Courte
nuit d’été;
entre
les joncs, s’écoulant,
l’écume
des crabes.
Haïku
de Yosa Buson.(...)
Le haïku est une émotion mais aussi l’étonnement de découvrir qu’on
a besoin de peu pour transmettre le maximum, qui, en certaines
occasions comme dans le haïku de Yosa Boson, coïncide avec le vide,
avec le silence profond d’un courant par une nuit d’été avec
des crabes glissant entre des joncs immobiles. Il ne faut pas aller
si loin pour sentir le même étonnement ni l’émotion qu’on
ressent en savourant les vers d’un vrai poète: “Ces jours
bleus et ce soleil de l’enfance”, qui fut le dernier
qu’écrivit Antonio Machado dans son exil français de Collioure et
que ceux qui l’enterrèrent trouvèrent dans la poche de sa veste,
écrit au crayon sur un papier.
Peut-on
dire plus avec moins?
L’été
est un haïku qui passe en volant. Comme la poésie, il n’a pas
besoin de grands événements pour passer, au contraire: plus il est
vide, plus il est répétitif et rempli de tranquillité, plus il
glisse vite.
Comme
les haïkus, les vacances sont un temps en suspension, vide dans le
calendrier qui à peine contient plus de notes dans l’agenda qu’un
dîner, un paysage ou le souvenir d’une nuit, mais qui nous
accompagneront toujours précisément par leur intemporalité. Haïku
signifie court, confrontation entre deux idées qui tendent à être
la même et entre lesquelles s’interpose une autre, comme les
vacances le font avec notre temps présent.
Pour
cette raison – et par leur brièveté- il faut en profiter, et non
parce que l’industrie des loisirs le dit, elle qui ignore
consciemment, car elle en vit, que profiter du temps ne signifie pas
le remplir d’obligations et de rendez-vous; tout au contraire:
profiter du temps consiste à le laisser couler librement, comme les
crabes du haïku de Yosa Buson, et de nos pensées.
“Une
année de plus a passé
Une
ombre de voyageur sur ma tête
Sandales
de paille à mes pieds", écrivit son maître Matsuo Bashô.
(Trad: Colo)
NB: c'est moi qui ai souligné les haïkus et la phrase de Machado.
“Noche
corta de verano: / entre los juncos, fluyendo, / la espuma
de los cangrejos”.(El) haiku de Yosa Buson, (...)
El haiku es una emoción pero también el asombro de descubrir que no se necesita mucho para trasmitir el máximo, que en ocasiones, como en el haiku de Yosa Buson, coincide con el vacío, con el silencio profundo de una corriente bajo una noche de verano con cangrejos deslizándose entre los juncos inmóviles. No hay que ir tan lejos para sentir ese mismo asombro ni la emoción que se experimenta al paladear los versos de un verdadero poeta: “Estos días azules y este sol de la infancia”, fue el último que escribió Antonio Machado en su exilio francés de Collioure y que quienes lo enterraron encontraron en el bolsillo de su chaqueta escrito a lápiz en un papel. ¿Se puede decir más con menos?
El verano es un haiku que pasa volando. Como la poesía, no necesita de grandes sucesos para discurrir, al revés: se desliza más rápido cuando más vacío, más repetido y lleno de tranquilidad. Como los haikus, las vacaciones son tiempos de suspensión, vacíos en el calendario que apenas dejan notas en las agendas más allá de una comida, un paisaje o el recuerdo de una noche pero que nos acompañarán ya siempre precisamente por su intemporalidad. Haiku significa corte, enfrentamiento entre dos ideas que vienen a ser la misma y entre las que se interpone otra, como las vacaciones hacen con nuestro tiempo presente. Por eso —y por su brevedad— hay que aprovecharlas, no porque nos lo diga la industria del ocio, que ignora conscientemente, puesto que vive de ello, que aprovechar el tiempo no significa llenarlo de obligaciones y citas; al revés: aprovechar el tiempo consiste en dejarlo fluir libremente, como los cangrejos del haiku de Yosa Buson, y con él nuestros pensamientos. “Un año más ha pasado / Una sombra de viajero en mi cabeza / Sandalias de paja a mis pies”, escribió su maestro Matsuo Bashô.
fan moi aussi de ce condensé d'émotion retenue qu'est le haïku :-)
RépondreSupprimeret belle toile de Berthe Morisot, fan aussi de cette dame :-)
bises, chère Colo, fan de toi!
J'imagine que le temps de tes vacances a coulé...vite?
SupprimerMerci de ton enthousiasme, un beso!
J'aime bien les haikus... un éclair et tout est dit.
RépondreSupprimerCourage pour cette triste période violente...
À chaque fois, proches ou lointains, ces morts violentes secouent.
SupprimerY a-t-il un haïku pour ça?
"Plus qu'hier
RépondreSupprimeret moins
Que demain"
de la chère Marcelline que je classe dans les Haikus
Hum, Marcelline, la reine des vampires? (Adventure Time)???
SupprimerSi on parle de rire, ou de courir (pour toi), ça marche, mais pour tant d'autres choses, ce serait la catastrophe!!!
Une belle façon en image et mots de parler de ce temps qui nous échappe, à tous, si vite alors que si lentement il a passé...
RépondreSupprimerVivre le moment présent...
Belle soirée, Colo ! Il pleut et l'orage n'est pas loin. J'aime la fraîcheur qui va suivre :-)
Pluie et orage? La fraîcheur et puis l'odeur de la terre...
SupprimerParfois je me demande si c'est le temps qui passe (vite ou lentement) ou nous qui passons dans le temps Fifi.
Bon we, encore fort chaud ici.
Beau texte, merci Colo : "un temps en suspension", oui, on peut le dire des vacances et de la poésie, en particulier du haïku dont tu me fais découvrir un autre grand nom, de poète et de peintre aussi. Laisser le temps, l'été, couler librement, voilà une sagesse pas toujours facile à mettre en pratique.
RépondreSupprimerBonjour Tania, Yosa Buson, tu as raison, un excellent peintre également.
Supprimer"...une sagesse pas toujours facile à mettre en pratique", en effet, certains événements nous en empêchent souvent; mais je crois qu'il s'adresse ici plus aux personnes en activité et en vacances.
Bonne journée dame Tania.
L'ombre transformée en voile noir de deuil. Quelle tristesse !
RépondreSupprimerUne horreur! Où que ce soit, ce l'est à chaque fois chère Lou.
SupprimerJustement, cela a touché des personnes en vacances...
J'aime les haïkus qui en disent tellement en peu de mots. Il faut reconnaître que les asiatiques sont maîtres en la matière. L'été a coulé vite cette année ici ; le matin, on sent déjà les lumières plus automnales arriver.
RépondreSupprimerBonjour Aifelle, la lumière a changé ici aussi bien que la chaleur soit encore forte. Cette impression du "vite"s'accélèrent-elle avec l'âge? Ou justement, parce que nos agendas sont légers, le temps est moins marqué?
SupprimerBonne journée!
Merci chère Colo de ton très beau billet. J'apprécie beaucoup les haïkus qui me touchent beaucoup en peu de mots. J'admire également cette superbe toile, je découvre.
RépondreSupprimerJe te souhaite une belle suite de ce dimanche avec mes bisous ♥
Bonjour Denise, peu de mots chez toi aussi, et toujours si joli!
SupprimerBonne semaine, ici du soleil ce matin, besos
Ces deux haïkus sont très touchants et tes réflexions sur l'été subtiles et justes. Oui profitons de ces moments de suspension, même s'il est de plus en plus difficile d'y être aussi serein et paisible qu'autrefois dans ce monde pris de convulsions
RépondreSupprimerOn aimerait que tout soit tranquille autour de nous et ne pas s'émouvoir autant.
SupprimerLes choses ont toujours été intranquilles dans le monde je pense mais, plus jeunes, nous étions plus insouciants aussi, comme moins concernés...
Mais , oui, retournons à ces moments flottants, où le temps nous appartient un peu plus.
Merci.
C'est très beau et très bien vu, laisser couler le temps est un luxe inouï qui provoque en soi une onde de plaisir infini... Comme j'aime les haïkus, merci pour ces cadeaux Colo, grâce à toi les vacances continuent. Bises. brigitte
RépondreSupprimerAvec plaisir Brigitte, bonne fin de mois donc!
Supprimeramicalement,
L'été ne devrait être qu'insouciance, une bulle légère, une note flottant sur la portée des jours. Un été haïku flou et précis, un été de bonheur sur le bout de la langue. Ton billet est dans l'esprit des poètes , comme s'il voulait fixer le temps d'avant.Il est un témoignage d'un paradis perdu.
RépondreSupprimerJ'aime les haïkus de toutes les saisons... J'aime leur principe au carré qui dit tant, qui suggère au plus juste.
Et cependant l'été a été meurtri encore, nous laissant un goût amer.
Je t'embrasse bien fort. Et même si je ne respecte pas tous les attendus du haïku, je me permets une expression:
été rouge sang
de la vie à la violence
incrédulité.
Merci Maïté, l'été est ça et aussi ça, ici et ailleurs.
SupprimerJe me suis dit que de simples haïkus, quelques mots, étaient propices...
Je t'embrasse
Je n'ai hélas pas assez de culture pr comprendre ttes les subtilités des mots, mais j'aime ce que tu écris. Gros bisous
RépondreSupprimerMerci Val, pour toi ce court haïku:
SupprimerAu soleil d'été
tout paraît plus lumineux
même la tristesse.
(Graciela Dupuy)
Je t'embrasse.