27 févr. 2018

Chanter à un oiseau de neige / Cantar a un pájaro de nieve



Peut-être ne connaissez-vous pas Vicente Huidobro?

Je vous en reparlerai mais sachez déjà ceci: “L’influence de Vicente Huidobro, tant de sa création que de ses théories, fut considérable et dépassa le continent américain, pour s’étendre à l’Europe, et notamment à la France et à L’Espagne. De cette œuvre immense, nous ne connaissons, en France, qu’une part de l’œuvre poétique...(…) Aujourd’hui, Huidobro est toujours considéré comme un phare de la poésie hispanique et sud-américaine. Au Chili, son prestige n’a pas diminué. En France, pays dans lequel il a pourtant vécu et crée, il en va autrement, malheureusement. Il aura fallu toute la pugnacité de Fernand Verhesen, soit cinquante ans de combat acharné et passionné (traductions, articles, publications), pour que cette œuvre ne sombre pas totalement dans l’oubli.”(De http://www.leshommessansepaules.com/auteur-Vicente_HUIDOBRO-242-1-1-0-1.html)



Marin
Vicente Huidobro (Chili 1893-1948)

Cet oiseau qui vole pour la première fois
S’éloigne du nid en regardant derrière lui

Le doigt sur les lèvres
                     je t’ai appelée.

Moi j’invente des jeux d’eau
Sur la cime des arbres.

J’ai fait de toi la plus belle des femmes
Si belle que le soir tu rougissais .

                     La lune s’éloigne de nous
                     Et jette une couronne sur le pôle

J’ai fait courir des fleuves
                    qui n’ont jamais existé

D’un cri j’ai créé une montagne
Et, autour, nous avons dansé une danse nouvelle.
                   J’ai coupé toutes les roses
                    Des nuages de l’est
Et j’ai appris à chanter à un oiseau de neige

Partons sur les mois déchaînés

Je suis le vieux marin
                 qui coud les horizons déchirés.
(Trad: Colo) 

Dancing to the end of love Rafal Olbinski
Rafal Olbinski, Dancing to the end of love

Marino

Vicente Huidobro (Chile 1893-1948)

Aquél pájaro que vuela por primera vez
Se aleja del nido mirando hacia atrás

Con el dedo en los labios
                       os he llamado.

Yo inventé juegos de agua
En la cima de los árboles.

Te hice la más bella de las mujeres
Tan bella que enrojecías en las tardes.

                      La luna se aleja de nosotros
                     Y arroja una corona sobre el polo

Hice correr ríos
                    que nunca han existido

De un grito elevé una montaña
Y en torno bailamos una nueva danza.
                      Corté todas las rosas
                      De las nubes del este
y enseñé a cantar a un pájaro de nieve

Marchemos sobre los meses desatados

Soy el viejo marino
                   que cose los horizontes cortados




38 commentaires:

  1. je me disais aussi, Fernand Verhesen, avec un nom pareil il ne pouvait être que Belge :-)
    on en apprend des choses, chez toi, dis donc :-)
    bises!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bien que je n'aie rien trouvé d'écrit ou traduit par lui sur Internet, il semble en effet avoir fait un travail énorme...peu connu hélas car ce poète en vaut vraiment la peine!
      Bonne journée, beso

      Supprimer
  2. Je ne connais pas non et vu ce que je lis, c'est très dommage, je vais aller à la pêche. J'aime beaucoup le tableau également, je vais explorer aussi de ce côté là. Bonne journée Colo.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Très dommage qu'il ne soit pas (plus) connu ce poète, tu as raison Aifelle et cela m'incite à vous en dire plus et à traduire plus de poèmes de lui. Tu trouveras, en français, des tas d'information en cliquant sur le lien qui suit l'introduction.
      Bonne journée à toi aussi, dernière journée "polaire" dit-on.

      Supprimer
  3. C'est une belle découverte, merci pour les liens. Il y a tant à lire sur la biographie de Huidobro (C. Dauphin), j'attendrai que vous nous fassiez un aperçu.
    Le vieux marin qui coud les horizons déchirés, n'est-ce pas superbe ?

    Un bon mois de mars, Colette, à vous et vos proches.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ferai ça Christian, et vous raconterai la vie, polémique car c'était un polémiste (comparé parfois à un boxeur intellectuel),de cet homme dont j'apprécie énormément la poésie.

      Mars devrait nous apporter à tous un peu de douceur du ciel, non?
      Amicalement.

      Supprimer
  4. je ne connais pas du tout, mais ce que tu en proposes me donne envie d'en découvrir plus - j'attends ton billet avec impatience

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Niki, je ne connais pas sa littérature, mais ses poèmes, tout en images inattendues, sont magnifiques, je trouve.
      À bientôt.

      Supprimer
  5. Encore une découverte grâce à toi, merci de nous avoir traduit ces beaux vers surréalistes dont je reprends ceux-ci, lus dans la grande lumière encore de ce dernier jour de février sous le vent d'est :
    "J’ai coupé toutes les roses / Des nuages de l’est / Et j’ai appris à chanter à un oiseau de neige".
    Bonne après-midi, Colo.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vent d'est? Profitez bien de la lumière, nous avons les nuages de l'est du poème...voyons si j'y trouve des roses:-)
      Bonne soirée, besos

      Supprimer
  6. Quand on parle d'oiseaux j'accoure ! Que ce poème m'inspire ! C'est beau ! Merci à toi !
    Une belle découverte pour moi aussi !
    Belle soirée !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Contente que toi aussi aimes ce poème, à bientôt Martine.

      Supprimer
  7. Merveilleuse découverte, merci Colo, un nouveau nom sur mon plus beau carnet, c'est encore un instant de grâce. Je suis comme Enitram, quand on parle d'oiseau, j’accoure... Bises et douce journée à toi. brigitte

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Quel plaisir de lire tes mots! J'en traduirai d'autres de lui, peu à peu donc.
      Bonne journée Brigitte, merci!

      Supprimer
  8. Son versos difíciles para un principiante como yo, pero me encantan. Gracias por descubrirme cosas tan hermosas, por hacerme pensar. Te quiero. DHM

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Lo entiendo hijo, te puedo dar unas pistas posibles: primer amor, infancia, juegos de seducción...luego separación y recuerdos.
      ¿Va mejor así?;-))
      Este lenguaje hecho de imágenes, hace falta acostumbrarse y..pensar, oui!
      Me alegra tanto que vengas ahora a leer mi blog; gracias y besos.

      Supprimer
  9. Bonjour chère Colo, que ces mots sont beaux et je découvre avec bonheur et j'aime tant les oiseaux .
    Je te souhaite un bon début de mois de mars et un peu de chaleur. Ce matin, je me suis réveillée avec 20 cm de neige.
    Douce fin de journée avec mes bisous ♥

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh plein de neige? De jolies photos alors...prends garde de glisser...sur un oiseau!;-)
      Bon mars à toi aussi, un beso

      Supprimer
  10. Les oiseaux, depuis avant-hier où il neige presque sans arrêt, ne nous ont pas quittés. Nous remplissons des mangeoires, coupons des pommes pour les merles, veillons à écarter le chat noir, qui aimerait profiter de la situation..
    Merci pour cette belle découverte, Colo.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Plaisirs de becs pour les oiseaux, de vue pour vous!
      Gare aux chats, en effet, même s'ils n'ont pas faim, c'est si tentant...

      Bonne fin de semaine Annie.

      Supprimer
  11. C'est superbe et c'est une belle découverte pour moi
    j'aime l'idée de faire surgir une montagne par un cri, faire courir des fleuves qui n'existent pas : j'aime cette image magnifique

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce monde si imagé nous emporte..si on se laisse faire;-)

      Supprimer
  12. Une fort belle double découverte, que ce soit le poète ou bien l'illustrateur, je ne les connaissais pas.
    Oh, quelles images, je vais creuser Huidobro !
    Merci.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Creuse, creuse mon ami, je ne sais si tu trouveras beaucoup de poèmes de lui en français, mais je te le souhaite!
      Bon week-end.

      Supprimer
  13. Et grâce à ta pugnacité, Colo, je viens de rencontrer un marin qui coud les horizons déchirés. Merci.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Une magnifique image, bien d'accord Bacchante!
      Un beso

      Supprimer
  14. Je ne connais pas, mais grâce à toi je fais de belles découvertes. Merci beaucoup et bonne fin de week end. Bises.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Beaucoup d'images dont s'imprégner et rêver Élisabeth.
      Je te souhaite une semaine remplie de petits moments heureux.

      Supprimer
  15. Tu as le don pour partager de belles choses. Mon rhume a duré un mois 1/2. J'ai cru qu'il ne finirait jamais! Bisous

    RépondreSupprimer
  16. Bonjour Colo

    je prends le temps de lire en profondeur car il y a beaucoup à comprendre. Je reviendrai plus tard.
    Je te souhaite une bonne semaine et je t'embrasse.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Reviens quand tu veux ma chère Maïté, comprendre mais surtout, je pense, te laisser emporter parles images poétiques.
      Je t'embrasse fort

      Supprimer
  17. Des oiseaux sur tous les blogs en ce moment mais chez toi... .c'est l'oiseau poète qui nous emmène vers de nouveaux horizons faisant fi de la météo

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est ça Chinou, la poésie n'a pas de saison.

      Supprimer
  18. Mais comment faites-vous pour trouver ces pépites ? Encore merci.

    RépondreSupprimer
  19. Bonsoir Colo

    il me fallait du temps en effet pour découvrir un poète de cette importance, que je ne connaissais pas. Dans l'article de présentation, j'ai été sensible en effet à cette réflexion sur la création, à ce qui différencie un vrai poète aux "images pures", toujours en avance sur son temps. Il est en quelque sorte un visionnaire, un phare, quelqu'un d'extrêmement honnête qui sait où il va,même s'il semble naviguer en pilotage automatique. Cette appellation de créationnisme n'est ni tout à fait connue, ni tout à fait inconnue et s'éclaire dans le creuset de cette vie artistique si riche et mouvante de Montmartre mais aussi madrilène. Que de personnages voyons-nous défiler pour accompagner Vicente Huidobro. Je ne comprendrai jamais pourquoi de tels créateurs tombent dans l'oubli alors que d'autres rayonnent toujours.
    Quid de cette polémique avec Apollinaire?Sommes-nous réellement en situation de possible plagiat, d'opportunisme? J'ai peine à le croire comme souvent en pareil cas. Deux continents si lointains, d'autant plus lointains au début du XX ème siècle ne favorisaient sans doute pas cela. Je crois plutôt que les grands esprits se rencontrent dans leurs recherches mutuelles qui interviennent en même temps. On l'a vu aussi dans le milieu scientifique à l'époque de Marie Curie, par exemple.
    Et puis voir ici aussi Vicente Huidobro par les yeux de Pablo Neruda est assez émouvant.
    Reste l'essentiel: le choc des images pures, la lecture des poèmes. Une très belle découverte venue d'une époque culturelle fascinante.
    Merci.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh merci d'avoir pris le temps de lire, de découvrir Maïté! Il est en effet incompréhensible qu'il soit ainsi tombé dans l'oubli, vu son parcours international.
      Il s'était également brouillé avec Reverdy...vu son caractère "boxeur intellectuel" rien n'étonne:-)
      Je publierai d'autres poèmes de lui, c'est sûr.
      je t'embrasse

      Supprimer