Pour
commencer, quelques rappels historiques…
Tintero nazarí /Encrier Nazarí XIVºs .http://elpoderdelaalhambra.com/piezas-destacadas/tintero-nazari/ |
La naissance et la formation de Al-Andalus se sont faites progressivement, les conquêtes se réalisèrent entre 711 et 716. Toute l’Espagne (et l'actuel Portugal) fut envahie excepté le Pays Basque et quelques régions montagneuses de Cantabrie. Les musulmans tentèrent de s’étendre en France mais, vous le savez, ils furent vaincus à Poitiers (732) et se replièrent sur la péninsule ibérique.
Et ils décident d’établir leur capitale à Cordoue, apparemment fascinés par le Guadalquivir.
Al-Andalus (711-1492) est devenu dès le IXº siècle un foyer de haute culture et attira de nombreux savants, artistes….
Sur la Terre D’Islam qu’est Al Andalus, diverses populations aux cultures différentes se mêlaient : les musulmans (arabes, berbères, muladi) et européens musulmans, les slaves musulmans, puis les juifs et les chrétiens (mozarabes).
Alors mes amis, quand j’ai décidé de me plonger dans la poésie (en arabe mais largement traduite en espagnol ;-)) datant de cette longue époque musulmane, je me suis très vite vue submergée par un nombre incalculable de poètes, de poèmes écrits en arabe pendant les différents siècles.
On y parle d’amour, de fleurs et de parfums, de vin, de séparations, puis vers la fin, de la perte d’un paradis. Que choisir, quels poèmes traduire en français ?
En voici deux pour commencer.
Le
poète Ibn Darray (958-1030)
Si
en les jardins où il habite
ne
peux voir mon maître
dans
les jardins du rêve
aurons
notre rencontre
(Trad: Colo, MAH)
Le
poète Ibn Baqi (m. 1145):
Quand
le voile de la nuit
s’étend
sur la terre,
du
vin le plus odorant
à
ma belle je lève mon verre
.
Tel
un baudrier tombe
sur
moi sa chevelure,
et
comme le guerrier prend
de
sa main droite l’épée
j’enlace,
moi, son cou,
qui
au cygne ressemble.
Mais
à voir que déjà s’incline,
fatiguée,
la tête,
doucement
je sépare
le
bras dont elle m’enlace
et
je pose sur ma poitrine
sa
tempe, pour qu’elle y dorme.
Aïe!
Mon coeur heureux
bat
avec grande force.
Que cet oreiller est agité!
en lui ne
pourra dormir.
(Trad: Colo, MAH)
Notes :
Si le sujet vous intéresse, voici le lien d’une superbe émission de Arte:
https://vimeo.com/101877438
Et aussi, à lire:
http://balises.bpi.fr/histoire/al-andalus------le-passe-arabo-berbere-de-leurope
Jarrón de las gacelas, arte Nazarí. (Alhambra-Granada) |
Para
empezar, unos datos históricos...
Estamos
en el año 711, España, a la excepción del País Vasco, de
Cantábria y de Asturias constituyen el reino Visigodo. Hispania no
goza de una gran estabilidad política en el momento en que los
musulmanes deciden conquistarla.
El
nacimiento y la formación de Al-Andalus se hizo de forma progresiva,
las conquistas se escalonaron entre 711 y 716. España entera,
excepto el País Vasco y algunas regiones montañosas de Catabria,
fue invadida.
Los
musulmanes intentaron extenderse en Francia pero, lo sabéis, fueron
derrotados en Poitiers (732) y se replegaron en la península
ibérica.
Decidieron
establecer su capital en Córdoba, fascinados, por lo visto, por el
Guadalquivir.
Desde
el siglo IX Al-Andalus (711-1492) fue un foco de alta cultura y
atrajo a muy numerosos eruditas, artistas…
En
la tierra de Islam que era Al-Andalus, se mezclaban poblaciones de
diversas culturas: los musulmanes (árabes, bereberes, muladi) y
europeos musulmanes, los eslavos musulmanes, finalmente los judíos y
los cristianos (mozárabes).
Entonces
amigos, cuando decidí sumergirme en la poesía de esa época, me vi
rápidamente desbordada por un número incalculable de poetas, de
poemas escritos en árabe durante esos siglos.
En
ellos se habla de amor, de flores, de perfumes, de vino, de
separaciones, y luego hacia el final, de la pérdida de un paraíso.
¿Cuáles elegir, cuáles
traducir al francés?
Aquí,
y para empezar, dos de ellos.
El
poeta Ibn Darray
(958-1030)
Si
en los jardines que habita
me
impiden ver a mi dueño,
en
los jardines del sueño
nos
daremos una cita.
http://enciclopedia.us.es/index.php/Archivo:Mihrab_mezquita_persa_Kashan,_(1226).jpg
EL
poeta Ibn Baqi (m. 1145):
Cuando
el manto de la noche
se
extiende sobre la tierra,
del
más oloroso vino
brindo
una copa a mi bella.
Como
talabarte cae
sobre
mí su cabellera,
y
como el guerrero toma
la
limpia espada en la diestra,
enlazo
yo su garganta,
que
a la del cisne asemeja.
Pero
al ver que ya reclina,
fatigada,
la cabeza,
suavemente
separo
el
brazo con que me estrecha,
y
pongo sobre mi pecho
su
sien, para que allí duerma.
¡Ay!
El corazón dichoso
me
late con mucha fuerza.
¡Cuán
intranquila almohada!
No
podrá dormir en ella.
|
splendide, et follement intéressant tout ça (vivement un MOOC ou deux là-dessus ;-))
RépondreSupprimerOui, c'est passionnant!
SupprimerSans cette époque si riche, l'Espagne, l'Andalousie seraient si différentes et bien moins intéressantes.
Merci pour la présentation, qui permet de "situer" un peu (et de rafraichir des souvenirs qui avaient pris la fuite...) et j'aime beaucoup la tendresse du second poème, que c'est agréable, une sorte de berceuse d'amour!
RépondreSupprimerCette époque si lointaine, il me semblait en effet que remettre quelques faits en mémoire serait bienvenu.(pour moi aussi:-))
SupprimerIl y a des poèmes magnifiques, j'en traduirai d'autres.
moi qui rêve de retourner à Grenade tu me fais rêver là
RépondreSupprimeret comme parfois je viens de recevoir un livre de Michel del Castillo un peu sur le même sujet celui de l'expulsion de tous les Mosrisques par Philippe III
Époque passionnante, bonne lecture!
SupprimerQuel beau projet Colo, et quel courage ! Superbe ces poèmes et quelle tendresse et quelle passion dans le second. J'attends la suite avec impatience !
RépondreSupprimerJe me suis passionnée Annie, il y en aura d'autres bien sûr.
SupprimerMerci!
Émouvants ces textes si reculés dans l'Histoire pour nous et pourtant si proches ♥♥♥
RépondreSupprimerMerci Colo ! Je vais visiter tes liens.
Le deuxième lien de tes notes ne fonctionne pas.
RépondreSupprimerBises
Oui, il y a beaucoup de douce émotion dans ce poème.
SupprimerLe lien est "réparé" je crois, du moins il fonctionne ici.
merci à toi!
Voilà un excellent début et je vais filer sur le premier lien pour continuer. Bonne journée Colo.
RépondreSupprimerMerci Aifelle, j'espère que tu as eu l'occasion de voir cette longue et belle émission.
SupprimerNous sommes tous, en partie ou pour beaucoup, redevables de cette époque.
Merci beaucoup pour cette petite leçon d'histoire et de littérature. Les poèmes sont très beaux
RépondreSupprimerMerci Kwarkito, heureuse que ça te plaise! me voilà comme envoûtée, incapable d’arrêter de lire tous ces poèmes:-))
SupprimerJe découvre à travers ces lignes poétiques un subtile raffinement. Ce fut une belle et grande période pour les arts et la science et la culture. C'est avec un réel bonheur que j'ai lu ces poèmes, merci pour cette découverte et bonne journée.
RépondreSupprimerOh, merci de tant apprécier cette époque passionnante qui a tant marqué la culture et les sciences européennes.
SupprimerBon week-end Sergio
Beaucoup de douceur dans le second texte. Appréciable. Agréable.
RépondreSupprimerMerci.
Avec plaisir K.
SupprimerRetour instructif et ravissant vers l'histoire méditerranéenne.
RépondreSupprimerIl ne me déplairait pas, au lieu de voyager vers l'Espagne touristique, de faire un bond temporel, de vivre l'âge d'or de la culture musulmane, de visiter les richesses de ces aires culturelles musulmanes, juives, chrétiennes et byzantines.
Un voyage dans le temps assez fascinant en effet Christian.
SupprimerAh! la belle Andalousie, qu'est ce qu'elle foisonnait de poètes, du temps où l'amour, la beauté, la bravoure étaient les lettres de noblesse d'une certaine époque. Merci Colo pour ces deux poèmes magnifiques, particulièrement pour le second d'Ibn Baki.
RépondreSupprimerBises chère amie
Tu es deviens lyrique Bizak!
SupprimerJe suis contente que cela te plaise, un beso.
Le pays est très beau et cette poésie est en totale harmonie avec sa vibration... Bises. brigitte
RépondreSupprimermerci Brigitte, bonne semaine
SupprimerComme ils sont beaux ces poèmes que tu as choisis ! c'est bon de lire ces écrits qui remontent à tant de siècles et qui parlent avec spontanéité. Merci beaucoup, je te souhaite une bonne soirée. Bises.
RépondreSupprimerBonjour Elisabeth, tu as raison c'est une poésie directe, colorée et fleurie.
SupprimerBonne semaine, besos.
Ah! voilà... à la lecture de ton billet, je comprends mieux l'allusion en privé à El Andalus. Une belle leçon d'Histoire et de littérature.Lorsque je lis la forme de ces deux poèmes, ils ne sont pas sans me rappeler l'époque des troubadours qui viendra après. Les influences sont probables au fil des siècles, n'est-ce pas? Les conquêtes et reconquêtes n'y sont pas étrangères.
RépondreSupprimerMerci...Je suis à l'écoute.
C'est curieux qu tu écrives cela, en traduisant, surtout le second poème, j'ai pensé à l'époque des troubadours. Comme quoi!:-)
SupprimerJe poursuivrai un peu, dés que possible, un beso.
Merci chère Colo pour ces deux magnifiques poèmes qui remontent si loin, c'est incroyable.
RépondreSupprimerJ'imagine l'Andalousie très belle et richement fleurie.
Douce journée et mes bisous ♥
Bonjour Denise, j'aime énormément Cordoue, le reste par endroits.
SupprimerCette poésie, si lointaine, est douce et fleurie.
Bonne fin de semaine, je t'embrasse
Ce quatrain m'enchante ! Je reviendrai te lire quand j'aurai plus de temps.
RépondreSupprimerBelle après-midi, Colo.
Quand tu voudras ma belle, un beso!
SupprimerLa dernière strophe du deuxième poème est tellement plus forte, plus belle en espagnol !
RépondreSupprimerRavie de lire que tu aimes la brume.
Ma traduction n'est sans doute pas assez vivante alors...
SupprimerBon week-end Chinou.