28 janv. 2016

Mais l'espoir persistait / Pero persistía la esperanza


    C'est sur le blog Marque-Pages que Pascale avait recommandé la lecture du “Convoi de l'eau” d'Akira Yoshimura. Emballée, j'ai voulu lire un autre titre de lui, “Naufrages”.
    Ce roman (certains parlent de conte) m'a marquée, bien plus que le premier je crois; du moins j'y ai repensé, et y pense encore souvent. Peut-être est-ce dû au fait que je vis sur une île mais en pleine campagne (éléments omniprésents, mer et montagne), au rythme des saisons, du potager...
    Couleur du ciel, de la mer, des feuilles d'arbres.
    L'histoire en (très) bref. (vous trouverez un résumé plus détaillé sur le blog de Dominique, ici)
    Un village isolé, extrêmement pauvre, entre la mer et la montagne; Isaku âgé de 9 ans, devient pour trois ans chef de famille et il va découvrir l'explication de secrets, de rites, il apprendra à pêcher, à survivre.
    Roman dur, parfois cruel, loin des doux rites du thé...
















Primero leí “Le convoi de l'eau”(todavía no traducido al español) de Akira Yoshimura. Me encantó y quise seguir con este autor. “Naufragios” me ha marcado más que el primero; al menos seguí y sigo pensando en esta novela que algunos llaman cuento. Vivir al ritmo de las estaciones, de lo que proveen el mar y la montaña....y a veces algo más.
Color del cielo, del mar, de la hojas de los árboles.
La historia, en muy breve: Un pueblo aislado, extremadamente pobre, entre el mar y la montaña; Isaku se ve, con 9 años, nombrado para 3 años jefe de familia. Descubrirá la explicación de secretos, ritos, aprenderá a pescar, a sobrevivir.
Novela dura, a veces cruel, lejos de los ritos del té...
Aquí un largo extracto que no desvela la historia pero la sugiere.

En voici un long extrait qui ne dévoile pas l'histoire mais la suggère fort bien.

"Les sommets brillaient dans les rayons du soleil, mais sur un pic plus haut que les autres, on apercevait un peu de rouge délavé. Il avait plu deux jours de suite, si bien que la brume dissimulait le feuillage automnal.
Isaku regardait le pic.
C'est à partir de ce sommet que les feuilles rouges, comme les autres années, faisaient leur apparition avant de s'étendre progressivement aux autres le long des crêtes et déferler soudain, avec la rapidité d'une avalanche, sur les pentes qui se coloraient de vermillon. Et la vague franchisait ensuite les profondes vallées pour recouvrir les collines et arriver enfin à la montagne derrière le village. À ce moment-là, d'habitude, les feuilles mortes avaient déjà fait leur apparition sur les sommets dans le lointain.


Miscanthus

Au village, l'automne était déjà bien avancé. Les épis des miscanthes étaient en fleur et on commençait à trouver les petits poulpes qui se rapprochaient de la côte à cette saison. Ils étaient délicieux et l'on pouvait les manger crus ou bouillis. Dans les maisons, les enfants les ouvraient en deux avant de les enfiler pour les suspendre entre deux poteaux afin de les faire sécher. 
 

Le rougeoiement des feuilles annonçait la saison de la pêche au poulpe et apportait l'espoir.

Dès que les feuilles perdaient leur couleur et commençaient à tomber, la mer s'agitait. Après une brève accalmie, les flots déchaînés venaient battre les rochers pendant quelques jours, propulsant des paquets d'écume jusque sur les maisons. La mer démontée faisait don, parfois, des richesses insoupçonnées qui n’avaient rien à voir avec les maigres récoltes ou la pêche habituelle.
Dans ce cas-là, et pour plusieurs années, les villageois n'étaient plus obligés de se vendre. Cela arrivait rarement, mais l'espoir persistait. Le rougeoiement des feuilles annonçait l'imminence de cette période."



    "Las crestas resplandecían iluminadas por el sol poniente. Una de ellas, que destacaba por su altura, había adquirido un tenue color rojizo, como si algo la hubiera descolorido. Durante los dos días de lluvia, que había cubierto las crestas de niebla, las hojas de los árboles habían empezado a mudar de color.
    Isaku contempló la cresta. Año tras año, los colores del otoño aparecía en primero en aquella cresta y se extendían progresivamente por todas las demás. Cada vez avanzaban más deprisa, como una avalancha que teñía de rojo las laderas de las montañas a medida que se precipitaba hacia abajo. Cruzaba los profundos valles y envolvía las colinas hasta alcanzar los bosques detrás de la aldea. Cuando llegaba ese momentos, las hojas de las crestas más lejanas ya no eran rojas sino amarillas.
    En la aldea se respiraba un ambiente otoñal. Cuando crecieran las espigas de chamiza, empezaría la temporada de pesca de los pulpitos que se acercaban a la costa rocosa. Tenían un sabor delicioso, y se podían comer directamente crudos o hervidos. Los niños los abrían y los colgaban de una cuerda tendida entre dos postes para secarlos.
    Después de la pesca del pulpo, las hojas se teñirían de rojo y los habitantes del pueblo presenciarían llenos de esperanza el cambio de color en las montañas.

    Cuando las hojas se secaran y empezaran a caer, el mar empezaría a estar más alterado. Habría un par de días de calma y luego rugiría embravecido unos días más, y las olas llegarían incluso a salpicar los tejados de las casas. De vez en cuando, el mar encrespado traía regalos inesperados al pueblo. Dejaba riquezas incomparables que no se podían cultivar en los campos ni encontrar en la playa. Cuando eso ocurría, nadie tenía que venderse como esclavo a lo largo de los próximos años. La aldea raras veces tenía esa suerte, pero sus habitantes vivían con la esperanza de que sucediera. Las hojas rojas indicaban que se acercaba la época en la que el mar podía regalarles sus tesoros."



38 commentaires:

  1. tant de belles pages à découvrir dans les littératures de partout dans le monde... (soupir ;-))

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    1. Oui, soupirs ici aussi, devenir boulimiques? Non, non...c'est un roman assez court, mais si tu penses le lire, choisis un moment où tu te sens bien et disponible.

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  2. J'aime bien tes photos! Bisous

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  3. Je suis en train de convoyer de l'eau !

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    1. Tombe beaucoup d’eau du ciel aussi dans ce roman.
      Points communs entre ces deux romans: des villages isolés et pauvre mais vus de façons différentes: observé dans "Le convoi...." où les ouvriers déduisent les habitudes et rites, vécu de l'intérieur dans "Naufrages". Dans les deux cas une solidarité inconditionnelle.
      Bonne lecture K.

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  4. Un auteur que je voudrais lire depuis longtemps ; le problème c'est qu'il n'est pas tout seul sur la liste ... J'aime particulièrement la photo de l'arbre.

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    1. Récits intemporels, seules les saisons marquent les années, il attendra!
      Les poulpes nous semblent peu ragoûtants, mais sont absolument essentiels dans leur alimentation et séchés ils les échangent contre du riz...
      Bonne fin de semaine Aifelle.

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  5. Je suis contente que mes pages te fassent revivre de bons moments passés.
    Bonne journée Colo.

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  6. Le convoi de l'eau fait partie des mes lectures à venir
    J'ai comme toi beaucoup aimé Naufrages, un récit dur et pourtant traversé de moments magiques
    merci du lien vers chez moi :-)

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    1. Dans un autre style, le Convoi est une sorte de recherche de rédemption d'un homme au passé très trouble à travers une histoire de barrage, d'eau...passionnant, effrayant aussi.
      Bonne journée Dominique.

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  7. Je n'avais pas noté ce titre de Yoshimura, disponible dans la collection Babel - merci pour ce bel extrait, Colo, très visuel - c'est noté maintenant.

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    1. La couleur des feuilles qui navigue sur les montagnes et marque le travail, le pêche et les récoltes.
      Bonne lecture Tania!

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  8. L'écriture est belle et le thème prenant. C'est étonnant ces villageois obligés de se vendre. A quelle époque ? Tes illustrations, surtout celle de l'arbre, montre la note d'espoir présente au coeur de la rudesse. Bon WE Colo

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    1. La pêche et les maigres cueillettes ne suffisent pas à vivre, il leur faut de l'argent pour acheter du riz et autres denrées. On "achète" hommes et femmes pour une durée précise, ils travaillent dur et c'est payé d'avance...
      Aucune indication d'époque ni de lieu.
      L'espoir vient de la mer mais pas par la pêche...je n'en dirai pas plus mais, lis-le, c'est vraiment bien, le style, épuré, rend la lecture agréable malgré certaines horreurs et cruautés.
      Merci Lily, je reprends le chemin des blogs de façon plus continue...

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  9. J'aime ce nouveau billet. Si tu en as l'occasion essaye de voir le film "Notre petite soeur" de Hirokazu Kore-Eda et j'espère pouvoir aller voir cette fin de semaine "Les délices de Tokyo"de Naomi Kawase dont j'ai lu grand bien. Le premier est délicieux, avec des sentiments tout en retenue. J'ai adoré et me suis laissée aller à profiter de la beauté des images, de la lenteur mais sans ennui. J'ai eu du mal à sortir de la salle. Et je n'étais pas la seule.

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    1. Merci Lou, je guetterai les sorties ciné ici!
      Bon WE.

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  10. Je garde l'idée mais j'ai déjà un sacré stock à lire...et puis pas forcément envie de romans durs et cruels. On verra plus tard !
    Bonne nuit

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    1. Bonjour Magali, comme dans l'extrait la forme de ce roman est légère et douce, attachante, fascinante, c'est le fond qui est dur. Il se lit, curieusement, avec grand plaisir.
      Bonne fin de semaine.

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  11. Merci pour cette belle présentation, Colo !

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  12. Je note car les thèmes m'intéressent;mais pas seulement car j'aime aussi la qualité de la langue, sa fluidité qui se dégagent de cet extrait. Les photos s'y rapportant m'ont toujours séduite.
    Merci Colo pour ce billet de découverte.
    Je t'embrasse et te souhaite une bonne journée.

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    1. Bonjour Maïté, un roman conduit avec une maîtrise parfaite, tu verras. J'espère que tu me diras après lecture ce que tu en as pensé.
      Des baisers de soleil.

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  13. En images et mots, merci pour la belle découverte, Colo ! Tu sais en dire suffisamment et pas trop pour donner envie de le découvrir :-)
    Bonne journée à toi !

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    1. Merci Fifi. Je parle rarement de mes lectures, souvent parce qu'elles n'existent pas dans les deux langues, mais aussi parce qu'il me semble si si difficile de partager ce qu'on a lu sans en dire trop, mais juste assez pour (essayer)de donner envie aux autres.
      Bonne semaine Fifi, la lumière est si belle aujourd'hui...qu'il faudrait la photographier.

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  14. Le hasard (?) a voulu qu'avec "Le convoi de l'eau", j'emprunte "Naufrages" que vous avez choisi d'évoquer et de si bien illustrer. Il est rentré avec l'autre, les semaines passent si vite et les prolongations sont limitées, mais je sais où le trouver lorsque je retrouverai plus de disponibilité côté lectures.
    Merci pour les liens.
    À bientôt, Colette, portez-vous bien !

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    1. J'espère que vous arriverez à le repêcher...c'est dans le ton du livre!
      Bonne semaine à vous Christian, et merci!

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  15. J'ai beaucoup aimé "Le convoi de l'eau". Je l'ai gardé longtemps à mon chevet tant la magie et la poésie (un peu de cruauté aussi) m'avait touchée, je voulais le présenter chez moi mais il fallait avant tout que je m'imprègne de cette écriture si fine et si proche de la nature.
    Cette autre lecture m'attire aussi et je vois que je ne suis pas la seule à lire des romans qui ne font pas partie de l'actualité littéraire ! Merci pour ces belles notes, Colo !

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    1. Ce sont des romans qui laissent en nous des traces, plus ou moins profondes. Dans Naufrages ont vit au cours des saisons, des ressources naturelles...il y a plusieurs pages qui expliquent les ruses utiles pour attraper les poulpes, je les ai trouvées magnifiques aussi.
      Je suis contente de partager ces impressions avec toi, bonne semaine Savarati.

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  16. Je pense aimer les longues descriptions de campagnes et les rituels. La cruauté aussi car trop souvent on fait semblant qu'elle ne fait pas partie de la vie. Et pourtant, la vie n'est-elle pas cruelle aussi? Que d'arrachements, souffrances, deuils, mensonges, trahisons, espoirs déçus... Et, heureusement... tout le reste, surtout!

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    1. Bonjour Edmée, je suis bien d'accord sur la cruauté, dureté. Même si bien sûr nous recherchons tous le bien-être, la beauté...comme toi je suis bien loin de toutes ces injonctions à être heureux, joyeux, à fuir le laid et ce qui nous fait peur pour cacher la réalité.

      Sur ce, un bon café avec un morceau de gâteau aux amandes chère Edmée?

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  17. Une belle présentation, juste assez pour me donner envie d'en apprendre davantage ...
    Merci Colo !

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    1. J'espère que tu apprécieras autant que moi Marcelle!
      Bonne fin de semaine

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  18. Je viens de lire "Naufrages" et j'ai beaucoup aimé, encore... j'aime tous ses livres ! Du coup j'enchaîne avec un autre roman, je suis bien partie pour finir de lire cette année toutes ses traductions en français. Quand je suis sous le charme, je lis tout.

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    1. Cela me réjouit, merci de le dire!
      Il m'arrive la même chose en ce moment avec Tom Lanoye: "La langue de ma mère" m'avait séduite et je poursuis en ce moment avec "Les boîtes en carton". Cela me plaît d'autant plus que des tas de détails me rappellent la Flandre où je suis née...
      Bon week-end Pascale, à bientôt.

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