4 nov. 2025

Le vide, espace du possible / El vacío, espacio de lo posible

 

Peu connu, je pense, Juan Rodolfo Wilcock, et c’est fort dommage. Si je le connais peu comme traducteur, sa poésie m’enchante, et si vous me suivez depuis longtemps, vous aurez déjà lu l’un ou l’autre poème de lui ici.

Simplicité et profondeur dans le poème d’aujourd’hui. 

Dos esculturas de Jorge de Oteiza . Izquierda: Caja vacía, 1958; derecha: De la serie de la desocupación de la esfera, 1957

 
 

ESPACE

Juan Rodolfo Wilcock *Argentina 1919-1978

 

Dans ma chambre il n’y a rien,

sauf un tourne-disques et un lit;

et dans le cœur rien non plus,

sauf un fils différent de moi.


Ainsi il y a de l’espace pour bouger

tant dans le cour que dans la chambre

j’ai jeté les guenilles au feu,

les sentiments, à la mer.


Tout le monde n’a pas une chambre vide,

tout le monde n’a pas le cœur vide:

on peut y laisser entrer

chaque matin un monde nouveau.

(Trad.Colo)


*”Né de père anglais et de mère italienne, Wilcock se forma dans une Buenos Aires cosmopolite, où il se lia d’amitié dès 1941-1942 avec Borges, Silvina Ocampo et Bioy Casarès, et il se définit comme un « écrivain européen7 », qui aurait finalement choisi d’écrire en italien car c’est la langue qui ressemble le plus au latin ! Fixé définitivement en Italie en 1957, Wilcock est un écrivain qui touche à tous les genres, un journaliste, un essayiste, un traducteur aussi, capable de traduire vers l’italien aussi bien l’espagnol que le français ou l’anglais.”

Source: https://books.openedition.org/pur/39154?lang=fr

 

Fábrica MDK     https://www.tccuadernos.com/blog/solido-vacio-arquitectura-fran-silvestre-david-cohn/

ESPACIO

Juan Rodolfo Wilcock

En mi cuarto no hay nada,
salvo el tocadiscos y una cama;
y en el corazón tampoco hay nada,
salvo un hijo distinto a mí.

Así hay espacio para moverse
tanto en el corazón como en el cuarto
tiré los harapos al fuego,
los sentimientos, al mar.

No todos tienen el cuarto vacío,
no todos tienen el corazón vacío:
se puede dejar entrar
cada mañana un mundo nuevo.

 

8 commentaires:

  1. Il y aurait beaucoup de choses à dire, au sujet de cette simplicité, qui n'est qu'apparente.
    J'y vois un éloge talentueux et sans limite, à la disponibilité du cœur et de l'esprit.
    J'aime bien les deux sculptures, joliment ouvertes et déliées.

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    1. Par simple, tu as raison, mais je voulais dire qu'il n'y a pas de figures de style compliquées ni rien qui obscurcisse le sens;-)
      Oteiza était un excellent sculpteur basque, considéré comme le pionnier de la sculpture abstraite.
      Bonne semaine Antoine.

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  2. Laisser entrer chaque matin un monde nouveau... c'est une aventure, elle me dépasse un peu mais me fait rêver aussi. Lumineuse semaine dame Colo, bises du mardi. brigitte

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    1. Un certain vertige, oui, Brigitte, mais rester ouvert à la nouveauté est passionnant.
      Ces journées de début novembre sont extrêmement lumineuses, merci. Chez toi aussi, sûrement.
      Un beso.

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  3. Ce poème m’a beaucoup touchée par sa simplicité lumineuse et la manière dont il transforme le vide en espace de liberté. J’aime cette idée que laisser de la place dans sa chambre et dans son cœur ouvre la possibilité d’accueillir le monde et la différence, chaque matin. Il y a dans ces mots une douceur radicale, un souffle qui invite à respirer et à recommencer, à inventer un espace pour ce qui est neuf et inattendu. Merci pour cette très belle découverte. Bises alpines.

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    1. Merci, merci Dédé, c'est ainsi que je le ressens moi aussi ce poème.
      Et tant mieux s'il t'a fait du bien, je t'embrasse depuis la Méditerranée.

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  4. Cette invitation à laisser entrer du nouveau chaque matin est engageante ; je le vois aussi comme la certitude que rien n'est jamais perdu, qu'il n'est pas trop tard pour remplacer le vide par du plein. Bonne fin de journée Colo, bises.

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  5. J’ai repéré quelques romans en mediatheque de cet auteur que je ne connaissais pas.
    Merci.

    Carmen

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