
From The Wild Iris, published by The Ecco Press, 1992. Copyright © 1992 by Louise Glück. All Rights reserved. Used with permission.
* Tomates pâles de Finlande, manque de soleil sans doute...;-)
les tomates finlandaises ne manquent pas de soleil, il ne se couche presque pas, l'été, et en juillet les marchés en plein air regorgent de fraises succulentes, de pommes de terre, de carottes et de petits pois ;-)
RépondreSupprimerFaudra que j'aille y cultiver mes légumes alors ;-))
SupprimerCe que j'ai pu lire à droite à gauche de Louise Glück me rend impatiente de découvrir un recueil d'elle (au printemps ?). Belle illustration pour accompagner le poème.
RépondreSupprimerC'est étrange, ses poèmes sont depuis longtemps traduits en espagnol...on s'y perd.
SupprimerJe dirais, pour tous ceux que j'ai lus, qu'ils sont faussement faciles à comprendre. À travers des choses du quotidien elle mène une réflexion profonde sur l'humain, en faisant des références à ma mythologie parfois. Tu verras, et je ne doute pas que très bientôt vous aurez des traductions.
Ce peintre, il m'a été suggéré par Eeva, qui est d'origine finlandaise, il peint vraiment très bien.
Bonne journée Aifelle.
voilà un poème qui a du parlé très fort à mes amis maraichers !!!!
RépondreSupprimerbelle trouvaille en attendant quelque chose de plus complet ça devrait venir d'ici quelques mois
En effet. Elle explique bien tous nos déboires, quoiqu'il y ait beaucoup de soleil et longtemps ici. Métaphore des difficultés de la vie, de nos nombreux déboires, et, dit mon amie, de la sale habitude de rejeter la faute sur un autre...
SupprimerPour bientôt chez vous j'espère, Dominique, je t'embrasse
Poème de la terre cultivée, des saisons, de la lumière menacée par l'obscurité... Dame nature, Déesse mère, Gaïa, "toi qui ne fais pas la différence / entre le mort et le vivant" - cette "absence prolongée" reste fort mystérieuse tout de même. Ne serait-ce pas adressé à la lumière elle-même, au soleil ?
RépondreSupprimerPekka Halonen venait d'une famille d'agriculteurs, Claudialucia avait montré de beaux paysages de lui dans sa série de billets sur la Finlande.
https://claudialucia-malibrairie.blogspot.com/search?q=Pekka+Halonen
Merci,merci Tania, cette piste de la lumière expliquerait en effet l’absence prolongée...je vais relire attentivement avec en tète ton idée...lumineuse.
SupprimerJe me souviens fort bien des billets de Claudialucia,si passionnants.
Coucou. Je n'ai jamais cultivé de tomates et pourtant, je suis une grande fan des tomates mozzarella. :-) Ce que tu me laisses découvrir ici de Mme Glück me fait aussi saliver de bonheur. Parler de tomates et s'adresser ainsi à la terre, quelle poésie! Bises alpines.
RépondreSupprimerHola Dédé, j’imagine bien que là où tu vis cultiver des tomates serait un non-sens ou presque.
SupprimerUne belle poésie, très vivante, tu as raison.
besos pour toi.
.
Et bien moi, hélas, je n'ai qu'un balcon tout petit. Mais je rêve d'un potager! Bisous
RépondreSupprimerBonjour Val, je te comprends mais tu dois savoir qu'un potager ne donne pas que de beaux légumes, des cheveux gris apparaissent aussi !!! Parfois avoir un ami/une a mie qui en a un est moins préoccupant....Bonne journée, un beso
SupprimerMerci ! Belle idée de la traduire pour nous ! Et s'il y en a d'autres, et si tu as le temps, quel beau projet que de venir ici de temps en temps lire Louise Gluck !
RépondreSupprimerJe t'embrasse.
Oh merci pour ces encouragements, il y en a des dizaines d'autres comme tu peux l'imaginer !
SupprimerBonne journée Marie, un beso.
Belle découverte pour moi ! Merci Colo !
RépondreSupprimerPoésie mystérieuse avec un indice de "lumière" qui pourrait éclaircir un peu plus le texte :-)
Coup de coeur aussi pour le choix de l'illustration ensoleillée sans aucun doute.
Bises du soir, Colo, pour un bon dodo. :-)
Ce le fut pour nous aussi Fifi, une grande inconnue cette Louise, à suivre donc...
SupprimerLa poésie, en s'adressant directement aux émotions en peu de mots, est souvent assez mystérieuse. Ici c'est mi-prose, mi-poésie, intéressant mais pas tout à fait clair quand même;-))
Bon week-end, un besito
Merci Colo pour ta traduction de Louise Glück ! Je pense comme toi, à cette image de métaphore des difficultés de la vie, de ces hauts et ces bas. Un haut cette année pour les tomates ! Plantées plein sud, contre un mur de la maison, sur une petite butte de 50cm (donc bon drainage), à l'abri d'un rebord de toit, avec du goutte à goutte au pied...la récolte fut belle. Je ne sais si toutes ces conditions (un peu contraignantes tout de même) expliquent cela ?
RépondreSupprimerMerci pour les belles découvertes que l'on trouve ici ! Je t'embrasse. Bon dimanche !
Des hauts et des bas, des trop et/ou trop peu...je crois que j'ai déjà raconté ici la dépression que nous avons eue cet été: un champignon a pris possession, peu à peu, par le sol, des 240 plants de tomates cette année. Certaines ont été miraculeusement épargnées mais un vrai désespoir s'est emparé,pendant une semaine, de nous 4. Alors bravo pour votre récolte.
Supprimerun beso, bon week-end et merci.
J'avais manqué cet épisode !
SupprimerA cette échelle c'est vraiment un gros coup.
Avez-vous trouvé comment lutter dorénavant contre ce champignon ?
Bonne fin de dimanche Colo avec des bises.
Un fois installé, pas moyen de le déloger ce maudit champignon. Alors nous avons décidé de faire nous-mêmes tous les semis, et donc...de construire une serre !!!! En fait ce sont une vingtaine de plantes que nous avions achetées qui ont tout contaminé.
SupprimerMerci de t'intéresser, bonne soirée, un beso
Moi qui suis fan de tomates, je connais l'espoir soulevé par le semis de belles variétés anciennes. Ici en Bretagne, j'en cultive dans ma serre et moyennant de l'attention j'arrive une très belle et succulente production. Les semences sont issus de la récolte de l'année précédente. Au fil du temps, je pense qu'elles conservent la mémoire des conditions de culture. C'est un pur bonheur et le goût des variétés anciennes n'a rien à voir avec les tomates fades trouvés dans le circuit commercial.
RépondreSupprimerTu as raison pour la mémoire des semences, en tout cas je pense la même chose.
SupprimerCette année,dans notre nouvelle serre, j'espère que ce sera un grand succès.