29 mai 2019

Sans limites / Sin limites



Peut-être vous souvenez-vous du poète Chilien V. Huidobro qui a eu tant d’influence sur les surréaliste français ? https://espacesinstants.blogspot.com/2018/02/chanter-un-oiseau-de-neige-cantar-un.html



«... La poésie n’est autre chose que l’ultime horizon qui est, à son tour, l’arête où les extrêmes se touchent, où il n’y a ni contradiction ni doute. Le poète vous tend la main pour conduire au-delà de l’ultime horizon, plus haut que la pointe de la pyramide, en ce champ qui s’étend au-delà du vrai et du faux, au-delà de la vie et de la mort, au-delà de l’espace et du temps, au-delà de la raison et de l’imaginaire, au-delà de l’esprit et de la matière. » Vicente Huidobro, Madrid 1921


"... la poesía no es otra cosa que el último horizonte, que es, a su vez, la arista en donde los extremos se tocan, en donde no hay contradicción ni duda.El poeta os tiende la mano para conduciros más allá del último horizonte, más arriba de la punta de la pirámide, en ese campo que se extiende más allá de lo verdadero y lo falso, más allá de la vida y de la muerte, más allá del espacio y del tiempo, más allá de la razón y la fantasía, más allá del espíritu y la materia." Vicente Huidobro, Madrid, 1921

Aujourd’hui un poème qui vous emmène loin et tout près, dont certains vers pourraient être un roman, où n’existe aucune limite. Mieux vaut se laisser porter, se laisser faire avec plaisir.

Rob Gonsalves
https://culturainquieta.com/es/arte/pintura/item/14984-la-pintura-surrealista-de-rob-gonsalves-nos-hace-creer-en-lo-imposible.html

IMPOSSIBLE

de Vicente Huidobro

Impossible de savoir quand ce coin de mon âme s’est endormi
et quand il fera à nouveau partie de mes fêtes intimes

Ou si ce morceau est parti pour toujours
Ou bien s’il fut volé et se trouve entier dans un autre

Impossible de savoir si l’arbre primitif sent encore en son être le vent millénaire
Si tu te souviens du chant de la mère quaternaire
Et des cris de ton rapt
Et de la voix sanglotante de l’océan qui venait d’ouvrir les yeux

Et qui agitait les mains et pleurait dans son berceau

Pour vivre nous n’avons pas besoin de tant d’horizons
Les têtes de coquelicot que nous avons mangées souffrent pour nous
Mon amandier parle pour une partie de moi-même
Je suis près et je suis loin

En mon temps bref, j’ai des centaines d’époques
En mon être profond, j’ai mille lieues
Cataclysmes de la terre accidents de planètes
Et quelques étoiles de deuil
Tu te souviens de quand tu étais un son entre les arbres
Et de quand tu étais un petit rayon vertigineux?

Maintenant nous avons la mémoire trop chargée
Les fleurs de nos oreilles pâlissent
Je vois parfois des reflets de plumes sur ma poitrine
Ne me regarde pas avec tant de fantasmes

Je veux dormir je veux entendre à nouveau les voix perdues
Comme les comètes qui sont passées à un autre système

Où étions-nous? Dans quelle lumière et dans quel silence?
Oû serons-nous?
Tant de choses tant de choses tant de choses

Je souffle pour éteindre tes yeux
Tu te souviens de quand tu étais un soupir entre deux branches?
(Trad:Colo)
Van Gogh, Oliviers

Imposible

de Vicente Huidobro


Imposible saber cuándo ese rincón de mi alma se ha dormido
y cuándo volverá otra vez a tomar parte en mis fiestas íntimas

O si ese trozo se fue para siempre
O bien si fue robado y se encuentra íntegro en otro

Imposible sabe si el árbol primitivo adentro de su ser siente todavía el viento milenario
Si tú recuerdas el canto de la madre cuaternaria
Y los grandes gritos de tu rapto
Y la voz sollozante del océano que acababa de abrir los ojos

Y agitaba las manos y lloraba en su cuna

Para vivir no necesitamos tantos horizontes
Las cabezas de amapola que hemos comido sufren por nosotros
Mi almendro habla por una parte de mí mismo
Yo estoy cerca y estoy lejos

Tengo centenares de épocas en mi breve tiempo
Tengo miles de leguas en mi ser profundo
Cataclismos de la tierra accidentes de planetas
Y algunas estrellas de luto
¿Recuerdas cuando eras un sonido entre los árboles
Y cuando eras un pequeño rayo vertiginoso?

Ahora tenemos la memoria demasiado cargada
Las flores de nuestras orejas palidecen
A veces veo reflejos de plumas en mi pecho
No me mires con tantas fantasmas
Quiero dormir quiero oír otra vez las voces perdidas
Como los cometas que han pasado a otros sistemas

¿En dónde estábamos? ¿En qué luz en qué silencio?
¿En dónde estaremos?
tantas cosas tantas cosas tantas cosas

Yo soplo para apagar tus ojos
¿Recuerdas cuando eras un suspiro entre dos ramas?

26 commentaires:

  1. Un poème entre spleen et douceur, et des questions qui se prolongent dans le souffle du vent. ("Je suis près et je suis loin", voilà qui prolonge d'une autre manière l'article dont tu as parlé.) Merci, Colo.

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    1. Bonjour Tania, tu as raison, je tourne autour de l'idée de limites et de possibles. Huidobro était le poète idéal!
      Bonne journée.

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  2. un poème qui me plait et par dessus tout ce sublime horizon ....

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  3. quel poème puissant par les questions qu'il pose, par la subtilité des images qu'il suggère.Quelle belle trouvaille que ce poème.

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    1. Pour une raison obscure c’est un poète qui ne m'attirait pas, mais dernièrement tout ce que j'ai lu de lui est , comme tu dis, puissant et fait s'envoler mon imagination avec délice:-)
      Il y en aura d'autres donc!
      Bonne journée.

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  4. Le poème, il faut y revenir plusieurs fois pour s'imprégner de chaque vers. Je ne cherche pas trop à savoir ce qu'il signifie, il a sa propre dynamique. La première illustration est étonnante. (Aifelle)

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    1. Bonjour Aifelle, c'est comme ça qu'il faut le lire je pense Aifelle!
      Pour l'illustration, elle est d'un artiste Canadien, surréaliste, qui surprend, oui.
      Bonne journée!

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  5. Douceur, nostalgie et lumineux mystère dans ces lignes que tu partages avec nous. Un bon viatique pour la journée, merci Colo.

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    1. Lumineux mystères, c'est ça, oui Anne!
      Merci d'être passée.

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  6. Un peu triste et tourmenté, mais ça représente bien un état d'âme...

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    1. Ah bon, je ne l'ai pas trouvé triste, mais la poésie peut s'interpréter de autant de façons qu'il y a de lecteurs.

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  7. Les éternels questionnements qui nous habitent, le talentueux poète les exprime dans la lumière des mots et dans leur ombre aussi... le temps est suspendu quand on s'interroge ainsi, c'est très beau, merci Colo. Bises ensoleillées. brigitte

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  8. J'apprécie.
    Cela me fait penser au principe d'incertitude.

    On est là, mais on ne sais pas où.
    En tout cas ça me va !

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    1. Parfait alors, peut-être que, si j'entends un son entre les branches de l'olivier, ce sera ta voix?

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  9. l'olivier est "mon" arbre selon la mythologie celtique vu ma date de naissance :-) (c'est une jolie légende, pas plus sotte qu'une autre) - en tout cas j'aime la manière dont van gogh l'a peint - et ton autre illustration ces voiliers qui s'en vont comme en rêve est aussi belle -
    encore merci pour tous ces poèmes que je découvre grâce à ton blog, colo

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    1. Alors il faut que tu viennes me rendre visite, les oliviers centenaires ne manquent pas ici, même un sur notre terrain. Près de Valldemosa il y a plusieurs "champs " d'oliviers centenaires où tu pourrais t'adonner à des pratiques secrètes et obscures, ou simplement te balader en pensant aux Celtes:-)
      Bonne soirée chère Niki.

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  10. Un souffle entre les arbres. Que c'est beau. Un grand merci. Je vais chercher d'autres poèmes. Est-ce qu'il est publié en français ?
    Bon week end.

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    1. Bonjour Marie, je viens de regarder et il y a peu de poèmes en français sur la Toile, un site ici: http://dormirajamais.org/altaigle/
      Sur mon blog, section poésie, il y en a 2 autres.
      Bon week-end à toi aussi!

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  11. Une belle découverte pour moi, l'impossible, la poésie selon Huidobro.
    J'ai quelques images de Rob Gonsalves dans ma banque d'images préférées. Très Magritte.

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    1. Ah très bien, Magritte et Escher aussi.
      Comme je le disais plus haut, Huidobro ne me plaisait pas trop il y a quelques années, mais ce que j'ai lu de lui dernièrement m'enchante.
      Bon week-end Christian.

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  12. Des mots et des images qui donnent de l'air. J'ai beaucoup apprécié le tableau de Rob Gonsalves : on sent l'air frais, l'humidité des embruns et l'on entend le bruit des vagues qui claquent, le tout nous entraînant bien loin ! Merci Colo ! J'espère que le travail dans ton potager n'a pas été trop éreintant...

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    1. Merci à toi Annie!
      Rob Gonsalves est un peintre qui vaut vraiment la peine d'admirer tranquillement.
      Pour le potager, au contraire, me revoilà en pleine forme et tout est si beau et excitant. Un jour je parlerai de tous les bienfaits, physiques et autres de ce genre d'activité:-)
      Bonne semaine, au soleil.

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  13. C'est un poème qui voyage dans l'espace-temps jusqu'aux racines de l'Humanité me semble-t-il.
    Je crois que pour l'appréhender, il faut s'évader, mettre le pilote automatique de la compréhension et se laisser porter sur la vague des mots, des images.
    Bien illustré avec Rob Gonsalves

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    1. je n'ai pas trouvé d'autre piste de lecture que ce "laisser porter" tu as raison.
      Bonne journée, et merciiiiiiiiiiiiiiiiiiii

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