Parfois,
en très peu de mots, des poètes arrivent à concentrer une longue
histoire.
Juan Gelman que vous avez souvent rencontré sur ce blog, et dont l’histoire personnelle, absolument tragique mais illuminée vers la fin (cet article le raconte vraiment bien), est joliment résumée dans ce court poème qui ne peut, je crois, bien se comprendre qu’en connaissant les drames de sa vie.
La victoire
Juan Gelman
Dans un livre de vers éclaboussé
d'amour, de tristesse, du monde,
mes enfants ont dessiné des femmes jaunes,
des éléphants qui avancent sur des parapluies rouges,
des oiseaux arrêtés au bord d'une page,
ils ont envahi la mort,
le grand chameau bleu repose sur le mot cendre,
une joue glisse sur la solitude de mes os,
la candeur vainc le désordre de la nuit.
(Trad: Colo)
La victoria
-- de Juan Gelman --
En
un libro de versos salpicado
por el amor, por la tristeza, por
el mundo,
mis hijos dibujaron señoras amarillas,
elefantes
que avanzan sobre paraguas rojos,
pájaros detenidos al borde de
una página,
invadieron la muerte,
el gran camello azul
descansa sobre la palabra ceniza,
una mejilla se desliza por la
soledad de mis huesos,
el candor vence al desorden
de la noche.
Que dire, devant une histoire aussi tragique ? Comment pouvoir comprendre que les mêmes mots, homme/femme, désignent le meilleur et le pire ?
RépondreSupprimerA bientôt chère Colo (plus joyeusement !)
Quelle bonne surprise de te lire ici chère Annie !
SupprimerJ'aime énormément ce poète, sa personne aussi, qui s'est évertué à retrouver sa petite-fille, à mettre tout cela en mots, ici pleins de couleurs du souvenir.
Oui, oui, à bientôt j'espère!
il a un coté Prévert ce poète des femmes jaunes et des éléphants avec parapluie
RépondreSupprimeren quelque sorte, oui Dominique, couleurs de doux souvenirs ici.
SupprimerUn rappel plus que bienvenu, merci Colo, quant aux combats de Juan Gelman.
RépondreSupprimerEt ce texte, magnifique arc-en-ciel des tristesses.
Un homme, oui, habité d'une profonde tristesse, c'est vrai et si justifié, compréhensible...
SupprimerTerribles épreuves et magnifique persévérance.
RépondreSupprimerLa candeur, blancheur, innocence en figure victorieuse - c'est le pouvoir de la poésie !
merci Tania
Supprimeron dirait qu'il y a eu un problème avec mon commentaire, quand je l'ai envoyé ce matin, un seul était visible mais je vois qu'il n'a pas fait surface parmi les autres...
RépondreSupprimerAh, je suis désolée Adrienne, je viens de vérifier partout, tes mots ont été "avalés", aucune trace nulle part. Lo siento mucho
SupprimerUne vie remplie d'épreuves d'une dureté inimaginable. Le poème est d'autant plus magnifique lorsqu'on le sait. Comment a-t'il pu garder la force d'écrire d'aussi beaux vers ? Il y a des personnalités que l'on ne peut qu'admirer. Bonne semaine Colo.
RépondreSupprimerHola Aifelle, des questions que je me pose aussi, cet homme si sensible, comment-a-t-il pu survivre à tout ça. Et écrire encore et encore de superbes poèmes...
SupprimerBonne semaine à toi aussi, un beso
Je viens de chez Dominique qui nous parle de la poésie de Varlam Chalamov... Ces Hommes sont éblouissants, ils ont la volonté de faire quelque chose de leur tragédie, c'est une sacrée leçon. A-t-il pu donner une sépulture à sa belle fille ? Merci Colo, douce journée, je t'embrasse. brigitte
RépondreSupprimerHola Brigitte, pour la sépulture, pas que je sache, non.
SupprimerLa poésie pour se soigner, un peu.
Semaine de pluies et orages, peut-être chez toi aussi...
Très émue par la vie de ce poète que je ne connaissais pas...
RépondreSupprimerme voilà contente de te le faire découvrir, tu peux lire des poèmes de lui, traduits en français par Jacques Ancet ici : https://www.recoursaupoeme.fr/poemes-de-juan-gelman-traduits-par-jacques-ancet/
SupprimerMerci pour le lien
SupprimerAvec plaisir !
SupprimerMagnifique poème et émouvant. Je suis retournée voir le lien. Ce sont des mots qui touchent vraiment. Je suis admirative par ce poète et d'autres, qui malgré des tragédies, ont su écrire de merveilleux vers. Gros bisous chère Colo et bel après-midi ♥
RépondreSupprimerBonjour Denise, transformer son malheur en mots, en travail de création, oui, c'est digne de toute notre admiration !
SupprimerBonne journée Denise, un beso.
J'ai suivi le lien vers ton article de 2O15 pour mieux connaitre ce poète.
RépondreSupprimerQuelle tragédie, quel acharnement et courage pour retrouver sa petite fille !
Le poème prend une toute autre couleur d'espoir et de paix retrouvée.
Merci Colo de nous faire connaitre ces vies qui se tournent vers la lumière malgré la noirceur la plus terrible. Une leçon !
Belle journée et Bises.
Je me disais que cet acharnement pour la retrouver l'a sans doute aidé à vivre, et la retrouver à la fin, une sorte de paix.
SupprimerUn poète d'une grande sensibilité que j'aime vraiment beaucoup lire.
Bonne journée, besos !
Je suis toujours tellement émue de voir cette force malgré les épreuves et surtout cette création qui se poursuit envers et contre tout. Que cette poésie est forte et vivante ! Cela me fait plaisir et du bien de la lire ce matin. Je t'embrasse.
RépondreSupprimerPourvu que la force et ton plaisir dure et dure longtemps Marie.
SupprimerJe t'embrasse
Je ne sais pas pourquoi, ça me fait penser à la poésie de Desnos.
RépondreSupprimerBonne soirée.
(et Desnos -à mon sens- n'est pas aussi "léger" qu'il paraît ...)
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