Julia de Burgos (1914-1953)
Voici le troisième billet consacré à la poésie de la portoricaine Julia de Burgos. Le premier était un pas vers le féminisme, ici.
Dans le second une sélection de vers sensuels et musicaux, ici.
Aujourd'hui, un poème délicat. J'ai gardé la belle traduction de E. Dupas
Presque
l'aube
Presque l'aube,
comme dire ruisseau plongeant dans la source
comme dire étoile,
comme dire colombe ailée au ciel.
Cette nuit a fui
presque l'aurore, presque la pleine lune entre des montagnes
comme une sensation d'hirondelle
qui picore son illusion sur une branche.
l'Aube, sans ailes pour fuir,
retour d'émotion jusqu'à l'âme
grains de maïs brûlés d'amour entre mes mains
que l'assaut de l'amour a rendues chastes.
Nuit déchirée au temps répété,
ville prisonnière d'essences hautes,
comme une clarté tu brises mon esprit
tu enfermes mon émotion comme une geôle.
Amour
muet et lointain...
Timide
petite voix d'un dahlia,
je
te veux ainsi, intime,
sans
te savoir aux portes du matin,
presque
souriante, ouverte entre les rires,
entre
les jeux de lueurs, presque l'aube...
Aube sur champ de pavots- Oleh Rak |
Casi
alba,
como decir arroyo entre la fuente,
como decir estrella,
como decir paloma en cielo de alas.
Esta noche se ha ido casi aurora,
casi ronda de luna entre montañas,
como una sensación de golondrina
al picar su ilusión en una rama.
Amanecer, sin alas para huirse,
regreso de emoción hasta su alma,
palomitas de amor entre mis manos
que al asalto de amor subieron castas.
Noche rasgada al tiempo repetido,
detenida ciudad de esencias altas,
como una claridad rompes mi espíritu,
circundas mi emoción como una jaula.
Amor callado y lejos...
tímida vocecita de una dalia,
así te quiero, íntimo,
sin saberte las puertas al mañana,
casi sonrisa abierta entre las risas,
entre juego de luces, casi alba...
como decir arroyo entre la fuente,
como decir estrella,
como decir paloma en cielo de alas.
Esta noche se ha ido casi aurora,
casi ronda de luna entre montañas,
como una sensación de golondrina
al picar su ilusión en una rama.
Amanecer, sin alas para huirse,
regreso de emoción hasta su alma,
palomitas de amor entre mis manos
que al asalto de amor subieron castas.
Noche rasgada al tiempo repetido,
detenida ciudad de esencias altas,
como una claridad rompes mi espíritu,
circundas mi emoción como una jaula.
Amor callado y lejos...
tímida vocecita de una dalia,
así te quiero, íntimo,
sin saberte las puertas al mañana,
casi sonrisa abierta entre las risas,
entre juego de luces, casi alba...
Biographies de Julia de Burgos
En español:
En français
Voilà une fort belle traduction. Cela donne une grande envie de soleil, ici de Paris ou le ciel s'est assombri et où menacent les orages. Et puis ici il faut aller dans les jardins publics pour se faire surprendre par des essences hautes. Lisant ce texte j'ai repensé à une errance á l'aube à Manille il y a fort longtemps et aux parfum puissant des ylanguiers
RépondreSupprimerEspaces odorants...merci, je ne connaissais pas du tout les ylanguiers.
SupprimerBonne journée Kwarkito.
Quelle merveille ! Merci pour ce "Presque l'aube", chère Colo, amie des matins tôt.
RépondreSupprimerAvec plaisir Tania.
SupprimerC'est enchanteur... doux, sensuel, mais lentement réveillé, on sent les étirements lents d'un corps entre nuit et aube...
RépondreSupprimerOh oui, bien vu Edmée, merci
SupprimerJuste un instant magique... Merci Colo !
RépondreSupprimerMagique, ce l'a été pour moi aussi quand je l'ai lu, merci Annie.
Supprimerquand je traduis, je n'ose pas prendre ces libertés avec le texte d'origine, c'est toujours difficile, quels choix faire...
RépondreSupprimerMoi non plus, mais la mienne, plus littérale, était bien moins mélodique, réussie.
Supprimerc'est un beau poème, merci de m'avoir permis de le découvrir
RépondreSupprimerAvec plaisir Niki, bonne journée.
SupprimerEncore une belle découverte. Merci.
RépondreSupprimerPeu de femmes poétesses, du moins connues ici, à Porto Rico.
SupprimerBonne journée Bonheur.
Ce poème est d'une grande douceur et cela fait du bien.
RépondreSupprimerMerci chère Colo avec mes bisous ♥
Douceur comme la lumière de l'aube ce matin, tant de matins...Je t'embrasse Denise.
SupprimerC'est un poème magnifique et qui peut emporter loin dans la rêverie. Belle aube aussi sur les champs de pavots. Ah le bonheur de se promener au lever du jour.
RépondreSupprimerAccompagner le lever du jour remplit toujours le corps et l'esprit d'images, senteurs, c'est vrai. Si le ciel est couvert, pas de rosée ici. Peu à peu s'estompe la torpeur, les oiseaux sont toujours au rendez-vous...
SupprimerBonne journée Aifelle.
Bonjour Colette,
RépondreSupprimerTrès belle toile rouge de coquelicots qui malheureusement sont de moins en moins présents dans nos campagnes à cause des pesticides.
On ne peut qu'espérer que les cultivateurs retrouvent vite la raison...et les fleurs!
SupprimerCe "presque" est plein de promesses, finalement !
RépondreSupprimerC'est superbe et toutes ces images sont enchanteresses, de la très PURE poésie, merci Colo, doux week end festif et des bises joyeuses. brigitte
RépondreSupprimerMagnifique poème près de la nature, plein d'émotions, sensible et enchanteur. Merci beaucoup Colo pour la découverte. Bonne fin de dimanche. Bises.
RépondreSupprimer(Mon commentaire a dû se perdre, je tente de la réécrire) La poésie, c'est un des charmes de celle de Julia de Burgos, joue sur l'ambiguïté avec le mariage de sentiments opposés. Comme cette aube sur le champ de pavots suscite en moi une émotion à la fois douce et saturnienne.
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