22 mai 2013

De saison? / ¿De temporada?


Que los pájaros no se pierdan detrás del mar (Extractos)
Que les oiseaux ne se perdent pas derrière la mer (Extraits)

SONIA TIRANTI (Paraguay)


Llueve. En el antes, en la memoria del tiempo, queda escondida. Ensucia los
pasos; sus pasos. Zurce los labios del viento, para no escuchar.

Il pleut. Dans l'avant, dans la mémoire du temps, elle reste cachée. 
Elle salit les
pas; ses pas. Elle recoud les lèvres du vent, pour ne pas écouter. 
 


      III
 
Silencio, no cubras mis ojos.
Un pétalo cae.
Se aquieta, en sus manos. 
 
Silence, ne couvre pas mes yeux.
Un pétale tombe.
Il s'apaise, dans ses mains.

       IV
 
Caminé, sobre el barro.
Tanto tiempo,
que el viento
cansado ya de mi respiración,
decidió besarme.

Je marchai, sur la boue.
Si longtemps,
que le vent
fatigué de ma respiration,
décida de m'embrasser.



VII
Risas sueltas en el vacío.
Palomas en el aire.
Una palabra sola.
Acurrucada, Tristeza, quebró la sombra
.

Rires épars dans le vide.
Colombes en l'air.
Un seul mot.
Blottie, Tristesse, brisa l'ombre. 


IX
 
Esta noche, todas las flores del jardín
desaparecieron.
Llueve.
Su nombre no tiene sentido en mi alma.

Cette nuit, toutes les fleurs du jardin
ont disparu.
Il pleut.
Son nom n'a pas de sens dans mon âme.

Gaston Bussière Nymphe 1941
X
 
Madre teje eternamente pétalos.
Adorna mis cabellos.
Cubre mis senos con ellos.
Madre, con amorosa ternura, canta canciones.
(¿de donde saldrán las voces,
todas las voces, Silencio?) 
 
Mère tisse éternellement des pétales.
Elle orne mes cheveux.
Elle en recouvre mes seins.
Mère, avec amoureuse tendresse, chante des chants.
(d'où sortent les voix,
toutes les voix, Silence?)

Trad: Colo


47 commentaires:

  1. C'est magnifique ...
    Merci pour cette soie que j'ai lue avec la pluie sur mon carreau ...
    Je t'embrasse très fort .

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Chère Veronica, de gouttes de pluie en pétales et tendresse, je suis contente que ce long poème paraguayen t'ait plu...plu...pluies...ha là là, on n'en sort pas! :-)
      Belle journée, besos.

      Supprimer
  2. De la pluie, certes mais le rayon de soleil de ton retour, c'est magique!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Plaisir de te/vous retrouver aussi!
      Merci Alex, un beso de sol.

      Supprimer
  3. Superbe, magnifique
    Cela vient mettre un peu de couleur dans notre grisaille, quatre jours dans le nord sous la pluie bouhhhhh
    ce poème qui parle de fleurs est tout à fait ce qu'il me faut

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Les fleurs, la nature en général, sont superbes en ce moment Dominique.
      Malgré...ou grâces à ces gouttes transparentes...qui sait?

      Supprimer
  4. La pluie est jolie sur ton blog, plus que dans la réalité ! J'aime aussi beaucoup la nymphe.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. S'inventer de jolies pluies est peut-être un moyen de s'en accommoder...un peu mieux, Aifelle?
      Bonne fin de journée!

      Supprimer
  5. cachée dans la mémoire du temps ... ça me parle.
    Recoudre les lèvres du vent ... pluie et vent mêlés, quel bonheur !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah la belle humeur! les fleurs et odeurs...même si le froid mouillé nous a volé le printemps, la mémoire des beaux jours ne s'efface pas, même chez une goélette!
      Besos!

      Supprimer
    2. ça me fait rire notre histoire de goélette. Attendons, le vent nous apportera peut-être le goéland charmant ! ! !

      Supprimer
    3. Une histoire à écrire: un jour, un goéland charmant,
      gourmand, se dandinant...je te laisse imaginer la suite!

      Supprimer
  6. Enfants, maman nous chantonnait pour nous endormir, le soir...
    Que c'est beau !
    "Tanto tiempo,
    que el viento
    cansado ya de mi respiración,
    decidió besarme."

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est plus joli en espagnol, tu as raison Lou, mais les berceuses sont toutes belles, non?
      Para ti, un beso de viento suave.

      Supprimer
  7. Merci, Colo, de nous faire connaître trous ces très beaux textes.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est un vrai plaisir de sublimer la pluie, non?
      À bientôt Danièle.

      Supprimer
  8. La pluie, lorsqu'elle est douce et fine, ne me dérange pas outre-mesure.
    Je lui trouve même du charme, elle me permet de voir les choses, le monde autrement
    et de vaquer à des activités à l'intérieur, lecture, ordinateur, tri, rangement, réflexion, ciné ou cuisine ... Y'a de quoi s'occuper ! A bientôt Colo.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Lily, cette pluie fine si bienfaisante pour notre grand potager aussi. Ce qui est étrange c'est la température basse, le feu de bois en marche fin mai!
      Belle fin de semaine!

      Supprimer
  9. J'aime le chant de la pluie et sa façon de parer les fleurs, larmes ou diamants... mystère ...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Que c'est joliment dit!
      Merci Marcelle, belle journée.

      Supprimer
  10. "Que les oiseaux ne se perdent pas derrière la mer" . C'est si joliment dit!
    Mais actuellement ça ne risque plus d'arriver car très très souvent les mouettes viennent faire leurs emplettes dans nos champs!
    Et puis chaque fois que le "crachin" breton s'insinue jusque dans nos maisons je pense à cette petite histoire du petit nuage disant à sa maman "j'ai envie de faire pluie-pluie".
    Et tout à coup le ciel gris prend une autre dimension!

    Mais aujourd'hui, il n'avait pas envie, il a même laissé la lumière en s'endormant!
    Joli retour en douceur Colo.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vous m'aviez déjà écrit que les mouettes prenaient les champs pour des restaurants...qu'y mangent-elles? Insectes? grenouilles égarées?

      Le très mauvais temps est passé ici aussi, ce qui me réjouit car ce weekend mon petit village célèbre sa fête-marché écologique et artisanale annuelle. J'espère y aller doucement et prendre des photos!

      Amicalement.

      Supprimer
    2. On imagine toujours les mouettes suivant l'écume blanchâtre d'un bateau de pêche , mais des hordes de mouettes "rieuses" accompagnent aussi les tracteurs qui tracent leurs sillons .
      Elles ont le regard perçant car elles repèrent le moindre ver de terre ou de hanneton, le forficule ou le ténébrion et se jettent sur lui toutes ensembles en criant "hihihihi celui là est à moi" ( je parle mouette aussi).

      Mais elles ont également une technique bien particulière, elles frappent le sol de leur pattes pour faire remonter les lombrics . La nourriture vient alors à elles ( à ailes?) tout bonnement!
      Les mouettes sont omnivores, elles mangent aussi des végétaux. Peut-être comme les humains y en a-t-il des végétariennes?
      Sur les quelques hectares qui m'entourent je peux en dénombrer par moments des centaines. Le bruit du vent , de la pluie, leurs cris rauques et claironnants , il suffit de fermer les yeux pour se croire au bord de la mer.
      Sur le rebord de la fenêtre de l'hôpital où j'ai séjourné il y a quelque temps il y avait le frère jumeau de votre cormoran. Un touriste breton vous aurait-il rendu visite?

      Supprimer
    3. Sans vouloir humaniser ces volatiles, les cormorans auraient-ils de l'empathie pour les malades? Ceci compenserait leur côté cruel...

      Frapper le sol pour faire remonter leur repas...je l'ignorais; ingéniosité des estomacs.
      Belle journée, soleil ici ce matin.

      Supprimer
  11. La Bretagne est épargnée de la pluie, c'est une belle journée de printemps. Ceci ne m'empêche aucunement de découvrir Sonia TIRANTI et d'apprécier un texte tout en délicatesse.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vous ne manquez pas d'eau pour arroser vos jardins quand même Serge? :-) Bon, je te taquine mais je me souviens qu'en Belgique, quand il ne pleuvait pas pendant un mois, il y avait des restrictions, notamment il était interdit de laver sa voiture!!!

      Belle journée ensoleillée alors!

      Supprimer
    2. Non pour l'eau tout va bien, mais les températures ne sont pas au rendez-vous. On a l'impression d'être au mois de Mars. Le vent souffle du Nord quasiment sans interruption depuis 1 mois. Que se passe t'il au niveau climatique ?
      Je me le demande.

      Supprimer
    3. Moi aussi Serge.
      Nous avons suivi un débat de l'émission "C'est dans l'air" il y a peu à ce sujet. Les avis sont encore et toujours contraires, il semble que depuis 15 ans la moyenne des températures se soit stabilisée...mais ici aussi on continue à avoir froid, pas de réchauffement...

      Supprimer
    4. C'est vraiment étonnant d'avoir cette répercussion jusqu'aux Baléares !

      Supprimer
  12. Que les oiseaux ne se perdent pas derrière la mer: j'observais un grand cormoran, perché sur un poteau à marée basse. Inquiété par mon approche, il a pris son envol vers l'horizon. Je ne l'ai jamais revu: s'est-il perdu là-bas, derrière les vagues, par ma faute ?

    Merci, Colo, pour ce joli texte. ET il pleut toujours...



    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh, ne culpabilisez quand même pas!
      La photo du cormoran à droite a été prise sur le rebord de la fenêtre de ma chambre d'hôpital. Comme attiré par l'odeur des repas, il faisait mine de vouloir s'introduire par la fenêtre entrouverte que ma compagne de chambre refermait illico! C'est grand cet oiseau là, pas à mettre dans son lit!

      Je vois qu'il pleut toujours chez vous ET qu'il fait froid surtout. Que faire sinon subir et se résigner au coin de la cheminée?
      Bonne journée quand même Christw.

      Supprimer
    2. Je suis attentif aux mises en garde des naturalistes soucieux de ne pas déranger les oiseaux pour un simple cliché. Et puis cela m'a permis de rejoindre un peu de la poésie de Sonia Tiranti.

      Je crois plutôt qu'il s'agit d'un goëland sur la photo à droite, non ? Le grand cormoran est noir et vraiment très grand aussi.

      Supprimer
    3. Oui, oui, vous avez raison bien sûr, c'était un goéland! (aïe les distractions,!!) Voici le lien d'un documentaire tourné sur l'île à côté d'ici, Cabrera. Les commentaires sont en espagnol mais on y voit le sauvetage d'un jeune cormoran, puis l'étude de sa façon de nager etc...Vous connaissiez peut-être Felix Rodriguez de la Fuente, ce naturaliste espagnol?
      http://www.rtve.es/alacarta/videos/el-hombre-y-la-tierra/hombre-tierra-fauna-iberica-cormoran/1470541/

      Bravo pour ce respect des animaux, on voit parfois tant de..."barbaries"!

      Supprimer
    4. Grand merci pour ce lien vers la vidéo: l'oiseau semble si bienheureux avec les hommes sur le bateau.
      Pour finir l'histoire d'oiseaux qui se perdent derrière les vagues, je vous envoie la photo de "mon" cormoran (de très loin puisqu'il s'est envolé à mon approche).

      Belle journée Colo, portez vous bien !

      Supprimer
  13. " Je marchai, sur la boue.
    Si longtemps,
    que le vent
    fatigué de ma respiration,
    décida de m'embrasser."

    Ah que ce baiser du vent est doux ! Tout est toujours douceur chez toi. Que deviendrions-nous sans toi, qui nous comble de souffles tendres de l'air et de pluies gaies ?

    J'espère que tu vas bien maintenant !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu vois que je suis allée puiser mon inspiration bien loin, au Paraguay!

      Il y a des moments pour la lutte ouverte, d'autres pour la douceur, mais toujours rebelle, ne t'en fais pas!
      Je vais mieux, merci Euterpe.

      Supprimer
  14. Aborder la pluie par la douceur et la poésie.
    Une sorte d'incantation douce à mi-chemin entre les haïkus et les petits instantanés plein de finesse, de délicatesse: celle des pétales, du vent lorsqu'il susurre et de la tendresse.

    Merci pour cette découverte qui me plaît beaucoup.
    La douceur te va bien, Colo, j'en suis sûre.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Maïté, j'aime beaucoup la poésie sud-américaine où la nature est étroitement liée aux mots et sentiments, où la douceur est omniprésente, comme un contrepoint à la dureté de leur vie.
      Tu as raison, en ce moment m'entourer de pétales...mais cela nous convient à tous parfois je pense!
      Près de chez moi, une grande étendue de coquelicots qui, grâce au froid qui règne, gardent leurs pétales. Pour toi, un bouquet!

      Supprimer
  15. Ah ça change des plaintes du genre "il pleut encore !".

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mais oui, les plaintes inefficaces sont bien inutiles...alors transformons la pluie!
      Belle journée Cristophe!

      Supprimer
  16. La pluie est aussi une forme de vie, et tellement utile. Ici nous sommes las parce qu'elle s'accompagne de froid, mais je suis curieuse de savoir le goût des fruits cet été/ Jamais ils n'auront eu si froid et les pieds si mouillés. Quelle surprise nous donneront-ils.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bien sûr Edmée, ici quand il "pleut bien" (c'est à dire doucement, rassasie la soif de la terre) tout le monde se réjouit. Aujourd'hui il fait soleil mais froid aussi pour la fin mai.
      L'effet froid, ici et partout, conserve les fleurs, les roses et les coquelicots, plus longtemps...quant aux fruits, on verra!

      Supprimer
  17. Des extraits du livre de Martin Page « De la pluie » :

    « La pluie est le mot de passe de ceux qui ont le goût pour une certaine suspension du monde. Dire que l’on aime la pluie, c’est affirmer une différence. »

    Page 15 :
    « La pluie confirme mes sentiments. Certains amours ne lui ont pas résisté; leurs couleurs mal fixées ont été délavées. La pluie agit tel le révélateur du photographe qui, sous la lumière rouge, porte l’image à la vie. Elle achève la cristallisation.
    Parfois la pluie me permet d’être amoureux sans objet. Un jour, le sang battant dans les tempes, le coeur tumescent, je révélai ma passion à un ami. Il me demanda l’identité de ma dulcinée. Je répondis que je ne la connaissais pas encore. Mais j’étais certain de son existence : la pluie ne ment pas. Pour un temps, c’est une histoire sans disputes et sans jalousie, mais aussi sans baisers et sans partage. Cet amour orphelin ne tarde pas à s’incarner. La pluie possède une vertu prémonitoire; elle annonce la femme que j’aimerai comme le suestados prévient de l’arrivée d’une tempête.
    La pluie tombe comme nous tombons amoureux : en déjouant les prévisions. »

    Page 79 :
    « La pluie accompagne la gravitation, et la dessine. La chute est, au même titre que la fractale, une forme que l’on trouve partout dans la nature. Il suffit d’observer: de nos dents de lait à la pomme de Newton, tout tombe.
    Un jour, les astrophysiciens découvriront l’évidence: la pluie, en tombant sur la Terre, la pousse et la fait tourner. Elle est responsable de la rotation du globe terrestre sur lui-même et autour du Soleil. »

    Martin Page, « De la pluie »

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Grand, grand merci, ces passages sont magnifiques! J'aime particulièrement le paragraphe "amoureux" et la page 79! Si j'en ai le temps, je le traduirai et publierai ce weekend....si tu veux bien!
      À bientôt Cristophe, gracias!

      Supprimer
  18. "La pluie fait des claquettes"
    https://www.youtube.com/watch?v=O8rcs1x01eg
    Très bon week-end Colo. Chabadabada ..la pluie...pour nous aussi!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "Je l'admire, j'applaudis
      Je suis son chapeau claque
      Son queue-de-pie vertical
      Son sourire de nacre
      Sa pointure de cristal"

      La pluie nous a quittés, je vous enverrai du soleil bientôt Gérard. J'ai vu hier que les moutons sont fraichement tondus autour de mon village...vos noirs aussi?
      Excellent weekend, merci pour Nougaro!

      Supprimer
    2. Oui oui, ils sont passés sous la tondeuse, une bonne coupe de printemps!
      Mais depuis ils se cachent, ils sont pudiques, ils ont sans doute l'impression d'être tout nus. Ils ne sortent peut-être que la nuit?
      Merci pour les trois petits rayons que je viens de recevoir . Ca fait du bien car ici il fait 12-13°! Alors nous aussi on fait des claquettes...mais avec les dents! Bon week-end Colo

      Supprimer