“Los ojos de mi madre lloraban hacia adentro”
"Les yeux de ma mère pleuraient vers l'intérieur"
Les premières pages de ce roman effraient un peu le lecteur. Le protagoniste est odieux et ses sentiments, cette attitude défiante d’un adolescent envers sa mère semblent exagérés. Il nous manque énormément d’informations au début ; en de courts chapitres superbement écrits, l’auteure nous mène peu à peu vers un renversement émouvant. Un récit dur et terriblement attachant.
Las primeras páginas de esta novela asustan un poco al lector. El protagonista es odioso y sus sentimientos parecen una parodia de una actitud desafiante y exagerada de un adolescente hacia su madre. Nos falta muchísima información al principio; en capítulos cortos, magníficamente escritos, la autora nos lleva poco a poco hacia un vuelco conmovedor. Un relato duro y profundamente entrañable.
« Ce matin-là, alors que je la haïssais plus que jamais, maman venait d’avoir trente-neuf ans. Elle était petite et grosse, bête et laide. C’était la maman la plus inutile de toutes celles qui ont jamais existé. Je la regardais par la fenêtre, plantée comme une mendiante à la porte de l’école. Je l’aurais tuée rien que d’y penser. »
“Aquella mañana en que la odiaba más que nunca, mi madre cumplió treinta y nueve años. Era bajita y gorda, tonta y fea. Era la madre más inútil que haya existido jamás. Yo la miraba desde la ventana mientras ella esperaba junto a la puerta de la escuela como una pordiosera. La habría matado con medio pensamiento.”
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“À ce moment je sentis-de façon douloureuse et fulminante- que grâce à ce blanc je ne la haïssais plus autant. Que la robe qu’elle portait ce matin l’avait sauvée, (…) Quand je sortis de la salle de bains, humide et effrayé, j’avais perdu la guerre. Ma haine envers ma mère, quoique pas totalement disparue, avait séché et une croûte la couvrait, comme la croûte qui couvre en trois jours toutes les blessures des personnes et en un seul jour celles des chiens”.
“ En aquel momento sentí-de forma dolorosa y fulminante- que gracias a ese blanco no la odiaba ya tanto. Que el vestido que llevaba esa mañana le había salvado, (…) Cuando salí del baño, húmedo y asustado, había perdido la guerra. Mi odio hacia mi madre, aunque no había desaparecido del todo, se había secado y lo cubría una costra, como la costra que cubre en tres días todas las heridas de las personas y en un solo día las de los perros.”
“Il ne restait rien de mon ancienne mère, mais je ne savais pas non plus qui j’étais moi, qui j’avais été ni ce qui nous arrivait. Dans mon for intérieur j’étais sûr que, d’une manière ou d’une autre, la fin était proche, car tant de bonheur n’est concédé qu’aux enfants ou aux mourants.
Entre-temps.
Je pris une libellule et passai toute la journée avec elle.
Je comptai les grains de maïs d’une rangée de maïs.
Je bus de l’eau de pluie.
J’aidai un papillon à naître.”
(Trad:Colo)
“ No quedaba nada de mi antigua madre, pero tampoco sabía quien era yo, quién había sido ni qué pasaba con nosotros. En mi fuero interno estaba seguro de que, de una manera u otra, el final estaba cerca, porque tanta felicidad solo se les concede a los niños o a los moribundos.
Entretanto.
Cogí una libélula y pasé todo el día junto a ella.
Conté los granos de maíz de una hilera de maíz.
Bebí agua de lluvia.
Ayudé a una mariposa a nacer”
Ref: en español Tatiana Tibuleac
en français: Tatiana Tibuleac
bizarres, ces extraits... (mais en ce moment beaucoup de choses me semblent bizarres ;-))
RépondreSupprimerAh bon! Je m'interroge sur ce qui a pu te sembler si étrange chère Adrienne:-))
SupprimerDes extraits qui donnent envie de te rejoindre dans ta lecture... L'image de droite correspond à la traduction française ?
RépondreSupprimerLis-le, tu ne le regretteras pas Fifi.
SupprimerOui, c'est le livre en français;Traduit du roumain par Philippe Loubiere. Editions des Syrtes, 2018.
J'ai déjà croisé ce roman sur un autre blog, mais c'est tout. Il doit être assez bousculant non ? Je suis allée voir sur le net, c'est une jeune romancière à suivre.
RépondreSupprimerLe début surtout est bousculant, tu as raison, puis peu à peu la situation se renverse, et on se sent "récompensé". On comprend. Le pardon est un des thèmes principal. Mais c'est un livre dur.
SupprimerOui, son autre roman "Le jardin de verre" est sur ma table de nuit et m'attend.
Bonne journée Aifelle
je vais voir sur passage à l'est si elle en parle
RépondreSupprimerl'extrait effraye et attire à la fois
je vais lire le Jardin de verre cela doit donner au moins une idée du style de l'auteure
On n'est effrayé qu'au début, après happés par ces personnages à l'histoire tragique qui arrivent à pardonner. L'écriture est simple, se lit facilement, la charge émotionnelle grande.
SupprimerJ'espère que tu me donneras tes impressions du Jardin de verre...
Récit dur et attachant... Il faut choisir son moment de lecture, se sentir fort(e)pour rentrer dans l'histoire. Merci Colo, j'ai pris note de ce titre, je le feuilletterai d'abord. Bises et douce journée estivale. brigitte
RépondreSupprimerUne fois entrés dans ce court roman, on ne le lâche plus, ne t’arrête pas aux premières pages si tu décides de le lire. Cette relation materno-filiale qui évolue, le pardon, la tendresse...
SupprimerLes soirées estivales, les aubes sont magnifiques et oui, douces. un beso Brigitte
On sent au travers de tes extraits le passage de la tempête à la sérénité. Tu as raison, il doit falloir poursuivre malgré un début difficile.
RépondreSupprimerMerci pour ton partage Colo, belle et douce journée. Ici tout est grillé...le potager fait peine à voir...Bises.
Je voulais en effet prévenir les possible lecteurs que le roman commence par des mots durs mais que la suite vaut vraiment la peine.
SupprimerJe ne sais pas chez toi, mais ici tout est toujours grillée à la mi-août...jusqu'aux premiers orages et pluies. Alors là, en trois jours, hop, tout est vert!
Bonne fin de semaine Claudie. Un beso
Tu es la première à attirer mon attention sur cette romancière moldave ou roumaine, je ne sais au juste. Ces extraits très forts me font noter ces deux titres tout de suite. Merci, Colo & bonne journée.
RépondreSupprimerC'est curieux car en Espagne ce roman a fait du bruit dans les journaux, tous les critiques littéraires en ont parlé et c'est une grande maison d'édition qui l'a publié. Comme quoi tout dépend des éditeurs...
SupprimerDur et poétique, Tatiana dit que le but, un peu philosophique, est de montrer que le pardon et l'amour entre parents et enfants (ici seulement la mère et le fils) peuvent s'obtenir avec le temps et les circonstances. Tu as compris, c'est un roman qui m'a marquée, touchée.
Bonne journée à toi aussi.
un texte intéressant - je note, colo
RépondreSupprimeril me fait un peu penser à la chanson d'arno (chanteur belge) "dans les yeux de ma mère"
J'ai été réécouter la chanson, merci Niki.
SupprimerBon week-end!
Emotions en lisant ces extraits...
RépondreSupprimerJe te rejoins marie, c'est un livre bouleversant.
SupprimerEffectivement, ça démarre fort, lolll. Gros bisous
RépondreSupprimerBonne journée Val! besos
Supprimerje suppose que je ne passerais pas le début, mais j'aime le moment de la libellule...
RépondreSupprimerBonne journée Colo
Dans l'absolu, ce n’est pas plus dur qu'un roman de guerre ou de Dostoïevski, mais je voulais prévenir. Et encourager à lire ce roman qui bouleverse et qui finalement nous dit que le pardon et l'amour sont toujours possibles.
SupprimerBonne journée à toi aussi!
Por favor, necesito leer ese libro!!! Gracias, Colo por acercarme un trocito tan interesante. Es imposible quererte más.
RépondreSupprimerTe lo pasaré sin falta, lo encontré entrañable. Como el odio se convierte poco a poco en amor, como existe el perdón.
SupprimerBesos enormes.