Cadeau, superbe cadeau d’une amie ce court et recueil de Pedro Salinas “La mer lumière”. Version bilingue, magnifique traduction.
Bien qu’elle ne vive pas comme moi sur une île, nous partageons la même mer, la même lumière, le même sable...merci!
Temps d’île
Pedro Salinas
1
Qui
m’appelle de la voix
d’un
oiseau qui crie?
Quel
amour m’aime, quel amour
m’invente
des caresses,
caché
entre deux airs,
simulant
la brise?
Le
palmier, qui l’a mis
-
celui qui me rafraîchit
avec
des souffles d’ombres et de soleil -
là
où moi je le souhaitais?
Le
sable, qui l’a lissé,
si
lisse, si lisse,
pour
qu’en traits infiniment légers
la
main m’écrive,
sur
une amante que je n’ai jamais vue,
sur
une amante cachée,
parmi
la pudeur de l’écume,
messages
d’ondines?
Pourquoi
me donne-t-on tant de bleu
sans
que je le demande,
le
ciel qui l’invente,
la
mer, qui l’imite?
Quel
est le Dieu qui au huitième jour
m’a
tracé cette île,
commerce
de beautés,
bourse
sans cupidité?
Ici,
terre, ciel et mer,
vendant
écume.
sable, soleil, nuage,
trafiquent
allègrement;
sans
fraude ils s’enrichissent,
-
des gains très purs -,
pour
des aurores ils donnent des astres,
ils
échangent des merveilles.
Le
temps des îles: on le compte
avec
des chiffres magiques;
l’heure
n’a plus de minutes:
soixante
délices;
avril
passe tel trente soleils,
et
un jour est un jour.
Qui
en emportant les angoisses,
a
donné forme au bonheur?
Recueil: La mer lumière, Pedro Salinas. PUF Blaise Pascal.
Traduction Bernadette Hidalgo Bachs.
TIEMPO
DE ISLA Pedro Salinas
1
¿Quién
me llama por la voz
de
un ave que pía?
¿Qué
amor me quiere, qué amor
me
inventa caricias,
escondido
entre dos aires,
fingiéndose
brisa?
La
palmera, ¿quién la ha puesto
—la
que me abanica
con
soplos de sombra y sol—
donde
yo quería?
La
arena, ¿quién la ha alisado,
tan
lisa, tan lisa,
para
que en rasgos levísimos
la
mano me escriba,
de
amante que nunca he visto,
de
amante escondida,
entre
pudores de espuma,
mensajes
de ondina?
¿Por
qué me dan tanto azul,
sin
que se lo pida,
el
cielo que se lo inventa,
el
mar, que lo imita?
¿Cuál
fue el dios qué un día octavo
me
trazó esta isla,
trocadero
de hermosuras,
lonja
sin codicia?
Aquí
tierra, cielo y mar,
en
mercaderías
de
espuma, arena, sol, nube,
felices
trafican;
sin
engaño se enriquecen,
—ganancias
purísimas—,
luceros
dan por auroras,
cambian
maravillas.
Tiempo
de isla: se cuenta
por
mágicas cifras;
la
hora no tiene minutos:
sesenta
delicias;
pasa
abril en treinta soles,
y
un día es un día.
¿Quién,
llevándose congojas,
dio
forma a la dicha?
oui qui donne forme au bonheur ? un mystère jamais éclairci
RépondreSupprimeremporter les angoisses, c'est sûr que voilà une condition au bonheur...
RépondreSupprimerbises, Colo
Quand un doux vent amical s'ajoute à tout le reste, elles s’éloignent, penaudes:-)
SupprimerUN beso
Extraordinaire ! Merci Colo, et merci à ton amie de ce partage.
RépondreSupprimerCe poème me dit tant de choses, contente que tu l’aies apprécié Anne.
SupprimerInterrogations d'une vie, Qui ?
RépondreSupprimerMerci à vous deux ♥♥
C'est ça. Du coup et pour une fois je n'ai pas mis d'illustration, le poème est très visuel, à chacun(e) d'imaginer...
SupprimerContente de te retrouver Fifi.
Ah! le temps des îles qui échappe au temps, au lieu et la mer, terre, ciel si généreux à qui sait s'arrêter et en cueillir le rythme. Un plaisir de lire ce poème. Merci à vous deux.
RépondreSupprimerAlgunos besos.
Oui, et le palmier, le sable qui là pour nous si nous savons nous y arrêter.
SupprimerBesos pour toi, pour vous.
Merci pour ce poème qui va bien avec l'image de mon blog.
RépondreSupprimerEt qui, dans l'absolu et sans image autre qu'imaginée, est si beau !
Tu as vu, juste après avoir publié ce billet je suis allée sur ton blog et là...super.
SupprimerBonne journée à toi.
"L'heure n'a plus de minutes - soixante délices". Qui n'aimerait pas vivre sur une telle île ? C'est magnifiquement dit.
RépondreSupprimerBonjour Aifelle, contente qu'il te plaise autant qu'à moi.
SupprimerJe n'ai pas voulu vous parler de ce poète, je le ferai dans le prochain billet. C'était un proche de F. Garcia Lorca.
Bon week-end.
Superbe !
RépondreSupprimerMagnifique découverte ce recueil et ses autres poèmes d’ailleurs.
SupprimerC'est souple comme une liane, ce défilé de mots et images... Magnifique! Merci...
RépondreSupprimerComme une histoire illustrée joliment racontée.
SupprimerBon week-end Edmée.
"Tant de bleu", quelle merveille ! On se laisse transporter par la traduction, par le texte. Merci à toutes les deux.
RépondreSupprimerCe bleu revenu ici après 20 jours assez gris...un très beau texte, oui.
SupprimerUn beso
j'aime toujourrs beaucoup découvrir les poèmes que tu partages, colo - merci
RépondreSupprimerAvec grand plaisir Niki.
SupprimerMon compagnonnage avec Pedro Salinas va durer très longtemps, je pense. Toujours, peut-être ?
RépondreSupprimerVous ne serez pas la seule Bonheur!
SupprimerUne île, ton île, mon île et tout est dit ! Elle est là !
RépondreSupprimerUn poème très visuel, c'est vrai Enitram...bon week-end
SupprimerVivre sur une île. J'en rêve parfois, pour la mer tout autour. J'aime celle du sud, comme celles plus au nord dans l'océan. Mais elle demande une âme forgée que je ne suis pas sûre d'avoir.
RépondreSupprimerOh il y a île et île isolée, île verte ou rocheuse, volcanique. Ici je n'y pense pas, sauf au moment de voyager où il faut toujours prévoir bien à l'avance réservation de bateau ou avion.
SupprimerMais la mer, oui. Et la montagne aussi, c'est pas grand mais il y a de tout.
Les îles font rêver, je ne comprends pas vraiment bien pourquoi.
Peut-êre parce-qu'on s'y sent protégé, à l'abri du vaste monde ?
SupprimerTu as sans doute raison. Et les palmiers...:-)
SupprimerIl y a quelques jours, j'imaginais votre île loin au bout de l'horizon :-)
RépondreSupprimerQuel délice quand l'heure n'a plus de minutes et que tant de bleus nous sont offerts.
Nous avons un peu parlé avec une hôtesse belge là-bas à Alicante, elle projette de vivre à Alicante : la qualité de vie, le climat disait-elle. On la comprend.
Oui, tant de cadeaux si appréciés que le poète dit tellement bien aussi,
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